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Publié parAristide Boutet Modifié depuis plus de 9 années
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Dès qu'ils surent qu'ils allaient mettre au monde une petite fille, ses parents décidèrent de l'appeler: « Océane ». Ils étaient " libres penseurs " et voulaient, en lui donnant ce nom révolutionnaire, la détacher de toute amarre avec la religion qu'ils combattaient. Elle naîtrait libre comme le vent, vouée aux espaces infinis qui font la dramatique fierté des gens de mer. Mais n'avaient-ils pas déjà trop fait en lui donnant la vie? Aussi n'eurent-ils aucun scrupule à lui annoncer dès l'âge de trois ans qu'ils ne l'avaient pas désirée. Elle pourrait quand elle le voudrait se choisir des parents selon son cœur.
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Océane avait-elle compris ce qu'on lui avait dit alors? À creuser dans sa mémoire d'enfant, elle ne se souvenait plus que d'un coin de tapisserie au mur qui bordait son lit et surtout d'un " compagnon " qui depuis ce jour-là, s'était blotti entre elle et la tapisserie. Elle rêvait avec lui la nuit et lui confiait tout ce qui avait habité sa journée.
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Aux repas, elle ne mangeait que parce qu'il avait faim, et encore choisissait-elle uniquement ce qu'il aimait. C'était aussi son compagnon de jeu. Les gens qui la croyaient taciturne et triste n'imaginaient pas tout ce qu'en secret elle lui racontait. Mise très tôt en pension, Océane suivit son chemin de liberté. On la disait " difficile ", malgré une vive intelligence. Elle était tour à tour grondée comme une enfant, raisonnée comme une grande personne. Tout lui indifférait. Son esprit était ailleurs… En grandissant, elle sentait bien que la présence de son compagnon s'altérait. Et personne ne comprenait que c'était pour elle la seule chose qui comptât.
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Elle se mit alors à faire n'importe quoi. Elle connut la drogue, puis la prostitution. Ses tentatives de suicide répétées lui donnaient parfois, un court instant, l'impression d'exister pour autrui. Un jour qu'elle avait décidé d'en finir et avait marché toute la nuit, elle entra dans une église. Les deux ou trois personnes qui s'y étaient agitées tôt le matin ne l'avaient pas remarquée. Sur une chaise à côté d'elle, il y avait un livre qu'elle ouvrit. C'était un Évangile. Elle le lut, d'une traite, sans s'arrêter, jusqu'au soir.
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Les larmes lui inondaient le visage… Une petite lampe rouge se détachait maintenant dans la pénombre. "Mon compagnon !" dit-elle en retrouvant ses larmes d'enfant. Il était là, le seul à ne l'avoir jamais quittée. Le curé entra pour fermer l'église. Elle lui demanda le baptême. Elle est aujourd'hui carmélite. Jacques Bernard, extrait de la revue Messages n° 521, mensuel de Caritas France, janvier 1999.
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