présente
Autrefois, aussi loin que mes souvenirs puissent remonter dans le temps, je me rappelle qu’il y avait quelque part, dans un vaste pays dont j’ai oublié le nom, un immense jardin auquel on avait donné le nom de paradis terrestre. Non, ce n’était pas le paradis terrestre de la Bible. Celui dont je parle, je l'ai réellement connu tandis que pour l’autre, celui du serpent et de la pomme, je ne suis pas sûr...
Dans ce vaste jardin aux horizons noyés de lumière, des enfants sains et heureux jouaient, insouciants, depuis l’aube jusqu’au crépuscule, aussi libres et innocents que les papillons qu’ils pourchassaient. Le soleil brunissait leur peau nue et poudrait leurs cheveux d’or et de platine. Leurs rires se mêlaient au chant des grillons et des oiseaux. Mais peut-être étaient-ils des anges?
Des fruits mûrs et capiteux, lourds de nectar et de sucre, recouvraient les arbres de toutes les vallées et de toutes les collines. Les moissons étaient si abondantes que les branches ployaient jusqu’au sol. Il suffisait de cueillir ces fruits, à portée de la main, et d’y croquer avec délice. La terre de ce jardin était si riche en humus et si fertile que les légumes s’y enracinaient d’eux-mêmes, au simple contact du sol.
Dans ce jardin merveilleux, quelque part dans ce pays dont j’ai oublié le nom, les saisons se suivaient, fidèles aux appels des éléments, renouvelant sans cesse leurs promesses d’abondance et de joie. Hommes, femmes et enfants y coulaient des jours heureux, sans soucis, et ils vivaient jusqu’à un âge vénérable. Ils étaient entourés d’animaux dociles et fidèles, qui leur tenaient compagnie sans jamais chercher à s’enfuir.
Un jour, hélas, dans ce pays dont j’ai oublié le nom, des hommes vinrent construire des barrages, des centrales nucléaires, des tours d’acier, des usines, des routes de macadam, des murs de béton. D’épaisses fumées s’échappèrent des cheminées et envahirent le ciel, jusqu’à cacher la lumière du soleil. Privées de clarté, les plantes s’étiolèrent et finirent pour mourir. L’eau des rivières et des ruisseaux devint jaunâtre et nauséabonde. La pluie elle-même fut chargée d’acidité. L’air devint irrespirable.
Alors le grand jardin de ce pays dont j’ai oublié le nom agonisa lentement, mais irrémédiablement, jusqu’à disparaître complètement avec tous les êtres qui l’habitaient. Il n’en reste plus qu’un souvenir lointain. Parfois, en pleurant, des vieillards aux cheveux blancs essayent de se rappeler combien la vie y était douce et belle...
Greensleeves – George Zamfir Mixage audio – F.Bernard Création Florian Bernard Tous droits réservés – 2005
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