Lire, dire, écrire en SEGPA

Présentation au sujet: "Lire, dire, écrire en SEGPA"— Transcription de la présentation:

1 Lire, dire, écrire en SEGPA
Des outils pour aider l’élève à entrer dans la compréhension

2 Pour rendre les élèves capables…
«… d’identifier l’idée principale d’un texte, d’en comprendre les informations implicites et de relier plusieurs informations explicites quelque soit la nature du support choisi. »

3 Sommaire (matin) Compétences requises et obstacles à la compréhension d’un texte écrit Mise en situation : le camarade italien Lector et Lectrix : un outil singulier La question du vocabulaire en situation de lecture et d’écriture Quelques pistes Comment aider les élèves à lire un texte « difficile » La démarche du Pélican Lecture détective en 6ème : visionnage de séquences didactiques

4 Sommaire (après-midi)
Faire vivre les mots en situation d’écriture Les différents types d’écrits Un projet d’écriture: Elaboration d’une séquence (exemple avec l’Écriture d’une nouvelle policière au Moyen-âge) Écrire : quelques exemples de différents types d’écriture Mise en situation d’écriture : poésie Entrer dans un texte littéraire résistant : un exemple avec « Le dormeur du Val » de Rimbaud

5 Pour comprendre un texte écrit
Compétences requises Pour comprendre un texte écrit

6 5 compétences requises :
Des compétences de décodage (automatisation des procédures d’identification des mots écrits) Des compétences linguistiques (syntaxe et lexique) Des compétences textuelles (genre textuel, énonciation, ponctuation, cohésion : anaphores, connecteurs, etc) Des compétences référentielles (connaissances sur le monde, connaissances encyclopédiques sur les univers des textes) Des compétences stratégiques (régulation, contrôle et évaluation par l’élève de son activité de lecture)

7 Cela revient à 5 gestes qu’il s’agit d’accomplir en même temps :
Mémoriser au fur et à mesure qu’on lit Se faire une représentation mentale de ce qu’on lit Faire des inférences Traiter les informations nouvelles au fur et à mesure, en les reliant Revenir en arrière (un très bon lecteur varie constamment son rythme de lecture car il se rend compte quand il ne comprend pas : c’est la dimension métacognitive de la lecture)

8 Il s’agit donc de mobiliser toutes ces compétences
Pour opérer 2 types de traitement

9 Un micro traitement : Apprendre à mettre les mots ensemble
Mettre en mémoire des idées portées par les mots, d’où l’importance du découpage en phrases

10 Un macro traitement : Se construire une représentation mentale de la situation évoquée par le texte Se faire le « film » de l’histoire

11 Avec les élèves de SEGPA
Des déficits souvent cumulés

12 Malentendus sur la nature de l’activité de lecture :
Lire c’est résoudre un problème Ce n’est pas seulement déchiffrer.

13 Stratégies erronées pour comprendre :
Lire ce n’est pas comprendre « en îlots », c’est faire des liens. Lire c’est transformer des détails en indices et utiliser ces indices pour construire le sens. Lire c’est remplir des « blancs », des « vides » en faisant agir ses connaissances personnelles, c’est par exemple arriver à visualiser un lieu, même si tout n’est pas écrit.

14 Un constat : On évalue la compréhension d’un texte, plus qu’on ne l’enseigne
Des pistes pour enseigner explicitement les stratégies pour mieux comprendre ce qu’on lit

15 Décrypter le comportement d’un élève en difficulté de lecture
face à un texte et un questionnaire

16 Réfléchissons aux difficultés que peut poser ce texte à un élève.
Ce matin, nous avons accueilli dans la classe, pour la première fois, un camarade italien. François l’a fait asseoir à côté de lui et lui a demandé son nom. Avec une petite courbette qui nous a tous fait rire, le nouveau a dit, souriant à toute la classe : « Angelo ». Il connaît mal notre langue car il n’est en France que depuis une semaine. Il comprend les explications du maître et peut parfois faire les problèmes, mais il est incapable de suivre la dictée. Il semble avoir très bon caractère et rit avec nous de bon cœur des fautes qu’il fait en parlant. Il chante très bien et nous a promis de nous apporter demain les photos de son pays dont il a décoré sa chambre.

17 Les questions et les réponses souvent obtenues : que peut-on en dire ?
Comment s’appelle le nouveau camarade ? Il s’appelle François. Depuis quand est-il dans cette classe ? Depuis une semaine. Qu’est-ce qui est le plus difficile pour lui en classe ? C’est les problèmes. En quoi est-t-il très bon ? Il est très bon en caractère.

18 Différentes manières de traiter les questionnaires :
Proposer des réponses erronées : il s’agit de trouver comment l’élève fictif a fait pour se tromper. Proposer des réponses justes : il s’agit de trouver comment l’élève a fait pour réussir. Trier les réponses justes et les réponses erronées. Evaluer et corriger les réponses. Aller à la recherche d’indices dans le texte, les surligner avant de répondre à la question. Proposer des questions avant que le texte ne soit connu : apprendre à interroger un texte à priori.

19 Les activités de questionnement et Les activités de reformulation
Une didactique de la compréhension en lecture doit chercher à maintenir un équilibre entre : Les activités de questionnement et Les activités de reformulation

20 D’un côté l’analytique, de l’autre le synthétique.
décomposer les textes pour en comprendre les mécanismes internes : travail sur le lexique, les substituts, la ponctuation reconstruire la cohérence du texte à l’occasion de tâches de rappel, de résumé, de reformulation.

21 Suivre les 7 séquences didactiques de Lector & Lectrix
Apprendre à construire une représentation mentale Lire, c’est traduire Accroître sa flexibilité Répondre à des questions : choisir ses stratégies Répondre à des questions : justifier des réponses Lire entre les lignes : causes et conséquences Lire entre les lignes : narrateur, personnages et dialogues

22 Et quand les élèves ne comprennent pas les mots du texte ?
Quelles actions les enseignants peuvent-ils alors exercer ?

23 Ou plutôt un accompagnement de la lecture sur le plan lexical ?
Faut-il choisir les textes en fonction du nombre de mots inconnus ou difficiles qu’ils contiennent ? Ou plutôt un accompagnement de la lecture sur le plan lexical ?

24 Les démarches « classiques »
Proposer des leçons de vocabulaire ponctuelles, telles que proposées dans les manuels Faire noter des mots dans un carnet de vocabulaire pour les mémoriser

25 Quelle utilité si pas de réinvestissement des connaissances en situation?

26 Comment alors envisager cet accompagnement ?
Favoriser les apprentissages lexicaux pour mieux comprendre les textes ? Lire beaucoup pour favoriser les apprentissages lexicaux ?

27 Quelles options privilégier
pour lier enseignement du lexique et compréhension des textes écrits ?

28 1) Demander aux élèves de deviner le sens d’un mot en regardant les autres mots de la phrase dans laquelle il s’insère. Encourager l’émission d’hypothèses Stratégie qui peut être ritualisée Limite : N’amène pas à reconnaître les autres significations de ce mot dans d’autres contextes.

29 2) Englober les mots dans un réseau lexical, sémantique ou thématique
Permet de préciser le sens par comparaison, analogie au sein de regroupements. Un schéma permet de recueillir visuellement les propositions des élèves. Il peut y avoir recherche individuelle, puis discussion collective sur la pertinence des choix.

30 Exemple de réseau sémantique

31 Mais qu’advient-il de ces mots une fois qu’ils sont consignés et rangés dans les constellations  ?
Comment rendre ces recherches utiles ?

32 Un rassemblement collectif et organisé de mots et d’expressions appartenant à un même domaine, peut servir à : Ecrire un compte-rendu d’actions proches du vécu des élèves Ecrire un récit sur une période particulière Ecrire un texte documentaire sur un lieu visité Ecrire un texte à la 1ère personne traduisant les ressentis par rapport à une situation particulière.

33 Comment traiter les mots « difficiles » en situation de lecture ?
Avant ? Pendant ? A un autre moment ?

34 Exemples de dispositifs « décrochés »
Une fiche documentaire qui peut être créée par les élèves Une discussion : véritable temps de débat consacré aux mots ou expressions incompris Raconter de manière brève l’évolution historique d’un mot : peut être ritualisé. Dictionnaire historique de la langue française (Alain Rey)

35 L’avantage de la lecture « en réseau »
Permet de proposer des textes comportant des mots proches, appartenant aux mêmes champs lexicaux et sémantiques Les leçons de vocabulaire et les discussions favorisent alors les liens qu’il est possible de faire d’un texte à l’autre.

36 La démarche du « pélican »
Ou comment aider les élèves à lire un texte « difficile »

37 Lecture détective en 6ème
Aider les élèves à interpréter des textes résistants

38 Le [……..], Jules Renard , Histoires Naturelles
Il glisse sur le bassin, comme un traîneau blanc, de nuage en nuage. Car il n'a faim que des nuages floconneux qu'il voit naître, bouger, et se perdre dans l'eau. C'est l'un d'eux qu'il désire. Il le vise du bec, et il plonge tout à coup son col vêtu de neige. Puis, tel un bras de femme sort d'une manche, il retire. Il n'a rien. Il regarde : les nuages effarouchés ont disparu. Il ne reste qu'un instant désabusé, car les nuages tardent peu à revenir, et, là-bas, où meurent les ondulations de l'eau, en voici un qui se reforme. Doucement, sur son léger coussin de plumes, [il] rame et s'approche... Il s'épuise à pêcher de vains reflets, et peut-être qu'il mourra, victime de cette illusion, avant d'attraper un seul morceau de nuage. Mais qu'est-ce que je dis ? Chaque fois qu'il plonge, il fouille du bec la vase nourrissante et ramène un ver. Il engraisse comme une oie.

39 Faire « vivre » les mots en situation d’écriture

40 Quels types d’écritures ?
La copie Écriture fonctionnelle Écriture d’argumentation Écriture d’invention Écriture d’imitation On écrit pour soi et/ou pour autrui.

41 Une démarche pour un projet d’écriture longue

42 ECRIRE, écrire, écrire, écrire, écrire… réécrire….
Écriture 1er jet, brouillon Écriture finale Écrit valorisé Projet D’écriture A qui? Pourquoi? Matériel, support,, temps Diagnostic par l’enseignant, amélioration du texte pour le rendre lisible Grille d’amélioration, critères de réussite, outils construits pour une Réécriture Ecriture seul ? A deux ? Dictée à l’adulte ? Représentations des élèves de l’écrit à produire Socialisation des écrits Élaboration d’un canevas, d’un synopsis, d’un pense-bête Outils pour aider Banque de mots, autres textes, dictionnaires, etc. Définition des améliorations à apporter, des questions, des propositions des autres Activités de lectures plurielles Autres situations d’écriture Pour acquérir d’autres compétences

43 Un projet : Ecrire une nouvelle au Moyen-Age
Mise en situation : Construire une séquence d’apprentissage

44 Mise en situation d’écriture
Ecrire un poème à partir de vers d’auteurs

45 Entrer dans un texte littéraire résistant
Un exemple avec « Le dormeur du Val » Poème d’Arthur Rimbaud

46 Le dormeur du val C'est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme. Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

47 Avant d’entrer dans le poème…
Aider l’élève à « se fabriquer » des images mentales : Le décor ou le paysage champêtre Le personnage (son aspect physique, son attitude) Pour comprendre les images du poème : des mots utilisés pour des personnes peuvent s’appliquer à des choses, une comparaison, une métaphore Aider l’élève à exprimer des émotions, des ressentis : La découverte progressive (les informations qui suscitent peu à peu l’inquiétude) L’opposition entre la beauté de la nature et la jeunesse du soldat. Aider l’élève à comprendre la critique derrière les mots : Se référer à une situation politique inscrite dans une période de l’Histoire mais aussi universelle.

48 Se « fabriquer » des images mentales : Pour cela, orienter l’élève vers un champ lexical spécifique, l’aider à se représenter un paysage avec des images, des photos. On peut leur demander de dessiner. On ne garde que les mots suivants: C'est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme. Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

49 Sans le texte… Mots donnés pour dessiner, expliquer,
chercher une ou des photos: De la verdure Une rivière Des herbes, La montagne Un petit val Le frais cresson bleu De l'herbe Les glaïeuls.

50 Se « fabriquer » des images mentales : Cette fois, aider les élèves à se représenter le personnage (son aspect physique, son attitude). On peut leur demander de dessiner. On ne garde que les mots suivants: C'est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme. Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

51 Se « fabriquer » des images mentales
Une fois que les élèves se sont fait une représentation du paysage champêtre et du personnage, on peut leur proposer deux peintures et comparer avec leurs productions. Le décor ou le paysage champêtre Le personnage (son aspect physique, son attitude)

52 Aider l’élève à exprimer des émotions, des ressentis
Si vous étiez ce jeune homme… Que ressent-on face à ce paysage? Amener les élèves à parler de la beauté de la nature, de la jeunesse du personnage , notions d’un manuel de 3ème.

53 Entrer dans le poème…en l’écoutant

54 En le lisant de manière différenciée et adaptée
Attention: le poème sera donné sans le dernier vers ou « Tranquille. …….. » Avec le professeur pour les élèves lecteurs débutants : réécouter le poème strophe par strophe (chaque strophe est bien identifiée en préparant l’élève à l’écoute), le lire avec des repères, avec des étiquettes à placer au bon endroit, etc. Sans le professeur mais avec étayage pour les lecteurs un peu plus confirmés (les strophes ont une police différente, une couleur, une iconographie permettant d’étayer le texte, etc.) avec une question de compréhension. Sans le professeur et sans aide pour les lecteurs confirmés avec deux questions de compréhension.

55 Aider l’élève à comprendre la progression du texte…
En relevant les termes qui annoncent la mort du jeune soldat (cela peut se faire à l’oral, le poème étant projeté) - Bouche ouverte - Pâle dans son lit - Souriant comme sourirait un enfant malade - Il a froid - Les parfums ne font pas frissonner sa narine En s’interrogeant sur le « Il dort », « Le dormeur » En écrivant le dernier vers « Tranquille. Il….. »

56 Le dernier vers…et la compréhension globale du message
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Qu’a voulu dire le poète?

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58 Se référer à une situation politique inscrite dans une période de l’Histoire mais aussi à l’universalité du message poétique. Faire référence à d’autres poèmes qui dénoncent la guerre.

59 Contexte historique Ce poème, le Dormeur du Val, est un des plus connus du poète, bien qu'il présente une esthétique encore peu innovante : utilisation du sonnet, de l'alexandrin, de la rime. On est de fait encore loin de la modernité d'Une Saison en enfer ou des Illuminations, dernières œuvres du poète, et de l'audace des images qu'il offre dans le Bateau ivre, composé seulement un an plus tard. Le Dormeur du val n'en demeure pas moins un poème très abouti, et qui montre chez l'auteur une grande maîtrise des règles de versification - ce qui peut étonner à seize ans à peine.

60 Faire un lien avec l’histoire
Ce poème est sans doute inspiré au jeune Rimbaud, 16 ans à l'époque, par la guerre franco-prussienne de 1870, et plus particulièrement par la bataille de Sedan scellant la défaite française le 3 septembre 1870 à moins de 100 kilomètres de Charleville, son lieu de résidence à l'époque. Cette scène, un soldat mort au milieu d'une nature omniprésente et accueillante, suscite effectivement l'indignation de Rimbaud. Il est cependant peu probable que celui-ci ait réellement assisté à ce qu'il décrit.