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Publié parDenis Lanthier Modifié depuis plus de 7 années
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Le Sahara : une interface qui cristallise la majeure partie des défis du continent africain (ressources, conflits, faillite des Etats, balkanisation). Interface = C’est un espace permettant la mise en relation de deux territoires différents, influencé par des échanges entre l’un et l’autre. L’interface met l’accent sur les interactions spatiales. Question : Pourquoi le Sahara est-il considéré comme une interface ? Le Sahara, une discontinuité spatiale indubitablement… De tout temps, la traversée de ce qui est le plus grand désert du monde (5000 km d’est en ouest et 2000 km du nord au sud) a représenté une aventure et seules les caravanes chamelières, remplacées aujourd’hui par les convois automobiles, ont réussi à jeter un pont entre le bled es sudan (le « pays des Noirs ») et le bled es beidan (le « pays des Blancs »), selon la terminologie arabe. Dans ce sillage tracé par les voies commerciales, l’islam a suivi avec succès et sur les espaces riverains du Sahara – ce sahel qui en arabe signifie justement « rivage » – on trouve toujours l’empreinte ancienne et profonde d’une influence arabo-musulmane. Cependant, et c’est en cela que le Sahara est une rupture, cette influence est restée circonscrite à quelques sphères de la vie sociale et n’a pas pénétré le continent dans ses profondeurs. - Malgré cette coupure millénaire, à l’heure de la mondialisation le Sahara ne deviendrait-il pas un espace traversé par les flux ? N’intégrerait-il cette « interspatialité » qui ferait de lui une interface ? Depuis une dizaine d’années, abandonnant son statut d’isolat le Sahara est revenu sur la scène géopolitique et médiatique. Immense espace désertique aride – 8,5 millions de km2, soit la superficie du Brésil, presque le tiers de l’Afrique – qui s’étend sur une dizaine d’États, il traverse une période agitée en raison de l’installation de groupes terroristes islamistes sur son sol, du développement de trafics en tous genres, des flux d’immigration clandestine en provenance de l’Afrique subsaharienne et de la compétition entre les pays du Nord et les pays émergents pour s’approprier ses richesses minières et pétrolières. Problématique : Pourquoi peut-on dire que le Sahara concentre les différents enjeux inhérents au continent africain ?
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I/ LE SAHARA : UNE INTERFACE DE PLUS EN PLUS CONVOITÉE
A/ Le Sahara : un isolat et un « vide » démographique. Le Sahara est un milieu aride où les précipitations sont inférieures à 100 mm/an entre le sud du Maroc et la Mauritanie, à l’ouest, et Alexandrie et Port-Soudan à l’est (figuré linéaire en pointillés). Couvert à 20% de sable et ne comptant que 5 millions d’habitants, le Sahara est un « vide » sur le plan démographique, et un isolat. Aujourd’hui, le développement du « tourisme d’aventure » représente un nouvel enjeu pour les États sahariens (rallye, marathon des sables, etc.). B/ Des ressources abondantes et convoitées. Depuis quelques décennies, le Sahara est convoité pour ses ressources : les hydrocarbures, le pétrole en particulier, sont de plus en plus recherchés par les sociétés pétrolières occidentales (figurés ponctuels). Ces champs pétroliers sont particulièrement étendus dans les pays qui bordent le Nord du désert (Algérie, Tunisie, Libye, Egypte), et ils ont conduit à un déplacement du centre de gravité économique et financier du pays dans ces régions. Le Sahara recèle également d’autres richesses naturelles en abondance : les minerais - fer de Mauritanie à Zouerate (figuré ponctuel rouge), uranium du Niger au pied du massif de l’Aïr (figuré ponctuel violet) - la potasse et le phosphate au Maroc, en Tunisie et au Sahara occidental (figuré ponctuel vert). Au total, l’abondance du pétrole et des minerais et le mal-développement qui caractérise l’ensemble des États de la région expliquent que les revenus de ces pays dépendent largement d’une économie de rente. Economie de rente = Pays dont les recettes d’exportation proviennent d’un seul produit primaire (pétrole, gaz…). La compétition pour ces ressources s’effectue à plusieurs échelles : entre les grandes multinationales des pays développés (comme Areva pour la France au sujet de l’uranium) et des États émergents, entre les États bordiers du Sahara, mais également entre ces acteurs et des groupes infra-étatiques – ethnies et populations nomades (comme entre les Djermas et les Touaregs au Niger), groupes de trafiquants, etc. Lorsque l’exploitation des ressources est menacée, les puissances occidentales n’hésitent pas à intervenir directement. Ainsi, l’intervention récente de l’armée française au Mali peut être interprétée comme une action de la France pour secourir un pays ami envahi par des groupes djihadistes, mais également comme une intervention occidentale – ou française – pour sécuriser l’exploitation. C/ La maîtrise de l’eau, un enjeu fondamental. Pour pallier la rareté en eau les hommes ont aménagé des espaces autour de point d’eau, construisant de la sorte des puits et transformant les paysages ; il s’agit d’oasis. Néanmoins ce type d’oasis traditionnelles tend à être dépassée et devient obsolète depuis la découverte des immenses réserves d’eau situées dans les nappes fossiles. En effet, le sous-sol du Sahara dispose d’immenses réservoirs d’eau souterraine, des aquifères fossiles, qui ont été découverts à l’occasion des prospections pétrolières. Mise à jour en 1948, l’un des aquifères est le plus important du monde (60 000 milliards de m3) et son débit moyen est de 250 litres par seconde. Les réserves abondantes sont utilisées pour l’irrigation, pour approvisionner les pôles urbains d’Afrique du Nord et, grâce à elles, certaines régions bordières du Sahara sont devenues des fronts pionniers agricoles. Nappes fossiles dites du continental intercalaire I/ LE SAHARA : UNE INTERFACE DE PLUS EN PLUS CONVOITÉE
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II/ LE SAHARA : UNE INTERFACE DIFFICILEMENT CONTRÔLABLE
C/ Un espace traversé par des flux migratoires Sud/Nord. Une majorité des migrants originaires de l’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale se rendent en Afrique du Nord (figuré linéaire orange). Ils y grossissent les villes et les bourgades frontalières du Maghreb, dans lesquelles ils se regroupent par communautés (figuré ponctuel sous forme de tirets oranges). Une partie seulement d’entre eux tente la traversée vers les côtes méditerranéennes de l’Europe (figuré linéaire orange). Depuis les années 1990, les pays d’Afrique et d’Europe ont mis en place des politiques concertées de gestion des flux migratoires dans le cadre d’accords formels (Frontex/ Figuré linéaire mauve). Le Sahara est devenu une frontière migratoire de l’Europe. Des populations de plus en plus nombreuses quittent les États bordiers du Sahel avec l’espoir de trouver de meilleures conditions de vie dans les pays du Nord. Si l’ensemble des populations des pays du Sahara sont en marge du développement, il existe un fort différentiel entre les habitants des PMA d’Afrique subsaharienne et ceux d’Afrique du Nord. De plus, pour les passeurs et les autorités locales, l’immigration clandestine est une source d’enrichissement. A/ Des conflits frontaliers liés à des tracés effectués au mépris des réalités ethniques. 1/ L’ouest du Sahara se caractérise par un conflit frontalier persistant dont l’enjeu est le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, que se sont partagés le Maroc et la Mauritanie en 1975 (figuré ponctuel bleu). Un cessez-le-feu a été signé en 1991 sous les hospices de l’ONU, mais la présence de phosphate dans la région ajoute un enjeu économique à la question territoriale. 2/ L’ouest et le centre de la région sahélo-saharienne sont marqués par la rébellion des Touaregs, un peuple nomade d’environ deux millions d’habitants partagé entre l’Algérie, la Libye, le Mali, la Mauritanie et le Niger, qui revendique le nord du Mali et s’est allié avec les djihadistes d’Al-Qaida pour tenter de déstabiliser le pouvoir malien. 3/ À l’Est, la longue guerre entre le Nord et le Sud du Soudan a abouti en 2011 à la création de deux États. Toutefois, les affrontements se poursuivent par milices interposées car le Soudan et le Soudan du Sud se disputent plusieurs territoires frontaliers riches en pétrole. D’autre part, la guerre civile qui se poursuit au Darfour - Ouest-Soudan - aurait fait au moins victimes et entraîné le déplacement de plus d’un million de personnes, selon l’ONU. Au total, les frontières nées de la colonisation expliquent un certain nombre d’affrontements, mais l’absence de démocratie, la faillite des Etats, et surtout le fait ethnique, exacerbent des haines encore vivaces que les indépendances n’ont pas effacées. Ainsi, la traite des esclaves pratiquées par les populations sahariennes a laissé des séquelles au sein des Etats, notamment dans un certain nombre de pays de la zone sahélienne (de la Mauritanie au Soudan) avec des oppositions entre les anciens esclaves, les peuples de cultivateurs noirs, et les descendants des négriers arabes ; par exemple, c’est seulement en 1980 que l’esclavage est interdit en Mauritanie et il est d’actualité au Soudan dans le contexte de la guerre opposant les populations du nord et du sud. B/ Le Sahara : Un espace de non-droit et de trafics illicites. Actuellement, le Sahara est une zone de non-droit traversée de toute part par des flux illicites. 1/ Ainsi, on estime que 15 % du trafic de cocaïne transite par l’Afrique de l’Ouest ; la drogue, en provenance de Colombie, passant par la Mauritanie et le Mali, longerait ensuite les pays du Maghreb vers l’Est pour remonter vers l’Europe. 2/ Au trafic de drogue s’associe la circulation des armes. 3/ Enfin, la contrebande de voitures, cigarettes, essence, est répandue et gérée par des groupes djihadistes qui perçoivent un tribut lors du passage des marchandises dans les régions qu’ils contrôlent. Au total, le Sahara est au cœur d’un commerce de drogue, d’armes et de contrebande, illicite et transnational et organisé par de puissants réseaux maffieux. La porosité des frontières liée à des Etats faillis (défaillants) offre un avantage comparatif important dans le choix de ces routes commerciales. 4/ Une base arrière du terrorisme international. Le groupe le plus connu est la brigade salafiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), mais une nébuleuse de groupes islamistes opère dans la région. AQMI utilise notamment la frontière nigéro-malienne pour s’approvisionner en otages occidentaux. La multiplication de groupes « sous-traitants » qui capturent puis revendent des otages à l’organisation rend l’ensemble de la zone sahélo-saharienne dangereuse et instable. L’offensive menée en 2012 par des groupes islamistes au nord du Mali a directement menacé la capitale, Bamako et seule l’intervention militaire de la France, soutenue par les Etats-Unis, a empêché le pays de tomber entre les mains des djihadistes. Le Sahara est au cœur d’un « axe terroriste » qui s’étend de la Mauritanie à la Somalie en passant par le Nigeria, le Mali et le Niger. Depuis 2002, les Etats-Unis considèrent la région sahélo-saharienne comme un « front de guerre » contre le terrorisme, parce que la région fournit des combattants aux insurgés afghans. 1 2 3 II/ LE SAHARA : UNE INTERFACE DIFFICILEMENT CONTRÔLABLE
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