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Fascisme, nazisme et stalinisme
Troisième cours : Les bases – le primat idéologique : si la réalité n’est pas conforme à l’idéologie, il faut changer la réalité
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3.3 – de 1924 à 1929 En mai 1922, Lénine est victime de la première des quatre attaques qui le conduira finalement à la tombe en Entre ces dates, Lénine récupère et surtout, il peaufine sa réflexion sur l’État soviétique, le parti et le problème de sa succession. En décembre 1922 et janvier 1923, il dicte son « Testament », dans lequel il passe en revue ses principaux lieutenants, ceux qui seront appelés à prendre sa relève, et il les critique vertement. Staline, jugé trop brutal, est le plus critiqué. En outre, à l’aide de son poste de Secrétaire général, il contrôle tout l’appareil du parti, ce qui inquiète Lénine. Enfin, au cours des années 21 et 22, les relations entre les deux hommes se sont détériorées et il suggère même de le démettre de ses fonctions de Secrétaire général.
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Les autres membres du Comité Central sont aussi critiqués : Lénine reproche à Trotski, malgré ses grandes compétences, d’être trop sûr de lui. Kamenev et Zinoviev se voient reprocher leur attitude en octobre. Il admire l’intelligence et les capacités de Boukharine, mais lui reproche son manque d’orthodoxie marxiste, etc. On peut donc en conclure qu’aux yeux de Lénine, personne ne pouvait vraiment prendre sa relève de façon individuelle et qu’il préférait l’idée d’une direction collective, ce qui est difficilement applicable au parti. Dès avant la mort de Lénine, Staline prend une solide option sur la succession. Il cherche aussi à isoler Lénine et à le tenir loin des affaires courantes. C’est surtout autour de la question de la NEP et de la bureaucratisation que se jouera la succession. Lors d’un Plénum du CC en septembre 1923, les dissensions éclatent sur la question des prix industriels.
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D’abord, Trotski publie une lettre qui accuse la dictature de l’appareil du parti (Staline) de tous les maux du pays. Cette lettre est suivie d’une autre, consignée par 46 vieux bolcheviques qui reprend la même idée. Le Politburo condamne ce texte comme « fractionniste ». Trotski en remet dans une autre lettre qui cette fois, entraîne la condamnation de ses idées par le Politburo et Staline se charge d’épurer les trotskistes des positions clés. Sa situation est désormais gravement compromise. Trotski récidive en octobre 1924 et s’attaque directement à Zinoviev et Kamenev. Suite au blâme qui lui est adressé, il démissionne de ses fonctions de Commissaire à la guerre, mais demeure au Politburo. Une fois celui-ci disqualifié comme successeur potentiel, Staline s’en prend à ses alliés de circonstances (Kamenev et Zinoviev) et c’est Boukharine qui lui en donne l’occasion.
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Ce dernier propose de permettre aux paysans de s’enrichir davantage et est sévèrement critiqué par Zinoviev, qui l’accuse de vouloir permettre aux koulaks de se développer. Naît ainsi une nouvelle « opposition de gauche ». Staline prend discrètement la défense de Boukharine et à la suite du XIVe congrès, Zinoviev perd son poste à Leningrad et est remplacé par Kirov. La valse de l’opposition se poursuit : une coalition très hétérogène se forme, l’« Opposition unifiée », qui comprend Zinoviev, Kamenev, Trotski et des membres de l’opposition ouvrière. Leur seul point commun : la haine de Staline. C’est le meilleur théoricien du groupe qui lance la charge et elle porte sur le danger bureaucratique, ce qui vise directement Staline. Staline remporte cependant cette autre bataille, en faisant condamner les meneurs de l’opposition pour fractionnisme et en obtenant leur exclusion du Politburo.
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Les opposants sont exclus du CC en octobre et du parti en novembre Trotski est finalement exilé à Alma- Ata, ce qui met fin à la première période de la lutte de Staline pour la succession. Au terme de cette première partie, il a installé ses créatures au sein du Politburo et le seul opposant qui lui reste à abattre est Boukharine. En 1927, la « crise des ciseaux » revient avec son corollaire, les difficultés d’approvisionnements : peu à peu, les produits agricoles commencent à manquer dans les villes. D’abord le fromage, le lait, et finalement le pain. Pour résoudre la crise, le parti lance une campagne de réquisition. 39 membres du CC se rendent dans les régions rurales pour superviser celle-ci. Staline y participe et se rend en Sibérie, où il inaugure un système de réquisition basée sur la contrainte et s’appuyant sur les forces de sécurité de la GUÉPÉOU. Sa technique sera rapidement étendue à l’ensemble du territoire.
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Dans le but de résoudre la crise, deux points de vue se font face : celui de Staline et celui de Boukharine. Staline soutient que la crise a des causes « objectives » et reprend l’analyse de Trotski de 1924 : elle est causée par un déséquilibre de développement entre les secteurs industriel et agricole. L’industrie n’arrive pas à produire suffisamment de biens essentiels; cette pénurie de produits a conduit à l’effondrement des réseaux d’échange entre les villes et les campagnes. En même temps, l’exploitation paysanne individuelle ne permet pas de générer suffisamment de revenus pour soutenir le développement de l’industrie, surtout que les koulaks se livrent à des actes de sabotage. Pour Boukharine, les causes sont subjectives : manque de fonds de réserve pour l’industrie, croissance des revenus paysans, ce qui a augmenté le revenu disponible des paysans et conduit à une « famine » de produits manufacturés.
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L’un et l’autre voient la solution dans une industrialisation plus rapide, qui devra s’appuyer sur le secteur agricole. Mais alors que Staline propose d’augmenter la productivité agricole par la collectivisation des terres, Boukharine propose de renforcer la NEP et d’appuyer l’industrialisation en stimulant le développement et l’initiative privés des agriculteurs. C’est sans surprise qu’un plénum du CC réuni en adopte la position de Staline, le CC étant surtout composé de ses partisans. Accusé d’avoir entretenu des contacts avec Kamenev, Boukharine sera exclu du Politburo en À cette date, le Politburo n’est plus composé que de fidèles de Staline, ce qui revient à dire qu’il contrôle désormais le parti, et bientôt l’État.
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1 – Le fascisme 2 – Le nazisme 3 – Le stalinisme
Troisième cours : Les bases – le primat idéologique : si la réalité n’est pas conforme à l’idéologie, il faut changer la réalité 1 – Le fascisme 2 – Le nazisme 3 – Le stalinisme
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1 – Le fascisme 1.1 – À la recherche d’une idéologie
Au lendemain de la guerre, Mussolini n’est toujours pas défini idéologiquement. La guerre a radicalisé son nationalisme, mais sa rupture avec le PSI ne s’est pas traduite nécessairement par l’abandon de la gauche. C’est dans la foulée de la lutte politique qu’il élabore le programme de ce qui va devenir le fascisme. Avant la naissance du parti national fasciste, un premier cadre est posé par le congrès de fondation des faisceaux en Réunis à Caporetto le 23 mars 1919, les pères fondateurs du mouvement fasciste élaborent un programme nationaliste, mais surtout très socialiste.
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Une attention est portée aux conditions de vie de la classe laborieuse
Une attention est portée aux conditions de vie de la classe laborieuse. Par exemple, on propose en d’introduire un salaire minimum, de limiter la journée de travail à 8 heures, d’instaurer la retraite à 55 ans et de mettre en place des structures par lesquelles les employés participeraient à la gestion de l’entreprise. Le programme propose des mesures anticapitalistes, comme la mise en place d’un impôt massif sur le capital. Les éléments nationalistes apparaissent secondaires, d’autant que le programme s'oppose à l’impérialisme. Ce programme de compromis entre les différentes tendances du mouvement fasciste sera présenté par Mussolini comme un exercice rhétorique dans le contexte d’une lutte électorale. Le premier programme du PNF, adopté lors de son congrès de fondation le 7 novembre 1921, consacre un virage à droite très prononcé.
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Dès 1920, Mussolini remet en question ses orientations les plus socialistes. En mai, Mussolini préconise le retour à un État minimal et affirme même que « l’avenir sera capitaliste ». Le PNF abandonne toute forme d’intervention étatique dans la sphère économique et met de l’avant la privatisation des entreprises d’État. Alors que la défense des ouvriers était un élément clé du programme de 1919, celui de 1921 se prononce en faveur d’un encadrement du droit de grève et de la mise en place de structures syndicales contrôlées par le parti. Plus de chasse aux hauts revenus, plus de distribution de la richesse et plus « d’expropriation partielle » : une réforme fiscale est proposée en faveur des hauts revenus et de la préservation des patrimoines financiers. Sur la question nationale, on assiste aussi à certains changements qui vont dans le sens d’une radicalisation, même si sur cette question, le Mussolini de 1921 est davantage cohérent avec celui de 1919.
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Les mesures proposées quant à la réforme militaire témoignent du fait que l’opposition à l’impérialisme de a disparu et que le Duce voit clairement la nécessité de mener une politique impérialiste, incluant la défense des colonies, mais surtout, l’expansion territoriale en Afrique. Ce programme libéral témoigne de deux choses : d’abord, de l’influence de plus en plus grande des milieux d’affaires sur le PNF, qui reçoit désormais des sommes considérables des grandes entreprises italiennes (Pirelli, par exemple) et deuxièmement, du peu de cas que fait Mussolini des programmes et de l’idéologie.
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2.2 — Le culte de la force Toute opportuniste qu’elle soit, l’idéologie de Mussolini renferme néanmoins certains éléments constants, comme le culte de la force. Dès avant le « premier fascisme », l’attirance de Mussolini pour la violence et la force est patent. C’est d’ailleurs à cette tendance personnelle que l’on peut attribuer, au moins en partie, son revirement de 1914, et c’est avec enthousiasme qu’il rejoint son unité en 1915. Après la guerre, dans la cadre de la mise en place des sqadre, l’importance de la violence est aussi manifeste. Outre que ces hommes sont pour l’essentiel d’anciens combattants, leur rôle et leurs fonctions sont basés sur l’action violente. Le premier rôle qui leur est dévolu est de se battre contre les socialistes. Rixes, attentats et assassinats sont indisociables du mouvement sqadriste.
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Mais la force ne se manifeste pas uniquement par la violence
Mais la force ne se manifeste pas uniquement par la violence. Toute l’esthétique fasciste est élaborée dans le but de donner une impression de force : les chemises noires, le pas de l’oie, l’ordre impeccables des sqadristes lorsqu’ils défilent, etc. La guerre est aussi indissociable du régime. Dès 1923, Mussolini accorde une grande importance aux forces armées dont le rôle s’est accru du fait de la guerre. L’Italie doit être forte et puissante, elle a donc besoin de forces armées considérables, lesquelles n’ont pas pour seule vocation la défense de l’Italie, mais aussi la participation à son expansion. Ce fut d’abord Fiume et Trieste, mais rapidement, Mussolini veut autre chose, d’où sa politique coloniale et sa guerre contre l’Éthiopie. Mais au-delà de la grandeur italienne, la guerre a pour fonction de tremper les caractères. Ce n’est que par la guerre que le peuple italien, corrompu par des siècles bourgeois, pourra renouer avec ses glorieuses racines.
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2.3 — Du nationalisme au racisme
L’idée nationale constitue le socle de la pensée de Mussolini. Même à l’époque de sa filiation au PSI, il a toujours fait de cette idée un fondement idéologique. Dès la Première Guerre mondiale, le nationalisme devient le centre fondamental auquel s’articulent les autres éléments idéologiques, souvent passablement conjoncturels, de la pensée de Mussolini. Le nationalisme fasciste va plus loin que le nationalisme « bourgeois », qui accorde la primauté à sa nation sur les autres. Ici, l’idée nationale, indissociable de la violence, est conçue comme le moteur des changements économiques, sociaux et politiques, à la différence du marxisme pour qui la classe, indépendamment de l’appartenance nationale, est le moteur du changement.
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Le monde est pour Mussolini un univers dans lequel les grands changements sont provoqués par la lutte des différentes nations entre elles. Lutte par ailleurs violente. L’impérialisme est ici fondamental. C’est une nécessité pour la nation : « Pour le fascisme, la croissance de l’empire, c’est-à-dire l’expansion territoriale est une manifestation essentielle de la vitalité; l’inverse, un signe de sa décadence ». Le rôle fondamental joué par l’État dans le fascisme s’inscrit lui aussi dans une perspective nationaliste, étant l’émanation administrative de la puissance nationale. Plus l’État est puissant, plus il est en mesure de représenter la nation. Le chef de celui-ci occupe alors tout naturellement le rôle de père de la nation. Jusqu’au milieu des années 30, le nationalisme fasciste n’est pas racial. La conception impériale que défend Mussolini jusqu’à ce moment ne coïncide pas avec la vision ethnocentrée de la nation des nazis.
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Avec le changement de dynamique à partir de entre Hitler et Mussolini, le nationalisme italien va prendre une tangente raciale. Même si elle n’atteindra jamais le niveau de radicalisme que l’on peut trouver chez Hitler, à partir de la seconde moitié des années 30, l’Italie se lance elle aussi dans l’élaboration et la mise en place de politiques raciales et racistes. C’est encore une fois une très bonne illustration du fait que l’idéologie est, chez Mussolini, un matériel meuble qui change au gré des circonstances. Mais comme dans tous les régimes de ce type, cette idéologie, aussi fluctuante soit-elle, est parole d’évangile et ne saurait être remise en question.
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2 – Le nazisme 2.1 – Première formulation de l’idéologie nazie — le programme du NSDAP de 1920 Hitler est le seul des trois chefs à avoir consigné par écrit sa philosophie politique. Vingt ans après la publication de Mein Kampf, Hitler aurait dit, parlant de son livre « J’ai eu peu de choses à y ajouter, rien à y changer ». Il se distingue ainsi de Mussolini et de Staline, dont la pratique politique et l’idéologie ont beaucoup fluctué en fonction des événements. Avant d’écrire Mein Kampf, Hitler avait formulé assez clairement ses objectifs politiques dans le programme en 25 points du NSDAP, adopté le 24 février 1920 lors d’une réunion dans une brasserie de Munich.
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Certaines choses seront précisées dans Mein Kampf et dans certains recueils d’entretiens publiés au cours des années 30 et 40, mais dans l’ensemble, la base idéologique du nazisme est dors et déjà posée en 1920. On constate la place très importante occupée par les revendications nationales lesquelles, ne sont pas l’apanage exclusif des nazis, car la grande majorité de la population réclame des ajustements au traité de Versailles. Les nazis vont plus loin, exigeant purement et simplement (article 2) l’abrogation des traités. S’appuyant sur les principes wilsonien, le programme réclame la constitution d’une Grande Allemagne, réunissant tous les Allemands. Il s’agit même du premier article du programme. À noter par ailleurs que la réalisation de cet article occupera grandement Hitler une fois au pouvoir et que dans une certaine mesure, cet article contient en germe la Seconde Guerre mondiale.
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L’article 3 exige de la terre et des colonies pour le peuple allemand (colonies interdites par Versailles). C’est la revendication du Lebensraum, qui sera à la base de la volonté d’expansion d’Hitler à l’est. Les articles 4, 5 et 6 contiennent les premiers éléments de définition de la politique nationale et raciale du 3e Reich : seuls les citoyens allemands bénéficient des droits civiques et seul le sang allemand permet de donner la citoyenneté. Les Juifs sont exclus. De même, il est affirmé que seuls des citoyens allemands peuvent occuper des fonctions politiques ou administratives. Les articles 7 et 8 abordent l’immigration, pratiquement interdite, et réclament l’expulsion des non-citoyens dans le cas de difficultés économiques et pour ceux qui se sont établis en Allemagne depuis août 1914. À partir de l’article 9, le programme politique général et le programme économique se précisent.
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Après avoir souligné l’égalité de tous les citoyens en matière de droit et de devoir (article 9), le programme poursuit en exigeant de tous les citoyens un travail, physique ou intellectuel (article 10) et en condamnant les « oisifs » (article 11) et les profiteurs de la guerre (article 12), réclamant par ailleurs la confiscation de leurs biens. Ces trois derniers articles soulèvent la question de l’anticapitalisme originel du NSDAP. Puis viennent les articles réclamant des mesures économiques qui témoignent d’un fort courant de gauche au sein du parti à ce moment : nationalisation des entreprises appartenant à des trusts (article 13) et augmentation des pensions des retraités (article 15). Mais l’article 16, qui réclame la création et la défense d’une classe moyenne, ainsi que le transfert de propriété des grands magasins aux petits commerçants, relève davantage d’un discours de centre droit.
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Après avoir abordé la réforme agraire et le système judiciaire, le programme pose les principes du système d’éducation, orienté vers les « exigences de la vie pratique » et favorisant l’esprit civique. Sans être égalitaire, il propose de s’assurer que les enfants doués des milieux pauvres accèdent aux études supérieures. L’article 23 pose les bases de la politique que le régime nazi poursuivra quant aux médias : ceux-ci devront être allemands. Les journaux doivent être dirigés par des Allemands, les journaux étrangers, qui n’ont pas le droit de publier en allemand, devront obtenir une permission spéciale et seuls des Allemands pourront y participer financièrement. L’article 24 souligne le droit à la liberté religieuse, tant que cette religion « n’offense pas le sentiment moral de la race germanique ». Le parti ne s’associe à aucun courant religieux, mais défend un « christianisme positif » contre « l’esprit judéo-matérialiste ».
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Enfin, l’article 25 réclame la mise en place d’un État central puissant et « l’autorité absolue du parlement politique central sur l’ensemble du Reich ». Quant à la question de la puissance de l’État, on doit constater qu’Hitler savait déjà où il voulait aller. Pour résumer le contenu idéologique de ce programme, on peut dire qu’il est nationaliste, raciste, socialiste, populiste et étatiste, ce qui correspond assez au programme politique qu’Hitler mettra en place à partir de Cela étant, l’anticapitalisme sous-jacent à certaines propositions s’effacera à partir de la fin des années 20.
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Hitler et Nietzsche Pour saisir l’idéologie hitlérienne, il faut référer à certains éléments particuliers, qui sans relever de la doctrine nazie, sont considérés comme des éléments de la pensée hitlérienne. L’une des sources de ce point de vue, c’est Friedrich Nietzsche, philosophe allemand romantique de la seconde moitié du XIXe siècle. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, nombreux sont ceux qui ont refait le procès de Nietzsche, accusant son œuvre d’être à la base de la doctrine nazie. Outre le fait que reprocher à un auteur mort d’avoir été instrumentalisé apparaît injuste et illogique, la doctrine nazie, si elle peut en effet s’inscrire dans le nietzschéisme, s’inscrit en général dans la pensée rationaliste allemande des XIXe et XXe siècles.
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Il ne s’agit pas d’accuser cette pensée d’avoir engendré le nazisme, mais de constater qu’elle s’inscrit dans un courant philosophique plus large et que les vues de Hitler correspondaient aussi à ce que de nombreux Allemands (et Européens) pensaient. Pas toujours très cohérente et explicite, la pensée nietzschéenne a pu servir de base à l’élaboration de certaines conceptions que l’on retrouve chez Hitler. Mais il demeure absurde d’accuser Nietzsche d’avoir été hitlérien avant l’heure. Prenons le cas du concept de volonté de puissance, l’un des fondements de la pensée de Nietzsche, que l’on retrouve dans plusieurs de ses ouvrages Philosophie par essence individualiste, le nietzschéisme place la notion de dépassement au centre de son analyse. À ce titre, la volonté de puissance d’un individu ne se manifeste pas par son désir de domination de l’autre, mais par celui de domination de ses instincts.
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Hitler juxtapose cette notion individuelle à une conception darwiniste de l’organisation sociale.
Dans son esprit, il y a les faibles et les forts, autre emprunt à Nietzsche et à ses races de maîtres et d’esclaves, sauf que chez le philosophe allemand, la race n’a rien de biologique, elle appartient au domaine des tempéraments : l’esclave est celui qui est dominé par ses instincts, le maître, celui qui les domine. Pour Hitler, la race des maîtres est la race aryenne, en tout point supérieure aux autres. La domination de celle- ci n’est pas circonstancielle, mais naturelle, en ce sens où les forts doivent dominer les faibles. La civilisation, dépend dans son esprit de la volonté de puissance manifestée par les maîtres envers les esclaves. C’est ainsi qu’Hitler transforme un discours philosophique individualiste en règles immanentes régissant le comportement des masses et des sociétés.
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Rien de tel dans la pensée originale, ce n’est ici que pure inférence d’Hitler. C’est même contradictoire avec la pensée de Nietzsche en ce sens où, la violence relevant des instincts, l’individu appartenant à la race des maîtres, loin de se laisser aller à des comportements violents, exerce sa volonté de puissance contre lui-même pour dépasser son instinct… Si on ajoute à cela que Nietzsche était à son époque fréquemment accusé de philosémitisme, on comprend toute la distance qui sépare celui-ci d’Hitler…
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2.3 — La théorie raciale Les théories raciales sont devenues à la mode à la fin du XIXe siècle grâce à l’influence du darwinisme dans les sciences sociales : si on peut admettre que dans l’état de nature, ce sont les espèces et les individus les plus prompts à s’adapter qui survivent, pourquoi n’en serait-il pas de même dans les sociétés? Mais cette interrogation darwiniste n’a pas toujours été présentée ainsi et les discours populistes ont bien souvent déformé le darwinisme et fait du « plus adaptable » le « plus fort ». Le principal théoricien des schémas de supériorité raciale et de la théorie des races en général fut Joseph- Arthur de Gobineau, diplomate de carrière. Son Essai sur l’inégalité des races humaines, publié en 1855, en fait d’une certaine façon le père de la pensée racialiste.
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Gobineau divise l’humanité en trois races et leur attribue des caractéristiques intrinsèques.
Pour lui, la supériorité de l’homme blanc n’est pas issue de son adaptabilité, mais relève d’un caractère intrinsèque. Ainsi, les différences entre races blanche, noire et jaune sont d’ordre qualitatif, et non quantitatif. À ses yeux, la race blanche dispose du « monopole de l’intelligence, de la beauté et de la force » et il distingue parmi les blancs ceux appartenant à la race « arianne ». Chez Gobineau, les noirs sont supérieurs en ce qui concerne les sens, mais leur faculté de penser est médiocre, voire nulle. Quant aux gens de race jaune, Gobineau souligne que leur tendance générale serait la « médiocrité en toutes choses ». Un élément fondamental à retenir de la pensée de Gobineau, et qui sera repris d’une certaine façon par Hitler, concerne la dynamique entre ces races.
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Pour Gobineau, l’histoire de l’humanité est une longue dégénérescence de la race humaine parce que l’histoire de l’humanité est dominée par le métissage, à qui il reconnaît une nécessité, par exemple, pour permettre à la race blanche de développer ses sens. Cependant le métissage « mène les sociétés au néant auquel rien ne peut remédier ». Dans son esprit, la démocratie est un exemple de cette dégénérescence. Hitler reprend les principes à la base de la théorie de Gobineau, mais il donne une dimension culturelle au concept de race et l’élargit beaucoup plus que Gobineau. En effet, chez Hitler, il y a beaucoup plus de « races » et le critère de définition n’est pas nécessairement d’ordre physique, même si ces caractéristiques ont aussi une importance. Au sommet de la hiérarchie raciale nazie se trouvent les Aryens, race supérieure vouée naturellement à dominer les autres.
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Les connaissances historiques d’Hitler étant limitées, cette race n’a rien à voir avec les Aryens, dont tous les Occidentaux descendent d’une certaine manière. La conceptualisation hitlérienne de l’Aryen, que l’on retrouve dans Mein Kampf est analytique et non descriptive : est Aryen celui qui se trouve au sommet de la pyramide raciale. En fait, la supériorité aryenne chez Hitler ne découle pas d’une analyse, mais d’un postulat. L’Aryen est au sommet, point. Et bien sûr, Hitler étant d’origine germanique, on ne s’étonnera pas de constater que l’Aryen est un Germain… La seconde catégorie comprend tous les autres peuples d’Europe occidentale, mais aussi les Japonais. Seconds dans la hiérarchie, ils appartiennent aux catégories supérieures, mais doivent être dominés par les Aryens.
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Viennent ensuite les races d’esclaves : Slaves, Africains et Asiatiques autres que Japonais. Ce sont quand même des êtres humains, mais ils doivent être réduits en esclavage pour servir les races supérieures. Enfin viennent les sous-hommes, les Untermenschen Juifs et Tziganes. Ils sont considérés comme des races inférieures, nuisibles, et devant être détruites. Le métissage est chez Hitler une abomination. À la différence de Gobineau, Hitler ne considère pas le métissage comme inévitable, et surtout pas comme nécessaire à la civilisation. Il n’y voit qu’un sacrilège salissant la pureté du sang, « le pire des crimes ». Le mélange des Aryens et des Juifs lui est insupportable et il le conçoit comme un plan fomenté par les Juifs pour détruire le peuple allemand. En ce sens, il est logique d’isoler les Juifs et d’interdire à ceux-ci toutes relations avec des Allemands, d’où toutes les lois raciales adoptées par le régime tout au long des années 30.
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3 – Le stalinisme 3.1 – Le marxisme
Marx est le père d’une théorie historique matérialiste qui fait de l’évolution des rapports économiques la base de l’évolution historique générale. Depuis la captation du marxisme en tant que théorie d’action politique, la philosophie distingue les « théories marxistes » des « théories marxiennes », ce dernier terme faisant davantage référence à l’analyse des systèmes économiques présentée par Marx. Ainsi, La démarche marxiste, avant de devenir plus spécifiquement politique, fut d’abord scientifique.
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En analysant l’évolution économique des sociétés humaines, Marx définit une théorie de l’histoire selon laquelle les sociétés humaines évoluent de l’organisation économique primitive vers le féodalisme, le capitalisme, le socialisme puis le communisme. Ce dernier élément est très peu développé dans les textes de Marx et ce n’est que vers la fin de sa vie, alors que le théoricien a été remplacé pour une large part par l’activiste politique qu’il le définit plutôt brièvement. L’idée de base est que l’infrastructure économique de toute société humaine détermine sa superstructure politique. À chacun des stades de développement économique correspond une forme d’organisation politique. En ce sens, la modification des rapports de forces économiques engendre des mutations politiques, souvent par le biais de révolutions ou de crises.
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Dans Das Kapital, Marx décrit les mécanismes de fonctionnement du système économique capitaliste et il en déduit que celui-ci sera victime de ses contradictions et que lui succèdera alors une autre forme d’organisation économique, socialisme, puis communisme. Le marxisme suppose que ces changements économiques ne sont pas le fruit de l’action des individus, mais plutôt de l’évolution des sociétés humaines : on ne peut pas forcer la main à l’histoire. Marx concevait que la révolution socialiste atteindrait d’abord les sociétés capitalistes les plus évoluées et l’éventualité d’une telle révolution en Russie n’a été envisagée par lui que très tardivement, en 1875. Considérant à ce moment que le capitalisme est naissant en Russie, il envisage la possibilité que la « chaîne capitaliste » puisse se rompre précisément là où se trouve son maillon le plus faible, en Russie donc.
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À l’organisation économique primitive correspond le despotisme, au féodalisme correspond la monarchie, au capitalisme la démocratie bourgeoise et au socialisme, la dictature du prolétariat. Encore une fois, Marx s’intéressant surtout à la dynamique passée, il consacre peu de temps à la prospective, de sorte que le concept de dictature du prolétariat est assez peu défini dans ses écrits. Cependant, tel qu’on peut le comprendre dans le Manifeste du parti communiste, la dictature du prolétariat est une « démocratie » : la majorité de la population des sociétés occidentales étant composée par les prolétaires, la dictature de celle-ci est donc la dictature de la majorité sur la minorité. L’utilisation de ce concept chez Lénine est d’une toute autre nature et constitue à plus d’un titre une déformation de la théorie originale.
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3.2 – Le léninisme Lénine a pris une grande liberté dans son analyse du marxisme et si nombre de concepts marxistes se retrouvent dans sa pensée, leur signification est parfois très éloignée de la théorie initiale. C’est le cas de la dictature du prolétariat, où celui-ci est avant tout conceptuel. Le parti de Lénine étant à ses yeux une émanation de la classe ouvrière, la dictature de ce parti devient une dictature du prolétariat. L’expression de « marxisme-léninisme » n’apparaît qu’à la mort de Lénine et même si celui-ci s’inspirait très clairement du discours marxiste, il savait qu’une grande partie de ses théories politiques ne cadraient que difficilement avec les théories marxistes en général. C’est que la pensée de Lénine tient au moins autant de la tradition révolutionnaire russe que du marxisme et le léninisme est avant tout une pratique du marxisme.
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Et de quel Lénine parle-t-on. Celui des premières années
Et de quel Lénine parle-t-on? Celui des premières années? Celui de Que faire ? Le Lénine idéaliste des premières années au pouvoir? Ou encore celui de la NEP ? Praticien tout autant que théoricien marxiste, Lénine a dû adapter son discours aux circonstances. Les théoriciens russes de la révolution dans la seconde moitié du XIXe siècle ont eu une influence déterminante sur Lénine et sa conception du rôle des masses dans l’histoire est moins absolue que chez Marx. Comprenant que la classe ouvrière en Russie n’est qu’embryonnaire, Lénine, qui se refuse à attendre que celle-ci soit importante, entend, en attendant, substituer à celle-ci une force politique. Sans entrer dans les détails, l’organisation du parti bolchevique n’a rien de marxiste et descend directement de la théorie révolutionnaire de Netchaïev.
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Lénine ne fait pas confiance aux ouvriers russes et soutient que, sans un parti organisé, les masses ouvrières ne peuvent atteindre que le syndicalisme. Leur conscience de classe étant déficiente, une organisation doit se substituer à elle pour défendre leurs intérêts. Le premier de ces intérêts, c’est d’abord l’avènement du socialisme, lequel ne peut survenir que par une révolution. Dans le contexte russe, seul un parti peut se charger de celle-ci. Il ne s’agit pas d’un parti de masse, mais de révolutionnaires professionnels. Un parti où les individus, et non les masses, détiennent le rôle principal. Le parti bolchevique de Lénine est donc antimarxiste. Cet exemple témoigne du fait que chez Lénine, le marxisme est un contenant plutôt qu’un contenu : les termes utilisés par Lénine appartiennent au marxisme, mais sa compréhension de ceux-ci est très personnelle.
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Ce n’est pas un hasard si des théoriciens marxistes de renom ont condamné dès les premières années de la révolution russe le régime bolchevique comme étant antimarxiste. Quant au contenu, il tient autant à la tradition révolutionnaire russe dans laquelle Lénine s’inscrit qu’à ses réflexions personnelles. C’est pourquoi on peut considérer le léninisme comme une pensée autonome, sa filiation au marxisme étant relative, partielle et discutable.
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3.3 – Les ajouts et modifications du stalinisme
Si le léninisme est un marxisme adapté, le stalinisme serait-il lui aussi une adaptation à la fois du marxisme et du léninisme? Le fait que Lénine fut à la fois un théoricien et un praticien de la révolution ne simplifie pas la tâche : de quel Lénine parle-t-on, alors? Le courant dominant dans la soviétologie avait coutume de faire une filiation directe entre Lénine et Staline. La démarche est simple : si le stalinisme est condamnable et si celui-ci descend du léninisme, c’est dire que le léninisme est condamnable. Cette lecture impose une analyse déterministe à l’évolution de l’URSS après la mort de Lénine et fait abstraction du rôle joué par les personnalités dans la mise en place de ce qui deviendra le stalinisme.
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Ainsi, s’il est exact de dire que le stalinisme est une continuation du léninisme, il est exagéré et faux de prétendre qu’il en était la seule continuation possible. À la mort de Lénine, Staline n’est que l’un de ses lieutenants, sa pensée politique est peu développée et à côté de lui se trouvent des théoriciens d’un calibre nettement supérieur, à qui il va emprunter certains éléments pour élaborer sa propre vision du léninisme et du marxisme. Ainsi, le stalinisme est bien un léninisme, mais un léninisme parmi tant d’autres. Lénine voyait une impossibilité pratique à ce que la révolution socialiste ne triomphe qu’en Russie. Dès 1917, il croit que sans une révolution mondiale, le pouvoir bolchévique ne saurait survivre. Cela tient autant à l’internationalisme prolétarien qu’à l’absence en Russie des structures permettant le socialisme. Il fallait donc exporter la révolution et même en 1917 transformer la guerre impérialiste en guerre révolutionnaire.
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Après quelques tentatives, il devient évident que la révolution mondiale n’aura pas lieu et Lénine se décide à se consacrer à la mise en place des conditions économiques nécessaires à l’apparition du socialisme en Russie : ce sera la NEP. À la mort de Lénine, Boukharine élabore la théorie du socialisme dans un seul pays : il est vain d’attendre la révolution et il faut se consacrer à développer le pays. Les gauchistes soutiennent plutôt qu’il faut exporter à tout prix la révolution. Avec le triomphe de Staline, cette vision s’imposera, mais il ira beaucoup plus loin en cessant de considérer la révolution mondiale comme étant si fondamentale : l’URSS peut très bien, seule, construire le socialisme. Plus encore, chez Staline, l’URSS devient la patrie du prolétariat et à ce titre se développe un nationalisme axé non sur l’appartenance ethnique, mais sur l’appartenance de classe.
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Le nationalisme, c’est-à-dire la défense prioritaire des intérêts nationaux, étant en contradiction avec l’internationalisme, on voit ici une première distinction entre Staline et ses pères théoriques, Lénine et Marx. Même s’il est plus individualiste que le marxisme, le léninisme accorde une grande place au collectif. Son parti, même mené par un chef, est une structure dominée par le sentiment d’appartenance au groupe. C’est un élément de base de toute conspiration et le parti de Lénine est un parti conspirationniste. Dans sa pratique, Staline éliminera pratiquement toute forme de direction collective et fera de lui-même le centre du système politique. D’où le culte dont il s’entoure, et qu'il s’emploie également à étendre à Lénine. La déification de celui-ci après sa mort démontre que pour Staline, les masses ne sont rien, l’individu est tout.
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Lénine se méfie de l’État
Lénine se méfie de l’État. Par ces derniers gestes politiques en 1922 et 1923, il cherche à démontrer que le bureaucratisme constitue l’une des plus graves menaces pesant sur le régime. Il tolère l’État, il ne le déifie pas. Pour Staline l’État est fondamental et il est perçu comme le plus important des mécanismes à utiliser pour favoriser l’avènement du socialisme. La théorie marxiste du dépérissement nécessaire de l’État lui est complètement étrangère. La notion de travail prend aussi chez Staline un tout autre sens que chez Marx et Lénine : le travail est une aliénation et la société communiste sera, en plus d’être une société d’abondance, une société des loisirs. Chez Staline, le travail est tout. Il l’exalte et en fait l’une des bases de son État. Sur ce point, le stalinisme est beaucoup plus près des régimes « totalitaires » de droite que des théories marxistes et léninistes.
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Une autre base du marxisme est l’égalitarisme, lequel est bien exprimé par le slogan « de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins ». Staline condamne l’égalitarisme parce qu’inefficace et au principe de la rémunération identique à la base du premier régime léniniste, il substitue une différenciation en fonction de la productivité, mais aussi de la valeur du travail. D’où les mouvements de travailleurs de chocs, d’où les magasins réservés à la nomenklatura, etc. Au même titre que Lénine, Staline peut se prétendre être dépositaire d’une pensée autonome. Son idéologie, quoi qu'elle renferme indubitablement des éléments du marxisme et du léninisme, s’en distingue sur plusieurs points, sa pensée ayant été influencé par sa personnalité, mais aussi par le contexte dans lequel il se débattait en tant que chef d’un État se prétendant marxiste, en contradiction avec les théories de Marx…
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