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Chap. 1 / Qu’est ce que la monnaie
Prof :l.l.Alaoui
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1/ Signification du terme « monnaie »
Le mot monnaie a des usages variés, mais il a un sens précis pour les économistes. Pour éviter toute confusion, nous devons préciser en quoi ce sens diffère de l'usage courant.
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Les économistes définissent la monnaie (également appelée l'offre de monnaie) comme tout ce qui est généralement accepté en paiement de biens ou de services ou pour le remboursement de dettes. Le numéraire (ce qu'on appelle communément l'argent liquide) consiste en pièces et billets et correspond à cette définition .
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Mais pour les économistes le numéraire ne représente qu'une petite partie de la monnaie.
Comme les chèques sont aussi en général acceptés en paiement, les dépôts en comptes courants bancaires ou postaux sont également considérés comme de la monnaie. Une définition encore plus large est aussi employée car les dépôts sur des comptes d'épargne peuvent aussi servir de monnaie s'ils peuvent être transformés rapidement et facilement en numéraire ou virés sur des comptes courants. La définition pratique de l'offre de monnaie n'est donc pas simple, même pour les économistes.
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La monnaie est donc plus large que le numéraire, mais plus restreinte que la fortune ou le patrimoine, et différente du revenu, alors même que les expressions courantes les mélangent parfois. Ainsi, « il a beaucoup d'argent» vise le patrimoine et non le seul compte en banque; le patrimoine comprend la monnaie possédée mais aussi tous les autres actifs que sont les biens mobiliers (voitures, meubles, œuvres d'art, titres comme les actions ou les obligations) et les biens immobiliers (terres et immeubles, c'est-à-dire maisons ou appartements).
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Quant au mot argent dans l'expression
« elle gagne beaucoup d'argent », il vise un revenu, soit un flux de gains monétaires par unité de temps, alors que la monnaie est un stock. Parler d'un revenu de euros n'a pas de sens si l'on ne connaît pas l'unité de temps (la journée, la semaine, le mois, l'année), alors que détenir 1 000 euros a un sens précis.
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En résumé, la monnaie comprend tout ce qui est généralement accepté en paiement de biens et services ou en remboursement de dettes, et se distingue du patrimoine comme du revenu.
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2/Les fonctions de la monnaie
Que la monnaie consiste en coquillages, en cailloux, en or ou en papier, elle a trois fonctions principales dans toutes les économies: elle est intermédiaire des échanges, unité de compte et réserve de valeur.
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1-2 /Intermédiaire des échanges
La monnaie sert d'intermédiaire des échanges dans presque toutes les transactions de marché dans les économies modernes: sous forme de numéraire ou de chèque, elle sert à payer les biens et services que l'on achète. L'utilisation de la monnaie comme intermédiaire des échanges améliore l'efficacité économique et permet de minimiser le temps dépensé à échanger des biens ou des services. On s'en rend compte si l'on examine le cas d'une économie de troc, une économie sans monnaie dans laquelle les biens et services sont échangés directement les uns contre les autres.
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Intermédiaire des échanges
Dans une économie de troc, un médecin ne peut manger que s'il trouve des boulangers, bouchers ou restaurateurs qui ont besoin de soins. Au mieux, il doit trouver des intermédiaires prêts à échanger leurs propres biens ou leurs propres talents contre de la nourriture et à lui en échanger une partie contre ses soins. Ces recherches risquent fort d'être longues et coûteuses. Si elles le sont trop, il risque de devoir cultiver lui-même son potager, ce qu'il fera sans doute moins bien qu'un maraîcher, et en tout cas moins bien que soigner.
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Intermédiaire des échanges
Le temps passé à ces recherches s'appelle un coût de transaction. Dans une économie de troc, les coûts de transaction sont élevés car les individus doivent parvenir à une « double coïncidence des besoins»: ils doivent trouver quelqu'un qui possède un bien ou un service qu'ils désirent et qui souhaite acquérir le bien ou le service qu'ils ont à offrir.
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Intermédiaire des échanges
Que se passe-t-il si l'on introduit la monnaie dans un tel monde? Le médecin peut soigner tout malade prêt à le payer, et peut ensuite faire des courses variées avec l'argent qu'il a reçu. Le problème de la double coïncidence des besoins est évité, chacun épargne du temps et le médecin peut se consacrer à ce qu'il fait le mieux: soigner.
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Intermédiaire des échanges
Comme cet exemple le montre, la monnaie augmente l'efficacité économique en économisant une grande partie du temps passé à échanger. Elle l'augmente aussi en permettant à chacun de se spécialiser dans ce qu'il fait le mieux. La monnaie joue donc dans l'économie un rôle essentiel de lubrifiant qui diminue les coûts de transaction et facilite la spécialisation et la division du travail.
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Intermédiaire des échanges
Le besoin de monnaie est si fort que pratiquement toutes les sociétés sauf les plus primitives l'ont inventée. Pour qu'un bien puisse fonctionner effectivement comme monnaie, il doit cependant réunir plusieurs qualités: (1) il doit être aisément standardisé, de manière que l'on puisse facilement évaluer sa valeur; (2) il doit être largement accepté; (3) il doit être divisible pour que l'on puisse facilement « rendre la monnaie» ; (4) il doit être aisé à transporter; (5) il ne doit pas se détériorer rapidement.
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Intermédiaire des échanges
L'histoire montre que de nombreux biens, parfois surprenants, ont réuni ces qualités, depuis les wampums (chapelets) des Indiens d'Amérique jusqu'aux cigarettes dans les camps de prisonniers de la Seconde Guerre mondiale, en passant par des coquillages ou des bouteilles de whisky. L'inventivité humaine en matière monétaire est aussi vaste qu'en matière d'outils ou de langages.
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2-2/Unité de compte La deuxième fonction de la monnaie est de fournir une unité de compte, c'est-à-dire de servir d'unité de mesure de la valeur dans l'économie, On mesure habituellement la valeur des biens et services en termes de monnaie, de même que l'on mesure le poids en grammes et les distances en mètres.
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2-2/ Unité de compte Pour comprendre l'importance de cette fonction, imaginons de nouveau une économie de troc. S'il n'y a que trois biens disons: pomme, soins médicaux , cassette vidéo, on doit connaître trois prix relatifs pour pouvoir échanger : le prix des pommes en soins médicaux (combien de pommes pour une visite médicale), le prix des pommes en cassettes vidéo, et le prix des soins médicaux en cassettes. S’il y a 10 biens, on doit connaître 45 prix relatifs pour échanger les biens les uns contre les autres; avec 100 biens, prix, et avec biens, prix1.
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2-2/ Unité de compte On constate que l'utilisation de la monnaie comme unité de compte permet de réduire les coûts de transaction en diminuant le nombre de prix qu'il faut afficher et examiner. Les gains de cette réduction sont d'autant plus grands que la société est plus complexe et le nombre de biens et services plus élevé.
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2-3/ Réserve de valeur La monnaie sert également de réserve de valeur: c'est un pouvoir d'achat mis en réserve et transférable dans le temps. Une réserve de valeur sert à épargner du pouvoir d'achat entre le moment où un revenu est reçu et celui où il est dépensé. Cette fonction de la monnaie est utile, car en général on ne souhaite pas dépenser son revenu immédiatement quand on le reçoit, et on préfère le garder jusqu'au moment où on a le temps et le désir d'acheter.
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2-3/Réserve de valeur La formule générale qui donne le nombre de prix relatifs entre N biens est celle qui nous dit combien il y a de paires (ici de prix) dans un groupe de N biens, soit: N (N -1)/2. Par exemple, pour 10 biens, on a 10 (10 -1)/2 = 90/2 = 45.
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Exercice L'interdépendance des fonctions de la monnaie et l'arbitrage
Si une heure de travail permet d'acheter 1 kg de viande et que 1kg de viande s'échange contre 10 kg de pain, on s'attend à ce qu'une heure de travail permette d'acheter 10 kg de pain. Reformulons cela de manière plus rigoureuse et examinons à quelles conditions c'est bien vérifié. Supposons qu'il existe 3 biens, A, B, C, et que les prix relatifs soient les suivants: a = AIC (nombre d'unités de A nécessaires pour obtenir une unité de C, b = BIC (nombre d'unités de B pour une de C) et c = NB (nombre d'unités de A pour une de B).
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Supposons maintenant que les échanges aient lieu sans coût.
Si a < b c, un marchand peut emprunter une unité de C, l'échanger contre b unités de B, échanger ces b unités contre c b unités de A, et rééchanger celles-ci contre bc /a unités de C. Comme par hypothèse a < b c, donc b cl a> 1, le marchand retrouve plus d'une unité de C, peut rembourser son emprunt et faire un profit. Cette opération, dite arbitrage, peut être répétée tant que c > a/b.
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En la réalisant, le marchand:
Augmente la demande de B auprès des agents désireux de l'échanger contre lib unités de C (ce qui tend à faire baisser b, prix de C en termes de B). Augmente la demande de A auprès des agents désireux de l'échanger contre B (ce qui tend à faire baisser cl. Augmente la demande de C auprès des agents désireux de l'échanger contre A (ce qui fait augmenter a). Ces différents changements des prix relatifs conduisent à une hausse de a et une diminution de b c, tant que a > b c.
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Comme l'a démontré le premier
Walras, grand économiste français du XIXe siècle, ces arbitrages conduisent, en l'absence de coûts de transaction, à l'égalité entre a et b c, c'est-à-dire à la cohérence entre la totalité des prix relatifs. Cette cohérence est la condition de l'équivalence entre les N (N-1) 12 paires de prix relatifs et les N-l prix des N-l biens mesurés dans le Nème bien pris comme unité de compte.
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Le bon fonctionnement d'une monnaie comme unité de compte dépend donc de l'intensité de l'arbitrage et de la faiblesse des coûts de transaction, c'est-à-dire de l'existence d'un intermédiaire des échanges efficace permettant d'éviter d'innombrables échanges. Dès lors, N-1 prix relatifs exprimés par rapport à n'importe lequel des N biens choisi arbitrairement suffisent à remplacer les N (N-1) 12 prix relatifs. L'échange marchand conduit ainsi spontanément à l'émergence de la fonction d'unité de comptes.
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Résumé La monnaie n'est pas la seule réserve de valeur.
En fait, n'importe quel actif (de la monnaie, des actions, des obligations, des terres, des maisons, des œuvres d'art, des bijoux) peut être utilisé pour conserver de la valeur. Beaucoup de ces actifs ont même, comme réserve de valeur, des avantages sur la monnaie: ils rapportent souvent à leurs détenteurs un intérêt, s'apprécient avec le temps (leur prix augmente), ou fournissent des services tels qu'un toit où dormir. Si ces actifs sont de meilleures réserves de valeur que la monnaie, pourquoi détient-on de la monnaie?
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Évolution du système de paiement
On comprend mieux les différentes fonctions de la monnaie et les formes qu'elle a prises dans l'histoire en examinant l'évolution du système de paiement, c'est-à-dire de l'ensemble des moyens permettant de réaliser des transactions dans une économie. Le système de paiement a évolué durant des siècles, et avec lui les formes de la monnaie. Longtemps, les métaux précieux tels que l'or servirent de moyens de paiement principaux et constituèrent la forme majeure de monnaie. Peu à peu, du papier-monnaie sous forme de lettres de change, de chèques, de billets de banque fut utilisé pour les paiements et regardé comme de la monnaie. L'évolution du système de paiement est un important indicateur de ce que devient la monnaie.
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2-1 La monnaie marchandise
Pour qu'un objet serve de monnaie, il faut qu'il soit universellement acceptable, c'est-à-dire que tout le monde soit prêt à l'accepter en paiement de biens ou de services. Des biens qui ont une valeur évidente pour tout un chacun, comme le blé, sont donc de bons candidats pour servir de monnaie. C'est également le cas des métaux précieux dont l'utilisation fréquente comme monnaie tient spécialement à leur divisibilité, à leur bonne conservation et à leur facile standardisation.
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Une monnaie constituée de marchandises désirables pour elles-mêmes est appelée une monnaie marchandise. De l'Antiquité au début des temps modernes, des monnaies marchandises ont servi d'intermédiaires des échanges dans toutes les sociétés, sauf les plus primitives. L'inconvénient d'un système de paiement fondé exclusivement sur des marchandises, y compris des métaux précieux, est que cette forme de monnaie est lourde et difficile à transporter, spécialement à grande distance.
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La monnaie fiduciaire Le développement suivant dans le paiement en numéraire fut constitué par le papier monnaie, c'est-à-dire des morceaux de papier servant de moyen d'échange. Initialement, la conversion du papier-monnaie en métal précieux était garantie par son émetteur - une banque dite d'émission - de manière à ce que d'autres l'acceptent en paiement: les billets étaient des sortes de certificats de dépôt d'or ou d'argent, convertibles à tout moment. Néanmoins, le numéraire, pièces comme billets, a évolué vers un statut de monnaie fiduciaire, c'est-à-dire de monnaie qui tire sa valeur de la confiance qu'inspire son émetteur.
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Ce fut le cas dès l'Antiquité pour les pièces dans les régimes de monnaie marchandise, car la majeure partie de la population n'était pas en mesure de vérifier le poids et la teneur métallique des pièces et devait se reposer sur la promesse faite par une autorité monétaire (en général un État) de produire des pièces de qualité.
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En outre, l'État imposait généralement l'acceptation de ses pièces en paiement, c'est-à-dire le cours légal, et s'engageait en contrepartie à les accepter en paiement des impôts. Ce pouvoir régalien de « battre monnaie » et de faire accepter sa monnaie ne suffit pas toujours à inspirer la confiance, mais conféra à la monnaie une dimension politique. C'est au nom de ce pouvoir régalien que, plus tard, les États limitèrent le droit d'émission de billets à une ou quelques banques d'émission sur lesquelles ils exerçaient une surveillance (les ancêtres de nos banques centrales), puis imposèrent le cours légal des billets de banque dès lors que leur circulation augmenta. Cela ne put toutefois se produire que lorsque les techniques d'imprimerie devinrent suffisamment sophistiquées pour rendre la contrefaçon très difficile.
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Il convient de distinguer le cours légal, qui consiste en l'obligation légale d'accepter un instrument monétaire en paiement ou en remboursement de dettes, de l'inconvertibilité qui signifie l'impossibilité d'obtenir la conversion à prix fixe d'une monnaie en une marchandise ayant une utilité intrinsèque et un usage monétaire, c'est-à-dire en pratique en métal précieux ou en devise étrangère. En l'absence d'in convertibilité, le cours légal des billets facilite les échanges mais n'empêche pas les détenteurs de billets de les convertir au siège de la banque émettrice.
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En l'absence de cours légal, l'in convertibilité ne pèse que sur les agents économiques qui ont accepté de courir le risque de détenir les billets d'un émetteur. Le cours forcé consiste en l'imposition simultanée par l'État de l'inconvertibilité et du cours légal. Jusqu'au XIXe siècle inclus, en France comme dans la plupart des pays, les billets étaient généralement convertibles en métal précieux. Ce n'est que durant quelques épisodes de crise, pendant les révolutions de 1789 et de 1848 ou la guerre de 1870, que le cours forcé fut brièvement instauré. En revanche, le cours légal des billets de la Banque de France fut imposé à partir de 1848.
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Au XXe siècle, le cours forcé fut la règle à partir de 1914, sauf durant une brève période, entre 1928 et 1936, où les billets purent s'échanger contre des lingots d'or. La convertibilité en métaux précieux fut rapidement restreinte au sein du système de Bretton Woods, tandis que la convertibilité en devises étrangères était souvent (en France en particulier) limitée par le contrôle des changes; avec la fin de ce système, la convertibilité en devises cessa en général d'être garantie à prix fixe. L'Union monétaire européenne acheva la convertibilité intra -européenne créée par le système monétaire européen , mais les métaux précieux restèrent exclus d'usage monétaire, de sorte que c'est la convertibilité en devises, à taux variable, qui représente une protection pour les détenteurs de monnaie.
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Dès lors que, du fait du cours forcé, la monnaie est exclusivement fiduciaire et dépend avant tout d'un arrangement légal, les pays peuvent changer de monnaie à volonté. C'est ce qui a permis de réaliser l'union monétaire européenne.
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3-3 La monnaie scripturale
Les inconvénients majeurs du papier-monnaie et des pièces sont qu'ils peuvent être volés et que leur transport en grande quantité est coûteux à cause de leur encombrement. D'autres instruments permettent de remédier à ces inconvénients et correspondent à une autre étape dans l'évolution des systèmes de paiement: il s'agit de ce qui constitue la monnaie scripturale développée par les banques, en premier lieu le chèque.
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Depuis l'Antiquité, les virements entre comptes par simples jeux d'écriture (d'où le terme de monnaie scripturale) furent pratiqués, même s'ils restèrent longtemps restreints à un petit nombre de marchands importants. Au XIVe siècle, l'invention de la lettre de change facilita les échanges à grande distance. Dans une lettre de change, un marchand (dit preneur) demandait à un autre, son correspondant à l'étranger (dit payeur), de payer un montant donné à un tiers (le bénéficiaire).
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La circulation de ces lettres par endossement (c'est-à-dire par ajout d'une signature au dos) permettait de les utiliser comme une monnaie, même si leur acceptation était limitée aux gens connaissant le débiteur ou les signataires successifs (qui étaient tous responsables du paiement en cas de défaut du payeur). L'introduction de la lettre de change fut une innovation majeure qui améliora beaucoup l'efficacité des systèmes de paiement. En effet, il arrivait fréquemment que des paiements dans diverses directions se compensent. Mais avant la lettre de change, tous ces paiements devaient être effectués un à un, ce qui exigeait des quantités importantes de numéraire
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Dès lors que les lettres de change furent reçues par des banquiers qui purent les échanger entre eux, beaucoup de créances s'annulèrent les unes les autres, et très peu de numéraire dut être déplacé, ce qui diminua les coûts de transport et augmenta l'efficacité économique. Cette compensation entre de nombreuses lettres fut organisée de manière de plus en plus sophistiquée par des banquiers capables d'évaluer la qualité des débiteurs.
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Elle facilita la multilatéralisation du commerce en permettant d'éviter une grande part des transports de numéraire. Forme simplifiée et démocratisée de la lettre de change, le chèque est une instruction qu'un client donne à sa banque de payer un montant à une autre personne en échange du chèque. Aujourd'hui, les chèques ne peuvent plus circuler par endossement et conduisent simplement les banques à transférer le montant spécifié du compte de leur client à celui du bénéficiaire du chèque. Le chèque permet ainsi à tout un chacun, et non plus aux seuls marchands, de réaliser des transactions sans numéraire et de bénéficier des avantages de la compensation. Un autre atout des chèques est que les pertes par vol sont réduites car le bénéficiaire est clairement désigné.
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Un système de paiement essentiellement scriptural est un progrès considérable, mais présente cependant deux inconvénients. Tout d'abord, il faut du temps pour envoyer par exemple un chèque d'un endroit à un autre, ce qui peut être un inconvénient sérieux si un paiement lointain doit être réalisé rapidement. Ensuite, une banque a besoin de temps pour encaisser un chèque, de sorte que l'on ne peut pas disposer immédiatement du montant d'un chèque que l'on a reçu. Enfin, le maniement de milliards de chèques représente un processus complexe et coûteux (en France, 5 milliards de chèques sont émis chaque année, soit 84 par habitant, contre 9 par Allemand et 239 par Américain). On estime à 1 milliard d'euros le coût annuel de traitement des chèques en France, et à plus de 10 milliards de dollars par an aux États- Unis.
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3-4 Le paiement électronique
Le développement d'ordinateurs bon marché et d'Internet fait qu'il est désormais peu coûteux de payer électroniquement. Au lieu d'envoyer un chèque, on peut se connecter sur le site Internet de sa banque et, en quelques clics, transmettre un ordre de paiement pour régler une facture. Les systèmes de paiement électronique mis au point par les banques peuvent même éviter de payer manuellement des factures: les paiements récurrents peuvent être effectués par virements automatiques déduits automatiquement du compte du débiteur. L'économie de coût réalisée quand un paiement est fait électroniquement plutôt que par chèque est importante. Le paiement électronique devient donc de plus en plus répandu, et dans ce domaine l'Europe, spécialement l'Europe scandinave, est en avance sur les États-Unis.
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Le paiement électronique peut non seulement se substituer au chèque, mais peut remplacer aussi le numéraire, sous la forme de monnaie électronique, qui n'existe que sous forme électronique. La première forme de monnaie électronique est la carte de débit, couramment appelée carte de crédit en France, alors même qu'elle ne donne pas accès à un crédit (comme c'est le cas aux États-Unis) mais permet seulement un paiement, éventuellement différé.
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Les cartes de débit permettent aux clients d'acheter des biens ou des services en transférant directement des fonds de leurs comptes bancaires à ceux des commerçants concernés. Leur usage est souvent plus rapide encore que celui du numéraire, car il suffit de passer une carte dans un lecteur et de taper un code pour que le transfert ait lieu. En ce domaine, la France bénéficie d'ailleurs d'une avance technologique grâce à la carte à puce, qui garantit une meilleure sécurité des transactions en permettant de vérifier l'identité du payeur grâce à un code, alors que nombre de pays se contentent encore de la signature d'une facturette.
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Une solution plus sophistiquée et plus récente est celle des cartes prépayées ou porte monnaie électroniques . En les achetant pour un montant donné, un consommateur peut réaliser des paiements, souvent de petits montants, chez tous les commerçants équipés d'un terminal. Les plus sophistiquées sont dotées d'une puce qui permet de les recharger à un terminal en transférant de l'argent du compte bancaire de leur détenteur. Elles peuvent être utilisées pour payer en ligne sur des ordinateurs ou des téléphones spécialement équipés.
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Une troisième forme de monnaie électronique permet d'acheter des biens ou des services sur Internet. On peut l'obtenir en ouvrant un compte dans une banque et en lui faisant transférer un montant sur un ordinateur personnel. On peut ensuite surfer sur Internet et utiliser la monnaie électronique pour payer des achats en transférant directement le montant nécessaire de son ordinateur à celui du vendeur. Celui-ci peut ainsi recevoir le paiement avant d'expédier les achats. Étant donné les avantages de la monnaie électronique, on pourrait penser que la société sans argent (c'est-à-dire sans numéraire, voire sans chèques) est proche et que tous les paiements seront bientôt réalisés électroniquement.
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Travail de recherche Allons nous vers une société sans argent liquide ?
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3-5 La monnaie et l'État Dans la zone euro, l'intégration monétaire est réalisée alors qu'il n'y a pas d'intégration politique. Une monnaie sans État est-elle viable? Cette question s'inscrit dans le cadre plus général des liens qui unissent la monnaie et l'État. On observe un parallélisme étroit entre eux dans l'histoire. Mais est-ce la monnaie qui a besoin de l'État ou bien le contraire? La valeur de la monnaie fiduciaire provient-elle de la garantie accordée par l'État? Nous tentons de répondre à ces questions à partir d'un retour sur l'histoire de la monnaie.
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3-5 La monnaie et l'État Les échanges commerciaux ont, au moins depuis le troisième millénaire avant notre ère en Mésopotamie, été facilités par l'usage de métaux précieux - essentiellement d'argent. Il s'agit alors d'une monnaie marchandise ayant des usages réels et non seulement monétaires, et dont il faut vérifier le poids et la qualité pour s'assurer de sa valeur. Cette monnaie n'est pas fournie par un État, ce qui ne l'empêche pas de circuler. Les cas similaires ne sont pas rares dans le commerce à grande distance jusqu'à l'époque moderne, puisque même les pièces frappées par les États étaient souvent utilisées pour leur poids de métal seulement.
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On retrouve une situation similaire dans les camps de prisonniers pendant la Seconde Guerre mondiale, où les cigarettes (entre autres) ont un usage monétaire qui s’étendra à toute l'Allemagne jusqu'à la réforme monétaire de 1948. Ces monnaies sont détenues parce qu'elles ont une valeur intrinsèque connue, même si ce n'est pas pour chaque détenteur: le non-fumeur sait qu'il y a assez de fumeurs pour être sûr que la valeur des cigarettes restera relativement stable et qu'il pourra donc acheter ce qu'il voudra en échange de cigarettes.
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Pourquoi l'intervention de l'État
Pourquoi l'intervention de l'État? Néanmoins, ces monnaies marchandises ne purent jamais se diffuser largement du fait de l'importance des coûts de vérification qu'elles encouraient. Certains agents économiques se proposèrent pour émettre de la monnaie en apportant des garanties sur sa qualité. C'est ainsi que les banques d'émission promettaient autrefois la convertibilité de leurs billets en métaux précieux, et que les banques la promettent aujourd'hui en monnaie « banque centrale ». Néanmoins trois raisons conduisirent très vite à un contrôle étatique de cette activité, au moins dès lors que la masse de la population fut concernée.
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