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Publié parMariette Dutertre Modifié depuis plus de 10 années
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Les familles québécoises depuis la Révolution tranquille
Les familles québécoises depuis la Révolution tranquille. Mutations sociales, mobilisation des mouvements, transformations politiques. Jane Jenson Département de science politique Université de Montréal
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La Révolution tranquille
« Le 22 juin 1960, jour de l’élection de Jean Lesage, s’amorçait une ère de grands changements au sein de la société québécoise qui s’est donné les moyens de mieux contrôler son développement… Cette période appelée ‘Révolution tranquille’ [qui] a vu le Québec se doter de plusieurs de ses grandes institutions et devenir un État moderne » aura en effet modifié en profondeur la situation des enfants, de la jeunesse, des parents et des aînés. À regarder : l’État, les mouvements sociaux et les mutations sociales
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Les années de la Révolution tranquille
Les années de nouvelles politiques publiques Pour faire face à une société en mutation rapide : mutations sociales, économiques, culturelles tendances dans toutes les sociétés tendances particulières du Québec Stratégie guidée par la notion de « rattrapage » mais certaines actions ont dépassé les autres, pour devenir l’avant-garde
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Quelles étaient ces mutations?
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L’espace socioéconomique des familles québécoises : mutations dans le temps
Un espace familial plus diversifié
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Un espace familial peu agricole et fortement urbanisé
Guy Rocher, en 1972 « L'image du Québec et de l'homme québécois a rapidement évolué depuis une quinzaine d'années. Le Québécois a été à la recherche d'une représentation de lui-même, d'une définition de son entité collective, de sa place et de son rôle en Amérique du Nord et dans la civilisation occidentale. […] On a d'abord voulu se débarrasser de l'image d'un Québec à vocation rurale, vivant accroché à la société industrielle nord-américaine, mais toujours en marge d'elle parce que ses valeurs devaient nécessairement s'inspirer des traditions du milieu agricole. »
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Un espace familial fortement urbanisé
Développement de la population en banlieue. Trajets quotidiens et maisons individuelles.
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Le rapport au marché du travail : l’effacement de Monsieur Gagnepain et de Madame Aufoyer
La vie professionnelle des femmes ressemble davantage à celle des hommes. La restructuration des revenus demande que les familles « mobilisent » plus de travail.
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La démographie : un enjeu permanent
« En quinze ans, la fécondité au Canada est passée de 3,89 enfants par femme dans la période , à 2,07 en Dans aucun pays occidental la chute n'a été aussi brutale. Mais au Canada même, elle est encore plus spectaculaire dans la province de Québec : on passe de 4,02 enfants par femme en à 1,88 pour la période La traditionnelle sur-fécondité du groupe francophone a disparu, donnant à l'évolution démographique un important retentissement politique. C'est la fin de la ’revanche des berceaux’ ». La Famille Tremblay à Jonquière Patrick Festy, 1976
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La démographie : un enjeu permanent
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Les formes familiales éclatées…
« L’après-guerre constitue l’âge d’or du mariage : fort taux de nuptialité et stabilité remarquable des unions qui étaient moins touchées par la mort qu’autrefois et encore peu dissoutes par les ruptures volontaires. C’est au début des années que les conduites matrimoniales s’altèrent rapidement. » Renée B.-Dandurand, 1992
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Quelles étaient les réponses aux mutations pendant et puis après la Révolution tranquille?
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Des réponses initiales : un soutien aux familles types
En 1961, le ménage québécois type se composait de deux parents, de plusieurs enfants et parfois d’un parent âgé. La plupart de ces ménages vivaient en ville mais aussi en proportion appréciable dans de petites municipalités, voire dans une ferme. Le taux de divorce était très faible et peu de femmes célibataires devenaient mères. Non seulement l’homme était-il le seul pourvoyeur, mais la prospérité économique de l’après-guerre avait créé un marché du travail qui prémunissait généralement ses salariés contre la pauvreté. C’est aux besoins liés à ces familles types de l’après-guerre qu’ont répondu les réformes majeures adoptées pendant la Révolution tranquille en matière de santé, d’éducation, de pensions de retraite, d’aide sociale et de développement urbain.
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Le « rattrapage » de la Révolution tranquille
Réformes en matière d’éducation 1961 : Grande charte de l’éducation Obligation faite aux commissions scolaires d’assurer gratuitement l’enseignement jusqu’à la onzième année Scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans Plan quinquennal de financement des universités 1964 : Création du ministère de l’Éducation 1967 : Création des cégeps 1968 : Création de l’Université du Québec Maternelle gratuite et publique offerte dans les écoles Réformes en matière de santé 1957 : Loi sur l’assurance hospitalisation (Canada) 1966 : Loi sur les soins médicaux (Canada) 1970 : Loi sur l’assurance maladie (Québec) – régime public, gratuit, accessible et universel Sécularisation du régime Création des centres hospitaliers de soins prolongés (CHSP) et de centres d’accueil et d’hébergement (CAH) Réformes en matière d’aide sociale 1966 : Régime d’assistance publique du Canada (RAPC) 1969 : Loi sur l’aide sociale, qui consacre le droit fondamental à cette aide 1970 : Création du ministère des Affaires sociales, né d’une fusion du ministère de la Famille et du Bien-être et du ministère de la Santé Réformes en matière de pensions 1966 : Entrée en vigueur du Régime de rentes Création de la Régie des rentes Réformes en matière de politique familiale 1961 : Création du ministère de la Famille et du Bien-Être 1961 : Allocation scolaire pour enfants de 16 et 17 ans qui fréquentent l’école 1964 : Création du Conseil supérieur de la famille (aboli en 1971) 1967 : Allocations familiales pour les enfants de moins de 16 ans
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Les mouvements sociaux dans l’espace familial
Ces réformes étaient le fruit d’enquêtes approfondies mises en œuvre par le gouvernement québécois et menées par des commissions qui ont consulté de nombreux experts de l’intérieur et de l’extérieur de l’administration politique. Mais il faut aussi compter avec plusieurs mouvements qui travaillaient en marge de ces experts et parfois en collaboration avec eux à la promotion d’autres moyens de répondre aux besoins des familles québécoises. Voyons en quoi ont consisté trois de ces mouvements.
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Le mouvement populaire et communautaire
Des comités de citoyens s’intéressent à l’économie sociale et solidaire mouvement axé sur la démocratisation des services et l’accès universel; démocratie directe plutôt que recours à l’État et à ses institutions groupes autonomes de service, par ex. : cliniques communautaires groupes d’âge d’or, fédérés en FADOQ depuis 1970 coopératives d’habitation garderies
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La garderie populaire : un legs de ces luttes
Un modèle : la garderie à but non lucratif « L’idéal des garderies populaires voulant que la garde des enfants devienne une responsabilité collective a fait son chemin. La création de l’Office des services de garde à l’enfance [en 1980] témoigne de la volonté du gouvernement de s’impliquer dans le développement des services de garde. De plus, conformément aux principes qui animaient les prometteurs des années 1970, l’Office entend privilégier le développement des garderies à but non lucratif et contrôlées par les parents. » G. Desjardins, Faire garder ses enfants au Québec… une histoire toujours en marche, 1984. Financement initial à partir des fonds pour le développement social et communautaire. Le recours à la notion de communautaire reste dans le développement de l’économie sociale et les CPE.
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Le mouvement des femmes : à la recherche de l’égalité dans un monde en mouvement
Un élément de la Révolution tranquille visible très vite Élection 1961; Code civil : 1964. L’AFEAS est créée en 1966; fusion de deux organismes féminins : les CED (Cercles d’économie domestique) et l’UCFR (Union catholique des femmes rurales). Création de la FFQ en 1966 Revendications : création de garderies d’État, parité salariale, abolition des termes « ménagère » et « mère nécessiteuse », etc.
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Les enjeux et campagnes
«1997… le mouvement des femmes a joué un rôle important pour mettre de l’avant l’idée du financement par le gouvernement du Québec de certaines ‘infrastructures sociales’, afin de créer des emplois destinés surtout aux femmes dans un contexte où des besoins sociaux importants étaient non comblés, notamment dans le domaine des services à domicile. Un groupe de travail sur l’économie sociale a donc été formé et a proposé de créer un réseau d’entreprises d’économie sociale dispensant des services d’entretien ménager à des personnes ayant des incapacités physiques et cognitives. » Jetté et Vaillancourt, 2010 Égalité des droits Égalité professionnelle et équité salariale dans un monde économique et social en mutation Mesures anti-pauvreté et infrastructures sociales les garderies les services à domicile les prestations familiales
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Le mouvement familial : défis constants, adaptation à l’histoire
Un mouvement à consolider au début de la Révolution tranquille revitalisation au même moment et dans les mêmes conditions des deux autres mouvements des années 1960 plusieurs tendances et plusieurs stratégies pour contribuer à la modernisation du Québec
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Un mouvement en partenariat actif
Un État sans politique familiale jusqu’aux années 1980 Les trois temps de la politique familiale québécoise: Énoncé de politique familiale de 1987 : reconnaissance des familles nombreuses et priorité au soutien financier aux familles 1997 : Politique familiale axée sur le développement des services de garde éducatifs, Régime québécois d’assurance parentale et Allocation unifiée pour enfants ciblée aux bas revenus Soutien aux enfants pour équilibrer le volet financier – depuis 2005
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En conclusion
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D’une modernisation à l’autre
Ces trois temps de la politique familiale coïncident avec les temps de l’après- Révolution tranquille Après le rattrapage il y a eu : la crise économique des années 1980… et un virage « communautaire » pour partager les coûts le néo-libéralisme jusqu’à la fin des années 1990 : un État limité l’investissement social et dans l’enfant : le retour de l’État et des partenariats… mais autrement
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Qu’est-ce que le « paradigme de l’investissement social »?
Trois principes de base : La sécurité (de revenu, sociale) est fonction de la capacité d’apprentissage pendant tout le parcours de vie. L’orientation est tournée vers l’avenir. La société, et non plus seulement les individus, jouira de tous les avantages d’un système structuré par ce paradigme. Résultats politiques : « l’activation » des parents; une redistribution de revenus en allocations et en compléments de salaire; l’accent est mis davantage sur « l’enfant » que sur ses parents et sa famille.
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Les conséquences de cette « deuxième modernisation » pour les familles?
Un retour à l’État « moderne », mais sur des bases différentes : l’État a repris sa place… et même l’a élargie… pour les jeunes; le marché est repoussé en ce qui concerne certains services, … mais pas tous; les secteurs privé et communautaire ont leur place; mais l’individu aussi doit « faire sa part ». Les mouvements doivent se positionner pour retrouver une place.
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