une réflexion sur ce qui fonde l’humanité.

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1 une réflexion sur ce qui fonde l’humanité.
Le mythe d’Œdipe : une réflexion sur ce qui fonde l’humanité. Une fois que nous avons lu La machine infernale de Cocteau ou Œdipe roi de Sophocle (ou n’importe quel document ayant trait au mythe d’Œdipe), quelles conclusions pouvons-nous en tirer ?  Le premier enseignement, évident, est celui de la prohibition de l'inceste, comportement invariant dans toutes les sociétés humaines. Claude Lévi-Strauss y voyait l’élément culturel de base : «La prohibition de l'inceste, écrivait-il, exprime le passage du fait naturel de la consanguinité au fait culturel de l'alliance ... [...] elle est, à la fois, au seuil de la culture, dans la culture et en un sens la culture elle-même». Le mythe d’Œdipe nous indique que la transgression de cet interdit, en nous faisant renoncer à la culture, nous fait renoncer aussi à notre humanité.  Laïos transgresse, avant Œdipe, une autre loi humaine : celle de l’hospitalité. L’hospitalité - partage du chez-soi, accueil de l’étranger - n’est ni facile ni naturelle et demande un effort. Cet effort, Pélops le fait : il accueille Laïos, alors proscrit. Mais Laïos est un ingrat. Le problème n’est pas qu’il jette son dévolu sur le fils de son hôte (l’homosexualité, bien que très codifiée, ne choque pas dans la Grèce antique), c’est que Chrysippe ne soit pas consentant et en vienne à se suicider. Le territoire, défendu et protégé, amène à l’animal une sensation de sécurité; l’être humain, être de culture, se montre capable d’ouvrir cet espace privé à l’étranger. En agressant Chrysippe contre sa volonté, Laïos se ravale au rang de l’animal, être de nature et non de culture.  Les pieds reviennent sans cesse dans le mythe d’Œdipe. Le serviteur chargé de tuer l’enfant le pend par les pieds après les lui avoir percés. Sur la route de Delphes, Laïos écrase le pied d’un homme dont il ne sait pas qu’il est son fils. L’énigme du Sphinx a trait aux étapes de la station debout. Pourquoi ? Parce que comme le langage articulé ou la capacité à construire des représentations, la bipédie signe la condition humaine. Les oiseaux bipèdes ne sont pas des mammifères, le suricate et les chiens de prairie peuvent tenir longtemps debout, mais pas autant que les hommes et ils ne maintiennent pas leurs membres dans un axe vertical. L’homme perd la capacité préhensile du pied des primates pour pouvoir marcher … et marcher longtemps. Le pied, c’est aussi ce qui fait l’être humain. Or le mythe d’Œdipe ne cesse d’interroger la condition humaine.   Karin Lafont

2 Le mythe parle également de la connaissance de soi chère à Socrate
Le mythe parle également de la connaissance de soi chère à Socrate. Celle-ci commence, on le voit, par la vérité. Le drame d’Œdipe, c’est aussi qu’on lui a menti sur ses origines – ne sachant d’où il vient, il ne peut savoir qui il est ni, par conséquent, où il va. Ce mensonge sur les origines aura les connaissances qu’on sait : informé que Polybe et Mérope étaient ses parents adoptifs, Œdipe n’aurait pas craint de leur nuire après les paroles de l’oracle, et serait rentré chez eux. Il n’aurait pas croisé son père, etc. Il semblerait que la traduction de l’hébreu du cinquième commandement, « Tu honoreras ton père et ta mère » soit plus proche de « lourd ton père, lourde ta mère », ce qui peut se comprendre comme une injonction à donner suffisamment de poids à l’histoire de ses parents pour ne pas avoir à la répéter. J’ai déjà rencontré la traduction de « Tu honoreras » par « Tu connaîtras », véritable injonction à la clarté, à la vérité. Pour honorer, il faut connaître, en effet. Œdipe, faute de connaître, ne peut honorer. Pareillement privé de son humanité, il est singulier qu’il soit la seule personne capable de trouver la réponse à l’énigme du Sphinx, qui porte symboliquement sur la condition humaine. Il est possible de penser que c’est précisément parce que les conséquences de la malédiction d’Apollon l’en ont tant éloigné qu’il est paradoxalement le seul à avoir assez de recul pour pouvoir répondre. Enfin, Œdipe lui-même maudit ses fils, trop contents de le destituer. Inceste et parricide ou non, Œdipe a été un bon roi et jusqu’à la peste qui ravagera Thèbes (lorsque les dieux, semblant soudain sortis de leur torpeur, décident de le punir), le mythe ne rapporte pas qu’on ait eu à se plaindre de lui en tant que souverain. Quand Œdipe est chassé de Thèbes par Créon, ses fils, loin de le défendre, s’entendent pour se partager le pouvoir à tour de rôle, l’aîné des jumeaux, Etéocle, prenant le premier tour. Leur rivalité féroce et leur désir de pouvoir s’achèvera par un bain de sang, ils s’entretueront. Le mythe semble faire à nouveau allusion au respect dû aux ascendants et aux liens familiaux. On peut donc lire le mythe d’Œdipe comme un récit symbolique, mais aussi comme un apologue porteur de plusieurs morales et surtout, d’une profonde réflexion sur l’homme. Il aborde en effet le fondement de la culture, les pratiques sociales, les liens familiaux ainsi que des thèmes philosophiques comme la vérité ou la connaissance de soi. Karin Lafont

3 une réflexion sur ce qui fonde l’humanité.
Le mythe d’Œdipe : une réflexion sur ce qui fonde l’humanité. Génération 1 : Laïos Réfugié chez Pélops, enlève le fils de son Viole les lois de l’hospitalité hôte, Chrysippe, qui se suicide  Malédiction d’Apollon Génération 2 : Œdipe Abandonné, pendu par les pieds (les pieds : symboles de stabilité spécificité humaine [bipédie]) Elevé par des parents adoptifs, (mensonge sur les origines) croise son père qu’il ne connaît pas, lequel lui écrase le pied (le symbole revient) Tue son père La malédiction s’accomplit (meurtre) Le sphinx (créature non humaine, qui interroge les humains sur la condition humaine : « si vous ne savez pas qui vous êtes, vous serez détruits ») Paradoxe : Œdipe est capable de répondre Epouse sa mère, La malédiction s’accomplit (inceste) ont quatre enfants confusion générationnelle Découverte de la vérité suicide / automutilation Génération 3 : Etéocle Destituent leur père, Malédiction d’Œdipe sur ses fils et Polynice se disputent le royaume, s’entretuent La malédiction s’accomplit (fratricide) Antigone Accompagne son père en Attique, Hors malédiction mais destin tragique assiste à la lutte fratricide de ses frères, enfreint l’ordre de Créon de donner une sépulture à Polynice. Ismène Obéit à Créon, s’efface et ne défie pas le destin. Karin Lafont