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Publié parPaul Monette Modifié depuis plus de 8 années
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Sociologie des sciences IEP Toulouse 2ème année Vincent SIMOULIN
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IIILa carrière scientifique. A) Récompenses et publications. B) Les limites, tricheries et fraudes C) L’utilisation stratégique des normes et institutions. a) Les contre-normes (Mitroff). b) Les normes vis-à-vis de l’extérieur (Mulkay). c) Les stratégies de carrière (Ben-David). d) La ramification disciplinaire.
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Les constats empiriques Entre ceux qui se définissent comme scientifiques et ceux qui sont cités dans les recueils biographiques, le rapport est en gros de 1 à 3. Environ 80% des scientifiques n’ont aucune récompense scientifique (prix), 10% en ont une, 4% en ont 2, 2% en ont 3, 1% en a 4 et 3% en ont au moins 5.
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L’ ”effet Saint-Mathieu ” (Merton) Celui qui a, on lui donnera et il aura un surplus, mais celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera enlevé.
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Les stratégies institutionnelles Les récompenses attribuées aux chercheurs sont étroitement corrélées au prestige de leur université de rattachement. Les universités prestigieuses et financièrement bien dotées attirent les chercheurs prometteurs et externalisent vers les autres les étudiants qu’elles ont formés mais dont elles attendent peu.
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Les études bibliométriques Environ 60% des articles sont cités une seule fois. Environ 25% sont cités 2 à 4 fois. Environ 10% reçoivent de 5 à 9 citations. Seulement 0,3% des articles sont cités plus de 100 fois. Ce sont les travaux paradigmatiques.
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L’analyse scientométrique Derek de Solla Price. Little science, big science. 1963.
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Les lois de la recherche La première loi est celle du doublement de l’activité scientifique tous les quinze ans environ. La loi de Lotka : le nombre d’individus produisant n papiers est proportionnel à 1/n 2. Pour 100 chercheurs qui produisent 1 article au cours d’une période donnée, il y en a 25 qui en produisent 2, 11 qui en produisent 3, etc.
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B) Les limites, tricheries et fraudes. La découverte de dysfonctions et d’inégalités
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Jonathan et Stephen COLE. Social Stratification in Science. Chicago, 1973
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La confirmation d’inégalités A qualité de travail identique, un chercheur qui occupe un poste prestigieux et est déjà souvent cité est plus visible qu’un chercheur peu ou pas connu. Dans le cas des articles cosignés, c’est le plus souvent le chercheur le plus connu qui signe en premier et à qui l’article est crédité.
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Le poids de l’origine sociale Harriet Zuckerman. Scientific Elites. Nobel Laureates in the United States. New York, Free Press, 1977. Moins de 3% des lauréats du Nobel avaient un père agriculteur contre 20% des titulaires d’un doctorat scientifique américain.
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Une tendance au conservatisme Les scientifiques de haut niveau tendent parfois au conservatisme et à refuser les idées nouvelles … … surtout lorsqu’elles sont proposées par des chercheurs moins connus et reconnus qu’eux.
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Les inégalités sexuelles Evelyn Keller. Reflections on Gender and Science. New Haven, Yale University Press, 1985. Les femmes : - occupent des postes moins prestigieux. - ont des difficultés à réaliser leur thèse avec un chercheur reconnu. - tendent à travailler entre elles. - sont souvent oubliées dans l’histoire des découvertes et lors de la remise de récompenses.
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Des inégalités qui posent problème … … car les chercheurs sont évalués sur le nombre et la qualité de leurs publications.
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Le constat de tricheries Des exemples célèbres (cf Latour,Vinck) Une tendance systématique à enjoliver les résultats Des cas de « fraude par conviction » (Paul Kammerer, Cyril Burt) Des tentatives de recyclage des découvertes des autres chercheurs
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C) L’utilisation stratégique des normes et des institutions a) Les contre-normes (Mitroff) b) Les normes envers l’extérieur (Mulkay) c) Les stratégies d’hybridation (Ben David) d) La ramification disciplinaire.
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Les contre-normes Ian MITROFF. The Subjective Side of Science : a Philosophical Inquiry into the Psychology of the Apollo Moon Scientists. Amsterdam, Elsevier, 1974
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Le non respect des normes Les chercheurs respectent peu la norme mertonienne du communalisme et pratiquent au contraire le secret Les scientifiques tiennent compte de ce qu’ils savent de leurs collègues pour évaluer leurs travaux Le respect ou non de normes éthiques ne joue pas ou très peu dans l’attribution des gratifications
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Des contre-normes plus efficaces Secret (et non communalisme) Confiance (et non universalisme) Attachement à ses idées (et non désintéressement et scepticisme organisé)
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b) Les normes vis-à-vis de l’extérieur Michael Mulkay. Sociology of Science. A sociological pilgrimage, Open University Press, 1991.
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Une analyse de conversations Les normes comme « ressource rhétorique » utilisées par les chercheurs pour se légitimer Une “ rigidité cognitive ” due à la socialisation des scientifiques Les normes que propose Merton ne seraient pas un ethos auquel adhéreraient vraiment les scientifiques, mais une idéologie qu’ils proposeraient à l’extérieur (cf Brunsson)
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L’hypocrisie scientifique Le répertoire contingent : en privé les chercheurs insistent sur l’intuition, les arrangements avec les données et les recettes pratiques qu’il faut suivre pour réussir une expérience Le répertoire empiriste : face à l’extérieur, les chercheurs utilisent un style impersonnel et objectif qui fait disparaître les incertitudes rencontrées au cours de la recherche et gomme les choix discutables
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Empiriste/contingent On sait depuis longtemps Bien qu’il n’ait pas été possible de donner des réponses définitives à ces questions Trois des échantillons ont été choisis pour une étude détaillée D’une grande importance théorique et pratique On suggère que … on sait que … il semble que … On croit généralement que Je n’ai pas pris la peine de chercher la référence L’expérience n’a pas marché, mais j’ai pensé que je pourrais en tirer au moins une publication Les résultats des autres n’avaient aucun sens et ont été ignorés Intéressant pour moi Je pense D’autres types le pensent aussi
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c) Les stratégies de carrière Joseph BEN-DAVID. Éléments d’une sociologie historique des sciences. Paris : PUF, 1997.
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Les stratégies individuelles Les chercheurs ont une conscience assez claire des perspectives de carrière que leur offrent les différents domaines de recherche. Il peut donc être rationnel pour eux de choisir un domaine peu prestigieux où il y a un grand nombre de postes à pourvoir et relativement peu de candidats qualifiés pour y postuler, plutôt qu'un domaine prestigieux mais embouteillé et où tous les candidats sont très bons.
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L’invention de la psychologie La fin du XIXème en Allemagne Beaucoup d'étudiants en physiologie sans postes ont alors migré vers la philosophie spéculative Ils ont perdu ainsi à leurs yeux et à ceux de la communauté scientifique une part de leur statut. Ils ont essayé de retrouver leur statut en transformant une partie de la philosophie spéculative en psychologie en y important les méthodes d'expérimentation empirique de la physiologie
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Les stratégies collectives Le choix des stratégies de recherche ne se fait jamais indépendamment de l'analyse de celles qui sont privilégiées par les groupes concurrents. Chaque groupe fait un pari sur les opportunités qu'offre l'étude de tel type de questions mais il privilégie aussi celles pour lesquelles il lui semble disposer d'un avantage compétitif (avancée théorique, équipement technique, ressources humaines, etc)
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d) La ramification disciplinaire. Le progrès des connaissances Le contact avec d’autres disciplines sur un même objet L'invention d'un nouvel instrument ou d’une nouvelle technique Les choix stratégiques opérés par les individus et les groupes de recherche
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l’érosion du programme de recherche mertonien La remise au premier plan de la question de la relation entre science et société
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