1. Étymologie / Définitions

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1 1. Étymologie / Définitions
Humilité 111ème Café-Philo agathois préparé avec Agnès Cervantes et Daniel Amat 1. Étymologie / Définitions 2. Citations choisies 3. Notions / Concepts / Prises de vues : Orgueil; Fierté; Vanité; Amour propre versus Modestie et Humilité 4. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question 5. En guise de conclusion

2 Étymologie et définitions
Humilité vient du latin humilitas, modestie, de humilis, peu élevé, humble, fait de terre (humus) Définitions : Dictionnaire Larousse sur internet (extrait) : Sentiment, état d'esprit de quelqu'un qui a conscience de ses insuffisances, de ses faiblesses et est porté à rabaisser ses propres mérites : Avouer ses fautes avec humilité. Caractère de ce qui est modeste, peu important, sans prestige : L'humilité d'une tâche. Synonymes : Effacement, modestie. Contraires : Arrogance, fierté, orgueil, suffisance, vanité Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville (extrait) : Etre humble, c’est avoir conscience de sa propre insuffisance. C’est pourquoi c’est une vertu : être suffisant, c’est manquer à la fois de lucidité et d’exigence.

3 Citations choisies Par Agnès :
« L’homme humble ne se croit pas inférieur aux autres : il a cessé de se croire supérieur » d’André Comte-Sponville. Par Daniel : « L’humilité ne nous demande rien d’autre, que de nous connaître en vérité : ni plus, ni moins » d’Augustin d'Hippone Par Jean-Paul : « L'ennui avec l'humilité, c'est qu'on ne peut pas s'en vanter. » de Gene Brown

4 Notions / Concepts / Prises de vues
I. Orgueil / Fierté / Vanité / Amour propre L'orgueil ne fait-il pas que nous nous estimons nous-mêmes au-delà de ce qui est ? L’orgueil ne repose-t-il pas sur le désir de dépasser sa propre condition ? Si l'orgueil se caractérise par l'importance que nous attachons à notre ego et à son propre jugement, ne nous isole-t-il pas de la vérité et des autres ? b) La fierté ne se situe-t-elle pas entre la dignité et l’orgueil ? La dignité n’implique-t-elle pas que tout être humain soit toujours traité comme une fin et jamais comme un moyen (Kant). L’observation de ce principe ne s’appelle-t-elle pas le respect ? La fierté ne vaudrait-elle que comme défense de la dignité contre le mépris ou l’humiliation ? c) La vanité ne fait-elle pas que nous voulons être admirés des autres ? « La vanité est une admiration de soi fondée sur l’admiration qu’on croit inspirer aux autres » dit Bergson. Parce qu’elle se caractérise par l'importance que nous attribuons au jugement d'autrui à notre égard, la vanité n’est-elle pas un orgueil d’ordre social ? d) L’amour propre n’est-il pas l’amour de soi sous le regard des autres ? « La vanité est une forme particulièrement ridicule, de l’amour propre. C’est être plein du vide de soi : c’est se glorifier de ce qu’on croit être, c’est admirer en soi ce qu’on imagine que les autres admirent » dit Comte-Sponville. Parce qu’elle est besoin d'approbation, désir de paraître aux yeux des autres, la vanité n’est-elle pas une forme hypertrophiée de l’amour propre ? Besoin orgueilleux de dominer ou vaniteux d’être admiré par hypertrophie d’amour-propre; orgueil et vanité, en quête exclusive de soi pour soi de façon égocentrique et narcissique, ne nous isolent-ils pas des autres et de la vérité ?

5 Notions / Concepts / Prises de vues
II. Modestie / Humilité a) La modestie ne caractérise-t-elle pas celui qui fait preuve de réserve et de discrétion ? • « La modestie vraie ne peut être qu'une méditation sur la vanité. Elle naît du spectacle des erreurs d'autrui et de la crainte de s'égarer soi-même. » dit Bergson. • « L'homme, de sa nature, parle hautement et superbement de lui-même, et ne pense ainsi que de lui même ; la modestie ne tend qu'à faire que personne n'en souffre ; elle est une vertu du dehors... » dit La Bruyère. Vertu du dehors ou sociale, la modestie ne serait-elle pas l’antidote de la vanité ? L'humilité ne caractérise-t-elle pas celui qui est conscient de ses propres limites tout en restant ouvert aux autres et au monde en général ? • « L'humilité est une purification par élimination de soi du bien imaginaire. » dit S. Weil. • « L’homme humble ne se croit pas inférieur aux autres, il a cessé de se croire supérieur » dit ACS Plus profonde et sincère que la modestie, l’humilité ne serait-elle pas l’antidote tout à la fois de l’orgueil, de la vanité et de l’amour propre et, par là même, une vertu qui nous ouvre aux autres et à la vérité ?

6 QUESTIONS Etre humble, est-ce se mésestimer ?
Humilité : hypocrisie ou lucidité ? L’humilité est-elle condition de la sagesse ?

7 Qu’est-ce que l’humilité : abaissement ou possibilité d’élévation ?
Etre humble, est-ce se mésestimer ? Qu’est-ce que la mésestime : sous-estimation ou antidote de la surestimation ? Qu’est-ce que l’humilité : abaissement ou possibilité d’élévation ?

8 1. Etre humble, est-ce se mésestimer ?
Qu’est-ce que la mésestime : sous-estimation ou antidote de la surestimation ? Si mésestimer c’est manquer d’estime, de quelle estime parle-t-on ? S’agit-il : de considération, d’égard, de respect ou de vénération ? A considérer leurs contraires respectifs que sont : déconsidération, dédain, mépris et mésestime, ne tend-il pas à montrer que mésestimer s’il échappe au mépris serait plutôt le contraire de vénérer ? Si la mésestime échappe au mépris, au dédain et à la déconsidération, se mésestimer ne serait-il pas l’antidote de la vénération de soi, à même de nous prémunir contre toute surestimation ? Qu’est-ce que l’humilité : abaissement ou possibilité d’élévation ? L’humilité n’est-elle pas le contraire de l’orgueil ? Etre humble, n’est-ce pas avoir le sentiment de sa propre insuffisance ? Si être suffisant, c’est à la fois manquer de lucidité et d’exigence, n’est-ce pas pour cette raison que l’humilité est une vertu, comme l’estime ACS dans son livre Petit traité des grandes vertus ? Dans la Doctrine de la vertu, Kant : Oppose, d’une part, ce qu’il appelle la ‘’fausse humilité’’ (ou bassesse) au devoir de respecter en soi la dignité de l’homme comme sujet moral : la ‘’bassesse’’ est le contraire de l’‘’honneur’’. Mais ajoute , d’autre part, qu’il existe une ‘’véritable humilité’’ dont il donne cette définition « La conscience et le sentiment de son peu de valeur morale en comparaison avec la loi est humilité » Si l’on qualifie la ‘’fausse humilité’’ de bassesse ou de vice de l’abaissement, ne doit-on pas qualifier la ‘’ véritable humilité’’ de hauteur ou de vertu de l’élévation ? Loin d’attenter à la dignité, tout au contraire, la véritable humilité ne consisterait-elle pas à ne pas se croire en haut afin de pouvoir s’élever ? Si se mésestimer consiste à ne pas se prendre pour un phénix sans renoncer à sa propre dignité, n’est-ce pas cela la véritable humilité, cette vertu qui est la condition même de la capacité de s’élever ? 8 8

9 Humilité : hypocrisie ou lucidité ?
La modestie est-elle une forme d’hypocrisie ? L’humilité est-elle condition de la lucidité ?

10 2. Humilité : hypocrisie ou lucidité ?
La modestie est-elle une forme d’hypocrisie ? Hypocrisie vient du bas latin hypocrisis, du grec hupokrisis, action de jouer un rôle. Etre hypocrite, n’est-ce pas vouloir passer pour ce qu’on n’est pas, dire ce que l’on ne pense pas ? L’hypocrite n’est-il pas un menteur qui dupe les autres, non par vanité, mais pour en tirer profit ? Si la modestie, antidote de la vanité, est une vertu sociale, dès lors qu’elle est intéressée, comment ce que l’on appelle usuellement la fausse modestie pourrait-elle être sincère et véritable ? L’hypocrisie n’est-elle pas une mauvaise foi lucide et intéressée ? Si la modestie est intéressée, l’humilité qui la sous-tend n’est-elle pas hypocrite ? 2. L’humilité est-elle condition de la lucidité ? Lucidité vient du latin lucis, lux, luire, éclairer. Etre lucide, n’est-ce pas voir ce qui est comme cela est, plutôt que comme on voudrait que cela soit ? Disjoindre ce qui procède de l’ordre du monde ou de la vérité de ce qui procède de mes désirs, n’est-il pas la condition même de ma lucidité ? Comme dit ACS, la lucidité n’est-elle pas l’amour de la vérité, quand elle n’est pas aimable ? Etre lucide à l’égard de soi-même, se connaître tel qu’on est, ne suppose-t-il pas de renoncer à croire par orgueil qu’on est plus qu’on est ? Et ainsi, humblement reconnaître que l’on est moins que ce qu’on voudrait être ? « Lucidité bien ordonnée commence par soi-même : tel est le secret de l’humilité », dit ACS. Comment l’orgueilleux peut-il être lucide si, prenant ses désirs pour la réalité, il croit qu’il est plus qu’il est ? Comment l’humilité, antidote de l’orgueil, ne serait-elle pas alors nécessaire à la lucidité ? Si elle est animée par le désir de tirer profit des autres, comment l’humilité ne serait-elle pas hypocrite ? En revanche, la véritable humilité, à la fois réelle et sincère, n’est-elle pas la condition même de la lucidité ? 10 10

11 L’humilité est-elle condition de la sagesse ?
Qu’est-ce qu’être sage et pourquoi l’être ? L’humilité est-elle la seule condition de la sagesse ?

12 3. L’humilité est-elle condition de la sagesse ?
Qu’est-ce qu’être sage et pourquoi l’être ? « Pour moi, j’aime la vie » disait Montaigne. N’est-ce pas parce qu’il n’attendait pas que la vie soit aimable (facile, agréable, réussie) pour l’aimer qu’il était sage ? «  La sagesse ne peut être ni une science ni une technique » disait Aristote La sagesse ne serait-elle pas, en effet, un savoir très particulier : un savoir vivre ? Comme un art de vivre où l’amour propre, la peur, le manque ou le mensonge auraient cessé de faire obstacle à la joie d’être ? Pourquoi être sage, si ce n’est pour vivre plus heureux ? La sagesse ne serait-elle pas l’art de vivre dans la seule joie de connaître ? Une vie où il n’y aurait plus que l’amour et la vérité, dit ACS ? L’humilité est-elle la seule condition de la sagesse ? Si l’orgueil tend à nous faire prendre nos désirs pour la réalité et à croire qu’on est plus que l’on est, comment l’humilité pourrait-elle ne pas être nécessaire à la lucidité ? En l’absence de lucidité, comment pourrait-on vivre en vérité ? Ainsi, l’humilité n’est-elle pas condition de la sagesse concernant la connaissance et la vérité ? En revanche, en quoi l’humilité qui nous ouvre à la vérité (qui s’impose à nous mais qui n’impose rien) pourrait-elle nous ouvrir à l’amour, fut-ce même à l’amour de la vérité ? L’amour, comme toute valeur, objet au moins possible d’un désir, ne serait-il pas d’un tout autre ordre que celui de la vérité, l’objet au moins possible d’une connaissance (sic Spinoza et ACS) ? S’il lui manque l’amour, comment l’humilité, bien qu’elle l’ouvre à la vérité, pourrait-elle suffire au sage ? Si l’humilité parait-être la condition incontournable de la sagesse concernant la vérité, ne mène-t-elle pas aussi à l’amour comme le pensait Jankélévitch ? Sans humilité le moi n’occupe-t-il pas en effet tout l’espace disponible et ne voit-il pas l’autre que comme objet de concupiscence et non d’amour ? 12

13 Que pourrais-je apprendre si je crois tout savoir ?
En guise de conclusion Que pourrais-je apprendre si je crois tout savoir ? Qui (ou que) pourrais-je aimer si je n’aime que moi ? Antidote de l’orgueil et de l’égoïsme, l’humilité ne serait-elle pas le secret de la vérité et de l’amour ? La vertu cardinale de la sagesse ?

14 Prochaines réunions MDS Agde de 18h30 à 20h : MAM Béziers :
" Nihilisme " : mardi 10 janvier " Laïcité " : mardi 14 février " Athéisme" : mardi 14 mars Pensez à réserver vos places et à annuler vos réservations si vous ne venez pas ! ou MAM Béziers : " Peut-on être honnête et réussir ?" mercredi 18 janvier de 18h30 à 20h " Toutes les civilisations se valent-elles ? " samedi 25 février de 14h30 à 16h Atelier philo de la Fête de la Philo " Civilisation et Barbarie " du 22 au 26 février Informations et documents sont disponibles sur : 14

15 Joyeuses fêtes de fin d'année !