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Publié parYolande Merle Modifié depuis plus de 10 années
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Conséquences du réchauffement climatique sur les vignes AOC en France
Le réchauffement chiffré et estimé Conséquences sur la vigne Conséquences sur les AOC Les autres conséquences
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1. Le réchauffement chiffré et estimé.
D’après l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique) de Colmar, la température a augmenté d’un degré sur l’ensemble du vignoble, les 15 dernières années. En Alsace, les T° gagnent en moyenne 0,06°C par an depuis 1972. Selon Jean Pierre Gaudillère de l’INRA de Bordeaux, les températures devraient progresser de « 1,8 à 2 degrés au 21e siècle, selon un scénario moyen ». Les estimations des experts du GIEC prévoient un réchauffement de l’ordre de 4°C d’ici 2100 (de 1,4°C au mieux à 5,8°C au pire, en moyenne globale, entre 1990 et 2100).
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2. Conséquences du réchauffement climatique sur la vigne et le raisin
2.1. Avance phénologique (des stades du végétal) Les vignerons et chercheurs l’ont tous remarqué : la vigne débourre plus tôt, fleurit plus tôt, mûrit plus vite depuis quelques années. L’INRA de Colmar l’a mesuré : Débourrement (sortie des feuilles, fin mars-début avril): environ 15 j + tôt Véraison (coloration de la grappe, vers début-mi août): 23 jours + tôt D’où un risque accru de gel au printemps (photos) Vendanges plus précoces : Pour le Riesling : 10 jours + tôt qu’en 1950 Sur l’ensemble du vignoble français les observateurs constatent que les vendanges ont été avancées de15 jours en moyenne depuis 20 ans.
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Source : SPV, Stades repères de la vigne, photos : Service Régional de la Protection des Végétaux Aquitaine Dégâts de gel (Source : Manuel de viticulture, Reynier)
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2.2. Plus de maladies …? Les maladies fongiques qui attaquent la vigne se développent d’autant plus vite qu’elle ont de la chaleur (et de l’humidité pour certaines : mildiou, pourriture grise). Toutefois, un excès de chaleur peut les inhiber (mildiou « séché » à T°>35°C) D’autre part, la vigne est d’autant plus sensible aux maladies fongiques qu’elle est vigoureuse (produit beaucoup de feuilles, de rameaux, de grappes, avec entassement de la végétation, humidité autour des grappes, …) Une vigne plus sensible et des ravageurs « boostés » par le climat : c’est un cocktail explosif ! Pourriture grise sur grappe Photo ITV Mackiewicz
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…et de « nouveaux » ravageurs ?
On constate depuis quelques années une « remontée » en France de la Flavescence dorée. Cantonnée dans les années 50 dans l’Armagnac, elle a fait des dégâts énormes dans l’Aude dans les années 80. On l’a localisée dans le Bordelais, le Bergeracois et le Cognac, dans la Vallée du Rhône, qu’elle a remontée. Depuis 2000 on a trouvé des pieds atteints en Savoie, en 2004 en Bourgogne et en Suisse et 2005 en Champagne. On constate depuis quelques années une augmentation des populations de vers de la grappe. Là aussi il y a un effet seuil de la température : en 2003 la canicule avait séché les pontes. Symptômes de flavescence dorée Source : INRA Chenille d’Eudémis Source : Station Fédérale de Changins
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2.3. Des vins « différents » En 20 ans la teneur en alcool des vins a augmenté de 1 à 2 degrés (société Lallemand) : les vins sont plus « chauds », avec un risque de déséquilibre acide/alcool dans les blancs (vins plats) et acide/alcool/tanins dans les rouges (vins alcooleux, « brûlants », …) On peut vendanger plus tôt, sans que cela pose problème pour les blancs. Pour les rouges, si on n’attend pas la maturité « phénolique », on obtient des tanins verts, asséchants, astringents Les arômes : Les Cabernet Sauvignon ne développeront plus d’arôme de poivrons verts ! Si on dépasse un optimum, on n’a plus d’arômes de fruits frais, mais de fruits cuits, confiturés dans les meilleurs cas, parfois complètement dénaturés. Le Riesling en Alsace donne des arômes frais, minéraux. En Australie, il donne des arômes de pétrole…
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Pour le moment, les vins sont jugés « meilleurs » :
Cette tendance au réchauffement, « pour le moment, c’est presque une bonne chose » pour Bernard Seguin, chercheur à l’INRA d’Avignon qui juge les vins plus sucrés, plus alcoolisés, moins acides. Mais jusqu’à quel seuil de réchauffement ? Des chercheurs américains ont « mis en évidence une relation quadratique entre la température moyenne de croissance de la vigne et la qualité du vin produit (modélisée par le classement reconnu internationalement Sotheby’s). » Source : Impacts du Changement Climatique sur les Activités Viti-vinicoles, ONERC Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique, Marc AGENIS-NEVERS élève-ingénieur à l’INA-PG) Fig.4. Notation du vin en fonction de la température de croissance des vignes, pour les bordeaux rouges (Jones, 2003).
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3. Conséquences du réchauffement climatique sur les AOC
3.1. Déplacement des vignes vers des régions plus propices à leur culture Pour compenser une augmentation d’1°C, il faudrait déplacer les vignobles de 180 km vers le nord ! Quelles sont les questions posées par cette « transhumance » ? Et le terroir ? Une des composantes du terroir, c’est le sol : est-ce qu’on retrouvera les argiles gonflantes de Pommerol en Vendée, le calcaire à Asturies de Château Chalons sur le plateau de Langres et les marnes de Champagne dans la Somme ?
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Que voudrait dire AOC dans ces cas-là ?
Et les hommes ? Et si jamais on trouvait des sols équivalents plus au nord, est-ce que l’aspect culturel pourrait s’expatrier ? Est-ce qu’un cultivateur de betteraves peut faire du bon vin ? (on a connu des maïsiculteurs qui faisaient pisser la vigne …) Et l’historique ? Et même si on exportait les compétences, sur quel « historique » aurait-on le droit de s’appuyer ? Que voudrait dire AOC dans ces cas-là ? L’Appellation d’Origine Contrôlée est basée sur 3 piliers : le terroir (interaction sol/climat), l’homme (culture, savoir-faire), l’antériorité de ses pratiques (qu’il faut démontrer).
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3.2. Vers une modifications des pratiques ?
Les AOC viticoles sont régies par un cadre très strict (voulu par les vignerons et l’administration). Pour maintenir la vigne dans un milieu en changement, des assouplissements pourraient être nécessaires Autorisation d’irriguer ? C’est interdit en AOC, à part sur jeunes vignes, autorisé en vins de pays et dans les AOC étrangères (Espagne). Le Frontonnais l’a réclamé à l’INAO dès 2003. Permet au végétal de ne pas se « bloquer » malgré les fortes chaleurs Peut donner de bons résultats (Australie) A encadrer (gare aux excès) ! Un investissement lourd
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Un changement des cépages autorisés ?
chaque AOC est régie par un décret d’appellation, donnant, entre autres, la liste des cépages autorisés Pour le moment, les cépages d’une région étaient relativement bien adaptés à ses conditions climatiques ! (historique des pratiques viticoles) Le climat peut être modélisé par des indices. En France, la référence est l’indice de Huglin (calculé à partir des températures moyennes journalières supérieures à 10°C, entre le 1/04 et le 30/9). Il dépend de la latitude, et caractérise assez bien le climat général d’une région, ou le potentiel d’adaptation d’un cépage. L’indice de Huglin pour le sud de la France a augmenté de plus de 15% entre 1970 et Avignon voit son climat passer de tempéré à tempéré-chaud (et Dijon passe de frais à tempéré). Les cépages vont devoir « monter » vers le nord pour bénéficier du type de climat auquel ils sont adaptés : on pourra cultiver de la Syrah en Bourgogne et du Grenache à Bordeaux. Que vont devenir les cépages alsaciens ?
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Source : INRA Avignon
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Vers une acidification généralisée ?
Jusqu’il y a quelques années, la tendance était plutôt à la chaptalisation. En 2003, les AOC qui en ont fait la demande ont reçu l’autorisation exceptionnelle d’acidifier les moûts (très réglementé aussi). Si cette situation se généralise, l’acidification pourrait devenir la norme et la chaptalisation l’exception. Autorisation de désalcooliser ? Des expérimentations sont en cours sur différentes techniques (filtration avant ou après fermentation), mais la technique n’est pas autorisée pour le moment en AOC (les produits doivent être vendus en vins de table ou vins de Pays). Au niveau international, la réglementation permet de garder le nom de « vin » à un produit qui a perdu au plus 2%vol d’alcool.
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4. Les autres conséquences
Les autres paramètres climatiques influençant la vigne Les risques de sécheresse : plus de vigne en terroirs limités en eau (à moins d’arroser) Les risques accrus de grêle (filets, canons, … ) Et dans le monde ? Monter les vignes en altitude Monter en latitude : de la vigne en Angleterre et aux Pays Bas ? Du XI au XIIIe siècle les vignes étaient courantes dans le Sud de l’Angleterre, avant de disparaître sous le « petit âge glaciaire » ( ) d’après l’ONERC Plus de vignoble en zone méditerranéenne en France ?
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Carte, actuelle, des vignobles de France
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