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Histoire du christianisme
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Question du cours 7 Montrer comment l’Église du XIIIe siècle, et singulièrement la papauté, réagissant à la découverte de l’existence de certains mouvements populaires de dissidence par rapport au modèle monastique et clérical qui s’est imposé, développe une stratégie de contrôle idéologique totalitaire de la société européenne qui transforme la dissidence en crime antisocial, recherché activement (Inquisition), et où les suspects sont présumés coupables et sans capacité de juste défense. Le délit d’opinion est devenu un crime, en droit, punissable de mort; cela va hanter, sous différentes formes, l’appareil de justice occidental jusqu’à ce jour. L’Église catholique a reconnu en l’an 2000 sa faute historique à cet égard. Louis Rousseau
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La dissidence religieuse aux XIIe et XIIIe siècles
Mouvement dualiste d’origine bulgare (Bogomiles) au Xe s. Manifestations hérétiques de type: ascétisme, renonciation au monde, rejet de l’Église cléricale Orléans, 1022, quelques chanoines, bûcher laïc Milan, 1028, lynchage par la foule des hérétiques de Monteforte Soisson, 1114, groupe de renonçants, lynchage par la foule Cologne, 1143, lynchage d’un groupe cathare contre volonté du clergé Vaudois, 1173+, France sud, nord d’Italie, schisme populiste sans hostilité populaire Hiérarchie catholique n’approuve pas la peine de mort pour hérésie Source : M. Paiement, Louis Rousseau
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Répression de l’hérésie : montée d’une convergence du droit civil et du droit canonique
Convergence des droits Redécouverte du code romain de justinien (527-65) qui fait l’équivalence entre hérésie et trahison : peine de mort Canonistes relisent Augustin et Léon le Grand qui pensent que l’autorité civile peut contraindre les hérétiques insensibles à la discussion Les Commentaires du juriste Gratien (1140) acceptent l’intervention de l’État, suppression du droit de propriété et peine de mort si décrétée par autorité légitime et pour le bien commun Entrée en scène de la papauté Alexandre III, concile de Tours (1163) Entrée de la procédure inquisitoire : juge à l’initiative de la poursuite avec maximum de pouvoir Lucius III, avec Frédéric Barberousse (1184) répression de l’hérésie fait partie du devoir constitutif du pouvoir politique et valorise sa légitimité (Ad abolendam). Tribunal épiscopal envoie coupables aux autorités laïques Innocent III (1199): Vergentis in senium Définition de la peine : confiscation des propriétés terriennes par seigneurs voisins, sans droit d’appel ni droit des héritiers. Terres remises après repentance [les hérétiques visées sont des propriétaires!] « La bulle Vergentis in senium, fulminée le 25 mars 1199 par Innocent II, assimile l’aberratio in fide à la lèse-majestée divine, portant les mêmes peines que les atteintes à la majesté impériale. Crime formidable, l’hérésie implique la substitution à la procédure accusatoire de la procédure inquisitoire, don’t Innocent III pose également les règles. Si le concile du Latran IV interdit d’appliquer l’ordalie aux dissidents, il laisse place en ce qui concerne ceux-ci à l’arbitraire du juge. Tout cela montre que la lutte contre l’hérésie appartient aux moyens et aux formes de la centralisation de l’Église comme de l’affirmation du magistère pontifical. L’Inquisition se situe dans la logique d’un processus enclenché dès le milieu du XIIe s. par Eugène III. » Biget, 2002, 718. Louis Rousseau
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Cas-type d’hérésie : le mouvement cathare (XIIe-XIVe s.)
Dissidence qui s’inscrit dans le mouvement d’évangélisme radical, amplifié par la réforme ecclésiastique du XIes. Une scission de l’univers entre le Bien et le Mal, confirmée par les persécutions. Parenté de cette vision avec l’orthodoxie Univers = champ de combat entre forces du Mal et celles du Bien Mépris et rejet du monde chez les Cisterciens et Ordres nouveaux Haine du corps, de la chair, du sexe + pratique héroïque de l’ascèse Un christianisme sans Incarnation ni Passion Une interprétation exclusive du Nouveau Testament Jésus révèle les préceptes de bonne vie et le sacrement qui permet aux hommes de retrouver la lumière : le baptême par l’Esprit Paraclet, « la consolation » [consolamentum] Une Église de « parfaits », les « Bonhommes » menant une vie évangélique exemplaire ayant renoncé à tout ce qui est matériel; proches des fidèles. Ils administrent le consolamentum par imposition des mains, à la veille de la mort Adeptes appartiennent à la petite aristocratie et aux élites urbaines de la richesse et du savoir. Contenu intellectuel dépasse les prêtres + les Moines Une mise au point critique des hypothèses actuelles concernant cette très difficile question historiographique ; « Il est malgré tout certain que le catharisme ne procède pas d’un corps de doctrine globalement constitué et venu d’ailleurs. Il naît à l’intérieur de l’Église et s’avère pleinement chrétien, s’appuyant exclusivement sur des textes bibliques. Entre lui et le manichéisme il n’existe aucun lien, comme entre lui et les Bogomiles, même si l’Église latine dénonce volontiers, dans un contexte antibyzantin, le monde grec comme la source de toutes les hérésies. Des contacts entre les dissidents des 2 sphères ont eu lieu, mais tardivement, après 1180, et il n’existe entres elles ni filiation ni hiérarchie. Autochtones, les hérésies naissent d’abord de l’unification de l’Église qui ne laisse plus d’espace à des marginalités échappant à son magistère. Elle naît aussi de la cléricalisation accentuée de l’Église, bien traduite par l’importance donnée à l’Eucharistie, alors que l’élite des laïcs accédant à la lecture souhaite un contact personnel avec la Bible et avec Dieu. Cette poussée du laïcat, contradictoire avec la cohésion institutionnelle, est naturellement récuusée et rejetée avec force, notamment par les Cisterciens, « constructeurs d » de l’hérésie au XIIe siècle. » Biget, 2002, 231 Louis Rousseau
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Échec de l’action des cisterciens et de la croisade militaire
Échec de l’action missionnaire des Cisterciens Saint Bernard vers 1145 Demande d’aide au chapître de Citeaux (1177) Mission d’aide des rois de France et d’Angleterre ( ) 1204 Arnaud-Amaury, abbé de C. nommé responsible suprême Ne peuvent se plier aux exigences de la prédication pauvre inaugurée par saint Dominique à partir de 1206 Action d’Innocent III à partir de 1198 Remplace l’épiscopat des régions de Narbonne et Auch ( ) Mandate son légat en faveur de Dominique « d’enjoindre à des hommes éprouvés que tu verras propre à remplir cet office, qui n’hésiterons pas, en imitant la pauvreté du Christ pauvre, à aborder les gens méprisés dans une tenue méprisée mais avec un esprit plein d’ardeur, d’aller sans retard aux hérétiques et de les rappeler si bien de leur erreur par l’exemple de leur agir et par l’enseignement de leur dire.. » (1206) Lance croisade contre les « Albigeois » avec support des vassaux de Philippe A. (1208) Béziers Montréal Montségur Montaillou Bataille, siège Massacre, bûcher Événement cathare Château + ruines Louis Rousseau
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Codification et amplification des lois antihérétiques : Latran IV, 1215
Hérétiques refusant de se repentir sont excommuniés et remis au pouvoir laïc Propriétés confisquées et remises aux Seigneurs, sauf biens de l’Église Suspects d’hérésie doivent prouver leur innocence en produisant des témoins disposés à jurer (délai d’un an) Obligation des gouvernants laïcs de punir les prévenus d’hérésie Les Croisés antihérétiques ont les mêmes indulgences que les Croisés de Terre Sainte Perte des droits civiques des hérétiques et de leurs protecteurs Les évêques doivent visiter les lieux réputés hérétiques et faire enquête sur dénonciation assermentée de 3 témoins et + Les évêques laxistes sont relevés de leurs fonctions par le pape Le concile du Latran IV souhaite l’implantation du canon 3 (contre les hérétiques) dans le droit civil. Implantations : Frédéric II intègre la loi canonique dans les Lois de l’Empire de lOuest en 1220 Louis VIII, dans le Royaume français en 1226 Jacques I d’Aragon, en 1233 Mais Frédéric a un mauvais contrôle de l’Italie du Nord à cause des Cités libres et les persécutions en Languedoc ont rendu l’hérésie clandestine. Évêques ne se mettent pas à la tâche de rechercher les hérétiques Pouvoir civil tente de le faire (Blanche de Castille, 1229; Raymond VII de Toulouse, 1223), mais avec peu de résultats. Après la création de « commissions paroissiales de dénonciation », cette institution ne donne rien car elle est trop liée à l’espace social immédiat. Louis Rousseau
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L’Inquisition ou la persécution de l’hérétique 1231-1233
Grégoire IX crée l’institution inquisitoriale Un corps de professionnels éduqués théologiquement, libres de toute autre tâche, sans attache régionale, dépendant immédiatement du pape. L’Ordre des prêcheurs convient parfaitement au mandat (on y associe les Frères Mineurs) Groupe d’hommes biens formés, de style évangélique, sans attache locale, ne dépendant que du pape Ce sera une tâche très secondaire pour les ordres mendiants, loin derrière la prédication Louis Rousseau
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La procédure : 1. Pouvoirs de l’inquisiteur
En principe : sur toute personne de son territoire sauf évêque diocésain et son personnel En pratique : dépend totalement de la collaboration des autorités civiles Tâche énorme : faire changer l’opinion des accusés après avoir établi leur culpabilité Louis Rousseau
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La procédure : 2. Découvrir les hérétiques
Son arrivée dans la zone est signalée Sermon à tous sur la faute d’hérésie et annonce d’une semaine de grâce Inquisiteur attend les dénonciations. Si personne ne vient : Il part ailleurs ou Demande des preuves à tous via commissaire enquêteur Les témoins volontaires sont prêts à tout dire Création d’une liste des suspects convoqués Le refus de se présenter est une preuve de culpabilité Louis Rousseau
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La procédure : 3. Le procès
Chambre close : accusé, inquisiteur, notaire, 2+ témoins, le personnel Anonymat des informateurs pour prévenir vengeance Inquisiteur sensible au degré d’implication Suspect ne peut appeler des témoins en défense ni avoir avocat Juge doit décider qui dit le vrai Si aveu et collaboration : peine pénitentielle seule Enregistrements rigoureux révèle priorité à la conversion Droit de garder en prison de l’I. accusés refusant collaboration Pas d’usage de torture avant 1252 Les « parfaits » cathare, lorsque découverts, ne mentent jamais On peut faire un procès à un défunt. Louis Rousseau
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La procédure : 3. Sentence
Le grand rituel public : Sermo generalis L’inquisiteur n’a pas le pouvoir d’énoncer une sentence sans consultation d’avocats et de confères. Présence de l’évêque L’accusé ayant avoué, sans repentir, est remis aux autorités laïques en recommandant la « pitié » Le condamné est immédiatement brûlé Le tribunal ne décide des pénitences que dans le cas des repentis volontaires : cette contrition est faite sous peine d’être envoyé au civil! Pénitences sévères pouvant subir le test d’une mise en œuvre publique, contraire au sacrement Jeûnes, pèlerinage, port d’un vêtement distinctif Louis Rousseau
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Une appréciation pour le Languedoc
L’Inquisition a substitué les procédures légales aux lynchages et aux massacres Mais « justice » totalitaire et unilatérale Le seul chemin offert à l’accusé est la reconnaissance de sa culpabilité d’opinion Procédure qui « fabrique des martyrs » et de la clandestinité Peu de remises au pouvoir laïcs : Bernard de Caux : 207 sentences, 23 emprisonnements, aucun brûlé : instances papales et épiscopales : 230 emprisonnements, 27 remis aux laïcs Louis Rousseau
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