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Publié parMadeleine Jobin Modifié depuis plus de 7 années
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La linguistique peut-elle absorber la sémiologie?
Sylvain Auroux HTL ICHoLS 13 Paris août 2017
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1- La linguistique englobée ou englobante
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Saussure Sémiologie = science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale La sémiologie contient comme fait particulier mais primordial l’étude de la langue Sé/Sa L.Prieto : Ses idées exprimées dans les Principes de noologie. Fondements de la théorie fonctionnelle du signifié (Mouton 1964) seront présentées plus simplement dans Messages et signaux (PUF, 1966).
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Barthes Il faut en somme admettre dès maintenant la possibilité de renverser un jour la proposition de Saussure : la linguistique n’est pas une partie même privilégiée, de la science générale des signes, c’est la sémiologie qui est une partie de la linguistique : très précisément cette partie qui prendrait en charge les grandes unités signifiantes du discours ; de la sorte apparaîtrait l’unité des recherches qui se mènent actuellement en anthropologie, en sociologie, en psychanalyse et en stylistique autour du concept de signification (Eléments de sémiologie, 1964, p. 81).
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Langue & Parole la sémiologie n’a eu à traiter jusqu’ici que de codes d’intérêt dérisoire, tel le code routier tout système sémiologique se mêle de langage » ; « il paraît de plus en plus difficile de concevoir un système d’images ou d’objets dont les signifiés puissent exister en dehors du langage
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Un modèle universel L’opposition langue/parole est extensible à tous les systèmes de signification, comme l’a montré Lévi- Strauss en anthropologie. Ainsi l’échange des femmes (Barthes écrit « la communication des femmes ») relève de la parole, les structures de la parenté, de la langue. Comme Saussure le postulait explicitement, la langue est inconsciente chez ceux qui y puisent leur parole : ne sont pas les contenus (en psychologie, les archétypes de Jung) qui sont inconscients, mais les formes.
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Les difficultés à suivre le modèle (1)
Dans le vêtement décrit dans un journal de mode, il n’y a pour ainsi dire pas de parole, mais un ensemble systématique de signes et de règles. Dans le vêtement porté on retrouve la langue dans les oppositions de pièces, empiècements ou « détails » dont les changements opèrent un changement de sens (porter un béret vs porter un chapeau melon) et les règles qui président à l’association des pièces entre elles, soit le long du corps, soit en épaisseur. La parole comprend tous les faits de fabrication anomique ou de port individuel (associations libres, usure, etc.) On trouve chez Troubetzkoy la comparaison de la phonologie (dans son aspect expressif, c’est-à-dire caractérisant le sujet parlant) et de l’étude du costume en ethnographie. R. Barthes publiera en 1967, Le système de la mode, son étude de sémiologie la plus complète et la plus sophistiquée. Selon son ami A. J. Greimas l’ouvrage aurait commencé par le projet d’une thèse avec Martinet, une dizaine d’années plus tôt. Greimas lui-même avait rédigé ses thèses de lexicologie sur la question (1848): La mode en Essai de description du vocabulaire vestimentaire d’après les journaux de mode de l’époque (thèse principale) et Quelques reflets de la vie sociale en 1830 d’après le vocabulaire des journaux de mode de l’époque (thèse secondaire). Ces textes ont été repris en 2000 sous le titre La mode en 1830 (PUF).
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Les difficultés à suivre le modèle (2)
Dans le vêtement décrit dans un journal de mode, il n’y a pour ainsi dire pas de parole, mais un ensemble systématique de signes et de règles. Dans le vêtement porté on retrouve la langue dans les oppositions de pièces, empiècements ou « détails » dont les changements opèrent un changement de sens (porter un béret vs porter un chapeau melon) et les règles qui président à l’association des pièces entre elles, soit le long du corps, soit en épaisseur. La parole comprend tous les faits de fabrication anomique ou de port individuel (associations libres, usure, etc.). On trouve chez Troubetzkoy la comparaison de la phonologie (dans son aspect expressif, c’est-à-dire caractérisant le sujet parlant) et de l’étude du costume en ethnographie. R. Barthes publiera en 1967, Le système de la mode, son étude de sémiologie la plus complète et la plus sophistiquée. Selon son ami A. J. Greimas l’ouvrage aurait commencé par le projet d’une thèse avec Martinet, une dizaine d’années plus tôt. Greimas lui-même avait rédigé ses thèses de lexicologie sur la question (1848): La mode en Essai de description du vocabulaire vestimentaire d’après les journaux de mode de l’époque (thèse principale) et Quelques reflets de la vie sociale en 1830 d’après le vocabulaire des journaux de mode de l’époque (thèse secondaire). Ces textes ont été repris en 2000 sous le titre La mode en 1830 (PUF). La langue alimentaire est constituée par des règles d’exclusion (tabous alimentaires), des oppositions signifiantes d’unités qui restent à déterminer (salé/sucré), par des règles d’associations soit simultanément (composition d’un met), soit successivement (composition d’un menu) et des protocoles d’usage. La parole réside dans les variations individuelles ou familiales.
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Le prix de l’extension Cette extension de la sémiologie modifie souvent des caractéristiques que Saussure avait relevées sur le cas de la langue : ainsi, alors que cette dernière était anonymement associée à la masse parlante, on peut difficilement admettre ce type de relation pour la mode ou l’ameublement, où les prescripteurs sont clairement identifiés. Le rapport entre la langue et la parole n’est en outre pas très clair dans le cas des systèmes comme le cinéma, la télévision ou la publicité, qui sont complexes, engagent des substances différentes et, aux dires de Barthes, sont plus intéressants. On pourrait être amené dans le cas des systèmes sémiologiques non- linguistique à distinguer non pas deux, mais trois plans : celui de la matière, celui de la langue et celui de l’usage.
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Mythologies Le mythe est une parole » et, donc, « tout peut être mythe qui est justifiable d’un discours ». Barthes entend par discours, langage ou parole, une « unité ou synthèse significative, qu’elle soit verbale ou visuelle ». Le mythe ne se définit pas par l’objet de son message mais par la façon dont il le profère. « (…) il y a des limites formelles au mythe, il n’en est pas de substantielles ». En insérant ses textes de critique sociale dans la « mythologie », Barthes rompt avec la conception traditionnelle du concept qui avait pour contenu (et l’aura encore chez Dumézil et Lévi-Strauss) le récit plus ou moins imaginaire des origines du monde ou des institutions. Il inverse même le sens relativement trivial d’objet imaginaire susceptible de signifier autre chose (le mythe du Graal et la pureté chevaleresque). Le bifteck-frites ou le catch sont bien réels, c’est ce qu’ils signifient qui ne l’est pas. « Le mythe relève d’une science générale extensive à la linguistique, et qui est la sémiologie ».
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Structure du mythe Plus exactement le mythe est un signe de second niveau : le signe de langue sert de signifiant au signifié du signe de mythe. Prenons un exemple. Nous sommes en juillet, on lit un gros titre dans un journal du soir : PRIX : PREMIER FLECHISSEMENT. LEGUMES LA BAISSE EST AMORCEE
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Un regard politique Pour le bucheron, son langage est dans un rapport opératoire avec l’arbre qu’il abat ; entre l’arbre et lui il n’y a d’autre forme que son travail. Il y a donc un langage qui n’est pas mythique, c’est le langage de l’homme producteur : « le langage proprement révolutionnaire ne peut être un langage mythique ». « Le mythe de gauche est inessentiel ». S’il l’est, c’est parce que la pauvreté des objets auxquels à affaire l’homme producteur ne permet pas la prolifération. La parole de l’opprimé ne peut être que pauvre, monotone, immédiate, elle est unique et réduite à ses actes.
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L’exhaustion de la sémiologie
En devenant politique la mythologie transgresse les règles de la sémiologie puisqu’elle traite d’un contenu qui bientôt s’évanouit avec le changement de réalité sociale. Reste le thème de la « Révolution », cette dernière est isolée de tout contexte concret et elle serait, par nature, inaccessible au mythe. S’il manque de justification théorique le thème trouvera un écho dans les événements de1968 et, chez Barthes, dans l’espoir de la « libération des signifiants » (1970) qui fait que l’on ne peut plus « écrire de nouvelles mythologies ».
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Un abandon final Même en abandonnant le formalisme originaire, il n’y a plus rien à englober dans une translinguistique qui finit par manquer de sens. Roland Barthes par Roland Barthes, 1975, p. 141 : « Structuraliste, qui l’est encore ? »
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