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M1 (2019). Introduction: L’exil (I).
1) Le vocable latin EXSILIUM signifie “exil” et “bannissement”. Il faut savoir que le verbe latin EXSILIO veut dire : “sauter hors, s’élancer hors, bondir”. Le second mot provient du vieux francique “ban”, un territoire délimité dont les bornes sont énoncées par la tradition et soumis à une autorité. Une des significations, en allemand, du mot “Bann” est ostracisme. En anglais, le terme est “banishment”, alors qu’en espagnol est “destierro”. Signalons aussi que Flüchtling (Réfugié, fugitif en allemand) vient du verbe « flüchten » : fuir, s’échapper. C’est le sens aussi de fugh En grec ancien. 3) Les exils à partir de la fin du XIXème siècle: exils massifs, de longue durée, qui, parfois, provoquent des dépenses à la charge des pays d’accueil, mais aussi la mise en place d’institutions caritatives, d’églises, d’hôpitaux par les organisations appartenant aux réfugiés. Les juifs de l’europe de l’est et de la russie, les arméniens et les Russes blancs sont les exodes les plus importants. Migrations et exils commencent à être mêlés inextricablement. C’est le cas de l’exode juif. Puis, il faut signaler l’exil antinazi et juif allemand, l’exil antifasciste italien et l’exil républicain espagnol. 4) trois dates à retenir: 1921: Haut-Commissariat pour les réfugiés, sous les auspices de la Société de Nations. L’objectif fondamental est d’aider les populations russes et ukrainiennes sous contrôle des armées blanches. Mais c’est une aide biaisée. Fridjof Nansen propose en 1922 la création d’un passeport international pour les apatrides qui veulent rentrer en Russie. Le passeport s’élargit aux Arméniens et à d’autres nationalités balkaniques. 1951: convention de genève. Ratifiée par 145 États, elle définit le terme « réfugié » et énonce les droits des personnes déracinées, ainsi que les obligations juridiques des États pour assurer leur protection. 5) aujourd’hui l’exil, depuis la crise des boat-people (1975) est devenu un phénomène planétaire: presque 26 M de personnes exilées et demandeurs d’asile (+ 40 M de déplacés internes), Le Monde, 29 mai --.
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M1 (2019). Introduction: L’exil (II).
La signification d’exil renvoie à un pays natal qu’on doit quitter. Mais, parfois, on parle aussi d’exil « volontaire » ou d’exil “intérieur”. Quelle est la part de volonté dans la décision de prendre le chemin, la route de l’exil? Fuite, “bondissement”? Les migrants, est-ce qu’ils quittent leur pays d’une manière volontaire? Cela pose le problème de la distinction entre migration et exil. Vaste sujet…Il y a des chercheurs qui considèrent les migrations comme faisant partie des exils. C’est le cas d’alexis nouss: »Le noyau existentiel, commun à tous les sujets en migration, nous le nommons exiliance, à la fois condition et conscience », La condition de l’exilé, 2015, p. 26. il va à l’encontre des administrations, relayées par les journalistes, qui usent du vocable « migrants » là où les organisations d’aide aux dits migrants parlent d’exilés. Mais même nouss affirme: »La migration peut se donner en chiffres, l’exil exige des mots au point que la recherche actuelle accorde une place essentielle au récit », A.Nouss, ibid., p. 34.
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M1 (2019). Introduction: L’exil (et III).
Pour Massimo Livi Bacci ce qui définit les migrations, c’est la recherche de meilleures conditions de vie, pas uniquement la tentative d’améliorer la situation financière. Les exilés, d’après lui, émigrent pour « fuir la dégradation de leurs conditions de vie ». Ce sont des migrants à part entière. Par ailleurs, il considère que les migrations —contrairement à l’idée véhiculée par les médias et les états— ne sont pas un phénomène épisodique ou accidentel, voire catastrophique de l’histoire de l’humanité, mais « structurel » de la condition humaine. Je vais me situer à mi-chemin entre les thèses de nouss et celles de bacci: l’expérience de l’exil recoupe à certains égards celle des migrants (déchirement, souffrance, désorientation, etc), mais pas complètement. L’ espoir est plus vif chez les exilés que chez les migrants: retour (parfois impossible), utopie, post- messianisme…la nostalgie est un état d’esprit plus répandue chez les migrants que chez les exilés. Le déracinement et la duplicité nationale sont des phénomènes différents chez les uns et chez les autres. L’auto-perception de l’exilé est parfois celle d’un témoin, un témoin embarrassant des horreurs du xxe siècle; celle de l’immigré d’un invisible de l’histoire, mais c’est vrai aussi que les exilés ont le sentiment d’être invisibles. Par ailleurs, le sentiment d’appartenir à un groupe est plus fort chez les exilés même si parfois ou souvent, selon les cas, ils se retrouvent dans la solitude. L’exilé, choisit-il le pays d’accueil? Non. L’émigrant: souvent, même si parfois il n’a pas le choix. L’exilé rarement peut rentrer dans son pays natal; l’émigré oui mais en fonction des revenus et de la situation du pays natal. L’exilé peut détester son pays natal, mais aussi l’aimer passionnément; les immigrés? Rancœur? L’exilé, en général, a un sentiment de gratitude envers le pays d’accueil; les immigrés, parfois oui, mais peuvent se sentir des hôtes non invités…
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