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Publié parAlfonse Delannoy Modifié depuis plus de 11 années
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DISCIPLINA MILITARIS Dans l’armée, la discipline est très stricte. Lorsqu’un soldat est enrôlé, il prête un serment religieux, le sacramentum, par lequel il jure d’obéir à ses chefs militaires. Si le soldat brise ce serment, on considère qu’il commet un crime contre les dieux et il devient sacer : quiconque alors a le droit de le mettre à mort. Ainsi soumis à la discipline de ses supérieurs, le soldat subit un entraînement difficile et continuel qui lui évitera de sombrer dans l’oisiveté et la mollesse : il marche quotidiennement plusieurs heures, chargé de son armement et d’un équipement très lourd, mange frugalement, s’exerce durement et construit à chaque étape un camp fortifié entouré d’une palissade constituée des pieux transportés par chacun. Pour récompenser le courage des soldats, des récompenses honorifiques leurs sont attribuées : éloges (laudes), colliers (torques), médailles (phalerae), armes d'honneur (hastae purae) ou couronnes (coronae). Mais les soldats récalcitrants à la discipline sont sanctionnés : privation de la solde (stipendium) ou de la part de butin (praeda), dégradation, renvoi honteux au domicile alors que la campagne militaire continue, châtiments corporels. Un soldat ayant fui devant l'ennemi ou s'étant même juste montré indiscipliné, peut être mis à mort par décapitation sur ordre du général. En cas de grave défaite, les chefs militaires peuvent même procéder à la décimation, decimatio, qui consiste à exécuter au hasard un légionnaire sur dix. Dans ce cas, l’unité est considérée comme collectivement responsable. Le soldat n’existe plus que pour sa fonction dans le groupe. Les officiers entretiennent ce patriotisme d’unité avec le culte rendu aux emblèmes militaires qui personnifient l’unité dans laquelle servent les soldats. C’est le consul Marius qui donne à la légion son emblème commun, l’aigle, associé au dieu des dieux, Jupiter. Le fondement de la discipline romaine réside dans le respect de la hiérarchie et dans la subordination de chacun à la cité. C’est cette discipline, qualité essentielle du mos majorum, et les principes de vie qui en découlent – frugalité, sévérité, fidélité aux engagements, qui a longtemps assuré la supériorité militaire des Romains sur les autres peuples antiques. Sur sa stèle funéraire, Cnaeus Musius, aquilifer, ou légionnaire chargé de porter l’aigle, est représenté décoré de deux torques et neuf phalères. La couronne civique composée de feuilles de chêne est, pour les Romains, la plus grande récompense militaire. Elle est attribuée à celui qui a sauvé la vie d'un citoyen romain au cours d'une bataille. Cette décoration est si estimée à Rome que lorsqu'un citoyen se présente en public coiffé de la couronne civique, les spectateurs se lèvent lorsqu'il arrive et une place de choix lui est réservée près de celles des sénateurs. Le possesseur de la couronne civique est exempté de l'obligation de service pour l'Etat. Les chefs militaires ont le droit de vie et de mort sur les soldats. Manlius Torquatus, pour rétablir la discipline et augmenter le pouvoir de son commandement, condamne à mort son fils parce qu’il a vaincu sans son ordre. Vocabulaire aquila, ae, : l’aigle castra, orum, n. : le camp corona, ae, f. : la couronne disciplina, ae, f. : la discipline exemplum, i, n. : l’exemple, le modèle exercitus, us, m. : l’exercice, l’armée laus, laudis, f. : la louange, l’éloge praeda, ae, f. : le butin de guerre sacramentum, i, n. : le serment signifer, eri, m. : le porte-enseigne signum, i, n. : l’enseigne, le drapeau, l’étendard, le signal stipendium, ii, n. : la solde Les soldats reçoivent une éducation qui les préparent à défendre leur patrie; ils baignent dans un univers faisant référence aux exempla de l’héroïsme romain véhiculés à l’école, dans les discours politiques, ou dans les représentations iconographiques. Ci-dessous, une représentation du héros des débuts républicains, Mucius Scaevola. Sur ce denier du Ier siècle avant JC, un aigle légionnaire entre deux enseignes ou signa. Les enseignes ont un rôle tactique sur le champ de bataille et sont l’objet d’un véritable culte religieux. Toute enseigne perdue doit être impérativement retrouvée. Auguste envoie Tibère, son fils adoptif, en Orient pour mener une action diplomatique auprès des Parthes visant à la restitution des enseignes perdues par Crassus. La decursio est une manœuvre militaire destinée à exercer les soldats et à les former à la discipline. Ainsi Scipion l’Africain faisait exécuter à ses troupes tous les 4 jours une decursio de quatre mille pas, soit presque 30 km. Le mot decursio ou decursus désigne aussi un défilé des soldats autour de la dépouille mortelle de leur chef. Commente l’extrait suivant, Vie d'Hadrien, X. « Quoiqu'il préférât la paix à la guerre, il exerça les soldats, comme si la guerre eût été imminente. Il leur apprit à supporter la fatigue, vécut lui-même en soldat au milieu d'eux, prit ses repas en leur présence, et se nourrit, comme eux, de lard, de fromage et d'eau vinaigrée, à l'exemple de Scipion Emilien, de Metellus et de Trajan. Il accorda des récompenses à un grand nombre d'entre eux, et à quelques autres des distinctions, pour les encourager à faire ce qu'il en exigeait de pénible. Il mit un frein au relâchement de la discipline qui s'était instauré après le règne de César Octavien (Auguste) par suite de la négligence des précédents empereurs. » Pour bâtir le camp qui assurera la sécurité de l’armée, les soldats doivent se soumettre à des travaux de fortification qui demandent de gros efforts. Les Romains considèrent le camp comme une supériorité militaire et morale qu’ils possèdent sur les Barbares.
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