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Josette Delaporte, Mireille Rosello
Déterminisme Réunion préparée avec Josette Delaporte, Mireille Rosello et Daniel Amat. 1. Étymologie / Définitions 2. Notions / Concepts / Prise de vue: Déterminisme : absolu ou relatif ? 3. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question. 4. En guise de conclusion
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Étymologie et définitions
Déterminisme substantif du verbe déterminer vient du latin determinare qui signifie limiter, fixer. Définitions : Larousse sur internet : • Théorie philosophique selon laquelle les phénomènes naturels et les faits humains sont causés par leurs antécédents. • Enchaînement de cause à effet entre deux ou plusieurs phénomènes. Contraires : indéterminisme, liberté Dictionnaire de philosophie Godin : Le déterminisme est le principe selon lequel les événements de l’univers se produisent selon une loi de succession nécessaire (tout ce qui arrive a une cause et des mêmes causes suivent les mêmes effets). Le principe du déterminisme, tel qu’il a été formulé par Laplace, est une application du principe de raison à tous les phénomènes physiques, voire historiques. Il présuppose un ordre constant dans les phénomènes de la nature et assure à la fois une prédiction théorique et une action technique.
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Notions / Concepts / Prise de vue
Déterminisme absolu ou déterminisme relatif ? Déterminisme absolu (causalité linéaire/prévisibilité totale) : Si le hasard fait échec au déterminisme, c’est au sens de Laplace et de son ‘‘démon’’ qui, s’il avait tout connu dans les moindres détails, aurait pu tout prévoir. Cela suppose qu’il existe une chaîne unique et continue de causes de telle sorte que l’avenir serait tout entier inscrit dans le présent, comme le présent dans le passé. Tout est une question de connaissance : le hasard n’existe pas, il n’est qu’une méconnaissance. Le déterminisme absolu est une sorte de fatalisme dès lors que tout est déjà tramé dans le passé donc écrit d’avance, d’où son appellation de prédéterminisme. Ni hasard ni liberté. Si tout est écrit d’avance, comment pourrait-on agir librement ? Déterminisme relatif (phénomènes chaotiques/probabilisme/prévisibilité restreinte) : Tout événement a une cause, certes, mais cette causalité n’est pas forcément locale et/ou réductible à une chaîne causale unique ou linéaire. La prévisibilité est, dans ce cas, restreinte et c’est précisément le hasard qui, intégré au déterminisme, en trame les limites. C’est le principe des jeux de hasard et des systèmes chaotiques déterministes dont la sensibilité aux conditions initiales est telle qu’ils sont imprévisibles. Le déterminisme relatif n’est pas un fatalisme : il n’exclut ni le hasard, ni l’efficacité de l’action, ni la liberté. Il permet au contraire de les penser. Si le hasard et la liberté existent, comment tout pourrait-il être écrit d’avance ? Même le ‘‘démon ’’ de Laplace ne pourrait-il pas être surpris ? Si admettre une part de hasard c’est renoncer au déterminisme absolu, n’est-ce pas aussi, en gage de la nouveauté et de la liberté, admettre la fin des certitudes ?
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QUESTIONS Tout est-il prévisible ?
L’univers est-il libre ou prédéterminé ? Faut-il regretter la fin des certitudes ?
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Le démon de Laplace, est-ce bien sérieux ?
Tout est-il prévisible ? Animation Daniel Amat Le démon de Laplace, est-ce bien sérieux ? La science contemporaine ne l’aurait-elle pas définitivement désavoué ?
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1. Tout est-il prévisible ?
Le « démon » de Laplace, est-ce bien sérieux ? Est-il bien raisonnable de penser qu’une intelligence puisse tout connaître des causes et du milieu auquel elles s’appliquent pour en prévoir tous les effets avec certitude ? Peut-on raisonnablement penser qu’un jour la science permettra de tout prévoir en certitude (ne fut-ce même que la face gagnante d’un jet de dé, alors qu’on n’en sait pas plus, à ce sujet, aujourd’hui que du temps de Laplace) ? Pour le démon de Laplace , le hasard n’est que ce que l’on ignore. Mais, est-il possible de tout connaître ? La nature ne serait-elle pas définitivement en partie voilée à la connaissance ? La science contemporaine n’aurait-elle pas définitivement désavoué le démon de Laplace ? Dès 1910, la théorie des 3 corps (en attraction gravitationnelle; 3 seulement!) de Poincaré ne montra-t-elle pas toute l’incertitude qui s’attache à la prévision des trajectoires, en raison de leur extrême sensibilité aux conditions initiales ? Dans les années 1920, la physique quantique ne valida-t-elle pas définitivement le hasard ? En définissant une mesure (sur un électron) comme le passage d’une définition par une somme à une position choisie arbitrairement, d’une part ? En affirmant que l’on ne peut à la fois connaître avec précision la position et la vitesse d’un électron (Incertitude quantique d’Heisenberg), d’autre part ? En 1970, la théorie du chaos, puis les fractales en 1974 ne vinrent-elles pas corroborer le fait que la complexité chaotique se nichant dans les choses les plus simples, le hasard existait bel et bien ? Déterministe, Einstein ne voulut pas y croire. Dieu ne joue pas aux dés, disait-il. Niels Bohr, l’un des pères de la physique quantique lui rétorqua : Arrêté de dire à Dieu ce qu’il doit faire ! Or, près d’un siècle après, c’est toujours à la vision indéterministe de Niels Bohr que la science donne raison. Si tout n’est pas prévisible, cela ne prouve-t-il pas que le hasard existe ? 6
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L’univers est-il libre ou prédéterminé ?
Animation Mireille Rosello La capacité innovante de la nature n’est-elle pas incompatible avec le prédéterminisme ? Quid de la liberté humaine ? Le prédéterminisme n’est-il pas à la fois un fatalisme et un finalisme ? Les causes du présent sont-elles passées ou présentes ?
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2. L’univers est-il libre ou prédéterminé ?
Etre libre c’est faire ce que l’on veut. Mais faire ce que l’on veut, choisir librement, comment cela serait-il possible sous l’emprise du déterminisme absolu où tout serait prédéterminé ? Quelle place la création, la nouveauté, l’initiative pourraient-elles avoir dans un univers où le prédéterminisme règnerait en maître ? En retenant l’arborescence comme concept fondamental, la théorie de l’évolution ne réfute-t-elle pas à chaque bifurcation le prédéterminisme au profit du déterminisme innovant ? La capacité d’innovation de la nature ne tend-t-elle pas à prouver l’existence d’une certaine liberté de l’univers ? Prédéterminé ? Le prédéterminisme n’est-il pas de facto du fatalisme ? En effet, si tout est écrit à l’avance, comment ne pas croire au destin ou à la fatalité ? Le prédéterminisme n’est-il pas de facto du finalisme ? Si ce n’est dans un certain but, en vue d’une certaine finalité, pourquoi faudrait-il écrire l’histoire à l’avance ? Si seul le présent (dont nous faisons partie) existe, ne contient-il pas à la fois cause et effet ? Dans ces conditions, comment le passé, qui n’est plus, pourrait-il gouverner l’avenir, qui n’est pas encore ? Et le démon de Laplace prédire absolument ce qu’il sera ? Si rien n’existe qu’au présent, comment l’univers pourrait-il être prédéterminé ou prédit avec certitude, fut-ce même par le démon de Laplace ? Ni totalement libre, ni prédéterminé (absolument déterminé), l’univers dont nous faisons partie, ne serait-il pas le fruit du hasard et de la nécessité, comme le dit Démocrite ? A la fois, enfant du déterminisme et de la liberté ? 8
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Faut-il regretter la fin des certitudes ?
La limitation de prédictibilité des connaissances n’est-elle pas garante de contreparties positives ?
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3. Faut-il regretter la fin des certitudes ?
« Ce qui émerge aujourd’hui » écrit Ilya Prigogine (prix Nobel de chimie en 1977) en conclusion de son livre La fin des certitudes (1996) « est donc une description médiane, située entre deux représentations aliénantes, celle d’un monde déterministe et celle d’un monde arbitraire soumis au seul hasard. Les lois ne gouvernent pas le monde, mais celui-ci n’est pas non plus régi par le hasard. Les lois physiques correspondent à une nouvelle forme d’intelligibilité qu’expriment les représentations probabilistes irréductibles. Elles sont associées à l’instabilité et, que ce soit au niveau microscopique ou macroscopique, elles décrivent les événements en tant que possibles, sans les réduire à des conséquences déductibles et prévisibles de lois déterministes. » Si la réalité nous est irréductiblement voilée, notamment parce qu’elle s’écrirait en même temps qu’on la lit, ne faut-il pas renoncer au prédéterminisme et accepter la fin des certitudes ? A jamais, le démon de Laplace ne saurait-t-il prédire que le probable ? Faut-il la regretter ? Si admettre une part de hasard c’est accepter l’incertitude, en revanche, cela ne permet-il pas l’émergence du nouveau ? Si accepter l’incertain et se contenter du probable limite la connaissance prédictive, cela ne permet-il pas de laisser une place à la liberté et un sens à la responsabilité ? Accepter une part d’incertitude en reconnaissant une part d’irréversibilité historique au niveau des phénomènes de la matière ne permet-il pas enfin un rapprochement conceptuel des sciences de la matière (dites dures) et des sciences humaines (dites molles) ? L’incertitude serait-elle condition de la nouveauté, de la liberté et de l’unification des sciences ? Si l’on peut regretter la fin des certitudes en tant que limitation de la prédictibilité des connaissances, ne faut-il pas s’en réjouir dès lors qu’elle permettrait la nouveauté et la liberté ainsi qu’une réconciliation conceptuelle des sciences de la matière et des sciences humaines ? 10
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Ne nous appartient-il pas de rendre ce destin joyeux ?
En guise de conclusion Dans le droit fil de la pensée d’Ilia Prigogine, écoutons Trinh Xuan Thuan (Astrophysicien professeur à l’université de Virginie aux USA) : « Avec la théorie du chaos, le hasard et le non-déterminisme ont envahi non seulement la vie de tous les jours, mais aussi le domaine des planètes, des étoiles et des galaxies. Débarrassée de son carcan, la nature peut enfin innover et créer. [..] Le chaos a libéré la matière de son inertie : il permet à la nature (homme compris) de s’abandonner à un jeu créatif, de produire du nouveau non contenu implicitement dans ses états précédents. Son destin est ouvert. » Ne nous appartient-il pas de rendre ce destin joyeux ?
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Prochaines réunions MDS Agde : Café-philo de 18h30 à 20h :
"Ataraxie" (tranquillité de l'âme): mardi 15 janvier "Inné-Acquis" : mardi 12 février "Transcendance" : mardi 12 mars "Confiance" : mardi 9 avril MAM Béziers : Fête de la philo " Vivre ensemble " du 23 au 27 janvier : dont une conférence d’André Comte-Sponville samedi 26 janvier à 18h " Amour, générosité, solidarité, trois façons de vivre ensemble ? " Café-philo " Le hasard existe-t-il ? " : mercredi 20 mars de 18h30 à 20h Toutes les informations et documents sont disponibles sur : 12
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Joyeuses fêtes de fin d'année à tous !
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