CONFERENCE Thème: L’ARGUMENTATION PAR L’EMOTION

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1 CONFERENCE Thème: L’ARGUMENTATION PAR L’EMOTION
Jean-Marie Andoh Gbakré Université Peleforo Gon Coulibaly Jean-Marie Andoh Gbakré Université Peleforo Gon Coulibaly Conférence présentée par :

2 l’argumentation et l’émotion
Parvenir à faire comprendre à l’autre le sens des idées qui lui sont soumises est essentiel en communication, mais l’argumentation en exige plus. En plus de le lui faire comprendre, elle vise à le faire agir. Quel est le lien entre l’argumentation et l’émotion dans l’entreprise de persuasion ? L’émotion a des caractéristiques à la fois physiologiques et discursives : Les premières intéressent plus les sciences dures. Les secondes, quant à elles, sont l’affaire des sciences du langage. Argumentativement, les sciences du langages privilégient la relation entre les usagers et les mots utilisés pour exprimer leurs affects.

3 1 Bref aperçu théorique L’EMOTION EN ARGUMENTATION :
L’émotion agence un double caractère primaire et social dans sa définition. En tant que manifestation psycho-physiologique due à un événement spontané, elle a le sens d’une réaction primaire. Du latin motio qui signifie ‘mouvement’, elle se définit intrinsèquement comme « l’action d’émouvoir ou le résultat de cette action » (Robert, 1984 :450). L’émotion connaît une approche évolutive : C. Darwin (1872) et N. Frijda (1987) vont distinctivement y déterminer des dimensions spontanées et culturelles. Il est revenu à J. Cosnier (1994) de traduire l’unicité des valeurs qui en résultent dans le partage affectif d’un sujet à autrui.

4 1 Bref aperçu théorique L’EMOTION EN ARGUMENTATION :
Les nouvelles tendances en linguistique s’approprient ces réflexions pour tenter de donner une forme d’étude aux émotions. B. Mrabti (1995) propose une combinatoire des noms de sentiments. K. Orecchioni (2000) en s’interrogeant sur la place des émotions dans la linguistique du XXème siècle fait un bilan des avancées dans ce domaine. P. Charaudeau (2000) s’intéresse aux effets pathémiques qu’elles entraînent dans un système de médiatisation de l’information. Ces différents travaux favorisent une approche conceptuelle des émotions en linguistique.

5 1 C. Plantin (1998) et R. Micheli (2013) Bref aperçu théorique
L’EMOTION EN ARGUMENTATION : Bref aperçu théorique D’autres réflexions : L’action vers l’autre C. Plantin (1998) et R. Micheli (2013) Leurs travaux, d’aspects méthodologiques, constituent un tournant important dans la saisie du caractère discursif des émotions du sens aux effets. L’action sur soi-même Avant d’être un discours, l’émotion est d’abord un éprouvé. Cela suppose qu’elle a une dimension cognitive L’expression porte un état d’âme dont le partage véhicule au moins deux enjeux.

6 1 Bref aperçu théorique L’EMOTION EN ARGUMENTATION :
En argumentation, l’émotion présente le double aspect de charge et de décharge. L’émotion véhicule ainsi les intentions du locuteur et est susceptible d’entraîner des résultats efficaces.

7 2 + + + La désignation directe La désignation indirecte 2.1 2.2
Du fonctionnement de l’émotion en argumentation Deux caractéristiques essentielles permettent de distinguer le mode de parution de l’émotion dans le discours. La désignation directe L’émotion est attribuée à un lieu psychologique pour rendre compte d’un état affectif. R. Micheli (2013) parle d’émotion dite 2.1 Pas de rapport inférentiel entre l’éprouvé et le sujet. B. Mrabti (2005 : 88) détermine à ce type de fonctionnement la caractéristique suivante : La désignation indirecte 2.2 + L’émotion est dénotée et explicitement exprimée en relation avec le concerné. un sentiment de Nom de sentiment + + Pierre éprouve, ressent de Art Nom de sentiment

8 je suis heureux. a- b- Marie est triste. Les étudiants
ressentent de la joie. Les adjectif et substantif ‘triste’, ‘joie’ traduisent une émotion spécifique qui se rapporte aux lieux psychologiques ‘Marie’ et ‘étudiants’ Cet éprouvé peut s’exprimer par le sujet lui-même : Il peut lui être attribué sous la forme d’un constat fait par un tiers comme en a et b. je suis heureux.

9 2 La désignation directe La désignation indirecte 2.1 2.2
Du fonctionnement de l’émotion en argumentation La désignation directe Ce que l’on éprouve peut être porté à connaissance par acte de déduction. Sans être dite, une émotion peut être attribuée à un sujet X en fonction de ce qu’il exprime. 2.1 La désignation indirecte 2.2

10 désaveu c- indignation Je marque mon désaccord face à de
mécontentement indignation c- Je marque mon désaccord face à de tels agissements. Le substantif ‘désaccord’ exprime une posture et non une émotion. C’est dans la substance de l’énoncé que se perçoit l’émotion exprimée.

11 2 La désignation indirecte 2.2 Selon Z. Kovecses :
Du fonctionnement de l’émotion en argumentation La désignation indirecte 2.2 Par ailleurs, R. Micheli (2014), en s’appuyant sur les travaux de C. Plantin (1998 ; 1999), va distinguer les émotions montrées des émotions étayées. Selon Z. Kovecses : « Certains mots peuvent exprimer des émotions : les exemples incluent ‘’Merde !’’ quand on est énervé, ‘’Waouh !’’ quand on est enthousiaste, ‘’Beurk !’’ quand on est dégoûté, et beaucoup d’autres ». * Les émotions montrées : l’interprétation procède de l’aval vers l’amont * Les émotions étayées : l’interprétation procède de l’amont vers l’aval

12 2 enjeux La désignation indirecte d’une argumentation par l’émotion.
Du fonctionnement de l’émotion en argumentation La désignation indirecte 2.2 Si l’émotion directe thématise une argumentation, l’émotion indirecte permet de construire insidieusement une argumentation. Peuvent alors se dégager les possibles enjeux d’une argumentation par l’émotion.

13 3 Des enjeux de l’argumentation par l’émotion Elles sont soit jugées incohérentes ou inadaptées aux nouveaux défis sociaux, soit ce sont les personnes elles-mêmes qui selon les éventuelles mutations qu’elles opèrent dans le temps et dans l’espace n’arrivent plus à s’y adapter même lorsqu’elles ne sont pas mauvaises en soi. L’émotion aide à construire la vision du sujet, laquelle vision convoite le statut de vérité situationnelle à vérité universelle. L’argumentation par l’émotion combine ainsi des enjeux tant relatifs au sujet dans sa nature humaine qu’à une redéfinition d’un ordre social établi. Autant la personne morale du locuteur (ethos) peut influencer le discours tenu, autant le discours dans sa nature peut tendre à susciter chez l’auditoire des effets émotionnels (pathos). L’éprouvé affectif qui amène un sujet à argumenter ne relève pas d’une simple envie passagère de vouloir dire, mais il s’agit d’une mutation profonde qui prend l’allure d’un projet argumentatif. Les pratiques sociales renvoient souvent à des contradictions selon les relations inter-humaines.

14 L’émotion en argumentation associe aux effets envisagés la raison du discours. Le maître-mot est l’efficacité. L’argumentation en tant que telle est formelle sur ce principe du changement par le jeu d’idées. Le rôle de l’émotion est d’impulser le raisonnement en donnant une force d’action aux mots. La désignation peut être directe, dans ce cas, l’émotion est dite et non inférée. Exprimée indirectement, l’émotion participe au jeu du discours et peut être montrée ou étayée. Les enjeux possibles visés sont d’abord systématiques d’un équilibre cathartique chez le locuteur avant de tendre vers une visée de transformation d’un état en fonction du but recherché.

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