présente
Les Princes de la Cloche, ce sont les mendiants de mon enfance, dans les campagnes. On les appelait les "quêteux", néologisme que l'Académie française n'a jamais sanctionné, mais qui disait bien ce que ça voulait dire! Permettez-moi de rendre hommage à ces Princes de la Cloche de l'ancien temps!
Ils arrivaient tôt, le printemps, venant de régions lointaines et inconnues! Leurs noms nous étaient familiers; Joseph le tordu, Albert le sorcier, Jean- Louis pas-de-dents, Ti-Jean la canne, et combien d'autres. Je me souviens aussi d'une Princesse de la Cloche, très vieille et malingre, qu'on appelait Madame Jeanne.
Nous étions informés à l'avance de leur arrivée prochaine par les vendeurs ambulants ou ceux qui ramassaient les bidons de lait. "J'ai vu Ti-Jean la canne dans le troisième rang. Il va sûrement passer par ici avant longtemps"!
Lorsque l'un d'eux arrivait à la maison, les chiens se mettaient à hurler à fendre les nuages. Il fallait les calmer. Puis, le pauvre mendiant, encore méfiant face aux chiens, demandait poliment la charité "pour l'amour du Bon Dieu". Il eut été difficile de ne rien donner à celui qui quêtait au nom du "Bon Dieu".
Ma mère offrait toujours une tasse de thé et des biscuits, ou même un bol de soupe. Puis, elle donnait quelques sous: "Nous ne sommes pas riches et c'est tout ce que je peux faire". Le mendiant multipliait les remerciements et invoquait les bénédictions du "Bon Dieu" sur toute la maisonnée. Les gens de la campagne croyaient que celui qui n'aurait rien donné à un mendiant aurait été frappé par de grands malheurs.
Quand à mon père, il n'aimait pas beaucoup les mendiants, mais il leur donnait tout de même de quoi fumer et parfois un verre de vin. Mais il les prévenait de ne pas rôder autour de la maison et des bâtiments de la ferme car les chiens étaient en liberté et ne toléraient pas les étrangers... C'est que certains mendiants avaient la mauvaise réputation de voler les œufs, et même occasionnellement les poules!!!
Certains mendiants étaient plus sympathiques que d'autres et leur visite était même attendue! Ils apportaient des nouvelles de la grande ville et racontaient des histoires aux enfants. Mais il était toujours très difficile de leur arracher des renseignements au sujet de leur propre vie. "Ça, ma chère Madame, je ne veux pas en parler...".
Je me souviens d'un mendiant qui ne demandait jamais la charité, mais qui sollicitait plutôt qu'on lui prête quelques sous. C'était sa façon de conserver sa dignité. Bien entendu, il n'a jamais rien remboursé, et tout le monde savait qu'il ne rembourserait jamais rien, mais il pouvait au moins se vanter de ne pas quêter directement...
Parfois certains mendiants, au lieu de solliciter directement l'aumône, demandaient un petit travail, par exemple fendre du bois ou donner le grain aux animaux. La méthode était excellente car, habituellement, ils se voyaient gratifier d'un bon repas chaud en plus d'une généreuse aumône!
En ce temps-là les mendiants étaient mieux accueillis qu'aujourd'hui. Il était rare qu'une personne refuse de les aider. C'est probablement parce qu'ils ne recevaient aucune aide des gouvernements et qu'ils étaient vraiment seuls au monde. Mais je crois aussi que les gens étaient meilleurs...
Country Medley - George Wright Orgue Wurlitzer Création Florian Bernard Tous droits réservés – 2006
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