La mondialisation, une opportunité pour l’Afrique? Professeur Moustapha Kassé Doyen Honoraire Faculté des Sciences Economiques et de Gestion Président de l’Ecole de Dakar Membre des Académies de Sciences et Techniques du Sénégal et du Maroc Officier de l’Ordre National du Lion Officier des Palmes académiques Dakar le 09 Avril 2015 Dakar le 09 Avril 2015

INTRODUCTION : A PROPOS DU CONCEPT DES PRECISIONS SEMANTIQUES S’IMPOSENT. Les termes même de "mondialisation", "globalisation", "internationalisation" sont à la fois flous et empreints d’ambiguïté, chacun pense que leurs conséquences (sans pouvoir les cerner précision) sont importantes. Les termes même de "mondialisation", "globalisation", "internationalisation" sont à la fois flous et empreints d’ambiguïté, chacun pense que leurs conséquences (sans pouvoir les cerner précision) sont importantes. Pour certains auteurs, on entre dans la mondialisation à partir du moment où un pourcentage significatif du PIB de la nation est réalisé avec l'extérieur alors que pour d'autres, ce pourcentage est moins significatif que la «dépendance » ou «l’indépendance» de la nation vis-à-vis de décisions prises par des acteurs de l'étranger : firmes ou Etats compte tenu du caractère de "price taker" ou de "price maker" que détiennent ces acteurs sur le marché mondial. Pour certains auteurs, on entre dans la mondialisation à partir du moment où un pourcentage significatif du PIB de la nation est réalisé avec l'extérieur alors que pour d'autres, ce pourcentage est moins significatif que la «dépendance » ou «l’indépendance» de la nation vis-à-vis de décisions prises par des acteurs de l'étranger : firmes ou Etats compte tenu du caractère de "price taker" ou de "price maker" que détiennent ces acteurs sur le marché mondial. Pour d'autres enfin, la mondialisation exprime l’ensemble des mécanismes qui contribuent à leur ruine par le biais des mécanismes connus de l’échange inégal caractéristique des distorsions dans le processus de formation des marchés internationaux et de distribution des revenus. Pour d'autres enfin, la mondialisation exprime l’ensemble des mécanismes qui contribuent à leur ruine par le biais des mécanismes connus de l’échange inégal caractéristique des distorsions dans le processus de formation des marchés internationaux et de distribution des revenus.

Malgré la forte présence dans plusieurs secteurs et plusieurs régions du globe, la mondialisation n’est pas encore universelle. Au contraire, une de ses particularités marquantes est qu’elle est asymétrique et non homogène, dans la mesure où toutes les activités économiques, financières comme culturelles ne se mondialisent ni au même rythme ni de la même manière. Pour sortir du débat sur la sémantique, nous allons définir la mondialisation par ses caractéristiques qui sont au nombre de 4: - Internationalisation de la production - Globalisation financière - Accroissement des échanges - Le surdéveloppement des TIC

Chance pour les uns, menace pour les autres, le phénomène de la mondialisation qui, pour beaucoup de monde, semble déterminer désormais l’avenir de la planète suscite de plus en plus de débats passionnés, de controverses savantes et de harangues politiques aussi simplistes que péremptoires. Les questions qui se posent aux Etats-nations dans la mondialisation : - Offre-t-elle les mêmes chances à tous les partenaires? - Quelle contribution à la croissance économique des pays africains sub-sahariens et à la réalisation des objectifs de développement? - Quel sort est réservé aux acteurs nationaux les plus fragiles et les plus déficients ? - Quelles conséquences directes et indirectes sur les structures institutionnelles et les normes et valeurs propres aux sociétés ? - Est-elle inéluctable ou contournable ? Chance pour les uns, menace pour les autres, le phénomène de la mondialisation qui, pour beaucoup de monde, semble déterminer désormais l’avenir de la planète suscite de plus en plus de débats passionnés, de controverses savantes et de harangues politiques aussi simplistes que péremptoires. Les questions qui se posent aux Etats-nations dans la mondialisation : - Offre-t-elle les mêmes chances à tous les partenaires? - Quelle contribution à la croissance économique des pays africains sub-sahariens et à la réalisation des objectifs de développement? - Quel sort est réservé aux acteurs nationaux les plus fragiles et les plus déficients ? - Quelles conséquences directes et indirectes sur les structures institutionnelles et les normes et valeurs propres aux sociétés ? - Est-elle inéluctable ou contournable ?

Dilemme mondialisation et régionalisation : 3 Schémas explicatifs. Dilemme mondialisation et régionalisation : 3 Schémas explicatifs.

I/ Les gagnants et les perdants de la mondialisation Au niveau des Pays Développés : le rôle des multinationales dans le système productif et monétaire international Les pays émergents d’Asie en ont tiré les meilleurs profits pour sortir du sous-développement en l’intervalle d’une génération et devenir de redoutables puissances industrielles, financières et technologiques. Comment ont-ils fait ? Jamais le monde n’a produit autant de richesses mais aussi autant de pauvreté, de misère et de précarité, ce qui apparait dans certaines dualités caractéristiques. I/ Les gagnants et les perdants de la mondialisation Au niveau des Pays Développés : le rôle des multinationales dans le système productif et monétaire international Les pays émergents d’Asie en ont tiré les meilleurs profits pour sortir du sous-développement en l’intervalle d’une génération et devenir de redoutables puissances industrielles, financières et technologiques. Comment ont-ils fait ? Jamais le monde n’a produit autant de richesses mais aussi autant de pauvreté, de misère et de précarité, ce qui apparait dans certaines dualités caractéristiques.

II/ Les formes d’une insertion régressive: les 4 défis de la mondialisation. 1. Le premier défi est économique : pour un pays, sortir gagnant de la mondialisation implique de renoncer à certaines activités et de développer d'autres, plus performantes, plus novatrices, moins concurrencées. Cela requiert Cela requiert  une reconversion des priorités collectives, aujourd'hui davantage tournées vers le soutien de certains secteurs que vers ces investissements collectifs.  Une transformation du rôle de l'Etat ( Etat pro) qui a été déconstruit par les politiques néolibérales voulant construire un capitalisme sans capitalistes locaux et sans Etat providence et cela avec un aveuglement,un entêtement et un autisme absurde.

2. Le deuxième défi est social : portée par des firmes nomades, la mondialisation fait des gagnants et des perdants.  Les uns perdent leur emploi, les activités rémunératrices se délocalisent. Le tissu productif s'affaiblit et se paupérise.  Les autres voient leurs marchés s'étendre, des opportunités s'offrir et leurs revenus progresser.  Un bon cas d’étude: Le pouvoir chinois et les multinationales, le cas de Foxconn. Plus d'un million de personnes travaillent pour le groupe Foxconn Technology, dont plus de dans la seule ville de Shenzhen.

3. Le troisième défi est politique et institutionnelle avec l’affaiblissement des Etats :   les forces du marché, désormais mondialisées, s'imposent aux Etats et aux mouvements sociaux enfermés dans des territoires exigus   En conséquence, la mondialisation a besoin de régulation environnementale, financière ou sociale dans une période crise des organisations de la gouvernance de l’ordre mondial.

4. L’Afrique entre marginalisation, pauvreté et précarité. La mondialisation se déroule dans un contexte de paradoxes et d’inégalités avec trois dualités  la fracture sociale entre riches et pauvres se creuse.  le fossé grandissant entre inclus et exclus  et l’impuissance absolue des Etats qui n’arrivent pas à gérer l’interdépendance planétaire  Le cinquième le plus riche de la population mondiale dispose de plus de 80% des ressources et le cinquième le plus pauvre de 1%.  Quelques 2,7 milliards d’individus (sur 7milliards) vivent avec moins de 2 euros par jour et ils seront environ 4 milliards en  La part des 20% de personnes les plus pauvres dans le revenu mondial est tombée de 2,3% à 1,4%. Dans le même temps, la part des 20% les plus riches passait de 70% à 85%.

Tous ces éléments et bien d’autres montrent que la mondialisation, mille fois vantée, sans aucun bénéfice d’inventaire et qui était sensée apportée partout prospérité et bonheur vire au cauchemar pour des milliers de millions de chômeurs, de précaires, des déshérités et de pauvres.

C ONCLUSION : M UTATIONS ET RECOMPOSITION DE LA MULTIPOLARITÉ MONDIALE : VERS LE REMODELAGE DU SYSTÈME INDUSTRIEL. Le déclin relatif de l'Occident est désormais un fait indiscutable depuis la grave crise financière de Elle a produit, conjuguée avec la montée des pays ré émergeants, un basculement et une recomposition de la mondialisation devenue multipolaire. Un constat et deux conséquences. Le déclin relatif de l'Occident est désormais un fait indiscutable depuis la grave crise financière de Elle a produit, conjuguée avec la montée des pays ré émergeants, un basculement et une recomposition de la mondialisation devenue multipolaire. Un constat et deux conséquences. 1°) Avec la crise financière, le SMI qui n’arrive pas à maîtriser la spéculation financière (paradis fiscaux mobilisant 1750 milles milliards dans le sphère spéculative), à séparer les banques d’affaires et les banques commerciales, à maitriser l’endettement massif et record des Etats-Unis, de la Grèce, de l’Irlande, de Chypre, de l’Espagne et demain de l’Italie. Les politiques de rigueur et d’austérité se généralisent presque partout.

2°) Tout semble indiquer, en définitive, que la domination absolue de l’Occident, européen puis américain, n’aura duré que deux siècles (le 19 ème et le 20 ème ).C’est la révolution industrielle qui leur avait donné une rente de situation. Aujourd'hui, l’Europe berceau de cette révolution du 19 ème siècle, s’est progressivement faite rattraper puis distancer par d’autres zones géographiques : hier par l’Amérique du Nord et aujourd’hui par l’Asie. 3°) En étant attentif, on observe un basculement de la richesse industrielle, financière et technologique mondiale vers les BRICS qui sont les puissances d’aujourd’hui et le seront davantage demain. Les projections les plus rigoureuses établissent qu’en 2030, plus de la moitié de la production se fera en Asie et la moitié des biens échangés le seront également avec la même région.

Avec tous ses atouts, l'Afrique constitue un espace pertinent qui devrait permettre aux Etats de mener des politiques industrielles efficaces en mettant à leur disposition des programmes intégrateurs créateurs d’externalités positives pour les économies nationales. On n’y arrive pas faute de structures solides de commandement et de leadership avéré Les difficultés sont connues et sont techniquement solubles moyennant des 'Etats stratèges soucieux du développement à long terme, un patriotisme économique, la résolution des Instabilités politiques issues de conflictualités téléguidées et peut-être la corruption de loin moins importante que la défaillance des élites. Les difficultés sont connues et sont techniquement solubles moyennant des 'Etats stratèges soucieux du développement à long terme, un patriotisme économique, la résolution des Instabilités politiques issues de conflictualités téléguidées et peut-être la corruption de loin moins importante que la défaillance des élites. Résumons les contraintes que les politiques économiques doivent résoudre: Résumons les contraintes que les politiques économiques doivent résoudre:

1°) Un Etat « Pro » dans le modèle asiatique qui se traduit par l’absence d’une stratégie et des politiques sectorielles cohérentes pour accroitre l’offe en se fondant sur l’exploitation des dotations factorielles et la transformation sur place de sorte que la valeur ajoutée finale se réalise tout ou partie dans les économies nationales. 2°) Une fiscalité des entreprises industrielles comportant de véritable préférence pour les PMI. 3°) Un environnement juridique et réglementaire offrant des garanties aux investisseurs nationaux et étrangers. Qui associe effectivement le secteur privé national 4°) La construction de transverses ( infrastructures énergétiques, routières, hydrauliques) pour éviter au pays les goulots d’étranglement et bloquent les externalités positives. Ainsi que la compétitivité. 5°) La création d’un marché financier actif et ouvert et de systèmes financiers de proximité de façon à ce que chaque catégorie d’entrepreneur privé puisse s’adresser à une institution financière adaptée à ses besoins de croissance ou de diversification. La finance c’est le carburant de l’économie. 6°) L’établissement d’un ordre économique et monétaire régional capable de créer des projets intégrateurs produisant des externalités positives pour les Etats membres. 7°) La production de données fiables qui soient à la disposition des investisseurs à la recherche d’opportunités de placer leurs capitaux 8°) 8°) La création d’un esprit entrepreneurial 9°) L’imposition d’un patriotisme économique qui atténue le déséquilibre commercial et positionne le secteur privé national. 10) Un aménagement créatif du territoire en liaison avec les politiques économiques. Citons les obstacles institutionnels et les contraintes que les stratégies doivent régler. Il concerne 1°) L’absence d’une stratégie et politique industrielle cohérente fondée sur l’exploitation des tous les atouts notamment l’orientation des secteurs miniers et pétroliers vers la transformation sur place de sorte que la valeur ajoutée finale se réalise en tout ou partie dans les économies nationales. 2°) L’inexistence d’une fiscalité des entreprises industrielles comportant de véritable préférence pour les PMI. 3°) L’absence d’un environnement juridique et réglementaire offrant des garanties aux investisseurs nationaux et étrangers. 4°) L’inexistence d’une infrastructure de base pour éviter au pays les goulots d’étranglement tels que le manque d’eau et d’énergie à prix compétitif. 5°) Absence d’un marché financier actif et ouvert et de stèmes financiers de proximité de façon à ce que chaque catégorie d’entrepreneur privé puisse s’adresser à une institution financière adaptée à ses besoins de croissance ou de diversification