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Publié parTristan Goulet Modifié depuis plus de 5 années
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Histoire des États germaniques : Le Saint-Empire
Septième cours : De la paix d’Augsbourg (1555) à la Germanie westphalienne
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Septième cours : 1 — Réforme et radicalisation 2 — La guerre de 30 ans
3 — Les « derniers » Habsbourg
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1 — Réforme et radicalisation
1.1 — Les autres protestantismes À une situation déjà complexe s’ajoute dès les années 1520 une autre difficulté : à partir du moment où l’Église ne dispose plus du monopole de l’interprétation des textes va se produire une multiplication des interprétations. Luther a tracé la voie, mais nombreux sont ceux qui, en empruntant celle-ci, considèrent que Luther ne va pas assez loin. Il y eut le muntzérisme, une forme de contestation sociale radicale proposée par Thomas Müntzer, jadis un ami proche de Luther.
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Son mouvement ne connaitra pas une longue prospérité, le prédicateur tombant lui-même en 1525 lors de la répression de la guerre paysanne. D’autres formes de protestantisme auront des conséquences plus importantes sur l’évolution politique et vont provoquer la radicalisation du parti catholique. Ou inversement. Deux de ces formes sont germaniques, l’autre sera une importation française. Si la réflexion d’Ulrich Zwingli est d’abord religieuse, elle prend des formes politiques qui s’expliquent par la situation politique ambigüe des cantons. Luther sera toujours fidèle à son maître politique, alors que Zwingli défendra une conception politique différente, basée sur la « forme naturelle » de l’organisation humaine, la communauté « démocratique ». Pour Zwingli, Église et peuple ne font qu’un, car la première n’est que l’émanation de la seconde.
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Ce « démocratisme » n’empêche pas une dérive autoritaire : partisan de l’élection des curés, Zwingli en vient à imposer à ses disciples une discipline de fer et un dogme très intolérant, d’où son rejet radical des autres formes de protestantisme, donc l’anabaptisme. Le mouvement de Zwingli restera limité à Zurich, mais son radicalisme provoquera les deux guerres de Kapel (1529 et 1531), premiers conflits militaires entre catholicisme et protestantismes. C’est au cours de la seconde guerre que Zwingli trouva la mort. Encore plus radical, l’anabaptisme nait aussi à Zurich, en réaction à la mollesse et à la lenteur de Zwingli. Extrême gauche de la réforme, l’anabaptisme rejette toute forme d’autorité, nouvelle ou ancienne, en matière d’interprétations des textes. Mouvement spirituel et individualiste, l’anabaptisme n’a pas vraiment de fondateurs.
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Les anabaptistes ne gardent comme symbole du culte qu’un second baptême à l’âge adulte, le premier n’étant pas valide car imposé. Pas de cérémonies ni de fêtes religieuses : les adeptes se réunissent en groupes pour lire ensemble et interpréter les textes. Vu comme des anarchistes, malgré leur peu d’intérêt pour la question du pouvoir temporel, les anabaptistes seront persécutés par tout le monde. Le mouvement se diffusera dans l’ouest et le centre du Saint-Empire, mais les communautés anabaptistes ne seront jamais très importantes en nombre. À côté de ces mouvements très marginaux (les différents traités de paix des guerres de religion ne leur laissent aucune place), le calvinisme, qui aura un impact fondamental en Germanie, nait lui aussi dans les cantons suisses.
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En fait, Jean Calvin est natif de Noyon, mais sa rupture avec l’Église en 1530 l’oblige à fuir en Suisse, à Bâle, où il écrit en 1536 sa première œuvre, qui fonde le calvinisme : l’Institution de la religion chrétienne. Puisque pour Calvin, le salut ne réside pas que dans la foi, mais bien dans la foi et les œuvres, le calvinisme est plus politisé que le luthérianisme, car il prône l’implication sociale du croyant. Son rapport au pouvoir est très différent et l’obéissance du croyant au pouvoir politique que tente d’imposer Luther lui est étrangère. Reprenant certains éléments du zwinglisme, le calvinisme intégral propose le remplacement de l’Église institutionnelle par la communauté des croyants, qui s’organise et se gouverne elle-même. Le rapport au livre et à l’instruction, fondamental dans le luthérianisme, est chez Calvin accentué.
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Chez les protestants, l’instruction est fondamentale, car elle permet de s’affranchir du monopole de l’Église sur l’interprétation des textes. Comme la communauté des croyants est plus importante chez Calvin, elle doit avoir accès aux fruits de la littérature : le duché calviniste des Deux-ponts sera le premier territoire européen à proclamer et à établir l’instruction pour tous, au milieu du XVIe siècle. Alors que les luthériens de Germanie, malgré leurs différends avec l’empereur, lui demeurent fidèles, le calvinisme, qui restera en Allemagne marginal, a joué un rôle fondamental dans le déclenchement de la guerre de Trente Ans, les calvinistes allemands (concentrés dans le Palatinat) considérant comme accessoire la fidélité à l’empereur, être humain comme les autres.
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1.2 — La « contre-réforme » catholique
En parallèle à l’éclatement des courants protestants, l’Église tente de répondre à la crise, car nombreux sont ceux qui, au sein de la hiérarchie catholique, ressentent le même malaise que Luther. L’appellation traditionnelle de « contre-réforme » est contestée car laisse supposer qu’il ne s’agit que d’une réponse au luthérianisme, alors qu’elle se veut une réponse, institutionnelle, à la crise de l’Église. Le mouvement eut une influence en Allemagne, mais celle- ci est étrangère au processus et ce sont des théologiens espagnols, italiens et français qui dirigeront le Concile de Trente ( ). Cette absence témoigne de l’affaiblissement de l’Allemagne, en proie à l’influence de mouvements religieux naissants à l’extérieur du monde impérial.
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La guerre de Trente Ans sera de ce point de vue la manifestation intérieure d’une confrontation idéologique et politique en bonne partie extérieure, même si le luthérianisme allemand en fut d’abord l’élément déclencheur. Née en tant que manifestation de l’esprit national, la logique de la réforme en vient à provoquer le déclassement politique de l’Empire. Cette absence des Allemands a aussi une explication empirique : au moment de la paix d’Augsbourg, le protestantisme concerne près de 90 % de la population. Si le catholicisme demeure implanté auprès des élites, ces dernières ne peuvent pas toujours imposer sur le terrain le principe « Tel prince, tel religion ». C’est pour cela que l’Église catholique leur viendra en aide. Le Concile ne cherche pas à modifier le dogme, mais à le redéfinir, à le préciser.
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Il vise aussi à réorganiser les institutions et le clergé, pour lui permettre de faire front à la menace.. Au XVIe siècle, la papauté dispose de beaucoup d’argent, d’autant qu’elle peut compter sur la richesse de la couronne espagnole. Grâce à ces ressources, la réforme catholique peut prendre une forme militante, qui permettra de regagner une partie des positions perdues. La Compagnie de Jésus constitue une bonne illustration des efforts faits par l’Église catholique sur le plan de la prédication, même si les Jésuites ne sont pas les seuls à participer à la contre-offensive. L’autre fondement de la reconquête partielle de l’Empire par le catholicisme repose dans la foi inébranlable de certains chefs politiques : les empereurs Ferdinand 1er et Ferdinand II et les ducs de Bavière, château fort du catholicisme, Guillaume IV et Maximilien 1er.
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La conjugaison des efforts théologiques, des ressources financières et des convictions religieuses de ces protagonistes pourra faire en sorte qu’au milieu du XVIIe siècle, la reconquête, quoiqu’imparfaite, concernera près de la moitié des habitants de l’Allemagne. Malheureusement, entre temps, la radicalisation des uns et des autres et l’implication des puissances étrangères auront transformé les terres germaniques en boucherie.
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2 — La guerre de 30 ans 2.1 — Vers la défenestration
La paix d’Augsbourg n’a été qu’un compromis de circonstance : c’est l’épuisement et la lassitude, et non la tolérance et la compréhension, qui ont obligé les protagonistes à négocier. Et ce compromis était boiteux : dans une Allemagne éclatée et en cours de modernisation, la logique médiévale sous- jacente au principe de base de la paix d’Augsbourg évacuait les changements dont Luther avait été porteur, soit l’individualisation et l’intériorisation de la religion.
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De même, puisque dans l’Allemagne du XVIe siècle, les maîtres changent fréquemment, qu’advient-il d’une terre catholique, mais dont le nouveau maître est protestant, ou inversement? La paix d’Augsbourg avait voulu figer la répartition religieuse à 1555, mais un prince militant pouvait-il accepter de diriger un territoire d’une autre confession? Comment réagirait la population à une conversion? Et qu’advient-il alors des vastes domaines morcelés et comprenant des territoires des diverses confessions? Tous les cas de figures possibles (conversions du prince ou de la population, expulsions, saisies) surviennent au cours de la période , d’un côté comme de l’autre. Et le problème des riches terres ecclésiastiques n’est pas non plus résolu en 1555, d’autant que la richesse de certains de ces domaines attisent la convoitise.
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De même, il s’agit des seules terres de Germanie où la diversité religieuse est possible et où le militantisme des uns et des autres peut s’exercer. Autre donnée fondamentale : la politique impériale. En fonction du militantisme de l’empereur, les tensions croissent ou diminuent. En abandonnant la lutte, Charles Quint a confié à son frère Ferdinand 1er ( ) les rênes de l’État, lequel s’est rallié sans enthousiasme au compromis et s’emploie à favoriser la réforme catholique. À sa mort, son fils Maximilien II ( ) monte sur le trône et même s’il demeure catholique, on lui suspecte un penchant pour le luthérianisme. Chef de l’empire chrétien, il ne pouvait se convertir, mais son orientation dépourvue de militantisme catholique permet une décennie de paix.
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Les choses changent avec Rodolphe II ( ), dont l’enfance passée à la cour d’Espagne ont fait un fervent catholique. On le dit instable et impulsif, ce qui rend son militantisme dangereux. Car il reste à l’empereur certains leviers d’influence, particulièrement en matière judiciaire, car dans les deux institutions judiciaires supérieures crées par les réformes de Maximilien 1er, l’empereur dispose de pouvoir de nomination important. Comme le Conseil Aulique s’occupe des problèmes de succession dans les différents États, l’influence que ses décisions peuvent avoir un impact important sur la répartition des forces confessionnelles. Ferdinand y favorisant des catholiques, les décisions de ces instances penchent du côté des États et familles fidèles à Rome, suscitant le mécontentement des protestants, qui s’emploient à bloquer le fonctionnement du Reichstag, où ils sont majoritaires.
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Avec le temps, l’esprit d’Augsbourg s’efface et deux générations plus tard, les chefs des différents camps sentent la nécessité d’imposer par la force un règlement de la situation à leur avantage. Au début du XVIIe siècle, protestants et catholiques fourbissent leurs armes. Les calvinistes sont les premiers à le faire et en 1608 est fondée une Union par le prince électeur palatin Frédéric IV, qui noue des relations avec des forces « étrangères », dont les Pays-Bas. Les luthériens restent d’abord à l’écart d’une organisation clairement attaché à des forces opposées à l’empire, mais une crise va les pousser à se rallier : la situation de la ville libre protestante de Donauwörth et de l’abbaye catholique qui s’y trouvent. Le cas est emblématique : la ville et l’abbaye disposent de l’immédiateté et peuvent chacun définir la religion légale sur le territoire.
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Mais comme l’abbaye est sur le territoire de la ville, les conflits sont inévitables.
En 1609, l’empereur ordonne au Duc de Bavière Maximilien 1er d’assurer la pratique du culte catholique sur le territoire de l’abbaye, alors que l’on suspecte les autorités de la ville de vouloir l’empêcher. Après sa victoire contre les autorités de la ville, le duc annexe le territoire et procède à un nettoyage confessionnel, chassant les habitants refusant de se convertir au catholicisme. C’est ce même duc qui, en 1609, pour répondre à l’activisme de l’Union, fonde une Ligue avec un certain nombre de princes territoriaux catholiques. Ces deux événements vont accélérer le ralliement à l’Union de nombreux territoires luthériens d’abord méfiant à l’endroit de cette dernière.
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Une crise de succession en 1610 aura un impact fondamental sur l’avenir du pays, car à l’issue de la crise, les Hohenzollern prendront pied sur le Rhin, posant les bases de leur future prétention à unifier les territoires germaniques contre les Habsbourg. À ces tensions entre États s’ajoutent celles à l’intérieur de ceux-ci, car si leurs ancêtres peuvent s’être convertis par intérêt, les chefs du début du XVIIe siècle, élevés dans l’une des deux confessions, ont une tendance au militantisme plus grande. Compte tenu de l’importance prise par les Habsbourg depuis quelques siècles, il n’est guère surprenant de constater que la crise éclatera dans leurs États. À sa mort, Ferdinand 1er a divisé les États habsbourgeois entre ses fils et la politique menée sur cet ensemble manque de cohérence.
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Maximilien II ne s’est pas opposé au protestantisme et ses successeurs, Rodolphe et Mathias n’ont pas été en mesure de s’opposer au progrès des luthériens sur leurs terres, qui réclament dans les différentes Diètes la tolérance, pour cause d’alliance contre les Turcs. En 1590, le cousin de Rodolphe II, l’archiduc d’Autriche Ferdinand 1er, monte sur le trône de Graz en Styrie. C’est un catholique fervent et agressif qui, en quelques années, nettoiera ses États presque totalement acquis au luthérianisme au profit de sa foi catholique, convertissant de force et expulsant les récalcitrants. Comme ses cousins n’ont pas de fils, Ferdinand 1er s’impose comme le probable futur maître des terres autrichiennes et de la couronne impériale, d’autant que la majorité des princes électeurs sont alors catholiques. Les protestants des terres habsbourgeoises regardent d’un œil inquiet la situation.
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L’étincelle partira de Bohême, dont la population encore pour beaucoup hussite cohabite avec les princes allemands convertit au luthérianisme. En 1618, des églises protestantes construites sur le territoire catholique de l’archevêché de Prague sont détruites sur ordre impérial, tendant jusqu’au point de rupture une atmosphère déjà malsaine. De sorte que le 23 mai 1618, lorsque deux gouverneurs impériaux et leur secrétaire sont jetés par les fenêtres du palais par leurs interlocuteurs luthériens (ils s’en sortiront indemne, grâce à la présence d’un tas de fumier) au cours d’une vive discussion, l’incendie « éclatera ». Même si les combats ne débuteront que l’année suivante, cet acte de lèse-majesté a été retenu par la tradition comme point de départ de la boucherie.
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2.2 — Le conflit intérieur Le véritable élément déclencheur se trouve aussi en Bohême : sans celui-ci, la défenestration serait demeuré un épisode d’insubordination sans conséquences, hormis pour les principaux acteurs. Ce ne fut pas le cas. Depuis toujours, la Bohême jouit d’un statut particulier car c’est la Diète qui a le dernier mot en ce qui concerne le chef du royaume. En temps normal, la confirmation du chef de la Bohême par la Diète était devenue une formalité et depuis Ferdinand de Habsbourg, la Diète s’était contentée de confirmer la ligne dynastique héréditaire. Mais l’époque n’est pas « normale » et les grands de Bohême sont en colère contre Ferdinand et refusent de se soumettre à sa catholique intransigeance.
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Ils auraient pu choisir un autre catholique ou un luthérien modéré, mais optèrent pour l’électeur du Palatinat, Frédéric V, calviniste convaincu, et chef de l’Union protestante fondée une décennie plus tôt. L’affront pouvait d’autant moins être toléré que la Bohême, plus vaste État de l’empire, est très peuplée et très riche. Son passage dans le camp des protestants remettait en question l’équilibre des forces. Mais ce n’est pas Ferdinand qui lance le bal : la Ligue catholique de Maximilien de Bavière mobilisa ses forces contre l’armée de Bohême, qui fut facilement vaincue à la bataille de la Montagne Blanche en 1620. Frédéric V fut mis au ban de l’empire et dut s’enfuir en Angleterre. Cette guerre de Bohême marque le premier acte de la guerre de Trente Ans. La répression des protestants en Bohême fut violente, l’aristocratie, majoritairement protestante, fut en grande partie mise au ban de l’empire.
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Les biens des protestants furent saisis pour être redistribués à d’autres nobles, catholiques, fidèles de l’empereur, choisis un peu partout sur le territoire impérial. Quant au hussisme encore très présent, il fut aussi victime de la contre-offensive catholique, qui s’employa à extirper le culte du sol de Bohême. Par le biais des autorités nobiliaires et religieuses, l’empereur gouvernait désormais directement la Bohême. Les grands États de l’Union protestante ne bougèrent guère pour venir en aide au calviniste Frédéric V, le culte de Calvin suscitant auprès des luthériens un rejet aussi fort que celui de Rome. Mais certains petits États protestants avaient déclaré leur désir de venir en aide à l’infortuné comte palatin et roi de Bohême : la Ligue, désireuse de profiter de son élan, se porta contre eux, infligeant aux protestants de nouvelles défaites.
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2.3 — L’internationalisation de la guerre
Cette remise en question de l’équilibre au profit des catholiques inquiéta les puissances protestantes voisines. Car la vague protestante ne s’était pas limitée aux terres d’empire et au cours du XVIe siècle, tous les États d’Europe occidentale furent la proie des guerres de religion. Au Danemark, en Suède, en Angleterre et dans ces Pays- Bas au statut ambigu, différentes formes de protestantisme s’étaient imposées et la vague catholique déferlant sur le territoire de l’empire à partir de 1620 préoccupe les pouvoirs. Les efforts de la Ligue s’étaient portés avant tout en Allemagne du Nord où se trouvaient les plupart des évêchés contestés entre catholiques et protestants.
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Le Danemark fut le premier à se joindre à la guerre civile, car Christian IV était maître de certains de ces territoires contestés. Le jeu des alliances fit le reste. À la Ligue catholique, à l’Union protestante et aux armées étrangères, Ferdinand II, ajouta ses propres forces, mobilisées sur les vastes territoires des Habsbourg et dont le commandement fut confié à un noble de Bohême, Wallenstein, opportunément reconverti au catholicisme. Cette nouvelle armée impériale s’imposa contre Christian IV, qui fut contraint en 1629, après une série de défaites, à signer la paix, laissant l’armée impériale catholique camper sur les rives protestantes de la Baltique. C’est ainsi que le deuxième acte de la guerre est aussi remporté par les forces catholiques. Fort de cette victoire militaire, Ferdinand fit l’erreur de promulguer un Édit de restitution, qui lui fut soufflé à l’oreille par les Jésuites qui l’entouraient.
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Cet Édit obligeait les territoires ecclésiastiques passés à la réforme à se reconvertir au catholicisme. La victoire de Ferdinand angoissa les chefs de la Ligue catholique, qui ne désiraient pas la reconsolidation de l’empire, et comme Ferdinand tenait à obtenir l’élection de son fils à titre de roi des Romains, il lâcha Wallenstein en guise de bonne volonté. Pendant ce temps, Richelieu s’employait à convaincre les électeurs de rejeter le fils de l’empereur et de l’autre côté de la Baltique, après avoir battus Polonais et Moscovites, Gustave Adolphe de Suède, inquiet de cette remontée en puissance des catholiques, décida d’impliquer ses forces. C’est l’apparition de la puissance suédoise comme facteur politique et militaire. Pieux, intelligent et habile, le roi-général de Suède veut profiter de sa défense du protestantisme pour transformer la Baltique en lac suédois et évincer son adversaire danois.
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Assuré du soutien de Richelieu, le champion protestant débarque en juillet 1630 sur les côtes nord de la Baltique, alors que l’armée impériale est désarticulée par le renvoi de Wallenstein, ce qui lance le troisième acte du conflit. Après avoir convaincu de nombreux princes protestants et consolidé sa base d’opérations, Gustave-Auguste inflige aux catholiques une défaite, en novembre 1631, qui marque l’effondrement de l’influence catholique au nord et la poussée vers le sud des forces protestantes. Rappelé par Ferdinand, Wallenstein reprit la tête de l’armée impériale et livra une bataille aux Suédois en Saxe en novembre 1632. Si le sort des armes fut indécis, le fait que l’on compte alors parmi les victimes le roi de Suède semble indiquer un nouveau retournement du sort.
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Mais le sursaut protestant avait déjà eu lieu et avec lui, la chance pour les forces catholiques de l’empire d’imposer le retour de Rome s’était évanouie. La mort du roi ne mit pas fin à l’intervention, la jeune reine Christine choisissant de poursuivre l’effort. Wallenstein fut à nouveau poussé hors de la scène par des nobles jaloux de sa puissance. Cette fois, l’empereur fit assassiner son champion, après l’avoir transformé en rebelle. L’armée impériale demeura fidèle à son empereur et infligea une défaite à l’armée suédoise et au parti protestant en 1635, qui furent obligés de négocier une paix de compromis. L’acte quatre semble prendre fin par cette victoire, qui même si elle propose le retour à la situation d’avant l’Édit de restitution, concède de larges pouvoirs politiques et militaires à l’empereur.
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Ferdinand III succède à son père en 1637, alors que la France catholique décide de s’impliquer davantage au côté des princes protestants contre la puissance catholique des Habsbourg... Cinquième acte : l’offensive française est fulgurante aux Pays-Bas espagnols sur le Rhin et en Allemagne du sud. Mais pas plus les armées françaises que les autres ne parviennent à s’imposer. Au début des années 1640, la lassitude commence à se faire sentir. Pendant que les opérations militaires se poursuivent, des négociateurs se réunissent en Westphalie, à Münster et à Osnabrück. Les pourparlers trainent en longueur pendant quelques années, chaque camp attendant une victoire décisive pour imposer ses termes. C’est alors qu’en 1648, les Suédois s’emparent d’une partie de Prague et les Français occupent la Bavière.
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Coincé entre ce sursaut de ses adversaires, Ferdinand III donne l’ordre à ses diplomates d’accepter les conditions de ses ennemis. L’ironie est qu’après avoir à deux reprises frôlé une victoire totale et remporté plusieurs batailles, l’empire perd la guerre. Et la paix sera douloureuse.
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2.4 — La paix de Westphalie La paix de Westphalie est établie sur trois traités, signés en janvier et octobre 1648, qui mettent fin à la fois à la guerre de Trente Ans (octobre) et à celle entre l’empire espagnol et les Pays-Bas (janvier). Si celle-ci concerne tout de même l’empire (car elle marque le départ définitif des Pays-Bas), ce sont surtout les deux traités d’octobre qui importent ici. Le traité de Münster est signé avec la France, qui obtient l’officialisation de son annexion des trois évêchés occupés dès 1552, étendant sa puissance jusqu’au Rhin, grâce à cette victoire remportée au prix du maintien, sur une moitié de l’Allemagne, du protestantisme Quant à la Suède, ses gains sont entérinés au même moment par le traité d’Osnabrück.
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Elle obtient des bases territoriales au sud de la Baltique (Poméranie occidentale, évêchés de Brême et de Verden), qui lui permettent de se mêler de la politique germanique en gagnant un accès au Reichstag. Les traités concernent aussi l’organisation territoriale de l’empire et de certains territoires (Électorat de Saxe, de Brandebourg et de Bavière). Les traités entérinent la création d’un 8e électorat : en 1623, lorsque Frédéric V fut dépossédé de son titre d’électeur du Palatinat, celui-ci fut transmis à la Bavière. Mais une fois la guerre terminée, l’électorat du Palatinat fut restauré. L’église impériale se trouve privée de la moitié des principautés qu’elle détenait avant la réforme, ce qui fait d’elle, au côté des villes l’un des grands perdants. L’empereur est un autre grand perdant : diverses dispositions des traités remettent en question les institutions des réformes de Maximilien.
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L’empereur perd le droit de déclarer la guerre, de signer la paix et de commander l’armée, prérogatives passant entre les mains du Reichstag. Il s’agit là d’une volonté de la France, désireuse de briser la puissance des Habsbourg : si la famille d’Autriche veut faire la guerre, elle ne pourra plus compter avec certitude sur l’armée du Reich et devra se limiter à ses propres forces. D’une certaine façon, l’État autrichien nait de cette distinction institutionnelle avec l’empire. Quant aux questions religieuses, les traités mettent en place un certain nombre de normes. On note l’abandon du principe Cujus Regio, Ejus Religio, en dissociant complètement la foi des populations de celle de ses maîtres, plaçant une pierre fondamentale dans la construction de l’État de droit, car la religion devient donc une affaire privée.
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La question religieuse est évacuée de la nature du Saint- Empire, ce qui permettra la cohabitation du catholicisme, du luthérianisme et du calvinisme (les « sectes », comme les anabaptistes, demeurent interdites). Enfin, France et Suède s’imposent comme les gardiens de l’ordre westphalien et les traités stipulent que les princes qui considéreront être victimes d’une violation des accords pourront faire appel à l’une de ces deux puissances. À la conclusion des traités, l’empire est désormais composé de 350 États de tailles différentes et possédant des statuts variés.
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3 — Les « derniers » Habsbourg
3.1 — Évolution politique De 1648 jusqu’au dernier Habsbourg direct, le Saint- Empire connaitra quatre empereurs dont les règnes sont passablement effacés. Ce n’est pas étonnant, car la conclusion des traités laisse une place très discrète à l’empereur. Le facteur extérieur joue un rôle important : la confusion entre les intérêts des Habsbourg et ceux de l’empire, alors que la période voit la fin des Habsbourg d’Autriche et de la menace ottomane, fait passer les problèmes de l’empire au second plan.
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Des difficultés supplémentaires sont soulevées par une sorte « d’internationalisation » de l’empire, alors que les traités permettent à certains princes, germaniques ou non, d’accéder à un statut faisant d’eux presque des égaux de l’empereur. Cette internationalisation se manifeste sous deux formes. D’abord certains princes étrangers deviennent maîtres de certains territoires allemands (roi de Suède ou du Danemark). D’autre part, l’interpénétration dynastique fait en sorte que certains princes allemands deviennent maîtres de territoires outre-mer, comme Georges de Hanovre, qui devint en 1727 roi de Grande-Bretagne et d’Irlande, tout en conservant son titre d’Électeur. La Prusse constitue un cas à part, alors que l’Électeur du Brandebourg obtient en 1701 le droit de se qualifier de roi en Prusse, territoire autonome n’ayant jamais fait partie de l’empire.
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Au début du XVIIIe siècle, quatre rois étrangers, dont trois ayant le statut d’électeurs se retrouvent parmi les princes d’empire au Reichstag et les relations entre l’empire et les maîtres de ces territoires prennent de plus en plus la forme de relations avec des États étrangers. Le collège électoral connait au cours de la période des transformations allant dans le sens de l’affaiblissement de l’autorité impériale sur les territoires luthériens et calvinistes et en 1692, la majorité des électeurs sont catholiques. Ces évolutions font de l’empereur un personnage de moins en moins important, les institutions assurant le maintien de l’empire en tant que large confédération d’États devenus pour l’essentiel souverains. Quelques mots sur les personnalités qui, du début de la guerre de Trente Ans à l’extinction des Habsbourg directs, se sont succédé sur le trône.
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Le règne de Ferdinand II ( ), qui succède à Mathias 1er ( ) est occupé par la guerre et l’empereur n’a d’autres préoccupations que celle-ci. Malgré son implication politique, l’empereur s’efface devant les grands chefs militaires, dont Wallenstein. Ferdinand III ( ) succède à son père, les électeurs ne faisant aucune difficulté pour le reconnaitre roi de Rome. Alors qu’il s’est illustré sur le champ de bataille en tant que commandant, Ferdinand ne laissera de trace dans l’histoire de l’empire que dans la mesure où il dût se soumettre aux vainqueurs de la guerre, entrainant le départ de nombreux territoires. Après 1648, les institutions de l’empire et le contexte l’empêcheront de donner la pleine mesure de ses capacités. Il meurt en 1657, laissant le trône à son fils Léopold 1er ( ).
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Léopold, pacifique et cultivé, verra son règne dominé par les guerres contre la Suède (qui prend fin en 1660), l’Empire ottoman ou la France, dans le cadre de la guerre de succession d’Espagne. Héritant d’une situation intérieure plus calme, Léopold s’emploiera à favoriser la reconstruction des terres habsbourgeoises, donnant l’exemple à d’autres princes territoriaux. Malgré sa volonté de créer une plus grande unité économique au sein de l’empire, il se heurtera aux désirs d’indépendance des princes et à une bureaucratie impériale peu en phase avec la réalité économique et politique de l’empire. Joseph 1er ( ) élu roi des Romains dès 1690, est couronné empereur à la mort de son père. Mort de la syphilis à 32 ans à peine, il n’aura pas eu le temps d’avoir de fils (d’autant que son épouse devient infertile par sa faute) ni de faire beaucoup de choses.
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Ses quelques années de règne sont dominées par la personnalité d’Eugène de Savoie, grand chef militaire et prince protecteur des arts, alors que l’empereur lui-même demeure effacé. Enfin, Charles VI ( ) fut couronné empereur à la mort de son frère ainé. Ses premières années sont consacrées à sa lutte pour conserver son trône d’Espagne, qu’il dût abandonner à la France des Bourbons par le traité de Rastatt (1714). Occupé à lutter le reste de son règne pour tenter de conserver certains autres de ses États patrimoniaux, il n’aura qu’un rôle effacé dans le cadre impérial. N’ayant pas de fils vivant à sa mort, Charles VI, par sa Pragmatique Sanction de 1713, laisse le trône des Habsbourg à sa fille, qui mettra beaucoup de temps à s’imposer. Et lorsqu’elle y parviendra, l’empire ne sera plus guère qu’une coquille vide.
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3.2 — Évolution démographique, économique et sociale depuis la réforme
La guerre de Trente Ans fut une catastrophe démographique pour les pays allemands. Même si les évaluations traditionnelles des pertes humaines sont aujourd’hui remises en question, il reste que selon les nouvelles méthodes d’enquête démographique, le pourcentage de pertes serait près de 25 % du total. Les territoires n’ont pas tous été atteints de la même façon, alors que dans le Brandebourg, en Souabe et dans le Palatinat, les pertes ont probablement atteint 70 % de la population. Alors que les pays germaniques venaient de rétablir la population d’avant la Grande peste, cette nouvelle ponction prendra plus d’un siècle à être effacée, au moment même où les autres puissances européennes prennent leur envol économique.
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Les villes ont été moins affectées démographiquement, grâce à leurs murailles et fortifications : les chefs des armées préféraient négocier avec les villes une « contribution » plutôt que de perdre temps et hommes pour réaliser un siège sans garantie de succès. Dans les campagnes, armées et pillards s’en donnaient à cœur joie et les paysans n’avaient guère d’autres choix que la fuite ou la mort. Les villes et les forêts, constituaient la seule chance de salut des paysans qui avaient le malheur de voir l’une des forces passer sur leurs terres. Nombreux sont les villages abandonnés ou détruits. Les destructions sont nombreuses et il faudra du temps pour remettre le pays sur pied. Certaines régions se relèveront rapidement, mais la guerre marque le déclassement définitif de certaines autres.
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C’est le cas de nombreuses villes libres qui durent renoncer à leur statut d’immédiateté pour s’intégrer à un territoire princier. La puissante Magdebourg ne fut plus en mesure de survivre seule et se soumit au Brandebourg, dont la reconstruction fut rapide et efficace. Même dans les cas où elles parvenaient à maintenir leur indépendance, les villes durent souvent céder une partie de leur territoire à des princes territoriaux, qui ont l’avantage de la force. L’une des conséquences sociales les plus remarquables de la guerre est la mise en place de ce que l’on a nommé le « deuxième servage » : au moment où la paysannerie d’Europe commence à secouer ses chaines, en Allemagne, la situation de l’après-guerre favorise la mise en place de systèmes politiques absolutistes et très autoritaires.
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L’absolutisme a le vent en poupe, le XVIIe siècle étant celui de Louis XIV et l’Angleterre de l’après-Cromwell semble un temps prendre aussi cette direction. Mais le cadre étatique des États de l’Ouest fait en sorte que l’absolutisme allège d’une certaine façon la pression sur la paysannerie, alors qu’en Allemagne, les nombreux petits territoires voient les dirigeants accentuer cette pression. Les besoins de la reconstruction favorisent cet absolutisme, car le repeuplement des campagnes encourage les princes à forcer les déplacements de population de diverses façons. Un rôle particulier sera joué par l’intolérance religieuse de certains États dans le repeuplement des territoires. Ce fut le cas des huguenots français chassés par la révocation de l’Édit de Nantes qui s’établirent en particulier dans le Brandebourg, dont les chefs sont désormais calvinistes.
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À l’inverse, les conditions de vie et la reconstruction accélérée sous la conduite de pouvoirs autoritaires vont favoriser le départ de nombreuses populations en Amérique du Nord et vers l’est. Cependant, cette émigration ne sera pas assez importante pour remettre en question le rattrapage démographique. L’économie connaitra des moments très difficiles, car la durée de la guerre a provoqué l’effondrement des réseaux commerciaux, d’autres économies remplaçant la production allemande, disparue des marchés. La reconquête de ceux-ci fut d’autant plus difficile que l’époque voit le triomphe du mercantilisme et du protectionnisme. La production mettra du temps à se rétablir, car en plus des destructions, la crise démographique a entrainé la disparition de deux à trois générations d’artisans, avec leur savoir et leur expérience.
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Seul le temps permettra de compenser cet archaïsation des savoirs et l’arrivée des huguenots en sera d’autant facilitée. Un autre facteur explique les difficultés économiques que connaitra l’Allemagne au cours des XVIIe et XVIIIe siècles : l’absence de colonies, alors que les rivaux européens déploient leur puissance dans le monde. En fait, à l’exception des Provinces-Unies, qui parviendront à se transformer en puissance économique, les territoires germaniques restent à l’écart du mouvement colonial. L’Allemagne est avant tout continentale, mais elle dispose d’un assez long littoral, ce qui d’ailleurs avait fait d’elle une puissance commerciale au Moyen-âge. La raison principale de cette absence est politique : les moyens importants réclamés par les explorations font défaut aux petits États germaniques.
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Ainsi, ils ne peuvent faire jeu égal avec la puissance française, espagnole ou anglaise.
Et tournés vers la consolidation de leurs territoires, les princes territoriaux n’ont guère eu de ressources à consacrer à la projection coloniale. Sans colonie, les territoires germaniques se trouvent exclus des changements économiques en cours. Le manque de ressources, de matières premières et de débouchés comptent parmi les facteurs explicatifs de la faiblesse économique des États allemands jusqu’au XVIIIe siècle. Sur le plan social, la période voit une détérioration générale de la condition paysanne, mais aussi de la classe bourgeoise, sa faiblesse économique finissant par avoir un impact sur son indépendance politique.
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Le siècle est celui du triomphe des États princiers et de la haute noblesse territoriale
Malgré les difficultés économiques, la conjonction de l’affaiblissement économique et politique des autres classes et de l’effacement du pouvoir impérial permettra aux princes territoriaux de développer sur leurs possessions les puissances étatiques qui détermineront l’évolution ultérieure des terres germaniques. Si la chose est évidente pour la Prusse et l’Autriche, c’est aussi le cas, de façon moins spectaculaire, pour d’autres territoires, comme la Bavière ou la Saxe.
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3.3. — Politique étrangère Compte tenu des traités de Westphalie, la politique étrangère de l’empire ne put qu’être très limitée. D’autant qu’au lendemain de la guerre, certains territoires sont occupés par des puissances étrangères. Dans de nombreux cas, elles font chanter populations et princes, exigeant des sommes rondelettes pour prix de leur départ. Malgré la situation, les bourgeoisies urbaines réuniront les sommes nécessaires. La France concentre la rancœur des Allemands et si l’opposition entre les deux moitiés de l’empire de Charlemagne est ancienne, elle atteint alors un nouveau niveau d’intensité. La hargne qui nait alors en Allemagne à l’endroit de la politique française va de pair avec l’attraction culturelle puissante de la France.
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La domination du continent par Paris, ajoutée à cette attraction, provoque un fort rejet de la France au sein de la bourgeoisie et d’une partie du peuple, d’autant plus que la marche de la puissance occupante se poursuit après 1648. C’est le cas de la politique dite des « réunions » par laquelle Louis XIV s’emploiera à rattacher, en Alsace et en Sarre, les territoires autour des villes capturées pendant la guerre de Trente Ans. Cela concerne aussi d’autres villes, comme Besançon et Strasbourg, capturées par la force et par la ruse et qui sont autant d’arrachement du corps impérial. Et il y aussi les comportements des forces françaises, comme l’utilisation pour la première fois dans l’histoire de la tactique de la terre brûlée par Louvier, lors de la retraite des armées françaises dans le cadre de la guerre de la Ligue D’Augsbourg.
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Bref, la période voit l’émergence du côté des Allemands d’un « ennemi héréditaire » dont la politique va contribuer à former une « francophobie » qui facilitera la prise de conscience nationale de la population. Sur le front est, la situation est meilleure. Ici il devient par contre difficile de distinguer la politique impériale de celle de l’Autriche, car certains territoires rattachés à Vienne au cours de la période ne relèveront pas de l’empire, mais de la maison habsbourgeoise. La période voit la fin de la menace turque sur le flanc oriental, car depuis la tentative de Soliman en 1529 pour s’emparer de Vienne, l’État ottoman, en proie à des luttes intestines, n’a guère eu la possibilité de lancer des offensives. La dernière tentative menée en 1683 par les Turcs contre Vienne sera dangereuse, mais la supériorité technique des Autrichiens permettra de repousser l’offensive.
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La contre-offensive qui suivra conduira en 1686 à la libération des terres hongroises.
En 1688, l’électeur de Bavière s’empare de la forteresse de Belgrade, marquant la fin de la menace ottomane sur le monde chrétien, tout en mettant en place les conditions de la confrontation à venir entre Vienne et Saint-Peterbourg pour le contrôle des Balkans. Le royaume de Hongrie sera reconstitué par la suite et placé sous la domination de Vienne. Il en sera de même de territoires situés plus au sud, comme la Croatie. Même s’il ne s’agit pas de territoires du Saint-Empire, la domination autrichienne va favoriser le développement de la culture germanique sur de nombreux territoires peuplés de populations très diverses, mais à majorité slaves et orthodoxes.
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La Guerre de Succession d’Espagne, si elle concerne d’abord et avant tout les Habsbourg, a un impact important sur l’empire, provoqué par la quasi-identification des intérêts de la dynastie autrichienne à ceux de l’empire. Les défaites habsbourgeoises auront logiquement pour conséquence un autre affaiblissement, définitif cette fois, du pouvoir impérial.
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