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Autour de la « Bataille d’Hernani »

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Présentation au sujet: "Autour de la « Bataille d’Hernani »"— Transcription de la présentation:

1 Autour de la « Bataille d’Hernani »
Les proches 1-11 Hugo répète 12-16 Soir de Bataille 28 février Décors costumes du drame romantique 23-29 Fin du drame romantique, Hernani un classique ( ! ) Mise à jour 10/08 Maltern

2 (I et II : château à Saragosse – I : une chambre à coucher.
La scène se passe en 1519 : (I et II : château à Saragosse – I : une chambre à coucher. – II : patio du palais de Silva. – III : galerie des portraits du château de Silva dans les montagnes d’Aragon. – IV : tombeau de Charlemagne à Aix-la-Chapelle. – V : terrasse du palais d’Aragon à Saragosse.) Drame 1 541 vers. Ecrit du 29 août au 24 septembre 1829, reçu au Théâtre français le 5 octobre suivant. Publication :Édition originale parue le 9 mars Mame et Delaunay-Vallée, In-8°. Cession faite pour la somme de fr. comptant avec l’éditeur Mame pour l’impression de ex. d’Hernani, 2 mars 1830. Créé à la Comédie Française le 25 février 1830, décors de Ciceri,

3 Victor Hugo en 1829 Par Achille Devéria ( ).

4 Hugo : « Être Chateaubriand ou rien » (1816)
26 mars 1830 : Au matin on apporte cette lettre de Chateaubriand à V.Hugo en son domicile ; « J'ai vu, la première représentation d'HERNANI. Vous connaissez mon admiration pour vous. Ma vanité s'attache à votre lyre, vous savez pourquoi. Je m'en vais, Monsieur, et vous venez. Je me recommande au souvenir de votre muse. Une pieuse gloire doit prier pour les morts. »

5 1820 : formation du groupe que l'on va qualifier par la suite de romantique : le Cénacle. Il se réunit jusqu’en 1823 d'abord à la bibliothèque de l'Arsenal puis chez Hugo. Le Cénacle accueille aussi de jeunes peintres, musiciens, sculpteurs mais les principaux membres en sont des poètes (Musset, Vigny, Nerval). Ils « passent à l'action » en 1830, le 25 Février, lors de la première d'Hernani, drame de Victor Hugo à la comédie française, jusqu'à alors réservée aux tragédies. Ce groupe tire son nom du poème de Sainte-Beuve, Joseph Delorme et tient ses réunions dans l'appartement de Victor Hugo, rue Notre-Dame-des-Champs. Ce sera la machine de guerre d'un Romantisme qui transcende les oppositions politiques et religieuses et met l'Art au premier plan. Le Cénacle va rassembler jusqu’en 1830 : Honoré de Balzac, Alexandre Dumas père, Lamartine, Charles Nodier, Alfred de Musset, Sainte-Beuve, Alfred de Vigny. Victor Hugo y lira ses pièces, notamment en septembre 1829, Hernani. "Le romantisme, tant de fois mal défini, n'est, à tout prendre, et c'est sa définition réelle, si l'on n'envisage que son côté militant, que le libéralisme en littérature", y écrit-il dans la préface. Les amis de Hugo firent des scènes des théâtres, des journaux et des tribunes les lieux de la bataille contre la "vieillerie poétique" et contre l’Académie, le siège du camp des "classiques". Commençant grâce à Stendhal et Mérimée, se poursuivant avec Hugo, Lamartine, Nodier, Nerval, Gautier, Dumas, Balzac ou Delacroix pour les plus célèbres, cette guerre sans merci pour l’héroïsme et le lyrisme trouva dans la représentation d’Hernani son sommet le plus célèbre.

6 Charles Nodier La première fois que j’ai entendu le nom de Shakespeare, c’est à Reims, de la bouche de Charles Nodier. Ce fut en 1825, pendant le sacre de Charles X. […] Le sacre eut lieu. […] Le compartiment où nous étions, Charles Nodier et moi, touchait aux bancs des députés. Au milieu de la cérémonie, vers l’instant où le roi s’étendit à terre, un député du Doubs, nommé M.Hémonin, se tourna vers Nodier dont il était tout proche et, en posant le doigt sur sa bouche pour ne pas troubler l’oraison de l’archevêque, il lui mit quelque chose dans la main. Ce quelque chose était un livre. Nodier prit le livre et l’entr’ouvrit : – Qu’est-ce ? lui demandais-je tout bas .. – Rien de bien précieux, me dit-il. Un volume dépareillé du Shakespeare, édition de Glasgow. […] – Que ferons-nous ce soir, demandai-je à Nodier ? Il me montra son bouquin anglais dépareillé, et me dit : – Lisons ça. Nous lûmes. C’est-à-dire Nodier lut. Il savait l’anglais (sans le parler, je crois) assez pour déchiffrer. Il lisait à haute voix, et tout en lisant, traduisait. Dans les intervalles, quand il se reposait, je prenais l’autre bouquin conquis sur le chiffonnier de Soissons, et je lisais le Romancero. Comme Nodier, je traduisais en lisant. Nous comparions le livre anglais au livre castillan ; nous confrontions le dramatique avec l’épique. Chacun vantait son livre. Nodier tenait pour Shakespeare qu’il pouvait lire en anglais et moi pour le Romancero que je pouvais lire en espagnol. Nous mettions en présence lui le bâtard Falconbridge, moi le bâtard Mudarra. Et peu à peu, en nous contredisant, nous nous convainquions, et l’enthousiasme du Romancero gagnait Nodier, et l’admiration de Shakespeare me gagnait. Choses vues, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 2002, p.1231 « La première fois que j’ai entendu le nom de Shakespeare, c’est à Reims, de la bouche de Charles Nodier. Ce fut en 1825, pendant le sacre de Charles X. » Hugo

7 Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869)
Ils se rencontrent en 1827 à l’occasion d’un article de Sainte-Beuve sur les Odes et ballades. Il appartient au   « Cénacle » mais ne renonce jamais à ses droits à une critique objective. Sa liaison avec Adèle et son franc parler mettent fin à une solide amitié en 1835. Dès 1834 il évoque les « succès fatigués de ses derniers drames (..) ce qu’il y a de fausseté dans sa puissance » et cela s’achève par « Je n’ai pas vu Ruy Blas, ne le verrai ni ne le lirai. Je sais d’avance tout cela. […] L’effet, du reste, est mauvais. Il y a dérision publique, non seulement sur la pièce mais sur l’homme », Quant à Sainte-Beuve, on sait que sa liaison avec Adèle Hugo fut fatale à une amitié qu’Hugo exprimait ainsi en juillet 1831 : « Je ne sais plus où j’en suis avec les deux êtres que j’aime le plus au monde. Vous êtes l’un des deux. […] Je vous aime en ce moment plus que jamais, […] je me hais d’être fou et malade à ce point » Dès 1834, dans un article de La Revue des Deux-Mondes consacré à Mirabeau, le critique mentionne Hugo et les « succès fatigués de ses derniers drames », « ce qu’il y a de fausseté dans sa puissance ». Ce qu’Hugo considère comme une preuve d’envie. Mais les critiques ne s’arrêtent pas, qu’il agisse de Ruy Blas : « Je n’ai pas vu Ruy Blas, ne le verrai ni ne le lirai. Je sais d’avance tout cela. […] L’effet, du reste, est mauvais. Il y a dérision publique, non seulement sur la pièce mais sur l’homme », de la réception d’Hugo à l’Académie Française en 1841 : « la fameuse réception et, comme je l’appelle, le sacre de Victor Hugo à l’Académie a eu lieu. Ç’a été lourd, de sa part, et tout simplement ennuyeux. » Ironie du sort, c’est Hugo qui répondra à Sainte-Beuve quand, celui-ci, à son retour, deviendra académicien. De manière générale, Sainte-Beuve reproche à Hugo de ne faire cas que de puissance non pas la puissance de l’esprit, mais une force physique, une « carrure ».

8 Honoré de Balzac en 1842 Une estime et une amitié s’installe entre eux. « L'art classique ne put voir tranquillement ces hordes barbares qui allaient envahir son asile ; il ramassa toutes les balayures et toutes les ordures du théâtre, et les jeta des combles sur les assiégeants. M. de Balzac reçut pour sa part un trognon de chou… » ( Lors de la bataille d’Hernani…) Et pourtant Balzac n’appréciait pas Hugo le damaturege : «  Ce qu’il y a de castillan dans la pièce, c’est une rare accumulation d’invraisemblances, et un profond dédain pour la raison, qui la font ressembler à un drame enfantin de Calderon ou de Lope de Vega. (…) tous les ressorts de cette pièce sont usés, le sujet inadmissible (…), la conduite des personnages contraire au bon sens. » (lettre à Mme Hanska) photographie de Louis-Auguste Bisson Seule image photographique de Honoré de Balzac qui existe, le daguerréotype et son double inversé conservé à l’Institut de France a pris avec le temps valeur de relique. Balzac n’aime pas Notre-Dame de Paris : « Je viens de lire Notre-Dame […], deux belles scènes, trois mots, le tout invraisemblable, deux descriptions, la belle et la bête, et un déluge de mauvais goût – une fable sans possibilité et par-dessus tout un ouvrage ennuyeux, vide, plein de prétention architecturale. » Ruy Blas ne lui plaît pas davantage : « Ruy Blas est une énorme bêtise, une infamie en vers, jamais l’odieux et l’absurde n’ont dansé de sarabande plus dévergondée. […] Je n’y suis pas encore allé, je n’irai probablement pas. » (Lettre à Mme Hanska) (citations par S.Grossiord, Victor Hugo « Et s’il n’en reste qu’un… », Paris, Gallimard, coll. Découvertes, 1998) De son côté pourtant, Hugo semble considérer Balzac comme un ami et un génie, c’est lui qui se précipitera chez le romancier à l’agonie pour une dernière visite qu’il rapporte. C’est lui encore qui prononcera son éloge funèbre, dont voici un extrait : Tous ses livres ne forment qu'un livre, livre vivant, lumineux, profond, où l'on voit aller et venir, et marcher et se mouvoir, avec je ne sais quoi d'effaré et de terrible mêlé au réel, toute notre civilisation contemporaine, livre merveilleux que le poète a intitulé Comédie et qu'il aurait pu intituler Histoire... Livre qui est l'observation et qui est l'imagination ; qui prodigue le vrai, l'intime, le bourgeois, le trivial, le matériel et qui par moments, à travers toutes les réalités brusquement et largement déchirées, laisse tout à coup entrevoir le plus sombre et le plus tragique idéal. À son insu, qu'il le veuille ou non, qu'il y consente ou non, l'auteur de cette oeuvre immense et étrange est de la forte race des écrivains révolutionnaires. Balzac va droit au but. Il saisit à bras le corps la Société moderne. il arrache à tous quelque chose, aux uns l'illusion, aux autres l'espérance, à ceux-ci un cri, à ceux-là un masque. « Tous ses livres ne forment qu'un livre, livre vivant, lumineux, profond, où l'on voit aller et venir, et marcher et se mouvoir, avec je ne sais quoi d'effaré et de terrible mêlé au réel, toute notre civilisation contemporaine, livre merveilleux que le poète a intitulé Comédie et qu'il aurait pu intituler Histoire... Balzac va droit au but. Il saisit à bras le corps la Société moderne. il arrache à tous quelque chose, aux uns l'illusion, aux autres l'espérance, à ceux-ci un cri, à ceux-là un masque. » ( son éloge funèbre par Hugo.

9 Alexandre Dumas     Dès 1825 il écrit des vaudevilles qui seront refusés. Il découvre le théâtre de Shakespeare et propose en 1828 Christine, une tragédie en vers refusée par la Comédie-Fançaise, mais en 1829 il connaît un immense succès avec Henri III et sa cour, drame historique, créé à Comédie-Française et devient la figure de proue du théâtre romantique un an avant la bataille d’Hernani. Les relations entre les deux « monstres sacrés » sont orageuses, les succès de Dumas agaçant Hugo…Leur amitié se resserre lorsque Napoléon III prend le pouvoir. Hugo est exilé politique, à Guernesey, Dumas, exilé pour dettes à Bruxelles lui rend visite et prend publiquement sa défense. Par Achille Devéria  En 1830 dans la revue de Paris (anonyme) et en 1834, un portrait charge par Alfred de Musset sur album de Georges Sand. "Antony-Louverture charpentant un viol«  son amitié avec Hugo fut orageuse. C’est d’abord la rivalité au théâtre où l’un et l’autre sont les figures de proue du drame romantique. Mais c’est aussi, en 1830, la collaboration d’Hugo et Vigny pour modifier Christine tandis que l’auteur dînait avec ses invités : Hugo et de Vigny prirent le manuscrit, m'invitèrent à ne m'inquiéter de rien, s'enfermèrent dans un cabinet, et, tandis que nous autres, nous mangions, buvions, chantions, ils travaillèrent... Ils travaillèrent quatre heures de suite avec la même conscience qu'ils eussent mise à travailler pour eux, et, quand ils sortirent au jour, nous trouvant tous couchés et endormis, ils laissèrent le manuscrit, prêt à la représentation, sur la cheminée, et, sans réveiller personne, ils s'en allèrent, ces deux rivaux, bras dessus, bras dessous, comme deux frères ! Te rappelles-tu cela, Hugo ? Vous rappelez-vous cela, de Vigny ?

10 L’onde antique est tarie où l’on rajeunissait."
Théophile Gautier ( ) Sa rencontre en juin 1829 avec « le maître » Victor Hugo précipite sa carrière d'écrivain. Le 25 février 1830, il participe à la bataille d'Hernani, vêtu d'un gilet rouge qui devint une légende… ! qui marquera durablement les esprits. En 1845, c’est Gautier qui demande l’entrée au répertoire de la Comédie-Française de Ruy Blas, « à notre avis la plus belle pièce de théâtre qui ait été faite depuis le Cid » D’une admiration et d’une fidélité sans borne. A sa mort Hugo compose un grand poème sur lui… Sa rencontre en juin 1829 avec « le maître » Victor Hugo précipite sa carrière d'écrivain. Le 25 février 1830, il participe à la bataille d'Hernani, vêtu d'un gilet rouge qui marquera durablement les esprits. Le soir même, il quitte l'atelier de Rioult. Cinq mois plus tard, le 28 juillet 1830, les Poésies de Théophile Gautier paraissent chez Mary. Malheureusement ce jour est aussi celui des barricades à Paris et le recueil passe sous silence. Ces premières poésies pourtant montrent un jeune poète fort habile ayant déjà acquis la manière des anciens et, conscient de leur héritage, il y fait preuve d'originalité par une forme bien arrêtée et une langue précise et nette. Trois ans plus tard, Gautier réimprime ses premiers vers dans un nouveau recueil intitulé Albertus, du nom du héros du long poème, récit fantastique, diabolique et pittoresque. La verve de cette « légende » se retrouve en 1833 dans une série de romans, Les Jeunes France, qui rendent compte avec truculence de la vie des artistes et écrivains qui forment le Cénacle. Dans cet ouvrage « baroque » pourtant, Gautier se fait le témoin lucide et ironique des ces « Précieuses Ridicules du Romantisme ». Quittant le domicile familial, place des Vosges, Théophile Gautier s'installe impasse du Doyenné, à l'emplacement de la place du Carrousel, dans un appartement où il a comme voisins Camille Rogier, Arsène Houssaye et Nerval. Théophile Gautier aux chats: Portrait-charge par Nadar. Crayon gras avec rehauts de gouache blancs sur papier brun, s. dBNF, Estampes et Photographie, Na 88 f. rés. "Ce fut une destinée âpre, tourmentée, contraire que la sienne. Comme le poète Théophile Viau le dit de lui-même : il était né "sous une étoile enragée". Toujours sa barque fut battue des flots et des vents, noyée à demi d'écume, assaillie de la foudre, repoussée du port et remportée en pleine mer au moment d'aborder; mais à la poupe était assise une inflexible volonté [...] qui poursuivait imperturbablement sa route vers l'idéal [...]. Mais chaque jour sa tristesse devenait plus sombre et plus amère ; le chagrin sculptait de plus en plus profondément cette belle tête d'aigle irrité, impatient de l'espace et auquel on refuse l'essor." (Th. Gautier, Histoire du romantisme, 1868) « La légende du gilet rouge Le gilet rouge ! On en parle encore après plus de quarante ans, et l'on en parlera dans les âges futurs, tant cet éclair de couleur est entré profondément dans l'oeil du public. Si l'on prononce le nom deThéophile Gautier devant un philistin, n'eût-il jamais lu de nous deux vers et une seule ligne, il nous connaît au moins par le gilet rouge que nous portions à la première représentation d'Hernani, et il dit d'un air satisfait d'être si bien renseigné : "Oh oui ! Le jeune homme au gilet rouge et aux longs cheveux !" C'est la notion de nous que nous laisserons à l'univers. Nos poésies, nos livres, nos articles, nos voyages seront oubliés ; mais l'on se souviendra de notre gilet rouge. Cette étincelle se verra encore lorsque tout ce qui nous concerne sera depuis longtemps éteint dans la nuit, et nous fera distinguer des contemporains dont les oeuvres ne valaient pas mieux que les nôtres et qui avaient des gilets de couleur sombre. Il ne nous déplaît pas, d'ailleurs, de laisser de nous cette idée ; elle est farouche et hautaine, et, à travers un certain mauvais goût de rapin, montre un assez aimable mépris de l'opinion et du ridicule. Auguste de Chatillon ( ) " (…) Ô Gautier ! toi, leur égal et leur frère, Tu pars après Dumas, Lamartine et Musset. L’onde antique est tarie où l’on rajeunissait." Caricature de Benjamin Roubaud, (Le Charivari, 1839) Portraits par Nadar (1856)

11 Alfred de Vigny Ils se rencontrent en 1820 et ont l’un pour l’autre une admiration réciproque. Hugo assiste au succès de l’adaptation de Roméo et Juliette que Vigny signe avec Deschamps. En 1829, une adaptation d’Othello au Théâtre­-Français, rencontre un succès d’estime, juste avant Hernani.Vigny sera-t-il jaloux ? Sa critique de Marion de Lorme : « Victor Hugo vient de faire un excellent ouvrage de style. Personne n’a jamais eu autant de forme et moins de fond » reste célèbre… Hugo note en 1832 : « Alfred de Vigny a deux raisons pour ne pas m’aimer. Primo que Marion de Lorme a fait plus d’argent que La Maréchale d’Ancre (1831 à l’Odéon) et Hernani plus d’argent qu’Othello. » Il noue une liaison tumultueuse avec l’actrice Marie Dorval, qui a triomphé dans Antony de Dumas et… Marion Delorme. Il écrit pour elle un proverbe : Quitte pour la peur (1833) et surtout Chatterton, qui triomphe en 1835 à la Comédie-Française. Par Maurin en 1832, Marie Dorval dans le rôle de Kitty Bell dans Chatterton

12 NOTE SUR LES SOURCES HISTORIQUES
DE « HERNANI » adressée par Victor Hugo aux journaux le 24 février 1830 avec prière d'insérer. « Il est peut-être à propos de mettre sous les yeux du public ce que dit la chronique espagnole de Alaya - (qui ne doit pas être confondu avec Ayala, l'annaliste de Pierre le Cruel), touchant la jeunesse de Charles Quint, lequel figure, comme on sait, dans le drame de Hernani, « Don Carlos, tant qu'il ne fut qu'archiduc d'Autriche et roi d'Espagne, fut un jeune prince amoureux de son plaisir; grand coureur d'aventures, sérénades et estocades sous les balcons de Saragosse, ravissant volontiers les belles aux galants, et les femmes aux maris, voluptueux et cruel au besoin. Mais, du jour où il fut empereur, une révolution se fit en lui (se hizo una revolucion en el) et le débauché Don Carlos devint ce monarque habile, sage, clément, hautain, glorieux, hardi avec prudence, que l'Europe a admiré sous le nom de Charles Quint. » (Grandezas de España, descanso 24.) Nous ajouterons que le fait principal du drame de Hernani, lequel sert de dénouement, est historique. » Dramaturgie Pas d’unité de lieu : Saragosse, montagnes d'Aragon, Aix-la-Chapelle Pas d'unité de temps : un drame sur plusieurs mois Pas d’unité d’action : un drame sentimental et politique Vraisemblance négligée

13 2 - Hugo répète Anne-François-Hippolyte Boutet, ( ) dite Mademoiselle Mars à 20 ans C’est la rivale de Mademoiselle George sur la scène parisienne. Fille de comédiens elle commence sa carrière à 14 ans dans les rôles d’ingénues. Elle crée le rôle de Dona Sol. Le compte-rendu que donne Dumas des répétitions d’ Hernani et des affrontements entre l’actrice et Hugo sont un véritable morceau d’anthologie… Mademoiselle Mars Mademoiselle Mars (Anne-François-Hippolyte Boutet, ), l'une des rivales de Mademoiselle George sur la scène parisienne, était renommée pour sa grande beauté. Fille de parents comédiens, elle commença sa carrière dans les rôles d'ingénue à l'âge de 14 ans au Théâtre Feydeau. Elle connut son premier grand succès en 1803 dans la pièce L'Abbé de l'Epée (que Napoléon vit deux fois). Elle fut également Céline dans Le Misanthrope et Elmire dans Tartuffe de Molière.   Elle prétendit avoir été une des maîtresses de Napoléon, ce que semble démentir la remarque de Napoléon sur les actrices qu'il "eut". Néanmoins, elle marqua un soutien indéfectible du régime impérial. Alors qu'on lui demandait pendant la Restauration de crier "Vive le Roi !", elle demanda "Vous me demandez de crier "Vive le Roi !". Et bien, je l'ai dit." (Cité par J. Tulard, "Mademoiselle Mars", in Dictionnaire Napoléon, Fayard, 1999, vol.2, p. 280). Elle fut la première à interpréter Doña Sol dans Hernani. Elle mourut en 1847.

14 Un détail de la troupe des sociétaires de la Comédie-Française en 1840, réunis dans le Foyer des artistes, dans le costume de leur emploi. Au centre, Mademoiselle Mars dans le rôle de Célimène (Le Misanthrope, Molière).

15 Hernani : costume de Mademoiselle Mars dans le rôle de Doña Sol.
Théâtre-Français, 25/2/ Martinet, 1830 Extrait de : Petite Galerie Dramatique, Paris, Hautecœur-Martinet, , 17 volumes. Ouvrages, articles Allevy, Marie-Antoinette. La mise en scène en France dans la première moitié du XIXe siècle. Paris : E. Droz, 1938.

16 Costume du page Jaquez dans Hernani
Mlle Despréaux crée le rôle Aquarelle de Louis Boulanger

17 Soir de Bataille 25 février 1830
« Le poète, à qui répugnait les applaudissements salariés, voulait d'ailleurs la liberté au parterre comme il la revendiquait sur scène. La claque fut supprimée. La jeunesse romantique, écrivains et artistes, Bousingots et Jeune-France, s'offrit au maître pour les remplacer. «Chacun reçut pour passe un carré de papier rouge, timbré d'une griffe mystérieuse inscrivant au coin du billet le mot espagnol hierro, qui veut dire du fer. Cette devise, d'une hauteur castillane approprié au caractère d'Hernani, signifiait qu'il fallait être, dans la lutte, franc, brave et fidèle comme l'épée.» AccueilPlan du siteAideMentions légalesLiensBibliothèqueLettre d'informationContact Fils d’un élève d’Ingres et d’une miniaturiste, le peintre et graveur Albert Besnard se situe à mi-chemin entre l’académisme et la mouvance impressionNiste. Auteur de grandes compositions (plafond du Théâtre-Français) et de portraits, il peint cette toile pour honorer une commande de Paul Meurice, fondateur de la Maison de Victor Hugo. Le tableau représente la salle Richelieu avant le lever du rideau. D’emblée on remarque l’agitation régnant dans un endroit où le calme et les mœurs policées dominent en temps normal ; « une rumeur d’orage grondait dans la salle », dira Théophile Gautier. Au premier plan, portant les cheveux longs et des vêtements excentriques en signe d’appartenance à la mouvance romantique, les partisans d’Hugo ne peuvent tenir en place. Plusieurs d’entre eux, la bouche ouverte, lancent insultes et quolibets à leurs adversaires. Sur la gauche du tableau, on reconnaît Théophile Gautier, bravant l’adversaire avec son torse bombé et son gilet rouge. L’un de ses alliés, monté sur la scène, semble vouloir singer les gestes et la pose d’un spectateur de l’autre camp. Entre ces deux personnages, tous les occupants des premiers rangs se regroupent en une cohorte informe, parcourue par l’effervescence de la joute oratoire qu’elle mène avec les autres spectateurs du balcon. Parmi les défenseurs de la pièce venus pour l’occasion, citons Louis Boulanger, Gérard de Nerval, Alfred de Musset, Petrus Borel, Célestin Nanteuil, Auguste de Châtillon. La plupart étaient déjà là à l’ouverture des portes du théâtre en début d’après-midi et se sont livrés pour passer le temps à un chahut où les chansons l’ont disputé aux cris d’animaux. Entre les « pro » et les « anti » Hernani, la salle compte d’autres éminents spectateurs venus par simple curiosité. Parmi eux citons en particulier Chateaubriand. Dès les premiers vers, la querelle est engagée. « Il suffisait, écrit Théophile Gautier, de jeter les yeux sur ce public pour se convaincre qu'il ne s'agissait pas là d'une représentation ordinaire ; que deux systèmes, deux partis, deux armées, deux civilisations même, — ce n'est pas trop dire — étaient en présence, se haïssant cordialement, comme on se hait dans les haines littéraires, ne demandant que la bataille, et prêts à fondre l'un sur l'autre. L'attitude générale était hostile, les coudes se faisaient anguleux, la querelle n'attendait pour jaillir que le moindre contact, et il n'était pas difficile de voir que ce jeune homme à longs cheveux trouvait ce monsieur à face bien rasée désastreusement crétin et ne lui cacherait pas longtemps cette opinion particulière. » (Paul Bénichou, Le Sacre de l’écrivain, Paris, Librairie José Corti, 1985, p. 393.) Ponctuée de cris d'indignation, d’ovations et d'échanges variés, la représentation s’achève, applaudie à tout rompre par la jeune garde romantique. La partie n'est pas jouée pour autant : on n'en est qu'à la première. La presse du lendemain n'est pas tendre, ni pour Hugo ni pour ses jeunes acolytes, traités d'obscènes et de républicains. Auteur : Michel WINOCK Après Martignac, plus libéral que Villèle, Charles X charge en août 1829 le prince de Polignac de former un nouveau ministère sans tenir compte de la volonté des Chambres. Les principaux ministres incarnent la fidélité à l’Ancien Régime et sont l’objet d’une réelle impopularité. Soumise à l ’examen de la censure, la pièce de Victor Hugo est cependant autorisée alors que sa précédente création, Marion Delorme, avait été interdite par Charles X pour « atteinte à la majesté royale ». Le 29 septembre 1829, Hugo invite ses amis chez lui pour donner lecture d’Hernani, ou l’Honneur castillan, l'histoire d'amour malheureuse d'un proscrit, Hernani, pour une jeune infante, doña Sol. On s'enthousiasme pour cette pièce qui rompt avec les canons du théâtre classique, notamment avec les trois unités de temps, de lieu et d'action énoncées par Boileau sous le règne de Louis XIV. Le soir du 25 février 1830, le Tout-Paris emplit la salle du Théâtre-Français, pour assister à la « première » du drame de Victor Hugo, Hernani. Jour de bataille : l'affrontement — romantiques contre classiques — est annoncé depuis plusieurs semaines ; l'enjeu est de taille. Hugo a mobilisé une claque inhabituelle, recrutée parmi ses amis. Après avoir remporté la bataille poétique avec Lamartine, Hugo, Vigny, Nerval, les romantiques voulaient passer à l'action directe, dont le terrain désigné est le théâtre : là où se font et défont les réputations, là où l'écrivain est en prise directe avec le public, là où les passions s'exacerbent. Revendiquer la liberté dans l'art, c'est revendiquer du même pas la liberté de la presse, la liberté d'expression, les libertés politiques. « C'est le principe de liberté, écrit Hugo, qui […] vient renouveler l'art comme il a renouvelé la société . »( Lettre d'Hugo de 1830 citée par Paul Bénichou, Le Sacre de l’écrivain, Paris Librairie José Corti, 1985, p. 393. ). Avec le recul, Hernani paraît frapper les trois coups des « Trois Glorieuses ». « 25 février 1830 ! Cette date reste écrite dans le fond de notre passé en caractères flamboyants : la date de la première représentation d'Hernani ! Cette soirée décida de notre vie ! Là nous reçûmes l'impulsion qui nous pousse encore après tant d'années et qui nous fera marcher jus¬qu'au bout de la carrière. Bien du temps s'est écoulé depuis, et notre éblouissement est toujours le même. » Théophile Gautier

18 La première d'Hernani Par Albert Besnard ( ) musée Victor Hu Théophile Gautier, Victor Hugo (publication posthume, 1902) Si elle raillait l'école moderne sur ses cheveux, l'école classique, en revanche, étalait au balcon et à la galerie du Théâtre Français une collection de têtes chauves pareille au chapelet de crânes de la comtesse Dourga. Cela sautait si fort aux yeux, qu'à l'aspect de ces moignons glabres sortant de leurs cols triangulaires avec des tons couleur de chair et de beurre rance, malveillants malgré leur apparence paterne, un jeune sculpteur de beaucoup d'esprit et de talent, célèbre depuis, dont les mots valent les statues, s'écria au milieu d'un tumulte : "À la guillotine, les genoux !" [...] Cependant, le lustre descendait lentement du plafond avec sa triple couronne de gaz et son scintillement prismatique; la rampe montait, traçant entre le monde idéal et le monde réel sa démarcation lumineuse. Les candélabres s'allumaient aux avant-scènes, et la salle s'emplissait peu à peu. Les portes des loges s'ouvraient et se fermaient avec fracas. Sur le rebord de velours, posant leurs bouquets et leurs lorgnettes, les femmes s'installaient comme pour une longue séance, donnant du jeu aux épaulettes de leur corsage décolleté, s'asseyant bien au milieu de leurs jupes. Quoiqu'on ait reproché à notre école l'amour du laid, nous devons avouer que les belles, jeunes et jolies femmes furent chaudement applaudies de cette jeunesse ardente, ce qui fut trouvé de la dernière inconvenance et du dernier mauvais goût par les vieilles et les laides. Les applaudies se cachèrent derrière leurs bouquets avec un sourire qui pardonnait. L'orchestre et le balcon étaient pavés de crânes académiques et classiques. Une rumeur d'orage grondait sourdement dans la salle; il était temps que la toile se levât; on en serait peut-être venu aux mains avant la pièce, tant l'animosité était grande de part et d'autre. Enfin les trois coups retentirent. Le rideau se replia lentement sur lui-même, et l'on vit, dans une chambre à coucher du seizième siècle, éclairée par une petite lampe, dona Josepha Duarte , vieille en noir, avec le corps de sa jupe cousu de jais, à la mode d'Isabelle la Catholique, écoutant les coups que doit frapper à la porte secrète un galant attendu par sa maîtresse : Serait-ce déjà lui ? C'est bien à l'escalier Dérobé... La querelle était déjà engagée. Ce mot rejeté sans façon à l'autre vers, cet enjambement audacieux, impertinent même, semblait un spadassin de profession, allant donner une pichenette sur le nez du classicisme pour le provoquer en duel. « M. Théophile Gautier, surtout, insultait les yeux par un gilet de satin écarlate, agrafé sur un pantalon vert pâle à bande de velours noir, et par l'épaisse chevelure qui lui descendait jusqu'aux reins.»

19 Dans Le Constitutionnel Bastion des « classiques »
«Le romantisme n'est pas un ridicule, c'est une maladie, comme le somnambulisme et l'épilepsie. Un romantique est un homme dont l'esprit commence à s'aliéner. Il faut le plaindre, lui parler raison, le ramener peu à peu; mais on ne peut en faire le sujet d'une comédie; c'est tout au plus celui d'une thèse de médecine.» Duvergier de Hauranne, futur confrère de Hugo à l'Académie La Bataille littéraire : « La référence épique et tout particulièrement le parallèle avec les conquêtes de la Révolution et de l’Empire, donne à la littérature une dimension héroïque. La bataille littéraire, c’est la gloire des armes permise à ces « enfants pleins de force et d’audace, fils de l’Empire et petits-fils de la révolution »

20 Benjamin Roubaud, Grand chemin de la postérité, 1842, (détail) Maison de Balzac, Paris.
La caricature de Benjamin Roubaud ( ) donne une idée assez juste de l'image qui s'attachait aux Romantiques dans le public et du mauvais goût dont on les taxait : sous la bannière « Le laid c'est le beau » et négligemment béni par Lamartine, Victor Hugo entraîne derrière lui pour quelque croisade fabuleuse son cortège de fidèles où l'on reconnaît Gautier, Eugène Sue (accroché au mât), Dumas, Balzac, Vigny...

21 Albert Besnard ( esquisse préparatoire)
Fils d’un élève d’Ingres et d’une miniaturiste, le peintre et graveur Albert Besnard se situe à mi-chemin entre l’académisme et la mouvance impressionNiste. Auteur de grandes compositions (plafond du Théâtre-Français) et de portraits, il peint cette toile pour honorer une commande de Paul Meurice, fondateur de la Maison de Victor Hugo. Le tableau représente la salle Richelieu avant le lever du rideau. D’emblée on remarque l’agitation régnant dans un endroit où le calme et les mœurs policées dominent en temps normal ; « une rumeur d’orage grondait dans la salle », dira Théophile Gautier. Au premier plan, portant les cheveux longs et des vêtements excentriques en signe d’appartenance à la mouvance romantique, les partisans d’Hugo ne peuvent tenir en place. Plusieurs d’entre eux, la bouche ouverte, lancent insultes et quolibets à leurs adversaires. Sur la gauche du tableau, on reconnaît Théophile Gautier, bravant l’adversaire avec son torse bombé et son gilet rouge. L’un de ses alliés, monté sur la scène, semble vouloir singer les gestes et la pose d’un spectateur de l’autre camp. Entre ces deux personnages, tous les occupants des premiers rangs se regroupent en une cohorte informe, parcourue par l’effervescence de la joute oratoire qu’elle mène avec les autres spectateurs du balcon. Parmi les défenseurs de la pièce venus pour l’occasion, citons Louis Boulanger, Gérard de Nerval, Alfred de Musset, Petrus Borel, Célestin Nanteuil, Auguste de Châtillon. La plupart étaient déjà là à l’ouverture des portes du théâtre en début d’après-midi et se sont livrés pour passer le temps à un chahut où les chansons l’ont disputé aux cris d’animaux. Entre les « pro » et les « anti » Hernani, la salle compte d’autres éminents spectateurs venus par simple curiosité. Parmi eux citons en particulier Chateaubriand. Dès les premiers vers, la querelle est engagée. « Il suffisait, écrit Théophile Gautier, de jeter les yeux sur ce public pour se convaincre qu'il ne s'agissait pas là d'une représentation ordinaire ; que deux systèmes, deux partis, deux armées, deux civilisations même, — ce n'est pas trop dire — étaient en présence, se haïssant cordialement, comme on se hait dans les haines littéraires, ne demandant que la bataille, et prêts à fondre l'un sur l'autre. L'attitude générale était hostile, les coudes se faisaient anguleux, la querelle n'attendait pour jaillir que le moindre contact, et il n'était pas difficile de voir que ce jeune homme à longs cheveux trouvait ce monsieur à face bien rasée désastreusement crétin et ne lui cacherait pas longtemps cette opinion particulière. » (Paul Bénichou, Le Sacre de l’écrivain, Paris, Librairie José Corti, 1985, p. 393.) Ponctuée de cris d'indignation, d’ovations et d'échanges variés, la représentation s’achève, applaudie à tout rompre par la jeune garde romantique. La partie n'est pas jouée pour autant : on n'en est qu'à la première. La presse du lendemain n'est pas tendre, ni pour Hugo ni pour ses jeunes acolytes, traités d'obscènes et de républicains. Auteur : Michel WINOCK Après Martignac, plus libéral que Villèle, Charles X charge en août 1829 le prince de Polignac de former un nouveau ministère sans tenir compte de la volonté des Chambres. Les principaux ministres incarnent la fidélité à l’Ancien Régime et sont l’objet d’une réelle impopularité. Soumise à l ’examen de la censure, la pièce de Victor Hugo est cependant autorisée alors que sa précédente création, Marion Delorme, avait été interdite par Charles X pour « atteinte à la majesté royale ». Le 29 septembre 1829, Hugo invite ses amis chez lui pour donner lecture d’Hernani, ou l’Honneur castillan, l'histoire d'amour malheureuse d'un proscrit, Hernani, pour une jeune infante, doña Sol. On s'enthousiasme pour cette pièce qui rompt avec les canons du théâtre classique, notamment avec les trois unités de temps, de lieu et d'action énoncées par Boileau sous le règne de Louis XIV. Le soir du 25 février 1830, le Tout-Paris emplit la salle du Théâtre-Français, pour assister à la « première » du drame de Victor Hugo, Hernani. Jour de bataille : l'affrontement — romantiques contre classiques — est annoncé depuis plusieurs semaines ; l'enjeu est de taille. Hugo a mobilisé une claque inhabituelle, recrutée parmi ses amis. Après avoir remporté la bataille poétique avec Lamartine, Hugo, Vigny, Nerval, les romantiques voulaient passer à l'action directe, dont le terrain désigné est le théâtre : là où se font et défont les réputations, là où l'écrivain est en prise directe avec le public, là où les passions s'exacerbent. Revendiquer la liberté dans l'art, c'est revendiquer du même pas la liberté de la presse, la liberté d'expression, les libertés politiques. « C'est le principe de liberté, écrit Hugo, qui […] vient renouveler l'art comme il a renouvelé la société . »( Lettre d'Hugo de 1830 citée par Paul Bénichou, Le Sacre de l’écrivain, Paris Librairie José Corti, 1985, p. 393. ). Avec le recul, Hernani paraît frapper les trois coups des « Trois Glorieuses ». Albert Besnard ( esquisse préparatoire)

22 « les Romains échevelés à la première représentation d´Hernani »
1830 – J. Granville « les Romains échevelés à la première représentation d´Hernani » « Pour cette génération, Hernani a été ce que fut le Cid pour les contemporains de Corneille. Tout ce qui était jeune, vaillant, amoureux, poétique, en reçut le souffle… Le charme dure encore pour ceux qui furent captivés.»

23

24 Paris, bibliothèque de la Comédie Fançaise
Maquette du quatrième acte d'Hernani adaptation pour la reprise de 1867 à la Comédie Farnçaise par Charles-Antoine Cambon ( )

25 Le goût de l’exotisme : une constante de la sensibilité romantique.
Carnets d’un voyage au Maroc de Delacroix

26 Femme debout vêtue d'un costume chamarré; projet de costume pour la reine Elisabeth d' "Amy Robsart" de Victor Hugo; créé à l'Odéon en 1828 Eugène Delacroix

27 Marion Delorme, Drame en cinq actes et en vers, créé au Théâtre de la Porte Saint-Martin en août 1831 La litière du cardinal de Richelieu (maquette du décor pour le V° acte de Marion Delorme) Par Louis Boulanger Louis ( ) RMN79461 Cote cliché : N° d’inventaire : Inv270 Fonds : Dessins Titre : La litière du cardinal de Richelieu (maquette du décor pour le V° acte de Marion Delorme) Auteur : Boulanger Louis ( ) Crédit photographique : (C) Photo RMN - ©Bulloz Période : 19e siècle Technique/Matière : aquarelle Hauteur : 0.485 m. Longueur : 0.750 m. Localisation : Paris, musée Victor Hugo Mots-clés :

28 Louis Boulanger Louis (1806-1867):Maquette de costumes pour Ruy Blas
Louis Boulanger Louis ( ):Maquette de costumes pour Ruy Blas. Ruy Blas (2° acte) et la reine (1ere acte). Paris, musée Victor Hugo Mots-clés : Maquette de costumes pour Ruy Blas [1838] . Ruy Blas (2° acte) et la reine (1ere acte). Par Louis Boulanger

29 1843 : Maquette pour "Les Burgraves" le mendiant
Célestin-François Nanteuil RMN126607 Cote cliché : N° d’inventaire : Fonds : Dessins Titre : Maquette pour "Les Burgraves" le mendiant Auteur : Nanteuil Célestin-François ( ) Crédit photographique : (C) Photo RMN - ©Bulloz Période : 19e siècle Technique/Matière : lavis Localisation : Paris, bibliothèque de la Comédie Fançaise Mots-clés :

30 23 décembre 1838 : La Caricature
« LES ROMANTIQUES CHASSÉS DU TEMPLE » Par De Barray Hugo, Dumas, Frédérick Lemaître sont chassés de la Comédie-Française par Mlle Rachel vers le théâtre de la Renaissance : le 8 novembre a eu lieu dans ce théâtre la première de Ruy Blas. On notera les caractéristiques physiques données à Hugo : un large front, les cheveux longs, la disproportion entre la tête et le corps. La légende de la gravure doit s'interpréter à partir de l'épisode des Évangiles où Jésus chasse les marchands du Temple. Hugo avait fait jouer Hernani et Angelo à la Comédie-Française. La tragédienne Rachel, qui avait débuté en 1828 à la Comédie-Française, y défendait la tragédie classique. La caricature suggère qu'elle chasse les romantiques du temple de la tragédie classique vers le théâtre de la Renaissance, qui sera inauguré par la représentation de Ruy Blas. Depuis 1837, Victor Hugo est en procès contre la Comédie-Française qui refuse de remettre à l'affiche Angelo, Marion Delorme et Hernani. Cette année 1838 est un tournant dans la carrière de Hugo. On lira par exemple un article publié à cette date dans La Revue des Deux Mondes par le critique Gustave Planche, et qui commence ainsi : « M. Hugo touche à une heure décisive ; il a maintenant trente-six ans, et voici que l'autorité de son nom s'affaiblit de plus en plus. À quelle cause faut-il attribuer ce discrédit ? Est-ce que les forces du poète s'épuisent ? ou bien le public serait-il ingrat ? Oublierait-il ceux qu'il a couronnés, par caprice, par injustice, par satiété ? » ** Hugo a toute sa vie été au centre de polémiques et de controverses qui l'ont mis aux prises avec des adversaires féroces, ne reculant devant aucune attaque personnelle. C'est le prix d'un engagement qui ne s'est jamais démenti et qui n'a jamais reculé devant l'impopularité. Il ne faut donc pas s'étonner de trouver autant de caricatures de l'écrivain tout au long du siècle, aussi bien sous forme de dessins que de textes acerbes. Hugo a lui-même pratiqué l'art de la caricature et a toujours accepté d'être l'objet de portraits-charges. Voici, en quelques lignes, tracées les évolutions de la « caricature hugolienne ». « La plus forte tête romantique » Les premières caricatures de Victor Hugo parues dans les années 1830, ainsi que leurs légendes et les articles qui les accompagnent, dénoncent avant tout - rançon de nombreux succès littéraires, de reconnaissances officielles et de prises de position plus esthétiques que politiques - un écrivain « révolutionnaire du goût », une sorte de « fou contemporain », imbu de lui-même. II est donc souvent représenté avec des tenues excentriques ou élégantes, dans une posture énergique, en tête de cortège ou occupant une position éminente. Mais c'est surtout son front, que ses contemporains s'accordent à reconnaître « grand et haut », qui est la cible des caricaturistes et qui est agrandi démesurément pour railler le « surhomme ». La charge intitulée « Mr. V.H., la plus forte tête romantique » illustre bien cette période qui précède son entrée en politique.

31 Le théâtre de la Renaissance, (20, boulevard Saint-Martin, construit par Charles de Lalande)
Ouvre ses portes en 1838 à l'initiative de Victor Hugo et d’Alexandre Dumas. Ils souhaitaient disposer d'un lieu dédié au drame romantique. Triomphe de Ruy Blas en novembre 1838. Le lieu, victime des intrigues des théâtres concurrents, ferme ses portes en 1841, et les rouvre en 1871 avec la bénédiction de Victor Hugo. Carte postale de 1900

32 Hugo lorgnant les voûtes bleues Au seigneur demande tout bas
Les Burgraves Comédie-Française mars 1843. L’échec de la pièce met fin au drame romantique et à la carrière théâtrale Hugo. Au même moment la fronde néo-classique des opposants au drame romantique, porte aux nues Lucrèce de François Ponsard. Honoré Daumier Hugo lorgnant les voûtes bleues Au seigneur demande tout bas Pourquoi les astres ont des queues Quand les Burgraves n’en ont pas

33 1843 – Prosdpectus publicitaire pour les Buses-Graves
Trilogie à grand spectacle avec fantasmagories etc. par M. Tortu Goth, chargée de vignettes par Bertall (Parodie des Burgraves, Tortu Goth est le pseudonyme de Charles Albert d’ Arnould connu sous le nom de Bertall ( )

34 Charles Albert d'Arnoux (dit Bertall) 1820-1882
In Le Journal Amusant, no. 595 mai 1867 La bataille des anciens et des modernes au Salon de 1867 The Battle of the Ancients and the Moderns Virtually every Parisian journal published reviews of the Salon that functioned both as guides to the exhibition and as serious art criticism. While the battle between the ancients and the moderns is an oversimplification of the issues that defined the field of art critical discourse, it was this highly politicized aesthetic debate that caricaturists most frequently targeted. In this battle, the representatives of academic traditions stood for high ideals and noble subjects drawn from the past, while representatives of Realism and other modernisms stood for commonplace subjects and contemporary life. One embodiment of the Realist school was the fashionable Parisienne seen here. By the time this caricature was published, she had supplanted the peasant as the quintessential modern life subject. Edouard Manet, Lola de Valence, salon de 1867.

35 - Comment devient-on classique ?
Hernani : plusieurs reprises, en 1838, 1841, 1844, 1845 : 1838 : 12rep. ; Comédie-Française : Marie Dorval (Doña Sol) ; Firmin (Hernani) ; Joanny (Don Ruy Gomez de Silva ); Ligier (Don Carlos) pour 12 représentations. 1867 : reprise à la Comédie-Française, juin à décembre, grand succès : 71 représentations. Mise en scène, Auguste Vacquerie ; Mlle Favart (Doña Sol), Delaunay (Hernani) 1877 : Comédie-Française : 21 représentations : Sarah Bernhardt (Dona Sol), Mounet-Sully (Hernani). 1878 : 90 représentations. Entre 1867 et 1914 : 491 représentations Entre 1920 et 1938 : 142 représentations. 1985 : Théâtre National de Chaillot, MES Antoine Vitez ; décors et costumes Yannis Kokkos ; musique : Aperghis ; Aurélien Recoing (Hernani) Jany Galsaldi (Dona Sol) 39 représentations Reprise de 1867 : Théophile Gautier : « Hernani n’a plus besoin de sa vieille bande, personne ne songe à l’attaquer. […] Autrefois, ce n’était pas ainsi, et chaque soir Hernani était obligé de sonner du cor pour rassembler ses éperviers de montagne, qui parfois emportaient dans leurs serres quelque bonne perruque classique en signe de triomphe. »

36 Sarah Bernhardt Doña Sol et Gustave Worms en Don Carlos 1877

37 Georges-Jules Victor Clairin ( ), Sarah Bernhardt ( ) dans le rôle de la Reine dans Ruy Blas, 1897

38 Sur le site Architea.org vous trouverez également :
Mémo la Bataille d'Hernani DOC - Dumas : Hernani, Hugo bataille avec le jeu classique des comédiens du Français. DOC- Dumas : Une comédienne conteste l’auteur-metteur en scène : Mlle Mars répète avec Hugo. DOC - Hernani 1830 comment la censure et l'autocensure s'exerce Théophile Gautier : à 18 ans il rencontre Hugo le « Jupiter romantique » et mène la claque à la première d’Hernani. DOC - Théophile Gautier : « Cette soirée décida de notre vie !» 42 ans après la Bataille, nostalgie d’un fidèle Adèle Hugo : La première d’Hernani un suspens continu… Mémo : Le Drame romantique revendique une opposition et un dépassement des Classiques.


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