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Publié parLiane Georges Modifié depuis plus de 10 années
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Introduction à la recherche en science politique Jean-Benoit PILET Université Libre de Bruxelles
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Les grands paradigmes de la science politique
Pour toute réalité, tout objet, de multiples angles de vue sont possibles Chaque approche fait ressortir certains traits plus que d’autres Paradigme (Lakatos) L'ensemble des règles admises et intériorisées comme « normes » par la communauté scientifique, à un moment donné de son histoire, pour délimiter et problématiser les « faits » qu'elle juge dignes d'étude. L’évolution scientifique est animée par la succession des paradigmes (Kuhn) Période normale Accumulation des anomalies Expérimentation de solutions aux anomalies Fragmentation de l’autorité Contestation Institutionnalisation du nouveau paradigme
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L’histoire de la science politique ou la succession des paradigmes
Comme les autres sciences, l’histoire de la science politique est celle d’une succession de paradigmes dominants contestés puis emportés par des paradigmes mineurs La lutte entre paradigmes est aussi bien souvent la lutte entre des chercheurs influencés par des disciplines sœurs Droit: institutionnalisme Economie: rational choice et réalisme (en RI) Sociologie: structuralisme, constructivisme et behaviourisme Le ou les paradigmes dominants varient aussi grandement dans l’espace USA et monde anglo-saxon Europe continentale France
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Avant les paradigmes, la question du rapport à la réalité
Premier débat: Quelle est la nature de la réalité sociale à étudier? Dans quelle mesure la société peut-elle être étudiée de la même manière que la nature? Deux grandes réponses: Positivisme La connaissance scientifique est construite à partir de l’observation des faits (empiricisme). Les faits observés existent indépendamment du chercheur et de ses valeurs/biais. Le but de la science est de produire un savoir testable, vérifiable. La distinction de nature entre science de la société et science de la nature est faible. Réalisme critique Toute réalité sociale est le résultat d’un faisceau complexe d’interactions visibles et invisibles. La connaissance scientifique se construit en allant au-delà de ce qui est directement observables. Le chercheur a une influence sur la réalité observée. Il l’influence (ex: thermomètre). Le savoir se construit par l’échange au sein de la communauté scientifique, et non par des tests reproductibles. La distinction entre sciences de la société et sciences de la nature est grande.
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Les principaux paradigmes depuis les années 1950
Structuralisme Behaviouralisme Rational choice Neo-institutionalisme Constructivisme
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Le premier paradigme: l’institutionnalisme classique (old institutionnalism)
La science politique est l’étude des institutions (= droit) et de leur fonctionnement (≠droit). Exemple: Bagehot, The English Constitution (1867) Collecte d’information sur les institutions dans le plus grand nombre possible de pays Quête du meilleur gouvernement possible, les institutions étant la clef de voute de la démocratie Méthodes privilégiées Analyse des textes légaux Observation directe des pratiques politiques Peu de systématisation méthodologique (proto-science) Les critiques de l’institutionnalisme Incapable d’expliquer les grands bouleversements politiques des années 1930 Modèle athéorique Méthode peu scientifique Modèle niant la place des acteurs, qu’ils soient collectifs ou individuels
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Les trois paradigmes contestataires de l’ancien institutionnalisme au lendemain de la seconde guerre mondiale Structuralisme Behaviourisme Rational choice
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Structuralisme Les institutions sont secondaires
L’objet centrale de la science politique est l’étude des processus sociaux Les processus sociaux sont issus de structures fondamentales; celles-ci sont le plus souvent inconscientes. Le but du structuralisme est de mettre à jour ces structures inconscientes pour expliquer les phénomènes politiques observés (critical realism). Débat sur la nature de ces structures fondamentales. Clivages sociaux (Marxisme – études des luttes sociales, des conflits de classe comme moteur de l’histoire ) Structures économiques (Przeworski- Développement économique et démocratisation;) Poids de l’histoire (Lipset & Rokkan) La culture (Max Weber – L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme) Méthodes privilégiées Observation directe (séjour de terrain) Qualitatif
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Behaviourisme (I) Objet d’étude: Ni les institutions formelles, ni les structures sociales MAIS les individus et leurs comportements. Le savoir scientifique se construit par l’observation. Paradigme né de l’évolution des techniques de collecte de données, et en particulier de l’émergence des enquêtes d’opinion de grande envergure. Approche inductive capable de générer des hypothèses à partir de l’observation de grands invariants. Méthodes privilégiées Enquêtes d’opinion Analyses statistiques (grand N) Quantitatif
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Behaviourisme (II) Les présupposés de base du behaviourisme (assumptions) Les comportements politiques des individus présentent des régularités dans le temps et dans l’espace qui permettront la formulation de lois à prétention universelle. L’analyse des comportements politiques peut être menée de façon neutre par les chercheurs (positivisme). Il n’y a pas de séparation entre la réalité observée (l’apparence) et la réalité fondamentale. Toute proposition théorique doit être confrontée à la réalité empirique. Exemple: Almond & Verba (1965) (autre exemple: Putnam) Culture parochiale (campaniliste) Culture de sujétion Culture de participation
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Rational choice (I) Objet: Ni les institutions formelles, ni les structures sociales MAIS les individus et leurs comportements (=behaviourisme). Le savoir scientifique se construit par des modèles théoriques se basant sur des postulats clairs. Paradigme inspirée de l’économie. Approche déductive: élaborer des modèles explicatifs et des hypothèses sur la base de la théorie avant de les tester (empiriquement ou formellement). Méthodes privilégiées Analyse formelle Analyse statistique Quantitatif
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Rational Choice (II) Les présupposés de base du choix rationnel (assumptions) L’unité de base est l’individu Postulat de départ: la rationalité de l’acteur Objectif premier = la réalisation de ses intérêts Recherche de la stratégie optimale selon le rapport coût-bénéfice Grands thématiques du choix rationnel Le rôle central de l’information (dilemme du prisonnier) Le lien entre intérêt individuel et action collective (free rider – Olson 1965) Le statut des acteurs (veto player – Tsebelis 2002)
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Le dilemme du prisonnier
Prisonnier B Prisonnier A Avoue Se tait 10 ans pour les 2 2 ans pour A et 10 ans pour B 2 ans pour B et 10 ans pour A Libération des 2
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La critique des paradigmes dominants à partir des années 1980
Néo-institutionnalisme Constructivisme
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Le néo-institutionalisme (I)
Triple critique des autres paradigmes: Les approches holistes/structuralistes nient la liberté de l’acteur. Les approches individualistes (behaviouralisme et rational choice) surdimensionnent la liberté de l’acteur et leur recherche des invariants dans les comportements nient trop les spécificités contextuelles. Les institutions ont été trop radicalement mises de côté Réponse du néo-institutionnalisme Objet: les institutions au sens large Le retour des institutions comme variable dépendante et comme variable indépendante (Bringing the State Back In, Rueschemeyer & Skocpol 1985). Il faut étudier le rôle médiateur du contexte institutionnel sur les comportements individuels. Les acteurs ont une rationalité limitée, conditionnée par les institutions. Approche hypothético-déductive
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Le néo-institutionnalisme (II)
Les présupposés de base du néo-institutionnalisme Les institutions ne sont pas strictement formelles, mais sont aussi informelles. Les institutions comptent: elles structurent les comportements des acteurs. L’histoire compte: les héritages du passé à se sédimenter et à limiter les marges de manœuvre des acteurs (path-dependence) Exemples Skocpol (1979) et le lien entre succès des révolutions sociales et force de l’appareil étatique à renverser Pierson (1994) et la résistance au changement des institutions du Welfare State
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Le constructivisme Surtout basé sur une critique des paradigmes positivistes – choix rationnel (réalisme) et behaviourisme: Il ne faut pas travailler sur la réalité objective mais sur la réalité perçue Constructivisme s’impose surtout en RI Présupposés de base du constructivisme Objet les perceptions de la réalité Les intentions des acteurs, le sens qu’ils donnent à leurs actions La réalité est construite socialement Elle est le fruit de l’interaction sociale, de l’intersubjectivité Elle est conditionnée par les croyances des acteurs (beliefs), leurs perceptions et leurs valeurs (values)
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Les paradigmes en relations internationales
Réalisme et néo-réalisme (// rational choice) Idéalisme et néo-libéralisme Constructivisme Post-modernisme Vu en détail dans le cours de MA1 – Relations internationales (Mario Telo)
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