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Histoire de France d’Ancien régime
Cinquième cours : La guerre de Cent Ans ( )
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Cinquième cours : 1 – Les derniers capétiens directs (1314- 1328)
2 – Que fut la guerre de Cent Ans? 3 – Les causes de la guerre 4 – La guerre territoriale 5 – Les « autres » guerres
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1 – Les derniers capétiens directs (1314-1328)
Le mariage de Philippe avec la reine de Navarre fit du roi de France le roi de Navarre de jure. À la mort de sa mère Jeanne, Louis, est couronné roi de Navarre, puis de France en 1314. Son règne très court est marqué par de grands troubles dans le royaume. Il aura recours à une politique de décentralisation et de libéralisation pour asseoir son autorité. La noblesse mène une fronde contre la royauté, en s’appuyant sur l’exaspération de la population causée par la pression fiscale héritée de Philippe IV. À sa mort en 1316, il n’a pas encore de fils, seulement une fille dont la légitimité est ambiguë, car elle est possiblement issue de l’adultère de sa femme.
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Cependant, sa seconde épouse est enceinte et donnera naissance après sa mort à un fils, Jean 1er le Posthume, qui mourra quelques jours après sa naissance. Conséquemment, la couronne de France passe alors à un autre fils de Philippe IV, Philippe V le Long, qui dirigera le royaume de 1316 à 1321 mais devra lutter contre la légitimité de sa nièce Jeanne. Philippe poursuit l’œuvre de son père, assurant une certaine centralisation au royaume, par l’imposition d’une monnaie unique et des tentatives d’uniformisation du système de poids et de mesures. La crise avec la noblesse se poursuit et Philippe ne remettra pas en cause les chartes provinciales octroyées par son frère ainé. La paix civile est loin d’être établie et il se montrera rude dans sa répression des pastoureaux, mouvement populaire tenant de la croisade et de la jacquerie.
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Atteint de dysenterie en 1321, il est soigné avec un clou de la croix du Christ (…) et meurt.
Lui aussi sans héritier mâle, un 3e fils de Philippe IV monte sur le trône de France, Charles IV, qui est couronné au début de janvier 1322. Son règne qui s’étire jusqu’en 1328 ne voit guère d’évènement important, si ce n’est la lutte du roi contre la corruption des officiers royaux et surtout, le retour en grâce de Charles de Valois. À sa mort, la lignée des Capétiens directe est éteinte. Les Grands se tournent alors vers les Valois, redevenus puissants sous Charles IV, et Philippe, le fils de Charles accède alors au trône, fondant la lignée dynastique collatérale des Valois. À ce moment, peu de voix s’élèvent pour contester sa légitimité.
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2 – Que fut la guerre de Cent Ans?
La guerre de Cent Ans est un concept historiographique, né postérieurement. C’est une catégorie historique plus qu’un phénomène historique. Outre la guerre dynastique qui en est apparemment l’origine, elle prend place dans un contexte de mutation de l’ensemble de la société médiévale et agira d’une certaine façon comme accoucheuse de la Renaissance. Deux dates sont retenues pour marquer la fin du Moyen- âge : 1453, la chute de l’Empire romain d’Orient, aux mains des Turcs, mais aussi la date où les Anglais seront rejetés à la mer (sauf pour Calais), marque conventionnellement la fin de la guerre de Cent Ans ; l’autre étant bien sûr 1492.
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La perception contemporaine de ce qu’est une guerre ne s’applique pas à cet ensemble de batailles discontinues. Les grandes batailles furent rares et intercalées entre des périodes de trêves, qui n’étaient d’ailleurs pas conçues comme telles. Tant que le litige à la base de la crise n’est pas réglé, le conflit ressurgira. La situation est compliquée par le fait que sur le conflit dynastique se superpose une multitude d’autres conflits, qui témoigne de la « crise du Moyen-âge tardif », alors que se mettent en place les éléments politiques, sociaux, économiques, culturels et religieux qui provoqueront la Renaissance. Le conflit militaire, déstructurant les sociétés européennes, désacralisant le pouvoir politique et religieux, et favorisant de nouvelles élites et de nouvelles réalités, va accoucher de ce monde nouveau et déjà moderne qu’est l’Europe du XVIe siècle.
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3 – Les causes de la guerre
3.1 – La Guyenne, pomme de discorde Les Rois d'Angleterre étaient ducs d'Aquitaine (ou de Guyenne) depuis le mariage d’Henri II avec Aliénor d’Aquitaine, alors que le territoire devint une composante de l’empire Plantagenêt. Un siècle plus tard, cet empire avait été reconquis par les rois de France, à l'exception de la Guyenne. En 1259, Louis IX avait cédé le duché à Henri III, mais en insistant sur le maintien de la vassalité En 1271, à la mort des seigneurs toulousains, Philippe III recueillit leurs territoires : (Saintonge, Poitou, Rouergue, Languedoc, Agenais et Quercy).
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Le domaine Capétiens encerclait les possessions anglaises et suivant le traité de 1259, Agenais, Quercy et sud de la Saintonge auraient dû revenir aux Anglais. Des négociations aboutirent à un compromis : les Anglais récupérèrent l’Agenais en 1279 et le sud de la Saintonge en août Mais le Quercy demeurait aux mains des Capétiens, en violation de l’accord de 1259. En janvier 1294, Édouard 1er est convoqué pour répondre des actions de ses sénéchaux dans l’affaire de La Rochelle. Édouard ne se soumettant pas, Philippe ordonna la confiscation de la Guyenne. Une guerre s’ensuivit, sans apporter de solutions. Édouard II se plia à l’hommage en 1308 et Puis survint alors la crise de Saint-Sardos, pour le contrôle de cette petite ville de l’Agenais. Les Anglais n’allèrent pas jusqu’à une guerre et acceptèrent les conditions françaises, dont la réaffirmation de l’hommage.
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Édouard II ayant décidé finalement de ne pas se soumettre à l’hommage, Charles IV ordonna la saisie de la Guyenne : nouvelle guerre, qui une fois de plus se régla sans grand changement. Lorsque Philippe de Valois devint roi en 1328, il réclama le renouvellement de l’hommage, mais Édouard III se considérait comme plus capétien que ne l’était Philippe. L’année suivante, il consentit à s’admettre vassal, mais sans prêter l’hommage, ce qui insulta Philippe qui ordonna la saisie de la Guyenne. Incapable de défendre son fief, Édouard se déclara prêt à se plier à l’hommage. La cérémonie eut lieu, mais le problème du traité de 1259 demeurait entier. En septembre 1331, le chancelier d’Angleterre déclara qu’il existait trois moyens de régler le contentieux : un arbitrage des Pairs, un mariage ou une guerre… Philippe VI s’employa à trouver des prétextes pour essayer de s'emparer de la Guyenne légalement.
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Pour une question de dette, le Parlement français ordonna qu'on se saisisse des actifs d'Édouard en Guyenne le 11 juillet 1336. De plus, depuis 1334, Robert D’Artois, ennemi personnel de Philippe, avait trouvé refuge en Guyenne et le 26 décembre 1336, Philippe demanda officiellement l’extradition de Robert, non au roi d’Angleterre, mais au sénéchal de Guyenne, qui ne pouvait y consentir. Conséquemment, un second prétexte légal était ainsi trouvé pour s’emparer de la Guyenne.
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3.2 – L’Écosse Pendant ce temps, la couronne anglaise luttait en Écosse. Un traité en 1328 avait mis fin à de longues années de guerre entre les deux royaumes. Le traité en question ayant dépossédé certains lords anglais, ceux- ci reprennent les armes dès 1332 et remportant des victoires, imposent un roi à eux, Édouard Balliol. Contesté, Balliol, est chassé d’Écosse et David II Bruce reprend la couronne du royaume, avant qu’une offensive de Balliol et Édouard III ne le chasse à nouveau, contraignant ainsi le roi à trouver refuge en France… au moment ou Capétiens et Plantagenêts négocient sur la question de la Guyenne. La France se saisit de l’occasion pour tenter d’imposer la restitution de son trône à Bruce, ce qui mit fin aux négociations.
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Balliol est de nouveau expulsé en 1334 et les tentatives de reprises d’Édouard III de 1334 et de n’aboutirent pas, contraignant Édouard à la trêve. En 1336, les Anglais reprirent l’offensive sans succès, et malgré de grandes destructions. Les Anglais tentèrent à nouveau de convaincre les Français de lâcher l’Écosse, mais à l’automne 1336, Philippe s’apprête à venir en aide à ses alliés et rassemble une flotte. À la fin de l’automne, cette flotte procéda à des raids sur Oxford, Walton et l’Île de Wight, ce qui fut considéré par Londres comme un casus belli.
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3.3 – La revendication du trône de France
C’est dans ce contexte qu’Édouard III revendiqua ses droits sur la couronne de France, même si lorsque Philippe monta sur le trône, peu de voix s’étaient élevées pour contester sa légitimité. Seule Isabelle de France, fille de Philippe IV, avait élevé certaines objections, mais elle était bien isolée et le parlement de Westminster avait demandé à Édouard de ne pas faire de vague et réclama de lui qu’il fasse de bonne grâce hommage à Philippe pour la Guyenne. Aucune femme n'avait jamais prétendu à la transmission d’un héritage dans la dynastie capétienne. Justifiée historiquement ou non, l’exclusion féminine était déjà une tradition : en 1316, à la mort de son père, on avait privé Jeanne de ses droits.
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Si on acceptait le principe d’une succession féminine, la fille de Louis X aurait eu plus de droits à la couronne que le petit-fils de Philipe IV, dont la transmission héréditaire provenait de la branche féminine. Mais la dépossession des droits de succession de Jeanne reposait sur d’autres facteurs : les doutes quant à sa légitimité et l’acceptation par son tuteur d’un traité par lequel il renonçait, au nom de sa nièce, à toutes prétentions au trône de France, en échange de sa suzeraineté sur la Champagne. Le principe de succession masculine a toujours fait loi et l’idée de transmettre la couronne par la branche féminine ne se pose même pas. On préféra Philippe VI, qui était un homme, Capétien par les mâles de la famille, prince français et héros de la noblesse à Édouard, Capétien par les femmes, mineur et Anglais.
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Lui-même admettait tout cela et ses revendications sur le trône de France de 1337 et 1340 ne furent que des justifications pour légitimer ses actions dans le cadre de son conflit contre la France. Pour compliquer le tout, à partir du moment où quelqu’un prétend à la légitimité de la transmission par la branche féminine, un autre personnage peut se targuer d’être plus légitime que le « roi trouvé » : le fils de Jeanne II de Navarre, Charles II le Mauvais… À ces causes initiales, de multiples autres éléments s‘ajoutèrent (sociaux, économiques et religieux) pour faire en sorte que le conflit s’éternise.
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4 – La guerre territoriale
4.1 – Les conquêtes d’Édouard III ( ) La guerre est déclarée en 1337, lorsqu’Édouard avance ses prétentions sur le trône, mais c’est d’abord une « drôle de guerre » : les conflits militaires n’ont pas manqué dans les décennies précédentes et les deux belligérants sont à court d’argent. C’est d’abord par alliés interposés que les deux couronnes s’affrontent dans le cadre de la guerre de succession de Bretagne : à la mort de Jean III de Bretagne, deux partis prétendent à la couronne : D’abord Charles de Blois et son épouse Jeanne de Penthièvre, la nièce de Jean III, soutenus par le roi de France.
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Puis Jean de Montfort (frère de Jean III) et son épouse Jeanne de Flandre (et après 1345, leur fils Jean IV), qui comptent sur l’appui d’Édouard. Ce n’est que la mort de Charles de Blois en 1364 qui mettra fin aux hostilités. L’objectif de Philippe est de bouter les Anglais hors de Guyenne pour prendre le contrôle de tout le territoire. Il faut donc isoler la Guyenne de l’Angleterre par voie maritime : mais le 24 juin 1340, la flotte française est détruite par la flotte anglaise à la bataille de l’Écluse (Bruges), ce qui inverse le rapport de force maritime et Édouard va pouvoir se concentrer sur les opérations militaires sur le continent. L’autre conséquence de cette victoire est économique : contrôlant la Manche, les Anglais pourront compter sur les revenus du commerce de la laine, qui permettront le déploiement d’une force militaire plus importante.
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En 1343, les troupes anglaises débarquent à Brest
En 1343, les troupes anglaises débarquent à Brest. En Grande-Bretagne, les alliés écossais du roi de France partent à l’offensive contre les Anglais, mais David II est défait et capturé, libérant ainsi les mains d’Édouard, qui peut débarquer en France. Sur papier, la disproportion des forces des deux États est évidente : la France est cinq fois plus peuplée que l’Angleterre, la chevalerie française est alors considérée comme la plus puissante force militaire d’Europe. Et la France est incomparablement plus riche. Édouard déploiera une stratégie de guerre asymétrique : considérant impossible de s’opposer à la chevalerie française et de tenir les territoires, les Anglais auront recours à une guerre de pillage, qui s’autofinancera. Les grandes batailles seront donc exceptionnelles, les Anglais imposant un conflit mouvant et rapide.
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50 000 Anglais se dépenseront dans les « grandes chevauchées », opérations de pillage ne visant pas l’établissement d’une domination anglaise, mais l’affaiblissement de celle du roi de France, l’objectif d’Édouard n’étant pas de conquérir la France, mais de consolider sa Guyenne, si possible en l’élargissant. Les forces anglaises ont toujours un coup d’avance et parviennent à contraindre les Français à les suivre. Cependant, le 26 août 1346, les forces françaises parviennent à acculer les Anglais dans la région de Crécy et à imposer une bataille. Philippe VI n’est pas obéi par sa chevalerie qui passe à l’attaque pêle-mêle sur des lignes anglaises où dominent les archers anglais, lesquels transpercent la chevalerie d’une pluie de flèches, alors qu’elle tente de se hisser sur le mont de Crécy.
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Les charges des Français se brisent sur les lignes anglaises et les 36 000 Français sont humiliés par 12 000 Anglais. La moitié de l’armée française est détruite, alors que les pertes anglaises se limitent à quelques centaines d’hommes. Édouard remonte en direction de Calais, dont il fait un siège au terme duquel il s’empare de la ville, qui demeurera anglaise jusqu’au XVIe siècle. Les Anglais consolident leurs forces grâce à ce port supplémentaire. La peste en 1348 ne facilite pas les choses. Elle va toucher l’ensemble de l’Europe, mais surtout le monde méditerranéen. La France étant l’État le plus peuplé d’Europe et celui où la densité de la population est la plus élevée, la peste y sera dévastatrice. En quelques décennies, la population d’Europe passe de 80 à 60 millions, celle de France, de 20 à moins de 15 millions.
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La peste de
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Les opérations militaires se poursuivent, entre autres sous la conduite du Prince Noir, le fils aîné d’Édouard. En 1356, Jean II le Bon, qui a succédé à son père en 1350, parvient à convaincre les États généraux de lever une armée. Il en prend le commandement et se porte à la rencontre des Anglais dans la région de Poitiers, où Édouard III inflige une autre défaite à la chevalerie française, deux fois plus nombreuse en homme. Comble de l’humiliation, le roi Jean II est fait prisonnier lors de la bataille et sera « écroué » à Londres. Le royaume de France n’a plus de roi.
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4.2 – La reconquête de Charles le sage (1360-1380)
Suite à Poitiers, la situation en France est très difficile. Le poids des impôts et la faiblesse des Valois vont entraîner une première contestation violente de l’ordre monarchique à Paris par Étienne Marcel. Un traité est signé à Brétigny le 8 mai 1360 : en échange de la reconnaissance de ses droits sur la Guyenne, Édouard III renonce à ses prétentions sur le trône. Le traité fixe le montant de la rançon devant être versé pour la libération du roi Jean II. Du côté anglais, c’est l’échec de la tentative d’Édouard de se faire couronner à Reims, grâce à la brillante tactique, dite de la Terre déserte, employée par le futur Charles V, qui contraint à la négociation. Le premier versement de la rançon est effectué le 25 octobre et Jean regagne son royaume sans enthousiasme.
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Traité de Bretigny (1360)
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C’est à ce moment que sera frappée une nouvelle monnaie portant le nom de « franc » pour célébrer la libération du roi. Celui-ci retournera à Londres en pour remplacer son fils Louis offert en garantie aux Anglais, mais qui s’est enfui. Il y mourra la même année auprès de sa geôlière, la comtesse de Salisbury. Son fils Charles, qui parvint à triompher de Charles le Mauvais et d’Étienne Marcel, monte sur le trône en avril. Une victoire contre les Anglais et leur allié Charles le Mauvais lors de la bataille de Cocherel, qui survient malgré la paix de Bretigny et au cours de laquelle Bertrand de Guesclin se démarque, donne un éclat particulier à ce nouveau règne. Charles V n’a pu donner toute la mesure de ses capacités à cause du conflit. Maigre et chétif, il garde d’une maladie d’enfance un teint pâle et un handicap au bras droit. Sous ces dehors, c’est un des esprits les plus brillants à avoir régné en France.
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Grand amateur de lecture et de discussions, Charles V le Sage fut le premier roi intellectuel de France. Il se distinguait par une affabilité et une douceur qui ne l’empêcha cependant de présider avec brio au relèvement du royaume. Avant d’être couronné, il avait mis à profit la paix de Brétigny pour écraser les Grandes Compagnies, ces bandes de soldats désœuvrés qui terrorisaient la population en temps de paix. Il décrète un impôt (les fouages), qu’il utilise pour lever une nouvelle armée et pacifier le territoire. C’est cette armée qui remporta la victoire à Cocherel. Sa dureté avec les Compagnies convaincra une partie des routiers de la pertinence de réintégrer le métier des armes, ce qui consolidera sa puissance militaire. Cette armée n’est pas très importante en nombre (6 000 soldats environ), mais elle est très différente des forces militaires françaises de la première phase.
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Composée de militaires de carrière et encadrée par des hommes compétents, elle s’appuie sur les leçons des défaites précédentes et accorde une grande place aux armes de jet, arcs et arbalètes. L’offensive contre les Anglais sera d’abord diplomatique : Charles met à profit ses bonnes relations avec son oncle l’empereur Charles IV et le pape Clément VI pour isoler la couronne anglaise. La Castille se joint à une alliance à laquelle s’ajoute l’indépendante Flandre. Grâce à des conflits locaux divers, dans lesquels le roi consiste à reste au-dessus de la mêlée, la population commence à voir en lui le garant de la paix. La peste et la guerre ayant décimé la noblesse, il a recours à l’ennoblissement pour s’assurer de soutiens un peu partout sur les terres contrôlées par les Anglais. C’est donc par l’intérieur, grâce au soutien des populations, que s’opérera la reconquête.
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Celle-ci commence en Il faudra dix ans pour que Charles reprenne le contrôle du territoire. Pas de grands affrontements comme Crécy au cours de cette phase de la guerre, alors que les Français ont repris à leur compte les méthodes d’Édouard III. À la mort de Charles V en 1380, l’autorité du roi de France est rétablie sur le territoire, autant grâce à son gouvernement judicieux, basé sur l’application du droit qu’à ses victoires militaires, où son sens de la diplomatie et sa capacité à distinguer les hommes capables, sans égard à leur naissance, ont fait la différence.
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4.3 – Le chaos ( ) Lorsque Charles V meurt, le futur Charles VI est encore mineur, ce qui va entraîner une régence, dirigée par les oncles de ce dernier. En quelques années, le travail de Charles V sera remis en question. Les oncles de Charles VI sont puissants et corrompus et augmentent la pression fiscale sur la population, poussant celle-ci à manifester son mécontentement comme en 1382, lors de la révolte des maillotins. Fort heureusement, la couronne anglaise est aussi soumise à une régence, Richard II n’étant âgé que de dix ans à la mort de son père en Si bien que si l’état de guerre se maintient, les premières décennies sont relativement calmes. Après son couronnement officiel en 1388, Charles VI confie aux marmousets, d’anciens conseillers de son père, la direction du royaume.
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En 1392, Charles sombre dans la folie alors qu’il se rend en Bretagne et pourfend certains membres de son escorte avant d’être maîtrisé. Le bal des ardents de l’année suivante contribuera à l’enfoncer dans sa folie. Le roi n’étant plus en mesure de diriger le royaume, ce sont les régents qui reprennent le contrôle. Suite à l’assassinat du duc d’Orléans en 1407, la guerre civile éclate et se poursuivra jusqu’en 1335. En Angleterre, après la régence survient aussi le règne d’un roi psychologiquement instable. Ce règne donne donc lieu à des troubles sociaux importants qui aboutissent au renversement de Richard en 1399, à la fin des Plantagenêts et au règne des Lancastre. Le règne du premier Lancastre, Henri IV, est surtout tourné vers la stabilisation en Angleterre, même si les prétentions au trône de France continuent d’être l’axe fondamental de la politique étrangère anglaise.
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Les choses se compliquent pour la France en 1413, lorsque meurt Henri IV et que lui succède sur le trône l’intelligent et énergique Henri V. Henri reprend les revendications sur le trône de France. Après s’être consacré à restaurer la paix civile, il se tourne vers la France en 1415. Henri V débarque avec son armée près d’Harfleur le 13 août 1415 et après un siège de plus d’un mois, s’empare de cette ville. Après avoir envisagé de prendre Paris, il juge la saison trop avancée et décide de rembarquer vers l’Angleterre en passant par Calais. Sur le chemin, il est stoppé par l’armée française dans la région d’Azincourt le 25 octobre. Oubliant les causes des insuccès français du siècle précédent et les raisons des victoires sous Charles V, la chevalerie française se porte à l’assaut d’une armée anglaise nettement moins importante en nombre.
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Les charges de cavalerie, compliquée par un terrain boueux, se brisent sur les archers anglais, qui finissent le travail au coutelas. Des grandes défaites de la chevalerie française, celle-ci est la plus humiliante : les pertes françaises s’élèvent à plus de 6 000 hommes, alors que les Anglais n’en ont perdu que 600. Les 2 200 prisonniers seront par la suite égorgés sur ordre du roi. C’est la fin de la chevalerie. Comme après Crécy, les Anglais n’ont plus d’armée devant eux et ils sont face à une guerre civile. Affaibli par l’assassinat de Jean sans peur, le parti bourguignon parvient à convaincre le roi Charles VI de signer le traité de Troyes en 1420, qui prévoit qu’à la mort de Charles VI, Henri V lui succédera sur le trône de France. Il semble alors que l’Angleterre soit parvenue à ses fins. Heureusement pour la France, Henri V meurt le 31 août 1422, soit six semaines avant la mort de Charles VI.
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Conséquemment, ce n’est pas le puissant Henri V qui devient roi de France, mais son fils, alors âgé de neuf mois. Les Anglais parviennent à se maintenir grâce à leurs alliés bourguignons. Déchu de ses droits, Charles VII est retranché au sud de la Loire, où il vit modestement et hésite quant à la conduite à tenir. Le « roi de Bourges » est près d’abandonner la lutte lorsqu’on lui présente le 25 février 1429 une jeune fille de seize ans, qui le convainc de poursuivre la lutte. Jeanne d’Arc dirigera les opérations visant à assurer le couronnement de Charles VII à Reims le 17 juillet Sur son passage, une nette majorité de la population manifestera son soutien à l’héritier du trône.
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4.4 – La fin de la France anglaise (1429-1453)
C’est à Charles VII que reviendra la tâche de chasser les Anglais. Mais dans un premier temps, Charles s’emploiera à consolider son pouvoir très contesté, surtout au nord de la Loire. En 1431, le « roi » anglais de France, Henri VI, est couronné à Paris, mais son pouvoir est théorique. D’abord, c’est un garçon d’à peine dix ans et la régence se poursuit, mais surtout, les défaites militaires qui commencent à s’accumuler réduisent l’assise populaire des Anglais, alors que la population du royaume se tourne vers son roi « légitime ». La reconquête des régions au nord de la Loire fut entreprise dès Jeanne d'Arc et la réconciliation de Charles VII et du duc de Bourgogne par le traité d'Arras facilita la reprise des villes.
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La France en 1429
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Paris fut livré par les Parisiens aux troupes de Richemont en 1436 et la chute de Pontoise, en 1441, permit le rétablissement des relations avec le nord du royaume. Les Anglais négocièrent une trêve en 1444 à laquelle le roi acquiesça d’autant plus facilement qu’il avait besoin d’une pause pour renforcer son autorité. Il réorganisa son armée, la dotant d’une artillerie efficace et resserra l'alliance bretonne. Au cours de la dernière phase de la guerre, de 1449 à 1453, les troupes royales s’imposèrent en Normandie puis en Guyenne, lors de la bataille de Castillon, qui vit l’artillerie française venger les humiliations précédentes. Même si la paix ne sera signée que beaucoup plus tard, en 1475, cette bataille de Castillon met conventiellement fin à la guerre de Cent Ans, les Anglais étant alors expulsés du royaume de France.
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La modération de Charles sur le territoire qu’il reprenait, le poussant à confirmer les privilèges de ceux qui avaient collaboré avec l’Angleterre, permis d’asseoir son autorité, même sur la Guyenne et rares sont ceux qui jugèrent opportun de fuir en Angleterre. Le règne de Charles VII vit aussi la mise en place et l'organisation définitive de nombreuses institutions essentielles, dont certaines demeureront en place jusqu’à la Révolution, et même au-delà. Ayant obtenu des assemblées locales et des états généraux les impôts nécessaires au financement de la guerre, Charles VII sut, avec l'aide de Jacques Cœur, habituer ses sujets à l'impôt et put éviter de convoquer les états généraux et se passer de leur consentement. L’équipe de gestionnaires dont il sut s’entourer lui donna le surnom de Charles le Bien servi.
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Cet impôt permanent, c'était la reconnaissance d'un droit monarchique étranger au droit coutumier selon lequel le roi devait vivre de son revenu domanial et qui faisait de lui un propriétaire terrien parmi les autres. L’impôt permit l’établissement d’une force militaire permanente qui assura la puissance de la monarchie. Ce n’est pas le moindre paradoxe de cette longue guerre que d’avoir fait en sorte qu’après l’effondrement du pouvoir du roi à plusieurs reprises, celui-ci sort de l’épreuve si renforcé que jamais roi de France n’eut une telle puissance sur le royaume. Ce n’est pas encore la monarchie absolue, mais la table est mise. Même les dernières années turbulentes du règne de Charles VII le victorieux ne pourront remettre en question cette consolidation. Dont Louis XI, par ailleurs, profitera amplement.
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5 – Les « autres » guerres 5.1 – La guerre sociale – Étienne Marcel, jacqueries, maillotins et cabochiens L’affaiblissement du pouvoir central et de la légitimité royale, les difficultés économiques et l’accroissement de la pression fiscale, ont entraîné l’irruption dans l’histoire de France du facteur social. Non que celui-ci n’ait jamais existé auparavant, mais la faiblesse de la cohésion nationale faisait en sorte que les troubles sociaux demeuraient très circonscrits. La rébellion des marchands de Paris autour d’Étienne Marcel est nouvelle de plusieurs façons. D’abord, il s’agit d’un groupe social nouveau, qui doit son importance aux transformations socio-économiques du bas Moyen-âge.
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Surtout, il s’agit d’une fronde contre la royauté, visant une limitation de son pouvoir initié par un homme n’appartenant pas à la noblesse. D’une certaine façon, Étienne Marcel préfigure la révolte de la bourgeoisie qui entraînera l’effondrement de la monarchie. Étienne Marcel est Parisien ce qui témoigne de la nouvelle puissance que la capitale est en train d’accumuler et le rôle politique qu’elle sera appelée à jouer. Ici aussi, la révolte des marchands préfigure 1789. L’importance politique de Marcel, prévôt des marchands de Paris, remonte à 1356, après la capture du roi qui laisse le royaume aux mains de son fils. Les états généraux sont convoqués à l’automne de cette année pour augmenter les impôts. Devant la fronde des représentants de la population, le dauphin quitte Paris et de retour en février 1357, il est mis en demeure de signer la Grande ordonnance, qui vise à limiter le pouvoir du monarque.
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Devant le manque d’empressement du dauphin à s’y plier, Marcel organise la libération de Charles le Mauvais, détenu à Paris et qui prétend à la couronne. Les choses vont s’envenimer et se transformer en une guerre pour le pouvoir. Les alliances se font et se défont à Paris et finalement Étienne Marcel prendra le parti des Anglais, ce qui provoquera son assassinat le 31 juillet 1358, alors qu’à l’aube, il se préparait à laisser entrer les Anglais dans la ville. L’année 1358 verra l’irruption d’un autre acteur social dans la crise qui secoue la France : la paysannerie. En mai 1358, excédés par la pression fiscale et l’insécurité, les paysans du nord de Paris entrent en révolte avec une sauvagerie qui terrifie les contemporains. Ce n’est pas la première révolte paysanne de l’histoire de France, mais le contexte difficile de l’époque lui donne une résonnance particulière.
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Le terme de jacquerie provint du nom que l’on donne au paysan français, Jacques Bonhomme. Mais le caractère paysan de cette révolte fait débat, alors que des nobles y participeront. D’une certaine façon, c’est un peu les campagnes qui s’insurgent contre Paris. Après avoir tenté d’instrumentaliser la révolte, Étienne Marcel et Charles de Navarre conduiront une répression féroce des insurgés à l’été 1358. La révolte des maillotins survient plus tard, à un moment de paix relative, alors que les opérations militaires contre l’Angleterre connaissent une pause (en 1382). Elle fait suite à la réintroduction des fouages. Cette mesure provoque une révolte à Paris, alors que le peuple insurgé s’empare de 2 000 maillets de plomb conservés à l’Hôtel de Ville pour la défense de la ville. Exemple typique de révolte fiscale, la crise aboutira en à une violente répression contre les meneurs par les régents du royaume, les oncles du roi.
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Puis la guerre civile entre Bourguignons et Armagnacs verra l’instrumentalisation par les premiers d’un autre de ces mouvements populaires antifiscaux, celui de Simon Caboche, boucher de son métier. L’ordonnance cabochienne élaborée en mai 1413, autre tentative de limiter le pouvoir royal en accroissant celui des États généraux est un bon exemple de réappropriation par les élites d’un mouvement populaire, car ce sont des universitaires qui en sont à l’origine, et non le meneur de la révolte.
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5.2 – La guerre civile : Armagnacs contre Bourguignons
Le règne d’un roi dont les capacités intellectuelles flanchent n’est jamais bon pour le royaume qu’il dirige. Si en plus la situation intérieure et extérieure du royaume est mauvaise, la catastrophe politique est inévitable. C'est ce qui se produira au début du XVe siècle avec cette guerre de coteries entre Bourguignons et Armagnacs, qui se transformera en guerre civile. Il s’agit d’une guerre féodale qui survient alors que le féodalisme est en déclin et laisse la place à une nouvelle configuration politique eu Europe. Sa conclusion ne remet rien en question, alors que le traité d’Arras consolide le pouvoir de Charles VII en France, même si pour un temps, la Bourgogne obtiendra une indépendance qu’elle perdra d’ailleurs plus tard.
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Cette guerre de clans, qui verra l’irruption de nouvelles forces sociales, demeure un conflit traditionnel, reflet de la déliquescence des institutions politiques de la France, et complique une situation internationale déjà complexe. Le conflit met aux prises deux clans de la famille royale, dont la lutte et l’opposition se trouvent stimulées par le chaos politique et la faiblesse du roi. D’un côté, Louis de France, duc d’Orléans et frère cadet de Charles le Fol : son accès particulier à celui-ci est à l’origine de sa puissance. C’est ce que l’on nomme d’abord le parti orléaniste, puis d’Armagnac, après que le fils de Louis, Charles, eut épousé la fille du comte d’Armagnac et monté avec l’appui de son beau-père une ligue pour venger l’assassinat de son père. De l’autre côté se trouve le parti Bourguignon, du titre que possède Jean sans Peur, oncle de Charles le Fol et l’un des régents de sa minorité.
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En fomentant l’assassinat de Louis d’Orléans le 23 novembre 1407, suite à l’expulsion des Bourguignons des instances dirigeantes de l’État, Jean sans Peur provoque l’éclatement d’un conflit de pouvoir qui couvait depuis déjà quelques années. Charles entreprend de venger la mort de son père et s’emploie à susciter des difficultés aux Bourguignons, qui ont repris la place des Orléans à la tête de l’État. Avec l’appui des écorcheurs, un groupe de mercenaires, Charles s’en prend aux intérêts des Bourguignons, lesquels lèvent à leur tour des armées qui ravagent les fiefs des Armagnacs. Plusieurs essais visant l’établissement de trêves, en et 1411, restent sans résultats, mais en 1412 la paix est signée entre les deux clans, temporairement. En 1413, alors que survient la révolte des cabochiens, soutenue par Jean sans Peur, les élites parisiennes appellent en renfort les Armagnacs.
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Lors de la bataille d’Azincourt, c’est le parti Armagnac, soutien du roi, qui fournit des hommes à l’armée française, les Bourguignons restant neutres et laissant leurs adversaires être taillés en pièces par les Anglais. En 1418, Jean sans Peur fomente une rébellion à Paris entraînant le massacre des Armagnacs et le laissant maître d’une grande partie du royaume. Il entre en négociations avec les Anglais, mais aussi avec les représentants du Dauphin et lors d’une rencontre avec ce dernier il est assassiné par des partisans armagnacs. Décapité, le parti bourguignon, dirigé par Philipe le Bon, négocie avec les Anglais, ce qui conduira à la signature du traité de Troyes. Finalement, Charles VII négociera à Arras en 1435 la fin du conflit par un traité reconnaissant l’indépendance de la Bourgogne, laissant les mains libres à Charles VII pour reprendre graduellement le contrôle du reste du territoire.
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5.3 - La guerre religieuse – le Grand Schisme d’Occident
Dans ce contexte, un problème religieux va apparaître, qui n’est pas directement lié à la guerre de Cent Ans, mais qui constitue une belle illustration de ce que l’on nomme la crise de la fin du Moyen-âge. Et puisque la guerre entre l’Angleterre et la France se poursuit, la multiplication des papes et la division de la chrétienté va recouvrir le clivage politique. Depuis Philippe le Bel, le pape siège en Provence, à Avignon, à proximité du domaine royal. Même si cette installation était temporaire, elle tend à devenir permanente, grâce à l’influence du haut clergé français : 5 papes consécutifs seront originaires de France, ce qui va de pair avec la domination française du corps des cardinaux, où 80 % des sélectionnés sont français.
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En 1378, alors que l’Italie du Nord est en proie à une famine, Grégoire XI, pourtant français, décide de transférer la curie à Rome. Lorsqu’il meurt en mars 1378, les Cardinaux, sous la menace des Romains, élisent un pape italien, qui prend le nom d’Urbain VI. Mais la brutalité d’Urbain VI, sa vision de la papauté et son comportement à l’endroit des cardinaux français, poussent ceux-ci à quitter Rome et à revenir à Avignon, où ils élisent Robert de Genève pape, qui prend le nom de Clément VII en 1379, divisant la chrétienté en clémentins et urbanistes. Vont s’ensuivre quatre décennies de luttes armées en Italie et d’intenses tractations diplomatiques. À la mort d’Urbain VI et de Clément VII, la dichotomie se maintient, les deux camps élisant leurs propres papes, Boniface XI et Benoit XIII. Il semble alors que l’unité du monde chrétien appartient définitivement au passé.
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Le Grand Schisme d’Occident
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Les deux papes s’excommunient mutuellement, appelant à la croisade contre l’adversaire.
En 1409, les cardinaux convoquent à Pise un concile pour régler le problème, mais ils ne font que l’envenimer : ils élisent alors Jean XXIII, mais les deux autres papes refusent d’abandonner leur poste et il y a donc dorénavant trois papes… La crise sera réglée en 1417, suite au Concile de Constance de 1414, avec l’élection de Martin V qui parviendra à refaire l’unité, même si Benoit XIII refuse de se rallier jusqu’à sa mort. Cette tragicomédie témoigne de changements profonds en cours en Europe. Les conflits ne sont pas religieux, mais bien politiques : les papes ne se distinguent pas d’un point de vue théologique et c’est le clivage politique, qui devient national, qui marque les distinctions.
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Mais le conflit va beaucoup contribuer à désacraliser la papauté et conséquemment, à permettre la remise en question de son autorité. La papauté sortira affaiblie de l’aventure, car le « conciliarisme », élaboré à l’université de Paris, fait alors en sorte que le concile constitue une autorité supérieure au pape. Les discussions théologiques et religieuses vont se développer et, se juxtaposant à des antagonismes devenus nationaux, faire naître, en même temps que l’Europe de la Renaissance, la réforme de Luther, le vrai schisme.
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5.4 – La guerre nationale : Bertrand du Guesclin et Jeanne d’Arc
La guerre de Cent Ans fut d’une certaine façon la première guerre nationale. Même s’il est anachronique de parler d’une nation française, cette guerre verra le concept de nation se forger, en opposition avec les Anglais, qui eux aussi, prendront conscience de ce qui fait leur singularité et leur unité. C’est grâce à certaines figures importantes de ce siècle très troublé : Charles V ou encore Charles VII. Mais la nouveauté, ce sont ces personnages populaires, incarnant une France « d’en bas » et qui fondent le sentiment d’appartenance nationale parce qu’ils suscitent un désir d’émulation. Derrière Charles V ou VII, ce sont deux de ces personnages hors normes qui créent ce réveil, ou plutôt cet éveil national.
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Bertrand du Guesclin, noble breton issu d'une famille moins modeste que la tradition ne l'affirme, doit sa renommée au contraste entre son héroïsme et sa laideur, qui le rend presque difforme. Il fut mis de côté dans son enfance, au point où dit-on, il n’avait pas le droit de manger à la table familiale. Après avoir été chassé de chez lui, il se transforme en « bon brigand » et sera intégré dans les opérations militaires. Il se fait remarquer par Charles V pour son rôle dans diverses batailles locales en Bretagne et en Normandie et dirigea les forces françaises contre Charles le Mauvais à Cocherel en 1364. Malgré des échecs, sa réputation est grande, ses talents d'organisateur et ses capacités de commandement firent de lui l'un des meilleurs soldats de la royauté des Valois, au point ou Charles V le fit connétable en 1370, après lui avoir donné le comté de Longueville.
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Il fut tué au cours d’une campagne en Bretagne en et une partie de sa dépouille fut conservée à la cathédrale de Saint-Denis, aux côtés de celles des rois de France, ce qui est exceptionnel. Malgré les exploits de Du Guesclin et de sa popularité, c’est un autre personnage qui concentre l’aspect national de la guerre de Cent Ans du côté français : même si elle fut contestée de son vivant, après sa mort, Jeanne la Pucelle fut instrumentalisée et transformée en symbole national par celui qui lui devait tout et l’a abandonnée. Peu de personnages historiques ont autant de poids dans leur histoire nationale que Jeanne d’Arc dans l’histoire de France, son destin ayant été exceptionnel. Née dans une famille paysanne de Lorraine en 1412, à Domrémy, plus précisément, elle aurait commencé à entendre Saint-Michel lui parler dès l’âge de treize ans et lui demander de libérer le royaume de France.
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Les illuminés étaient alors fréquents, de sorte que les gens à qui elle fut présentée n’accordèrent que peu d’attention à ses hallucinations. Mais elle est très charismatique et dans un contexte de désespoir national, la population est à la recherche d’un miracle. Robert de Baudricourt est le premier personnage d’importance à lui accorder un certain crédit, après l’avoir rejeté. Il lui donne une escorte, dont font partie les écuyers Jean de Metz et Bertrand de Poulengy, qui lui resteront fidèles jusqu’à la fin, pour se rendre à Chinon rencontrer le Dauphin. Elle parvient à obtenir une entrevue et le convainc de lui donner sa chance. Le futur Charles VII, qui n’a rien à perdre, lui confie alors un convoi de ravitaillement pour Orléans assiégé par les Anglais.
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Son rôle dans la victoire d’Orléans n’est pas clair
Son rôle dans la victoire d’Orléans n’est pas clair. Elle n’a aucune connaissance militaire, mais elle dispose d’un bon sens stratégique remarquable et son charisme a pu permettre aux armées françaises de triompher, en leur insufflant l’espoir. Le siège anglais est levé le 8 mai La voie de Reims est ouverte. Le 17 juillet 1729, Charles VII est couronné roi de France en présence de Jeanne d'Arc. Cet événement symbolique est le grand tournant de la guerre, car il donne une nouvelle légitimité à Charles VII dans la poursuite de la guerre et favorisera le ralliement de la population. Après un siège infructueux de Paris, elle est capturée par les Bourguignons à Compiègne le 23 mai 1430 et transférée à Rouen, où elle sera éventuellement jugée et brûlée pour sorcellerie le 30 mai 1431 et ses cendres dispersées pour ne pas que naisse un culte de ses reliques.
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Charles VII n’a rien tenté pour la libérer, mais il n’hésitera pas à utiliser la renommée de la Pucelle et la fera réhabiliter en Elle sera canonisée en 1920 et proclamée sainte patronne secondaire de la France par Pie XI en 1922. Indépendamment de la réalité de ses exploits, il est indéniable que son arrivée a changé quelque chose dans la guerre et qu’elle a contribué à la victoire française. Par ses actions, ses mythes ou sa présence, elle a légitimé le combat national de Charles VII et contribué plus qu’aucun autre personnage avant elle à la création d’une identité nationale française.
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