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Publié parCésar Tellier Modifié depuis plus de 11 années
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Approche d’une pratique éthique au sein de la famille
Une application des concepts de l’éthique selon le penseur Ostad Elahi ( )
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Ostad Elahi (1895-1974) Humaniste iranien penseur magistrat musicien
D2 : Ostad Elahi, humaniste iranien En tant que penseur, il a développé une réflexion philosophique, morale et spirituelle, dans l’héritage de la tradition aristotélicienne et néo platonicienne via la philosophie arabe et persane. Il a également mené des recherches sur les principes communs aux grandes traditions religieuses et a durant toute sa vie, prôné et pratiqué la tolérance. Pour lui, le premier principe de l’éthique consiste en effet à ne pas chercher à imposer ses opinions aux autres et à respecter la liberté de croyance d’autrui. Notons que ce penseur fut aussi un magistrat reconnu pour sa grande intégrité et son courage, et également un musicien puisqu’il fut le plus grand maître du luth traditionnel kurdo-persan appelé le tanbur. Pour mieux comprendre l’intérêt des travaux du GREIA sur le thème de l’éthique dans le contexte de la famille, je vais tacher de résumer le modèle conceptuel que ce groupe de recherche a pris comme hypothèses de travail.
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La pensée d’Ostad Elahi
Transcendance La transcendance, ou plutôt l’Intelligence transcendante. Pour Elahi, la source transcendante est unique et commune à tous les hommes, quelque soir leur croyance et le nom que les traditions de pensée lui ont donnée, (Yahvé, Dieu, Allah, le divin, le Bien, l’Absolu, etc.). l’être humain l’éthique L’originalité de sa pensée tient à la manière dont elle articule ces trois domaines. Être humain Ethique
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Transcendance et être humain
Pour Ostad Elahi, à l’instar de nombre de penseurs avant lui, il y a dans le soi de tout être humain un germe transcendant (étincelle divine), à l’origine notamment de sa capacité rationnelle et de sa conscience morale. C’est ce germe en lui qui fait qu’il peut éprouver une aspiration au bien, à la beauté, à la justice, à la vérité, qui lui permet de se questionner sur le sens de la vie et de la mort, d’agir de manière éthique, etc. Par ce germe transcendant en lui, l’homme, qu’il se dise croyant ou pas, est donc en relation permanente avec la Transcendance, même si c’est la plupart du temps à son insu car ce germe a besoin d’être activé et nourri pour que cette relation devienne consciente. germe transcendant de l’être humain
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Le perfectionnement de l’être humain par l’éthique
Transcendance Développement de son humanité Dans ce processus de perfectionnement, dans ces lois de développement du soi, l’éthique joue un rôle déterminant : c’est en effet par la pratique assidue de l’éthique qu’il appartient à tout être humain de cultiver en lui les caractères de son humanité, d’acquérir pourrait-on dire, des vertus, et ainsi de développer sainement son soi. Comment nourrir et activer ce germe transcendant ? Par la pratique de l’éthique : c’est en effet par la pratique assidue de l’éthique qu’il appartient à tout être humain de cultiver en lui les caractères de son humanité, d’acquérir des vertus pourrait-on dire, de développer sainement son soi et de rendre conscient son lien transcendant. Pratique de l’éthique Être humain (germe transcendant)
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La pratique de l’éthique
vouloir pour autrui, et faire pour lui, le bien qu’on veut pour soi-même et ne pas vouloir pour autrui, et ne pas lui faire,ce qu’on ne voudrait pas qu’on nous fasse. L’éthique, fondement de la vie matérielle et de la vie spirituelle Mais en quoi consiste la pratique de l’éthique ? Elle consiste essentiellement à porter son attention sur l’ensemble des droits inhérents à l’existence d’autrui et à mettre en œuvre le respect de ces droits (le droit va ici bien au-delà de la seule notion juridique et correspond à l’ensemble des principes en rapport à l’intégrité, la dignité ou l’humanité d’autrui, autrui étant d’ailleurs pris au sens large). La pratique de l’éthique est donc un ensemble extrêmement vaste de principes qui peuvent se résumer à cet adage universellement connu : vouloir pour autrui et faire pour lui le bien qu’on veut pour soi-même et ne pas vouloir pour autrui, et ne pas lui faire, ce qu’on ne voudrait pas qu’on nous fasse. L’éthique est donc à la fois le fondement de la vie matérielle et celui de la vie spirituelle. En fait, ces deux là ne sont nullement séparées, contrairement à ce que nombre de croyances ont fait valoir, car c’est l’intention éthique intime avec laquelle on conduit sa vie, aussi active matériellement soit-elle, qui définit et permet le perfectionnement du soi. Pour prendre une analogie dans l‘architecture, on pourrait dire que l’intention éthique trace les plans de l’édifice de soi, édifice dont les pierres sont les actes éthiques de la vie quotidienne.
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La relation entre conjoints, socle de la vie éthique
Un contrat moral déterminant applicable au quotidien Le « laboratoire » idéal de la vie éthique par l’effet miroir de la connaissance mutuelle Vouloir pour son conjoint, et faire pour lui, le bien qu’on veut pour soi-même et ne pas vouloir pour son conjoint, donc ne pas lui faire, ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fasse. On en vient à présent au cœur de notre thématique puisque, selon Ostad Elahi, c’est la relation entre les conjoints d’un couple qui constitue le socle de la vie éthique. Pourquoi cela et comment cela ? D’une part car la décision de s’engager avec quelqu’un à former un couple dans l’objectif de construire un foyer est bien souvent le premier véritable contrat moral qu’on établit dans sa vie en tant qu’être disposant de sa liberté de conscience et donc en tant qu’être responsable. En tous cas, c’est sans doute l’un des contrats moraux les plus déterminants de la vie. Or, l’éthique pouvant être définie comme la mise en application dans les situations du quotidien des termes, parfois explicites[1], mais dans bien des cas implicites, de ce contrat moral, l’on conçoit dès lors que la relation entre les conjoints puisse constituer, tant par la nature de l’engagement que par la fréquence et la diversité des situations où les conjoints sont en rapport, la base de la pratique éthique. Une autre raison, plus subtile, fait du couple le « laboratoire » idéal pour la mise en pratique des principes éthiques : chacun des conjoints va en effet avoir à ses côtés, la personne qui avec le temps, va le connaître le mieux, et volontairement ou pas, jouer le rôle de miroir de l’ensemble de ses traits de caractère, et notamment de ses défauts. Ainsi, chacun des deux partenaires aura le choix de prendre cette situation comme une formidable opportunité d’améliorer son caractère et de corriger ses défauts, donc de progresser d’un point de vue éthique et humain, ou bien de négliger cette question, voire même de se laisser aller dans son couple à toutes sortes de comportements anti-éthiques. Selon ce qui a été dit tout à l’heure, l’éthique au sein du couple pourrait donc se résumer à vouloir pour son conjoint, et faire pour lui, le bien qu’on veut pour soi-même et ne pas vouloir pour son conjoint, donc ne pas lui faire, ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fasse. [1] Code civil, Art. 212 : « Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours, assistance » et Art. 213 : « Les époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille ».
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Quelques conditions d’une pratique éthique au sein du couple
La nature de l’intention L’itérativité L’intégralité La variété La contextualité L’équilibre A partir du moment où l’on considère que la pratique de l’éthique constitue le socle du travail de perfectionnement de l’être humain, cela signifie que ce travail d’ordre éthique au sein du couple ne peut généralement pas se réduire à la seule pratique plus ou moins intuitive de quelques principes hérités de l’éducation, mais qu’il doit faire, et peut faire, l’objet d’une attention plus soutenue. Sinon, le risque, c’est de voir la routine ravager peu à peu même les bonnes dispositions éthiques de départ. C’est un processus qu’il s’agit d’installer progressivement en soi. Je donnerai quelques illustrations de ce travail éthique dans le cadre de la vie familiale, mais il va de soi que les conditions ici énoncées sont valables de manière générale dans tous les contextes de la vie sociale. Dans le modèle d’Elahi, pour avoir l’efficacité maximale, c’est-à-dire, produire des effets substantiels sur le soi, c’est-à-dire également, rappelons le, favoriser au mieux le développement de l’humanité en l’homme, cette pratique de l’éthique doit répondre à quelques conditions parmi lesquelles : La nature de l’intention. L’intention doit être d’accomplir ce travail éthique avec son conjoint en ayant pour ligne d’horizon, ce qu’on pourrait appeler la noblesse d’âme. Pour se diriger vers cet horizon il s’agit d’apprendre à agir de manière désintéressée. Par ailleurs, l’intention ne doit pas être de corriger l’éthique du conjoint, mais sa propre éthique. Or, l’expérience montre que le glissement, pour ne pas dire le plongeon, de l’un à l’autre est facile et fréquent. l’itérativité : pour qu’un principe éthique devienne une seconde nature, une vertu, il s’agit de le pratiquer sur le long terme. Supposons que dans un couple, l’un des conjoints ait une tendance, plus ou moins consciente, à faire des remarques qui rabaissent ou blessent l’autre. Ce n’est pas en se forçant une seule fois à ne pas le faire qu’il parviendra à vaincre en lui cette tendance installée, mais en s’y efforçant longuement, avec probablement un certain nombre d’échecs à la clé. l’intégralité : quand on décide de pratiquer un principe éthique envers son conjoint, et qu’on fait des efforts pour ça, il arrive à certains moments que ses réactions génèrent en nous une forme d’amertume. Il s’agit d’accepter, et même d’avaler, cette réaction comme partie intégrante du travail éthique. Supposons par exemple qu’ayant découvert, par hasard, que mon conjoint a une activité professionnelle aussi prenante, voire plus, que la mienne, je décide de m’efforcer à participer plus aux travaux ménagers pour le soulager. Il est probable qu’au début, j’aurai tendance à le faire remarquer à mon partenaire et à rechercher ses remerciements pour la moindre poubelle descendue ou le moindre passage d’aspirateur. Et il est fort possible qu’il y a bien des cas où mon attente sera totalement ignorée. Je ne dois pas m’en offusquer et poursuivre mes efforts si je souhaite développer mon altruisme et mon sens de l’équité, car derrière cet exemple un peu trivial, c’est bien quelque chose de cet ordre qui se joue. la variété : de même que pour nourrir son corps sainement, il est nécessaire d’avoir une alimentation variée, pour développer pleinement son soi, il ne s’agit pas de se nourrir en se focalisant sur un seul principe éthique et en négligeant les autres. ex : si l’on base tous ses efforts d’ordre éthique vis-à-vis de son conjoint sur l’équité dans les taches ménagères, en se disant que c’est déjà bien assez, et en négligeant la dimension affective, l’on risque fort de fragiliser sa relation de couple. Ou bien vis-à-vis des enfants, si on ne pratique que l’affection et la tendresse en rejetant tout ce qui est de l’ordre d’une autorité naturelle et nécessaire, on risque d’être confronté à des situations problématiques que l’on sera incapable de gérer, par déficience de cette qualité en nous. Par exemple, lorsqu’il s’agira d’aider ses enfants à redresser d’éventuels dérapages. la contextualité : la pratique d’un principe éthique est dépendante du contexte et ne doit pas tomber dans une pratique aveugle qui ne tiendrait aucun compte des circonstances. Par exemple, s’il est recommandé que les conjoints puissent échanger sur leur pratique mutuelle de l’éthique, notamment en exprimant l’un à l’autre de temps en temps les points de comportements qu’il pourrait améliorer, il n’est pas de bon ton que cela se fasse de n’importe quelle manière, à n’importe quel moment ou encore en présence de tiers, sous peine de créer plus de difficultés que ça n’en résoudrait. Ou bien, si l’on souhaite lutter contre une avarice notoire en développant sa générosité, c’est évidemment quelque chose qu’il s’agira concrètement de tempérer si la situation financière du couple se montre fragile. l’équilibre : chaque principe doit être pratiqué de manière équilibrée, sans excès ni défaut. Ainsi, bien que la sincérité et le fait de ne pas mentir soit un élément clé de la pratique éthique, il ne s’agit pas de livrer systématiquement à son conjoint les méandres les plus obscurs de notre âme. Ou encore, supposons qu’on décide de combler une lacune en matière d’affection vis-à-vis de son conjoint, il ne s’agit pas de tomber dans des démonstrations systématiques qui risqueraient de finir par l’agacer et contrarier son désir légitime d’autonomie. La pratique de l’éthique, pour produire des effets, se doit donc d’être un travail d’abord intérieur, tout en nuances, ce qui nécessite attention, réflexion et analyse. Notons que ce travail éthique sera d’autant plus fructueux pour le couple qu’il sera accompli par les deux conjoints, chacun sur ses difficultés propres, et qu’il s’accompagnera de beaucoup d’indulgence mutuelle… Précisons par ailleurs que cette attitude sérieuse visant à s’appliquer à remplir les conditions précitées, ne consiste nullement à se prendre soi-même au sérieux. Ce serait là une marque d’égocentrisme, d’autosuffisance, contraire donc à la visée éthique.
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Les freins à la pratique de l’éthique : le soi impérieux
Le soi impérieux : une instance pulsionnelle hyperactive qui pousse à agir contrairement à l’éthique Stratégies L’inconscience L’oubli Les justifications rationalisantes La paille et la poutre Or, il suffit de prendre la décision d’effectuer un travail d’ordre éthique, surtout vis-à-vis de son conjoint, pour prendre conscience que dans notre pensée, des freins et obstacles nous empêchent presque systématiquement de mettre en œuvre notre dessein et très vite étouffent ou dilapident la motivation à s’améliorer. Ce sont là les effets d’une instance pulsionnelle qu’Elahi appelle le soi impérieux, instance hyperactive en nous qui nous pousse à agir contrairement à l’éthique, et utilise pour cela différentes stratégies dont les plus efficaces sont : l’inconscience : on n’a généralement aucune conscience que cette instance impérieuse existe en nous, ce qui lui permet d’être active en toute tranquillité l’oubli : on oublie de faire ce qu’on a décidé d’un point de vue éthique les justifications rationalisantes, qui parviennent à nous convaincre que finalement, on avait raison de ne pas agir éthiquement. Le déplacement du problème sur le conjoint : on voit la paille dans son œil au lieu de voir la poutre dans le notre. En fait, l’essentiel du travail de perfectionnement du soi consiste à mettre sous contrôle cette instance impérieuse afin de développer une pratique éthique déterminée, persévérante et constructive. C’est là, selon Elahi, qu’entre en jeu l’une des fonctions de la transcendance : en développant une relation intérieure sincère à une référence transcendante, l’être humain reçoit une énergie qui alimente sa démarche spirituelle, suscite en lui un désir du Bien et lui permet de maîtriser progressivement et efficacement les émotions et les pulsions qui le portent à nuire aux autres et à lui-même. Travail éthique = contrôle du soi impérieux = Perfectionnement du soi
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quelques effets de la pratique éthique au sein du couple
Diminution des exigences Développement, du mieux être, de la tendresse et de l’intimité Développement d’un grand capital de confiance mutuelle Effets protecteurs face aux épreuves Effets sur l’épanouissement et l’éducation des enfants Effets sur l’entourage : solidarité sociale L’impact premier, on l’a dit, intervient sur la construction du soi et le développement de notre propre humanité. Parmi les nombreux effets, on peut citer : la diminution des exigences l’un envers l’autre qui sont l’une des causes principales des mésententes dans un couple Le développement d’un véritable mieux-être et d’une tendresse et intimité qui unit le couple par delà la diminution de l’attirance physique, naturelle avec le temps. Le développement d’un grand capital de confiance mutuelle, qui solidifie le couple Le sentiment qu’une sorte d’abondance et de bienveillance entoure le foyer, l’aidant à traverser les épreuves incontournables de la vie, lui permettant également de développer une meilleure réussite sociale et matérielle. Les conséquences sur l’épanouissement des enfants et sur la qualité de leur éducation. Il est en effet reconnu que l’atmosphère qui règne au sein d’un foyer a bien plus d’impact sur les enfants que toutes les paroles moralisatrices qu’on peut leur dire, surtout si ces paroles ne sont pas confortées par les actes que les enfants observent au quotidien chez leurs parents. Les effets sur l’entourage : Un tel couple devient une source de mieux-être pour tout son entourage, une source fiable de conseil et de soutien. L’effet de la pratique éthique du couple déborde en fait le cadre du seul foyer pour s’étendre autour de lui et il est possible de parler d’un effet de solidarité sociale résultant de la pratique éthique au sein de la famille.
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Fondation Ostad Elahi – éthique et solidarité humaine
Contribuer à la réflexion sur l’éthique et sa pratique Conseil de l’Europe Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne)
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