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Histoire de France d’Ancien régime
Premier cours : Les origines de la France, de l’occupation celte à Clovis
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Premier cours : 1 – Notions préliminaires
2 – La France bien avant les Français 3 – Les Gaulois 4 – La Conquête romaine 5 – La Pax romana en Gaule 6 – L’arrivée des Francs 7 – Clovis et la fondation de la France
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1 – Notions préliminaires
1.1 - Une nation de synthèse C’est une banalité d’affirmer que la France est issue d’un mélange de populations. Cela s’explique aisément à la fois par la nature du territoire français et par sa situation géographique. À l’échelle de la planète, la France est un petit pays, mais en Europe, elle compte parmi les plus grands. Ainsi, sa population a toujours été très importante. De même, plus un territoire est important, plus sa diversité humaine est grande.
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La France est riche et son sol y est très fertile
La France est riche et son sol y est très fertile. Pas partout, mais en terme de surface cultivable, elle occupe depuis toujours la première place en Europe. Elle abrite un grand mélange de paysage, ce qui explique que diverses populations se spécialisant dans divers secteurs économiques y aient pris racine. C’est sa situation géographique qui explique cette diversité : elle est à la fois la voie et la destination de toutes les invasions barbares. La juxtaposition de cette richesse et de cet emplacement a fait de la France un territoire convoité. Après les Celtes, l’Empire romain va s’en emparer, avant d’en être chassé à son tour par les Germains. Après la conquête de Rome, l’élément romain se juxtapose à l’élément gaulois. Et lorsque les Francs arrivent, ils se fondent à l’ensemble gallo-romain. C’est ce mélange qui prendra le nom de « peuple françois ».
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Ce mélange ne concerne pas que l’Antiquité
Ce mélange ne concerne pas que l’Antiquité. La France actuelle s’est bâtie depuis le Moyen-âge en incorporant des territoires peuplés d’autres populations : Ibères au sud-ouest, « Italiens » au sud-est, « Allemands » à l’est, Hollandais au nord. D’autres encore, comme les Bretons et les Normands. Si bien qu’au moment où la monarchie s’effondre en 1789, la langue française est encore loin d’être dominante sur tout le territoire, particulièrement au sud. Depuis la décolonisation et les mouvements migratoires qui ont suivis, la population s’est encore diversifiée avec l’arrivée de nombreux immigrants issus de l’empire français : Africains, Arabes, Asiatiques. Et compte tenu du grand prestige dont jouit toujours la France à l’échelle internationale, continuent d’y affluer aujourd’hui des gens de partout dans le monde, contribuant eux aussi à accroître cette grande diversité.
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Langues de France
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1.2 - L’État L’État français est puissant, omniprésent et centralisateur, les constructeurs de l’État français l’ont voulu ainsi. Plus un État est complexe et hétérogène, plus sa cohésion réclame un centre politique puissant. Ce ne fut cependant pas le cas de tout temps et l’histoire de la France peut justement se lire comme l’histoire d’une lutte entre un centre se voulant tout puissant et divers contre-pouvoirs, régionaux et institutionnels. Au moment de sa « 3e naissance », la France dispose d’un État central fort. Mais de 843 à 986, l’État va se désagréger en différents fiefs et en 986, le territoire sur lequel règne effectivement le roi est extrêmement limité et sur le reste du territoire, son autorité est nominale : il n’est en fait que le premier parmi ses pairs.
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La principale tâche qui incombera aux successeurs d’Hugues 1er sera d’accroître le domaine royal et d’étendre l’autorité du trône de France sur l’ensemble des territoires peuplés par des « Français ». La guerre de Cent Ans, les conflits avec la Bourgogne ou avec la Bretagne, la rivalité avec le Saint-Empire romano-germanique pour le contrôle des territoires orientaux, font partie de cette longue lutte. Ce sera l’une des priorités des révolutionnaires de de maintenir l’unité de ce territoire très diversifié. Une fois le territoire soumis à Paris viendra la lutte pour déterminer le degré de centralisation des pouvoirs. Après la mort de la 3e République et l’échec de la 4e, de Gaulle va imposer sa vision d’un État central fort, avec à sa tête un président doté de grandes prérogatives, mettant ainsi fin à cette lutte séculaire.
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1.3 – Le conflit nord-sud Manifestation très concrète de deux premiers éléments mentionnés, le conflit entre le nord et le sud du pays constitue un autre élément rythmique de son histoire L’origine des populations de ces deux zones est différentes : toutes deux ont subi l’influence de Rome, mais le Nord s’en est affranchi plus rapidement, parce que c’est dans cette zone que les Francs se sont installés. Au sud, la pénétration franque est plus lente et d’autres populations sont installées (Wisigoths en Aquitaine, par exemple) : l’influence latine sera plus durable. Les manifestations de ces oppositions sont multiples. Du point de vue linguistique, lorsque la langue romane sera officiellement adoptée, il demeurera longtemps deux groupes linguistiques distincts : les langues d’oïl au nord, les langues d’oc au sud.
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Langues d’oïl
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Les grands schismes à l’intérieur de l’Église de France se manifestent aussi sur une ligne de fracture nord-sud. C’est le cas du catharisme, qui se développe au XIIe et XIIIe siècle, essentiellement au sud. Et c’est une coalition de notables pour l’essentiel venu du nord qui mettra fin violemment au mouvement. Autre exemple intéressant, la pénétration du calvinisme au XVIe siècle. On compte des protestants un peu partout sur le territoire, mais certaines zones comptent une proportion de protestants plus élevés. Si on exclut l’est, c’est dans le sud que les protestants sont les plus nombreux. Le développement d’un État fort en France peut être vu comme une réponse du nord à cette volonté des régions sud de maintenir leurs différences et la construction de la République, « Unie et indivisible » ayant été la réponse moderne et d’une certaine façon, définitive.
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Les protestants en France
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1.4 – La France, « fille aînée de l’Église »
La religion en France ne constitue plus aujourd’hui une force politique. Le catholicisme demeure la confession religieuse la plus répandue, et d’une certaine façon, l’accroissement de la présence musulmane a pu redonner au catholicisme une certaine présence. De même, lors des « manifs pour tous » autour de la question de la légalisation du mariage homosexuel, on a pu voir les autorités catholiques françaises occuper une position relayée par une partie de la population française, ce qui témoigne que les « valeurs catholiques » ne sont pas mortes en France. Mais la France est depuis la révolution un État laïque et qui insiste particulièrement sur ce fait. Cette laïcité affirmée ne doit cependant pas faire oublier que la France fut, pendant de longs siècles, la « fille aînée de l’Église ».
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La « seconde naissance de la France » en 496 est précisément liée à un événement religieux : le baptême de Clovis en 496 fonde véritablement la France et par ce geste politique, Clovis intègre l’élite sociale gallo- romaine et permet le début de la fusion entre ceux-ci et les populations franques. De même, l’État franc devient le successeur de l’Empire romain. Dès lors, les institutions religieuses vont jouer un rôle fondamental dans la légitimation du pouvoir royal. Jusqu’à aboutir, sous la théorisation de Bossuet, à la création du principe de « monarchie de droit divin ». Guère étonnant, alors, de constater le rôle prédominant que vont jouer les Français dans le cadre des Croisades. Outre celle des Albigeois, les 8 croisades en Terre sainte verront une participation très active de la noblesse française, dont bien sûr le pouvoir royal. C’est par son activisme religieux que Louis IX deviendra Saint-Louis.
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Cela ne veut bien sûr pas dire que les relations entre les autorités religieuses et le pouvoir royal aient toujours été bonnes. À certaine époque, le roi n’a pas hésité à s’en prendre directement à certaines institutions religieuses, voire au pape lui-même. Le Grand Schisme met d’ailleurs en évidence le rapport hiérarchique de la politique et de la religion en France, alors que le premier est généralement dominant et instrumentalise le second pour ses besoins propres. Mais il ne faut pas croire à une domination complète du politique sur le religieux, car il fut des moments où les institutions religieuses dominèrent la structure politique. Peu importe quel pouvoir dominait l’autre, la relation complexe entre le politique et le religieux demeure une donnée fondamentale de l’histoire de la France jusqu’à la révolution, le second légitimant le premier, qui en retour le protège, dans une sorte de relation féodale.
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1.5 – La tentation impériale
Comme toutes les grandes nations occidentales, la France a connu son épopée impériale. Dans son cas, d’ailleurs, il convient davantage de parler de ses épopées impériales. Dès son origine, la France est un vaste ensemble habité par des populations diverses qui n’ont rien d’autre en commun que d’être soumis au même pouvoir politique. Dans la mesure où cet État s’est initialement construit sur les ruines de l’Empire romain, il n’est guère étonnant que sa forme initiale en ait été grandement inspirée. Après le chaos des derniers mérovingiens, c’est encore un empire, celui de Charlemagne, qui reprend le contrôle, en poussant cependant vers l’est et en intégrant des territoires n’ayant jamais été dominés par les élites franques.
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Autre désintégration, autre reconstitution du territoire sous les Capétiens. Et une fois que l’Hexagone aura été plus ou moins formé, c’est au-delà des mers que la France projettera sa puissance et son influence. On pense généralement la France comme une puissance continentale et on oublie l’importance des mers, lesquelles l’ont incité à s’étendre au-delà. Les vagues colonisatrices du XVIe siècle et du XIXe siècle sont distinctes dans leurs objectifs et leurs manifestations, mais elles répondent toutes deux à la même motivation : la croissance de la puissance de l’État et le rayonnement de la France. Ce désir impérial n’est pas qu’une simple manifestation de puissance économique et politique : la France, fille aînée de l’Église, patrie de la révolution, mère de l’État moderne, cherche souvent à imposer son modèle, qu’elle juge bien sûr supérieur.
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Rejoignant en cela le « fardeau de l’homme blanc » de Kipling, l’État français croit avoir un rôle particulier à jouer dans l’histoire de l’humanité, une sorte de responsabilité morale. Et il ne s’agit pas simplement de recouvrir l’impérialisme le plus « crû » d’un voile politiquement correct, car l’État croit souvent véritablement à sa mission civilisatrice. D’où la participation très active de la noblesse française aux Croisades en Terre sainte. D’où l’impérialisme républicain d’un Napoléon Bonaparte. D’où l’Organisation de la Francophonie et la multiplication des antennes de l’Alliance française partout dans le monde. Et d’où l’interventionnisme du président Hollande en ce moment…
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2 – La France bien avant les Français
L’attrait du territoire de l’Hexagone est étayé par les découvertes archéologiques. Les premières traces d’habitation du territoire remontent à 465 000 années : en Bretagne et dans le midi, on a retrouvé les traces d’un bivouac, avec des ossements de rhinocéros. Quant aux preuves directes, le plus vieux témoignage remonte à environ 400 000. En juillet 1971, près de Perpignan, à Tautavel, plus précisément, furent retrouvés des restes d’un individu : crâne, dents, rotules, fémur, identifiés à l’Homo Erectus. Les preuves d’habitations du territoire se multiplient à partir de 100 000 ans avant notre ère, alors que, suite à la dernière grande glaciation, l’homme de Neandertal arpente le territoire, laissant de nombreux témoignages.
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Pré-néandertaliens
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Après avoir cohabité avec Cro-Magnon, l’homme de Neandertal s’éteint, pour laisser la place à notre ancêtre direct. En septembre 1940, des enfants découvrent les dessins des grottes de Lascaux, dont le caractère artistique fait aujourd’hui débat. Peu importe ce que ces dessins signifiaient, ils constituent néanmoins un témoignage des capacités de nos ancêtres il y a 17 000 années. Puis viennent les traces de diverses variantes de Cro- Magnon : le Magdalénien (spécimen retrouvé aussi en Dordogne), ou encore l’Asilien, probablement le plus répandu sur le territoire français à l’époque. Vers - 5 000 apparaît ce que l’on peut qualifier de civilisation : les outils et les armes se développent, des bijoux de plus en plus raffinés font également leur apparition. Agriculture et sédentarisation apparaissent.
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Les grottes de Lascaux
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Les témoignages se multiplient à partir de – 4 000 : de nombreux menhirs datant de cette époque se dressent dans le Morbihan, en Bretagne. On peut de même y voir des tumulus de pierre, dont celui de Saint-Michel, qui fait plus de 70 mètres, ainsi que de nombreux cromlechs. À la même époque, il est question de la civilisation chasséenne, dont les représentants essaiment dans toutes les directions, fondant des villages, et laissant de nombreux témoignages de leur passage. Les archéologues ont calculé qu’en 2 700 avant notre ère, le territoire de la France était peuplé d’environ 1 million d’habitants. L’âge du bronze commence en territoire français vers 1 700 avant notre ère. Ce dernier âge préhistorique prend fin aux alentours de — 800, alors qu’une mini-ère glacière s’avance, poussant vers le sud et l’ouest des populations provenant du nord et de l’est de l’Europe, et même au-delà, de l’Asie centrale.
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Morbihan, Bretagne Dolmen Tumulus
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3 – Les Gaulois La population de la France n’est guère latine, et des grandes civilisations, ce sont les Celtes qui furent les premiers à s’établir sur le territoire de l’actuelle France. Vers 800 avant notre ère, les Celtes s’installent dans la région centrale de la France. Peuple d’origine indo- européenne, les Celtes ont quitté l’Asie centrale et l’Asie Mineure pour se diriger vers l’Ouest, où ils se sédentarisent peu à peu. Le territoire est déjà peuplé et cette pénétration celte ne s’est probablement pas faite de façon pacifique. Mais les nouveaux venus finirent sans doute par imposer leur présence, ce qui ne veut pas dire que les populations locales aient été massacrées. Probablement que les nouveaux éléments se sont mêlés à ces populations.
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Aire celtique
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Le niveau d’avancement technique de ces populations était bien supérieur à celui des locaux et leur arrivée coïncide avec la fin de l’âge du bronze et le début du premier âge du fer (âge de la civilisation hallstattienne). On retrouve ce nom de « celtes » chez le géographe grec Hécatée de Milet et chez Hérodote. Les spécialistes ne s’entendent pas sur la signification du terme : soit kel- kol (colon), soit keleto (rapide). En Grec, on les appelle des Galates, des envahisseurs. Ce dernier terme s’est transformé éventuellement pour donner le mot « gaulois », nom donné à la population celte qui s’est installé sur le territoire de France. À l’époque des premiers établissements celtes, le territoire contrôlé par ceux-ci, outre la France de l’est, comprend la région alpine (en fait, le pourtour), jusqu’à la Bohême.
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À partir de cette zone initiale, les Protoceltes essaiment dans diverses directions. Dès le VIe et Ve siècles, ils se dirigent vers la Grande-Bretagne, occupent l’ouest de la France et traversent les Pyrénées pour s’établir dans la péninsule ibérique. L’un des peuples celtes s’installe aussi à cette époque sur les rives de la Seine. Il s’agit des Parisis, du « peuple des carrières ». Peu à peu, les Celtes recouvrent l’ensemble du territoire européen. Au IIIe siècle, les premiers contacts sont établis avec Rome. On les retrouve aussi beaucoup plus loin, jusque dans les Balkans, lorsque le roi Brennus II fonde la ville de Belgrade en En Gaule même, au moment où commencent les efforts militaires de Rome, la population s’élève à 10 millions de personnes.
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Peuples de Gaule
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4 – La Conquête romaine Autour de -200, Rome est devenue assez puissante pour sortir de son territoire d’origine et son regard se tourne vers la région alpine, où se trouvent les Celtes. La conquête de la Gaule s’étend sur plus d’un siècle. D’abord lente et prudente, elle subit une accélération au milieu du dernier siècle avant notre ère, lorsque le général Jules César prend les choses en mains. Déjà depuis plusieurs décennies, des Romains se sont installés sur le territoire de la Gaule, surtout au sud, autour de la ville de Marseille, fondée depuis longtemps déjà (-600) par des colons grecs originaires de Phocée. La majorité d’entre eux sont bien sûr marchands.
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C’est par la zone cisalpine que commence la marche victorieuse de Rome et en -192, les Celtes Boïens sont vaincus et toute la population est massacrée, sauf les enfants et les vieillards. Marseille étant harcelée par les Salyens, les notables se tournent vers Rome, qui est désormais à proximité, laquelle répond en exterminant la tribu en question et en incorporant de facto Marseille aux territoires romains. La prochaine étape de la conquête se situe dans la région contrôlée par les Arvernes. En -121, le roi des Arvernes Bituit est vaincu par les armées de Rome et pour assoir leur domination sur la zone, ils fondent leur première ville en territoire gaulois, Narbo Martius, qui deviendra Narbonne, capitale de la province romaine de la Gaule narbonnaise, ou Gaule transalpine. C’est à cette époque que 350 000 Helvètes décident de quitter leur territoire (la Suisse) pour trouver refuge sous des cieux plus cléments, à l’ouest.
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Pendant deux ans, les Helvètes se préparent et avant de partir, brûlent leurs 400 villages et détruisent leurs 12 places fortes. Mais pour se rendre à leur destination, ils doivent traverser le territoire romain et obtenir l’autorisation de Jules César, qui refuse. Plus encore, il présente au Sénat un rapport pour justifier la nécessité de passer à l’attaque contre les Gaulois et utilisent ce prétexte pour s’enfoncer profondément en Gaule. En juin -58, à la tête de milliers de cavaliers, il fonce à la rencontre des Helvètes, lesquels sont rapidement défaits. 200 000 d’entre eux meurent au cours de la bataille et pendant le chemin du retour vers la Suisse. Un an plus tard, un autre peuple gaulois fait les frais de l’agressivité de César : les Vénètes (peuple marin habitant sur les côtes de la Bretagne) sont défait en -57, l’ensemble des membres du Sénat massacré et 50 000 Vénètes sont vendus comme esclaves.
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La violence de la conquête romaine pousse les tribus gauloises, à s’unir pour faire face à la menace commune. Un Arverne d’une trentaine d’années, fils d’un puissant vergobret, finit par s’imposer comme chef et parvient à réunir les peuples de Gaule. Il s’agit bien sûr de Vercingétorix. Suite à un énième massacre dans la région d’Orléans, Vercingétorix est proclamé roi des Arvernes et appelle à la rébellion contre l’envahisseur. Un peu partout, les Romains qui s’étaient installés en Gaule sont massacrés et de partout en Gaule convergent vers l’Auvergne des milliers de cavaliers. En mars -52, les Romains, à court de ravitaillement assiègent et s’emparent de Biturges (Bourges), dont toute la population est massacrée. Les Gaulois se retranchent à Gergovie, où les forces romaines sont défaites et contraintes à reculer.
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Cette victoire obtenue grâce à l’effort conjugué de tous les peuples gaulois constitue ce que l’on nomme la 1ère naissance de la France. À côté de cette image d’Épinal d’une Gaule enfin unie par un grand chef, il convient d’insister sur une autre réalité, soit la division des peuples de Gaule. Certes, Vercingétorix est parvenu à s’imposer, mais il s’agissait davantage d’une coalition que d’une union à proprement parler. De nation, il n’y avait point. Cette victoire de Gergovie sera sans lendemain : plus tard dans l’année, le long siège d’Alesia contraindra Vercingétorix à déposer les armes aux pieds de César, mettant ainsi fin à la guerre des Gaules. Quant à Vercingétorix, il sera exhibé à Rome au retour de César six années plus tard, avant d’être étranglé.
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La conquête des Gaules
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5 – La Pax romana en Gaule Malgré sa violence, la conquête romaine aura des conséquences très positives sur la Gaule, qui va connaître quelques siècles de paix et de développement remarquables. Il y a bien quelques révoltes épisodiques, mais dans l’ensemble, la population s’adapte à la culture romaine et en adopte la langue et les habitudes. Car la civilisation gauloise est sur tous les plans du développement très inférieure à celle du conquérant et va bénéficier de son influence. On assiste à une fusion culturelle, la population locale étant littéralement absorbée par la culture romaine. César meurt assassiné en -43 et la situation politique se stabilise à Rome. La même année, la ville de Lugdunum est fondée, laquelle devient à partir de -16 la capitale des Gaules romaines.
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Les Gaules romaines
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Les unions mixtes se multiplient et les Gaulois intègrent les structures administratives de l’Empire romain. D’abord en occupant des fonctions locales, mais peu à peu, en se hissant à la tête des structures impériales. Cela devient particulièrement évident à partir du règne de l’empereur Claude, lui-même né à Lugdunum et par la suite, certains empereurs romains seront en fait d’origine gauloise, ou au moins gallo-romaine. Le limes dressé aux frontières des territoires de Rome, devenu empire en -27, permet de protéger le commerce et les villes. Le territoire se couvre alors de ces éléments architecturaux propres à la Rome antique, dont plusieurs subsistent, comme les arènes ou les aqueducs. La pacification permet un essor du commerce : grâce aux fleuves et rivières qui quadrillent le territoire, la Gaule exporte nourriture, produits manufacturés et bijoux vers Rome et le monde méditerranéen, tout en important métaux, marbre et huile d’olive.
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Le pont du Gard
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Le territoire voit la multiplication des voies romaines
Le territoire voit la multiplication des voies romaines. Bien sûr, la Gaule comptait déjà un réseau de circulation assez bien développé, mais l’administration romaine va l’accroître considérablement, tout en l’améliorant. À la fin du 1er siècle de notre ère, des agriculteurs développent des variétés de raisins plus résistants et commencent à implanter la culture de la vigne dans le sud de la Gaule. Le christianisme commence à s’implanter dès le premier siècle, avec une communauté chrétienne importante à Lugdunum. Le développement de cette nouvelle foi jouera un rôle dans l’effondrement de l’empire. L’empereur Constantin adoptera le christianisme à titre personnel en 313 et en 392, l’empereur Théodose en fera la religion de l’État. Au début du 3e siècle, l’Empire montre des signes de faiblesse, sous l’effet conjugué des révoltes chrétiennes et des incursions barbares de plus en plus fréquentes.
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Empire romain
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6 – L’arrivée des Francs Sur le limes, les barbares sont là depuis un certain temps, s’intégrant à la population gallo-romaine dans les villes et les villages, car ils sont à ce moment peu nombreux. Peut-être à cause d’une baisse de natalité des populations locales, on constate un accroissement de ces populations barbares au point où, en 330, Constantin autorise la création d’armée mixte romano germanique. Les mœurs de ces nouveaux venus en viennent à influencer les comportements de la population locale. En 406 arrivent les Vandales, suivis par d’autres populations germaniques, Suèves, Alains, Burgondes, etc.
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Les Gallos-Romains ne le savent pas, mais ces populations germaniques sont poussées vers l’ouest, hors des terres d’Europe centrale et orientale, par l’arrivée dans la zone des Huns. Plus au sud, les Wisigoths, convertis à l’arianisme depuis un siècle, franchissent les Alpes en 407 et parviennent à Rome, qu’ils pillent et saccagent en 410. Puis ils remontent vers le nord, entrent en Gaule en 412, s’emparent de Narbonne, Toulouse et Bordeaux, avant de conclure une trêve avec Rome en 416. Ils poursuivront leur route en direction ouest et s’installeront en Aquitaine, dans le sud de la France Au nord, les Angles et les Saxes déferlent, traversent la Manche et s’emparent de la Grande-Bretagne, chassant sur le continent la population locale, des Celtes, qui s’installent en Bretagne.
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Entre les deux, une autre population avait fait son apparition : les premières mentions dans les chroniques remontent au milieu du 3e siècle, alors que le futur empereur Aurélien remporte une victoire contre ce peuple « intrépide », comme ils se nomment eux- mêmes : les Francs. En 357, ils se joignent aux Burgondes et aux Vandales pour ravager la Gaule orientale, mais en 358, les Francs saliens (Liège) et les Francs ripuaires (Rhin) s'entendent avec l’Empire romain pour en assurer la défense. Lorsque les Vandales attaquent en 406, ils sont repoussés à l’intérieur de la Gaule et grignotent le territoire, s’installant dans le nord-est de la France. En 451, après avoir vaincu Constantinople, Attila se tourne vers l’Ouest, mais ses troupes sont défaites par les Gallo-Romains et leurs alliés, qui comptent de nombreux peuples germaniques, dont les Francs de Mérovée, aux Champs Catalauniques le 20 juin.
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Empire hun
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À Rome en 476, Romulus Augustulus est renversé par Odoacre, roi des Érules, lequel expédie à l’empereur Zénon de Constantinople les insignes impériaux, ce qui marque la fin de l’Empire romain d’occident et pour une majorité d’historien, la fin de l’Antiquité. Pourquoi les Francs parvinrent à s’imposer? Car en fait, les Francs étaient considérés par Rome comme moins « civilisés » que nombre de ces populations germaniques. Leur importance numérique et leur puissance étaient par ailleurs inférieures à ceux des Wisigoths. D’une certaine façon, cette lacune au plan de la « civilisation » fût un avantage pour les Francs, plus près de leurs traditions guerrières, qu’ils avaient par ailleurs pu développer au contact des Romains. En 476, il s’agit donc essentiellement d’un peuple de militaires, ce qui a constitué un avantage alors que le droit du plus fort reprenait le premier rôle.
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Conséquence de cette première caractéristique, le modèle d’organisation des Francs était militaire : un chef dominant une structure très hiérarchisée. Ce chef n’est certes pas un souverain absolu, mais il dispose d’une grande autorité qui lui permet d’imposer une discipline. Leur position géographique dans l’Europe de l’époque a aussi joué un rôle important : situé au nord du massif alpin, ils contrôlaient les routes permettant d’accéder au cœur de la France. Mais peut-être que l’élément déterminant fut le paganisme des Francs. En effet, la Gaule était chrétienne et les populations barbares qui s’y étaient installées avaient toutes opté pour l’arianisme, considéré comme une hérésie par les élites gallo-romaines. Le paganisme des Francs rendait possible leur conversion à la « vraie foi », ce qui d’ailleurs surviendra en 496.
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Laquestion de la nature des rapports entre Gallo- Romains et Francs est débattue par les historiens. En effet, s’agit-il d’une conquête ? D’une collaboration ? D’une intégration ? Un peu tout cela à la fois. Car si c’est bien leur force militaire qui leur permet de s’imposer, les Francs ne sont alors que 50 000 au maximum, alors que la population gallo-romaine dépasse probablement les 10 millions. C’est pourquoi ils doivent leur victoire à l’entente qu’ils concluent avec les élites gallo-romaines. Après, vint l’intégration des guerriers francs à la population locale, et non l’inverse : outre le nombre, les premiers étaient nettement plus avancés du point de vue culturel, économique, social, politique, etc. De sorte que s’ils donnent leurs noms de « Francs » au territoire qu’il conquiert, le substrat fondamental de la population demeure gallo-romain.
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7 — Clovis et la fondation de la France
Même si le nom de Clovis reste attaché à la fondation de la France, le nom de la dynastie provient de son grand- père, Mérovée, grand conquérant aussi, comme l'ensemble des Francs, qui participa sans doute à la bataille des Champs Catalauniques. C’est probablement le rôle très important que jouèrent les Francs de Mérovée, aux côtés, entre autres, de Théodoric 1er, roi des Wisigoths, dans la victoire contre Attila, qui fit de lui fondateur théorique d’une dynastie dont il n’était pas le premier représentant. À la mort de Mérovée en 458, Childéric lui succède. Maître de de Tournai et d’une partie de la Belgique, il est contesté par son entourage pour son autoritarisme et chassé de son royaume, avant d’être rappelé en 461.
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Son mariage avec Basine, épouse en fuite du roi de Thuringe Bassin, donnera trois fils, dont celui qui deviendra le fondateur de la France, Clovis, Chlod weg. En 481, Childéric décède et Clovis lui succède. Il n’a alors que quinze ans. Le royaume des Francs saliens est alors modeste (Belgique, Champagne et Picardie) et le reste du territoire de l’actuelle France est morcelé et dominé par d’autres tribus germaniques : Armoricains en Bretagne, Alamans à l’est, Burgondes au sud-est, Wisigoths au sud-ouest. Des Romains, ou Gallo- Romains, continuent de contrôler le centre du territoire. En 486, Clovis entreprend les guerres de conquête qui, en l’espace d’une décennie, vont le rendre maître d’un immense territoire. Les deux principales forces à occuper alors le territoire de la France sont les Wisigoths d’Alaric, ainsi que le « roi des Romains » Syagrius. C’est par ce dernier que Clovis débute ses conquêtes.
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La France en 481
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Après s’être assuré de la neutralité des autres tribus franques, il s’attaque à Syagrius qui, défait, s’enfuit auprès d’Alaric, qui décide néanmoins de le livrer à Clovis, lequel s’installe à Soissons. C’est lors de cette conquête que survient l’épisode dit du vase de Soissons : un vase d’argent que l’évêque de Soissons avait réclamé auprès de Clovis, qui le réclama au guerrier qui s’en était emparé, lequel refusa et en réponse à l’ordre de son chef, frappa le vase de sa hache et le cabossa. Un an plus tard, lors d’une revue de ses troupes, prétextant le désordre de la tenue du guerrier de Soissons, Clovis planta sa hache dans la tête de celui-ci, en lui disant : « Ainsi as-tu fait du vase de Soissons! ». D’apparence anecdotique, cet événement témoigne de deux choses : d’abord qu’en 486, l’autorité du chef des Francs est assez faible pour qu’un simple soldat puisse contester l’ordre d’un supérieur.
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Mais surtout, que dès cette époque, Clovis s’emploie à ménager le clergé chrétien pour s’en faire un allié. C’est en quelque sorte le premier geste de Clovis vers le baptême, qui deviendra le deuxième acte de naissance de la France. Au cours des 10 années qui suivent, Clovis consolide son pouvoir auprès des Francs saliens et en 493, il épouse Clotilde, nièce du roi burgonde, qui s’est elle- même convertie au christianisme. En 496, alors qu’il s’est porté au secours des Francs ripuaires, Clovis fait le serment de se convertir au christianisme si le Dieu chrétien lui donne la victoire. Une fois la victoire remportée, il se convertira le 25 décembre (date contestée), devenant ainsi le premier roi barbare chrétien. La fille ainée de l’Église est née.
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C’est le calcul politique qui pousse Clovis à ce baptême : ce faisant, il s’allie à l’Église catholique et se pose en adversaire des Wisigoths. La légitimité que ce geste lui donne auprès des populations gallo-romaines va grandement faciliter la poursuite de ses conquêtes. Du côté des élites gallo-romaines, le personnage central de cette conversion fut Saint-Rémi, évêque de Reims qui, comprenait qu’il n’y avait aucun intérêt à s’opposer à la puissance militaire des Francs et que ceux-ci pourraient être très utile dans la lutte contre l’arianisme barbare. Ainsi, l’épisode du vase de Soissons peut être vu rétrospectivement non seulement comme un châtiment pour insubordination, mais aussi comme une punition pour un acte sacrilège. Après avoir neutralisé les Burgondes, Clovis parvient à défaire en 507 les Wisigoths d’Aquitaine d’Alaric, tué des mains mêmes de Clovis au cours de la bataille. Puis il s’empare de Bordeaux.
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Son territoire ayant grandement grandi au sud-ouest, il décide de déplacer sa capitale plus au centre de son empire : Paris, ville de 30 000 habitants, prend alors le statut de capitale. Après avoir vaincu les Francs ripuaires, Clovis s’éteint en 511. Le territoire de l’empire de Clovis est alors divisé entre ses fils. Cette coutume garantira d’ailleurs au territoire de l’empire de longs siècles de chaos.
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L’empire France en 511
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