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Réunion préparée avec Roberte Escudié
Raison Réunion préparée avec Roberte Escudié et Mireille Keller 1. Étymologie / Définitions 2. Notions / Concepts : Raison théorique / raison pratique Qui commande : la raison ou le désir ? 3. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question. 4. En guise de conclusion
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Étymologie et définitions
Du latin ratio, rationis, calcul, compte, rapport, d’où faculté de raisonner, raisonnement, motif (avoir raison, la raison d’une attitude). Plusieurs emplois, au sens de parole, discours et de compte ont été perdus. Définitions : Le Robert : a. Faculté qui permet à l’être humain de connaître, juger et agir conformément à des principes (compréhension, entendement, esprit, intelligence) b. Connaissance à laquelle l’être humain accède sans l’intervention d’une foi ou d’une révélation d. Ce qui permet d’expliquer l’apparition d’un fait, d’un acte, d’un sentiment : la raison d’un phénomène, la raison d’une attitude.... Dictionnaire de philosophie Godin : a. Généralement opposé soit à la déraison, soit à la passion. b. Faculté grâce à laquelle l’être humain est capable de distinguer le réel de l’imaginaire, le vrai du faux, dans l’ordre de la pensée (le rationnel) et de distinguer le bien du mal, le juste de l’injuste dans l’ordre de l’action (le raisonnable).
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Notions /concepts Qui commande : la raison ou le désir ?
Raison pratique / raison théorique (Kant ) : On distingue parfois, surtout depuis Kant la raison pratique de la raison théorique : La raison pratique, c’est celle qui permet dans le domaine de l’action de discerner ce qui est raisonnable de ce qui ne l’est pas. La raison pratique commande. La raison théorique, c’est celle qui permet dans le domaine de la connaissance de discerner ce qui est vrai de ce qui ne l’est pas. La raison théorique connaît. Pour Kant, il n’y a pas deux mais une seule et unique raison, la raison pure qui est : soit spéculative et tournée vers connaissance, c’est la raison qui connaît soit tournée vers l’action, c’est la raison qui commande Est-ce la raison ou le désir de raison qui commande ? Aristote, Spinoza, Hume, ne sont-ils pas plus éclairants que Kant ? Aristote : « Il n’y a qu’un seul principe moteur, la faculté désirante » Spinoza : « La raison ne peut à elle seule réduire aucun affect » Hume : « Il n’est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à une égratignure de mon doigt » N’est-ce pas le désir de raison, c'est-à-dire de cohérence, de lucidité, d’efficacité qui commande nos actes plutôt que la raison elle-même, comme le voulait Kant ?
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QUESTIONS Toute connaissance procède-t-elle de la raison ?
Est-ce la raison qui commande nos actes ? La raison est-elle universelle ?
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Toute connaissance procède-t-elle de la raison ?
Animation Mireille Keller Qu’est-ce qu’une connaissance ? Quel rapport entretient-elle avec la vérité ? A quoi sert la raison ?
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1. Toute connaissance procède-t-elle de la raison ?
« Connaître, c’est penser ce qui est comme cela est : la connaissance est un certain rapport d’adéquation entre le sujet et l’objet, entre l’esprit et le monde, bref entre la vérité de l’entendement et la vérité de la chose. » dit ACS Parce qu’elle est une relation, toute connaissance est toujours relative. Une connaissance absolue ne serait plus une connaissance, mais la vérité même. Que toute pensée soit relative, cela autorise-t-il pour autant à penser n’importe quoi et n’importe comment ? Que toute connaissance soit relative, soit, mais qui pourrait penser que cela autorise à ce que n’importe quelle affirmation ou conviction soit prise pour une connaissance ? Si la connaissance ne se confond pas à la vérité, n’y tend-t-elle pas ? Raison ? La raison dit ACS, « c’est le rapport vrai au vrai ou du vrai à lui-même. » Le domaine de la raison est donc celui de la vérité. Même si nous n’avons accès à la vérité que par la mise en évidence du faux, à quoi d’autre qu’à la recherche du vrai pourrait bien servir la raison ? A quoi d’autre qu’à la recherche de la vérité pourrait bien servir la raison ? Quel autre moyen que la raison pourrait bien nous permettre d’y tendre voire de s’en approcher ? Si toute connaissance tend à la vérité; si la raison paraît l’unique moyen qui nous permette sinon d’atteindre, du moins de s’approcher de la vérité, comment toute connaissance ne procèderait-elle pas, au moins en partie, de la raison ?
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Est-ce la raison qui commande nos actes ?
Animation Roberte Escudié Nos actes ne ressortissent-ils pas de différents ordres ? Comprendre et juger ne sont-ils pas inhérents à tout acte ? Si c’est le désir qui commande que fait la raison ?
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2. Est-ce la raison qui commande nos actes ?
De quoi nos actes procèdent-ils ? Nos actes ne ressortissent-ils pas de deux ordres distincts : De l’ordre de la vérité d’une part : Lorsque qu’un acte est le prolongement d’un savoir faire, n’est-ce pas à la connaissance qu’il fait appel donc à ce qui est de l’ordre de la vérité. Quel acte pourrait-il d’ailleurs être contraire aux lois de la nature, à l’ordre de la vérité matérielle des choses ? Ne sommes nous pas ici dans ce qui procède de l’enchaînement descendant des primats d’ACS, ce qui sert à comprendre ou à expliquer ? (voir diapo suivante) De l’ordre des valeurs d’autre part : Lorsqu’on se pose la question du bien ou du mal concernant un acte, n’est ce pas à l’ordre de la morale et des valeurs que nous nous référons ? Ne sommes nous pas ici dans ce qui procède de la hiérarchie ascendante des primautés d’ACS, ce qui sert à juger ? (voir diapo suivante) Comprendre et juger ne sont-ils pas inhérents à tout acte ? Comprendre n’est-il pas de l’ordre des causes et de la connaissance (l’ordre de la vérité) ? Juger n’est-il pas de l’ordre des fins, qui tend au meilleur ou au plus élevé (l’ordre des valeurs) ? En fin de compte, n’est-ce pas le désir qui commande nos actes ? Lorsque nos actes procèdent de l’expérience ou du savoir faire, n’est-ce pas le désir de raison plutôt que la raison elle-même qui les commande ? Lorsque nos actes posent la question du bien ou du mal, n’est-ce pas la morale qui commande ? Mais la morale est-ce la raison même, comme le voulait Kant ? Ou est-ce le désir de raison, de cohérence, de lucidité, d’efficacité, d’amour, comme le voulaient Aristote, Spinoza et Hume ? N’est-ce pas fondamentalement le désir qui commande nos actes ? A moins qu’elle n’y succombe, la raison n’est-elle pas que le contrepoids du désir : tantôt tourné vers la connaissance (l’ordre de la vérité) tantôt tourné vers la morale (l’ordre des valeurs) ?
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La hiérarchie des ordres d’André Comte-Sponville Primautés et primats /Angélisme et barbarie
Enchaînement descendant des primats Ce qui est objectivement le plus important dans un enchaînement descendant de détermination. Le primat est explicatif : c’est l’ordre des causes et de la connaissance. C’est ce qui sert à comprendre. L’amour C’est l’ordre de l’éthique. C’est ce qui éclaire la morale. C’est la valeur suprême de « l’esprit ». Hiérarchie ascendante des primautés Ce qui vaut le plus, subjectivement, dans une hiérarchie d’évaluations. C’est l’ordre des valeurs et des fins, qui tend au meilleur ou au plus élevé. C’est ce qui sert à juger et à agir. L’ordre de la morale C’est l’ordre où l’on se pose la question du bien et du mal. C’est l’ensemble de nos devoirs : des règles que l’on se fixe soi-même. C’est parce que nous ne sommes pas ‘‘tout amour’’ que nous avons besoin d’une morale. L’ordre juridico-politique C’est l’ordre où l’on se pose la question du légal et de l’illégal. C’est l’ordre des lois de la vie en société. C’est parce que nous manquons de moralité que nous avons besoin de lois. L’ordre de l’Economie, des sciences et des technologies C’est l’ordre où l’on se pose la question du vrai et du faux, du possible et de l’impossible. C’est l’ordre de la « matière »; de la vérité par excellence. La dialectique (primat de la matière ou de la vérité/primauté de l’esprit ou des valeurs) vaut aussi bien à titre individuel que collectif. On ne passe du primat à la primauté qu’à la condition de le vouloir : c’est le mouvement ascendant du désir. Chaque ordre a sa logique propre : confondre les ordres entre eux est donc ridicule. Pour expliquer un ordre donné, on doit faire appel aux ordres inférieurs. Pour juger un ordre donné, on doit faire appel aux ordres supérieurs. La dialectique valeur / vérité s’exerce ainsi de proche en proche. Soumettre un ordre donné, avec ses valeurs propres, à un ordre inférieur : renoncer à la primauté, c’est de la barbarie. Prétendre annuler ou déstructurer un ordre donné au nom d’un ordre supérieur : oublier le primat, c’est de l’angélisme. Principales références : Le capitalisme est-il moral ? / Dictionnaire philosophique (primats et primautés) d’André Comte-Sponville Diapositive réalisée par JP.Colin et validée par A.Comte-Sponville
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La raison est-elle universelle ?
De quelle raison s’agit-il : théorique ou pratique ? Les deux sont-elles universelles ou pas ou différemment ?
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3. La raison est-elle universelle ?
De la raison ‘’rationnelle’’ ou théorique... Est rationnel, ce qui est conforme à la raison théorique. On est ici dans l’ordre de la connaissance ou de la vérité, autrement dit dans l’enchaînement descendant des primats d’ACS, ce qui sert à comprendre et à expliquer. N’est-ce pas parce qu’elle est nécessairement objective, que la raison ‘’rationnelle’’ est impersonnelle et universelle ? Est-ce à dire pour autant que les connaissances qui procèdent de la raison ‘’rationnelle’’ soient absolues ? Non pas, car alors connaissance et vérité seraient confondues. La raison ‘’rationnelle’’ ou théorique est universelle, tout comme est absolue la vérité vers laquelle elle tend. Ce qui ne signifie pas que la connaissance à laquelle elle permet d’accéder soit elle aussi absolue car elle serait alors la vérité même, ce qu’elle n’est pas. A la raison ‘’raisonnable’’ ou pratique... Est raisonnable, ce qui est conforme à la raison pratique, comme dirait Kant. La raison pratique, c’est celle qui permet dans le domaine de l’action de discerner ce qui est raisonnable de ce qui ne l’est pas, ce qui est bien de ce qui est mal. En ce sens, la raison pratique (qui débouche sur la morale) commande. Pour Kant la raison pratique (la morale ) est universalisable sans contradiction. Si la raison ‘’raisonnable’’ ou pratique est universalisable sans contradiction, n’est-ce pas exclusivement si elle débouche sur une morale éclairée par l’amour ? Si la raison théorique (celle qui cherche la vérité) est universelle tandis que la raison pratique (celle qui juge à partir de valeurs) n’est qu’universalisable, n’est-ce pas parce que nous dépendons absolument de la vérité tandis que nos valeurs toujours relatives ne dépendent que de nous ?
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En guise de conclusion « Est rationnel ce que la raison peut connaître ou expliquer. Est raisonnable ce qu’elle peut justifier, eu égard à un certain nombre de désirs ou d’idéaux donnés par ailleurs » dit André Comte-Sponville Ce qui est rationnel procède de la raison universelle, de l’ordre de la vérité absolue. Ce qui est raisonnable procède de la morale, de l’ordre des valeurs universalisables sans contradiction si elles sont éclairées par l’amour.
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Prochaines réunions mardi 4 mai (exceptionnellement le 1er mardi du mois) : « Complexité » + choix des sujets de la rentrée d’octobre mardi 8 juin : « Ego » + tentative de synthèse de la saison (dernière réunion de la saison) Médiathèque A Malraux (Béziers) : mercredi 21 avril à 19h « Sans mémoire, qui serais-je ? » Toutes les informations et documents sont disponibles sur : 13
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