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Médiathèque A.Malraux (Béziers)
Et vous, êtes-vous normal ? Médiathèque A.Malraux (Béziers) 19 avril 2017 1. Etymologie / Définitions : ’’Normal‘’ 2. Notions / concepts / prise de vue : La fin des normes : Nietzsche et Canguilhem. 3. Questions / Discussion : Une question préalable. 4. En guise de conclusion
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Normal : Etymologie et définitions
Vient du latin, normalis, « fait à l'équerre », employé en bas latin au sens de «correspondant à la prescription», «conforme à la règle» Définitions : Larousse sur internet (extrait) Qui est conforme à une moyenne considérée comme une norme, qui n'a rien d'exceptionnel : Avoir une taille normale. Qui est prévisible, logique, compréhensible : Il est normal qu'il ait agi ainsi, vu les circonstances. Synonymes : ordinaire, régulier, sain / Contraires : anormal, exceptionnel, excessif, pathologique Dictionnaire La philosophie de A à Z (extrait) Comme l’a montré Georges Canguilhem (Le normal et le pathologique), l’usage confond souvent norme, fait, moyenne et Idéal. Le concept de santé, par exemple, est à la fois : Descriptif (une certaine disposition et réaction d’un organisme individuel à l’égard des maladies possibles) Et normatif (en référence à la bonne santé, comme valeur, et non à la santé comme fait, ce qui conduit à qualifier un état de pathologique ou de normal) Etre normatif, c’est donc privilégier, voire chercher à imposer des valeurs, et seule une communauté de valeurs peut fonder l’adhésion à un jugement normatif. Qui est conforme à ce que l'on pense être juste, équitable : C'est le prix normal pour un tel article.
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Notions / Concepts / Prises de vues
La fin des normes : Nietzsche et Canguilhem. La fin des normes morales : Nietzsche; le surhomme artiste de sa vie. « Dieu est mort… ! Ce que je raconte, c’est l’histoire des deux prochains siècles. Je décris ce qui viendra, ce qui ne peut manquer de venir : l’avènement du nihilisme » écrit Nietzsche ( ) dans Ainsi parlait Zarathoustra ( ) Que signifie le nihilisme lié au déclin de la croyance en Dieu dont parle Nietzsche ? Si tout se vaut, autrement dit, rien ne vaut. Faute de pouvoir répondre à la question « A quoi bon ?», quel sens pourrait avoir la vie ? Si les sciences qui voulaient remplacer la religion ne donnent aucune raison de vivre, leur culte de la vérité n’est-il pas qu’un culte de la mort ? Si rien n’est vrai. Si rien n’est bien ni mal. Comment pourrions-nous échapper à la grande lassitude du « A quoi bon ? », du « Rien ne vaut la peine ! », du « Tout est faux, tout est permis ! » comme disait Nietzsche ? Nietzsche voulut échapper au nihilisme par l’esthétisme, le culte du beau et du surhomme artiste de sa vie (vigoureux, vaillant, actif, puissant, libre, créatif et sans scrupule) au prix du renversement des valeurs morales dites des esclaves ou des faibles, au profit des valeurs des maîtres ou des forts. S’il n’y a plus de normes transcendantes, la seule façon de sortir de l’effondrement des valeurs communes, n’est-elle pas, comme le voulait Nietzsche, la voie du surhomme : l’accomplissement individuel de la volonté de puissance de l’homme artiste de sa vie ?
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Notions / Concepts / Prises de vues
La fin des normes : Nietzsche et Canguilhem (suite) La fin de la norme médicale : Canguilhem; la vie biologique n’est pas normée. « Il n'y a pas de fait normal ou pathologique en soi. écrit Georges Canguilhem (Médecin et philosophe ) dans Le normal et le pathologique ( ) Le pathologique est-il une simple déviance par rapport à la norme ? Canguilhem remet en question la pensée médicale héritée d’Auguste Comte ou Claude Bernard, car pour lui, la vie ne s’adosse pas à une structure, mais elle est jetée en avant par une force. La vie n’obéit pas à une norme : elle est elle-même création perpétuelle de normes afin de s’adapter à son milieu. Si « au sens plein du mot, normatif est ce qui institue des normes, alors la vie est en fait une activité normative », écrit-il. Le pathologique n’existe pas en soi. « Le malade n’est pas anormal par absence de norme mais par incapacité d’être normatif ». La normalité ne relève plus d’un savoir objectif énoncé par la société : elle procède d’un sentiment subjectif. S’il n’y a plus, ni norme morale (Nietzsche), ni norme biologique (Canguilhem), l’homme n’est-il pas condamné à trouver perpétuellement un équilibre dans son déséquilibre ? Si d’un côté, il y a désormais une belle promesse que chacun puisse aller où son désir le porte. D’un autre côté, maintenant que la limite est floue entre le normal et l’anormal, la valeur d’une vie ne se révèle est-elle pas éminemment fragile, toujours susceptible d’être remise en question ?
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Une question préalable :
Questions Une question préalable : Notre société contemporaine est-elle libérée des normes ? Avant de répondre à la question : Et vous, êtes vous normal ?
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Notre société contemporaine est-elle libérée des normes ?
Question préalable : Notre société contemporaine est-elle libérée des normes ? Le pouvoir aujourd’hui ne s’exerce-t-il pas de manière anonyme ? La seule norme désormais n’est-elle pas d’être vendable ?
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Notre société contemporaine est-elle libérée des normes ?
Le pouvoir aujourd’hui ne s’exerce-t-il pas de manière anonyme ? Le libéralisme n’entretient-il pas l’illusion selon laquelle la société civile livrée à elle-même serait plus libre qu’une société soumise à la loi et au pouvoir de l’Etat ? Ce que Hannah Arendt appelle l’avènement du social au détriment du déclin du politique, ne consacre-t-il pas en effet le règne d’une grande famille, selon lequel nous aurions tous, plus ou moins, les mêmes désirs de biens de consommation, les mêmes pensées (homogénéisées par les médias), les mêmes conduites ? Comme l’avait vu Michel Foucault, le pouvoir ne viendrait-il pas désormais non plus d’en haut, mais d’en bas et de façon rampante par un système de mailles indiscernables ? La norme sociétale n’aurait-elle pas remplacé la loi, qui permettait la coexistence d’une pluralité au sein de l’espace public ? La seule norme désormais n’est-elle pas d’être vendable ? Comme le constate le psychanalyste Charles Melman : Alors qu’autrefois on venait chez le psy pour identifier les obstacles névrotiques mis à la réalisation d’un désir, à l’insertion sociale et à la réussite; Aujourd’hui, n’est-ce pas plutôt l’identification du désir lui-même qui pose problème ? Notre société ne promouvrait-elle plus que des jouissances sans interdit ? Ne sommes-nous pas devenus dépendants d’un certain nombre d’objets et de comportements qui sont presque devenus les symboles de notre humanité indépendamment de notre volonté ? Ne s’agirait-il plus désormais que de participer à la grande fête collective, où la norme d’être vendable aurait remplacé les valeurs d’autrefois ? La norme sociétale qui consiste à être libre, sans préjugé, prêt à tout essayer pour être vendable, ne serait-elle pas à l’origine de nombreuses déceptions voire déprimes ? 7
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Et vous, êtes vous normal ?
Comment définir la normalité sociétale ? Quelle typologie des transgressions peut-on alors identifier ?
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Et vous, êtes vous normal ?
Comment définir la normalité sociétale ? En l’absence de jugement moral, le mot « normal » ne renvoie-t-il pas à ce qui est moyen ? Dans ce cas, ce sont les statistiques qui définissent ce qui est normal (l’instinct grégaire dirait Nietzsche) En revanche, sous-tendue par un jugement moral, la normalité ne renvoie-t-elle pas au respect des lois, des règles et des codes qui gouvernent la vie sociale ? Quoique l’on puisse parfois de nos jours en douter : Aristote n’estime-t-il pas que le juste milieu est l’excellence suprême dans la sphère de l’action et que la prudence est une vertu ? Hegel ne prétend-il pas que celui qui ne parvient pas à se réconcilier avec la loi parce qu’il fait prévaloir ses élans personnels sur l’intérêt collectif reste dans une certaine mesure infirme et inaccompli ? Une société dans laquelle la normalité statistique s’éloignerait trop de la normalité morale peut-elle durer ? Quelle typologie des transgressions peut-on alors identifier ? L’original adapté : « J’adore la débauche et pourtant je vis comme un moine » écrivait Flaubert. Cette attitude ne fut-elle pas théorisée par Descartes avec sa morale provisoire : « Si je m’engage à obéir aux lois et aux coutumes de mon pays, [cela ne doit nullement m’empêcher] d’employer toute ma vie à cultiver ma raison et m’avancer autant que je pourrais en la connaissance de la vérité » ? Le rebelle conformiste : C’est le comportement du « bobo » dont on raille les grandes proclamations de rébellion mais qui s’accommode si bien de son petit confort. Mais pourquoi faudrait-il être nostalgique de la bourgeoisie traditionnelle si on la définit par ses valeurs figées, son mépris du peuple voire sa xénophobie ? Le marginal exclu : C’est celui qui dit « Non » ! Au diable les petites négociations avec les normes, les conformismes peureux, les soumissions polies ! Je vis ma vie et peu m’importe les regards d’hostilité ! Du normal au marginal exclu, avec quelques doses d’original adapté et de rebelle conformiste, d’un peu tout ça, ne sommes-nous pas tous un amalgame singulier ? Artiste absolu de sa vie, comme le voulait Nietzsche, la voie du surhomme par l’accomplissement indi- viduel de la volonté de puissance au mépris de toute morale ne conduirait-elle pas à la marginalité ? Principale source Philosophie Magazine mars 2011 9
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Et vous, êtes vous normal ? (suite)
La typologie précédente pourrait-être schématisée de la manière suivante Moyenne Le rebelle conformiste L’être normal Transgression Respect des lois Le marginal exclu L’original adapté Exception Source Philosophie Magazine mars 2011 10
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D’un côté, le fantasme ultime d’être un artiste célèbre :
En guise de conclusion Notre époque ne semble-t-elle pas polarisée entre un fantasme et une terreur ? D’un côté, le fantasme ultime d’être un artiste célèbre : un original dont le choix est ratifié par le grand nombre Et d’un autre côté, la terreur absolue de se retrouver à la rue : parmi les marginaux que les regards des passants ignorent ? Entre ces deux pôles, ne retrouve-t-on pas le chemin singulier de chacun d’entre nous, zigzagant entre créativité et précarité ?
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Prochaines réunions MAM Béziers : MDS Agde de 18h30 à 20h :
" Comment arrêter de subir ? " mercredi 4 octobre de 18h30 à 20h MDS Agde de 18h30 à 20h : "Colère" : mardi 2 mai "Humanisme" + synthèse de la saison : mardi13 juin. Pensez à réserver vos places et à annuler vos réservations si vous ne venez pas ! ou Informations et documents sont disponibles sur : 12
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