Synthèse et approfondissement du travail sur la tempête Xynthia. Photo aérienne verticale IGN et photo aérienne oblique après le passage de la tempête.
I. Situation géographique et milieu naturel de l’Aiguillon et de Faute-sur-Mer. Nous sommes dans le Marais poitevin, au nord de La Rochelle. (Département de la Vendée, Région : Pays de la Loire). Entre mer et terre : l’estuaire du Lay et la Pointe de l’Aiguillon.
La vue oblique depuis Géoportail : où sont situées les deux communes ? Cordons dunaires On distingue très bien deux flèches littorales ou cordons dunaires qui s'avancent vers le Sud. Les deux villages où il y a eu le plus de victimes sont bâtis sur ces cordons. Dans les terrains agricoles, on distingue nettement une vaste zone où les parcelles sont plus grandes et d'un vert plus sombre que dans les autres secteurs. Ces zones correspondent à des polders conquis sur la mer et dont l'altitude est inférieure à celle des marées hautes "normales". La carte géologique du BRGM indique que les dernières poldérisations se sont échelonnées de 1725 à 1965.
Ce sont des terres basses, gagnées sur la mer (: polders) aménagés au XIXe siècle et protégés par des digues par l’intervention de l’État et des ingénieurs français et grâce au travail des habitants de cette région. Carte de Cassini, entre 1750 et 1815. C’est un milieu fragile et instable marqué par la rencontre régulière entre les eaux salées de la mer et l’eau douce des bassins versants des fleuves et rivières comme la Sèvre, la Vendée ou le Lay dont l’estuaire est situé près d’Aiguillon.
La Pointe de l’Aiguillon un peu plus au sud. Partie immergée à marée haute. Trait bleu : niveau de la mer, altitude 0m) Partie toujours immergée.
L’île de la Dive explique bien le processus géologique qui a formé cette région. La Dive est une ancienne île calcaire de 15m d’altitude. Toute la région du Marais poitevin était un ancien golfe d’une mer chaude (150 millions d’années). A la dernière glaciation (-20000 ans) l’océan s’est retiré de 100m. Lors de la débâcle le niveau d’eau monte à nouveau, la Dive est une île. Les restes fossiles des organismes marins et l’argile apporté par les rivières a formé des terrains autour de cette ilot calcaire qui apparaît comme aujourd’hui entouré de marais à marée basse ou d’eau à marée haute. La carrière de la Dive a été la seule réserve de pierres pour la construction et l’aménagement des digues
Le rocher de la Dive redevient une île pendant le raz-de-marée de 2010.
Une région exposée aux tempêtes océaniques et bien sûr aux marées. La tempête provoque une élévation du niveau de la mer pour deux raisons Le vent d’ouest pousse la mer vers le littoral. La dépression atmosphérique fait que l’eau est aspirée vers le haut : On aspire (ou on pompe) une partie de l'air contenu dans la colonne. La pression P2 devient inférieure à la pression P1 et de l'eau monte dans la colonne au-dessus du niveau de l'eau dans le récipient. Une dépression sur l'océan correspond à la colonne sur le récipient d'eau de la figure ci-dessus. La dépression annoncée amenait donc à une élévation "connue" du niveau de l'eau d'environ 40 cm (par rapport à un niveau sous pression atmosphérique moyenne) par simple effet de pression. Cette élévation a été largement augmentée par les forts vents d'Ouest, eux aussi annoncés.
Le phénomène de la marée a aggravé les effets de la tempête. Au rythme semi-diurne des marées ("2 marées hautes et 2 marées basses par jour" environ) s'ajoutent d'autres rythmes dont un rythme "mensuel" lié aux phases de la Lune et un rythme annuel lié à la déclinaison du Soleil (position du Soleil à midi à l'équateur) L'amplitude des marées est exprimée sous forme d'un coefficient de marée (variant de 20 à 120, une marée moyenne étant affectée d'un coefficient de 70, une marée de vive eau de 95 à 120 selon qu'elle est moyenne ou exceptionnelle). Ces coefficients sont calculés et largement diffusés longtemps à l'avance.
II. Les facteurs anthropiques. L’Aiguillon-sur-Mer en 1878. Le cordon littoral sur lequel on construit Faute-sur-Mer est presque inhabité.
Les deux villages en 1958 et aujourd’hui Les deux villages de l'Aiguillon sur Mer et la Faute sur Mer tels qu'ils étaient en 1959, avant l'explosion de la pression immobilière en bord de mer, étaient bâtis sur des dunes. Ils étaient donc légèrement surélevés par rapport aux polders environnants, moins inondables, et avec des inondations moins graves en cas de fortes tempêtes.
Les deux communes sur l’estuaire du Lay. Le Lay est un petit fleuve très aménagé en aval. Son estuaire connaît un fort envasement.
La carte IGN au 1/25000e montre l’importance des aménagements hydrauliques dans cette région du Marais poitevin. Prises : parcelles « prises sur la mer » c’est à dire poldérisées et entourées de digues ou de canaux. Chenal : canal artificiel servant à évacuer les eaux vers la mer. Des dizaines de canaux et et de rigoles traversent ce paysage. Digues : servent à protéger les terres cultivées des inondations par l’eau de mer et par l’eau douce, mais aussi à retenir l’eau (« le coulis ») en période de sécheresse.
Enrochement de protection des digues en bordure de la Baie (datant de 1725 ) Saint Michel en l'Herm Portes à Flot sur la digue pour l'assèchement des polders Canal servant à évacuer les eaux de drainage des polders.
L’élévation historique du niveau de la mer. Les digues submergées n'étaient pas récentes, certaines dataient de la fin du XIXème siècle. Si l'on regarde les enregistrements disponibles depuis 1870 (marégraphes et altimétrie satellitaire pour les dernières décennies) on constate que le niveau moyen des océans a monté d'environ 20 cm de 1870 à 2005.
Comparaison détaillée entre la carte de Cassini et les photographies aériennes IGN actuelles du secteur Sud de l'Aiguillon sur Mer et la Faute sur Mer. Les secteurs densément lotis et peuplés ont été entourés de jaune (l'Aiguillon sur Mer) et de rouge (la Faute sur Mer). La position de ces tracés a été reportée exactement sur la carte de Cassini. Que constatez-vous ?
La variabilité du trait de côte montre la fragilité du milieu dans lequel se situent ces deux communes. Le trait rouge montre la côte actuelle La variabilité des côtes en deux siècles montre l'instabilité du trait de côte. Les traits « doubles » indiquent des zones immergées à marée haute mais situées à « l'intérieur » des terres.
Mais ces aménagements datant du XIXe et début XXe sont insuffisants. Près d’Aiguillon après la marée « La défense contre la mer est préoccupante, surtout dans la région de l'Aiguillon, et a nécessité la construction d'une digue en maçonnerie en direction de la pointe de l'Aiguillon. Celle-ci est actuellement en mauvais état et chaque année les tempêtes ouvrent de dangereuses brèches. [...] L'étroitesse du cordon littoral [...] rend la situation précaire à tout assaut de la mer. [...] (L)'envasement de l'estuaire [...] empêche le bon écoulement des eaux en hiver. ». Notice de la carte géologique du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) de 1975
Les activités humaines transforment le milieu naturel. Déchargement des récoltes abondantes de maïs à la Coopérative de Saint Michel en l'Herm. L’agriculture intensive a provoqué un assèchement des terres d’où le pompage intensif des eaux de drainage. Résultat : envasement de l’estuaire du Lay et remontée de l’eau salée vers la terre ferme. Chemin d'accès aux Polders à l'abri des crues, 46000 hectares protégés, Saint Michel en l'Herm. Les anciens marécages transformés en plaines fertiles.
La myticulture (élevage de moules) dans l’estuaire du Lay
La tourisme et la villégiature. Campings, marinas, plans d’eau, parcours sportif (étang pour la planche à voile), « char à voile » « village de vacances », Casino… Le port de plaisance Aiguillon. Promenades équestres devant les parcs à moules.
Les facteurs démographiques Les communes de La Faute sur Mer et d’Aiguillon sur mer connaissent une plus forte évolution croissance démographique que des agglomérations se situant plus en intérieur des terres. (Adrien et Lucie)
Faute-sur-Mer : composition par âge : le poids des retraités et la mobilité.
Campings et résidences secondaires (Faute).
Le TP et les vidéos à visionner en ligne : http://lewebpedagogique.com/premieres1/?p=5742 Allez page 255 et essayez d’appliquer ce schéma au cas de Faute et d’Aiguillon sur mer. Ajoutez le facteur risque.
LES FRANCAIS ET LA NATURE Quels rapports les Français entretiennent-ils avec la nature ? Une nature transformée : urbanisation (maisons, zones d’activité, myticulture (moules), campings, port de plaisance, assèchement des marais, canaux, digues...) Par les activités humaines : élevage de moules, commerce, pêche, tourisme, loisirs. Une nature redécouverte : attrait pour la plage, les bains de mer en été, la paysage naturel -> le beau paysage est vide d’hommes <- on fuit la ville, la vie citadine. Afflux de retraités. LA SOCIÉTÉ Une nature gérée : municipalité, DDE, réserves naturelles -> parc ornithologique, forêt domaniale (Etat), surveillance de la nature(marées, Meteo...). Mais une nature qui comporte des risques : tempêtes, marais, inondations. Une nature protégée : conservatoire du littoral, réserve naturelle : ZNIEFF. Loi protection du littoral (1986) -> pas toujours respectée.