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Microéconomie de l’Entreprise

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Présentation au sujet: "Microéconomie de l’Entreprise"— Transcription de la présentation:

1 Microéconomie de l’Entreprise
Académie de la Réunion Jérôme Villion Mai-Juin 2010

2 Microéconomie de l’entreprise : What else ?
Sociologie de l’entreprise Management de l’entreprise Qu’est-ce que la Microéconomie de l’Entreprise ? What else ? Sociologie de l’entreprise (ou pourquoi nous allons davantage parler de sciences économiques que de sciences sociales). Management de l’entreprise (ou pourquoi nous allons davantage parler de principes fondamentaux de l’économie que de principes fondamentaux de la gestion).

3 Plan Partie I. La Concurrence imparfaite
Partie II. Les approches contractuelles Partie III. Les approches évolutionnistes

4 Partie I. La Concurrence Imparfaite
I. Le Monopole II. L’Interaction stratégique (oligopoles)

5 Remarque bibliographique
La Bible : Tirole J. (1988), Théorie de l’Organisation Industrielle, Tomes I et II, Economica.

6 I. Le Monopole A. Rappels sur l’équilibre du monopoleur
B. L’inefficacité du monopole C. Compléments La différenciation Monopole et bien-être : le cas des brevets D. Une expérience pédagogique sur le monopole

7 Le Monopole Pourquoi s’intéresser au Monopole ?
Un cas idéal-typique de pouvoir de marché Repère pour l’étude des oligopoles Repère pour la réglementation La tendance au monopole : une force obscure de l’économie de marché ? Des implications normatives de la théorie néo-classique qui sont remises en cause par les approches contractuelles de la firme.

8 Rappels sur l’Equilibre du Monopole (1)
Maximisation du profit et prix de monopole Soit, en réécrivant le problème en utilisant la fonction de demande inverse Remarque : nous supposons ici que la fonction de coût est issue d’un comportement de minimisation des coûts de production sous la contrainte technique donnée par la fonction de production. Autrement dit, l’allocation des facteurs de production est optimale, ce qui suppose en particulier que ces facteurs de production sont donnés et qu’aucun problème organisationnel ne se pose.

9 Rappels sur l’Equilibre du Monopole (2)
La condition du premier ordre donne recette marginale = coût marginal  Interprétation de la recette marginale - Lorsque le monopoleur augmente sa quantité produite d’une unité, sa recette totale augmente d’une montant égal au prix de vente de cette unité supplémentaire, sachant que ce prix décroît en fonction de la quantité produite puisque la fonction de demande est décroissante en fonction du prix, et que cette baisse du prix touche toutes les quantités vendues (d’où p’(y).y, dont la valeur est négative). - Cette situation tranche avec la concurrence parfaite où le prix est une donnée pour l’entreprise, ce qui implique que cette dernière peut vendre toute la quantité qu’elle souhaite à ce prix, donc que la recette marginale est égale au prix (donné par le marché) et que le profit est maximum quand le prix est égal au coût marginal. La condition du second ordre Elle requiert que la courbe de recette marginale coupe la courbe de coût marginal par le haut. Autrement dit, la courbe de recette marginale doit couper la courbe de coût marginal dans sa partie croissante.

10 Rappels sur l’Equilibre du Monopole (3)
Une autre façon d’écrire la condition du premier ordre est la suivante : Soit, Où, est l’élasticité-prix de la demande. On a là une autre façon de comparer le monopole avec l’entreprise en concurrence parfaite. - En concurrence parfaite, la demande est infiniment élastique au prix et on retrouve l’égalité du prix au coût marginal comme condition de maximisation du profit. - En situation de monopole, la production qui maximise le profit sera d’autant plus proche de celle de la concurrence parfaite que l’élasticité-prix de la demande sera forte (en valeur absolue). Au contraire, plus l’élasticité-prix de la demande est faible, plus le monopoleur pourra augmenter son prix sans que la quantité qu’il parviendra à vendre ne diminue beaucoup ou, ce qui revient au même, plus il pourra produire une quantité importante sans qu’il soit nécessaire de baisser beaucoup son prix pour écouler cette production.

11 Rappels sur l’Equilibre du Monopole (4)
Une autre façon (encore !) d’écrire la condition du premier ordre : => mark-up relatif ou indice de Lerner Le membre de gauche mesure l’écart relatif du prix au coût marginal. On appelle cet écart relatif le ‘mark-up’ relatif ou indice de Lerner. En concurrence parfaite, l’indice de Lerner est nul puisque le prix est égal au coût marginal. L’indice de Lerner est particulièrement utile pour juger du pouvoir de marché, notamment pour juger des effets de la concentration ou pour présumer l’existence de collusions.

12 Fixation des prix par le monopoleur : quelques remarques (1)
Fixation de prix par mark-up : irrationnel ? Hyp 1 : Coût unitaire constant => coût marginal constant = c Hyp 2 : Elasticité constante = 2 => Le monopoleur fixe donc un prix qui est systématiquement égal à 2 fois le coût unitaire constant c. On observe donc l’application d’une règle de mark-up, souvent associée à un comportement non optimisateur des producteurs, qui découle cependant ici d’un programme de maximisation du profit. Le mark-up joue un rôle important dans la nouvelle macroéconomie keynésienne.

13 Fixation des prix par le monopoleur : quelques remarques (2)
Le monopole multi-produits 1e cas : biens substituables => ajustement des prix en fonction des différentes élasticité-prix croisées. 2e cas : biens complémentaires => certains prix peuvent être inférieurs au coût marginal (téléphone portable / communications téléphoniques) si le monopoleur vend plusieurs produits, deux cas se présentent : - Si ces biens sont substituables, les différents biens produits par le monopoleur sont en quelque sorte en concurrence les uns avec les autres. En effet, si le prix d’un bien i diminue alors la demande en bien j va augmenter. Le monopoleur doit alors ajuster ses différents prix en fonction des différentes élasticités-prix croisées, c'est-à-dire en fonction de l’‘intensité relative des préférences’ pour les différents biens. - Si ces biens sont complémentaires (c'est-à-dire si la baisse du prix du bien i entraîne une augmentation de la demande du bien j), alors le monopoleur peut être amené à vendre certains biens à des prix inférieurs à celui de la concurrence parfaite (c'est-à-dire inférieur au coût marginal) si cela lui permet d’augmenter les ventes des biens sur lesquels il réalise des marges importantes. Par exemple, je vends un téléphone portable à un prix faible car je sais que je réaliserai des ventes importantes sur la vente des communications téléphoniques.

14 Le monopoleur face au temps : quelques exemples (1)
Exemple 1 : learning by doing Production élevée en t=1 => coût de production faible en t=2 Profit total maximisé pour un prix en t=1 plus faible que dans le cas d’une firme ‘myope’ Supposons que le processus de production d’un bien soit caractérisé par des phénomènes de learning by doing. - Sur 2 périodes, le coût de production à la période 2 est une fonction décroissante de la quantité produite à la période 1: plus l’entreprise a produit en 1, plus elle aura appris, par conséquent, mieux elle saura produire en 2. Il est aisé de montrer que le profit total (pour les deux périodes) est maximisé pour un prix à la période 1 inférieur à celui qui serait pratiqué se l’entreprise était ‘myope’, c'est-à-dire si elle ne prenait pas en compte les effets d’apprentissage par la pratique. - Ce résultat n’a cependant pas une portée générale : l’apprentissage par la pratique, en faisant baisser les coûts de production de période en période, peut conduire l’entreprise à augmenter sa production au fil du temps, donc à diminuer ses prix.

15 Le monopoleur face au temps : quelques exemples (2)
Exemple 2 : Vente de biens durables Particularité : biens conservés alors que les prix peuvent changer. => Tentative de discrimination intertemporelle par les prix. (prix d’écrémage, consoles de jeux) Limite : anticipations des consommateurs et conjecture de Coase. Si le monopoleur vend des biens durables, - c'est-à-dire des biens qui sont conservés par le consommateur sur une période au cours de laquelle les prix pratiqués par le producteur évoluent. - Le monopoleur va alors souvent chercher à pratiquer des prix élevés aujourd’hui pour toucher les consommateurs ayant une forte préférence pour le présent (les impatients) et des prix faibles demain pour toucher les autres (les patients). - Cette pratique de discrimination intertemporelle par les prix est très courante dans la réalité (cas des consoles de jeux) et fait partie des stratégies de marketing connues : un prix d’écrémage (politique opposée à celle reposant sur un prix de pénétration) est d’abord fixé puis le prix décroît jusqu’à ce que le monopoleur finisse par solder son produit. Cette technique peut s’interpréter à l’aide de l’idée de cycle de vie du produit. - Le monopoleur doit cependant prendre en compte la nature des anticipations des consommateurs. Si une baisse des prix rapide est anticipée, même les impatients risquent de retarder leurs achats pour bénéficier de prix plus avantageux. Une conjecture de Coase établit en effet que lorsque les ajustements de prix deviennent très nombreux, le profit du monopoleur tend vers zéro.

16 I. Le Monopole A. Rappels sur l’équilibre du monopoleur
B. L’inefficacité du monopole C. Compléments La différenciation Monopole et bien-être : le cas des brevets D. Une expérience pédagogique sur le monopole

17 L’inefficacité du monopole (1)
Le pouvoir de marché => prix de vente plus élevé qu’en concurrence parfaite => quantités échangées plus faibles => perte de poids mort

18 L’inefficacité du monopole (2)
prix prix A A Coût marginal (Offre) Coût marginal Surplus du consommateur EM Surplus du consommateur pM A noter que la perte de surplus collectif ne décroît pas systématiquement lorsque l’élasticité de la demande augmente. En effet, lorsque l’élasticité de la demande s’affaiblit, l’augmentation du prix par le monopoleur peut se traduire par une augmentation du surplus collectif car l’augmentation du profit du monopoleur est plus importante que la perte de surplus du consommateur. Ec D Ec pc pc Surplus du producteur Surplus du producteur C Demande Demande B B Recette Marginale yc quantité yM quantité

19 L’inefficacité du monopole (3)
Autres sources d’inefficacité 1) La X-inefficacité (Leibenstein (1966)) 2 ‘libertés’ simultanées liées au statut de monopoleur Vendre à un prix élevé Produire à un coût élevé  X-inefficacité Particularité du monopole : pas d’éléments de comparaison la X-inefficacité (Leibenstein (1966)). La concurrence est censée avoir comme effets simultanés : - que le producteur ne peut fixer un prix trop élevé parce que le consommateur a le pouvoir de dire non, c'est-à-dire d’aller s’adresser à d’autres producteurs. - Que le producteur est amené à produire au coût le plus faible possible, sans quoi il ne peut justement vendre à un ‘prix compétitif’. Ce sont ces deux principes qui sont déjà au cœur de l’argumentation de Smith (1776) lorsqu’il tente de montrer que le boucher, le marchand de bière et le boulanger sont poussés à satisfaire au mieux les intérêts de leurs clients. Nous avons vu qu’une source d’inefficacité du monopole tient au fait que le premier principe ci-dessus n’est plus respecté. Une deuxième source d’inefficacité tient au fait qu’une entreprise en situation de monopole a de fortes chances de ne pas produire au coût le plus faible possible. La X-inefficacité renvoie aux comportements des membres de l’entreprise qui peuvent ne pas aller dans le sens d’une production efficace. Certes, comme le verrons avec les théories de l’agence, c'est-à-dire en prenant en compte des asymétries d’information, l’inefficacité liée à des problèmes internes à l’entreprise n’est pas une spécificité du monopole. Cependant, une particularité du monopole est que les propriétaires ne peuvent s’appuyer sur les résultats d’autres entreprises du même secteur pour pouvoir juger de l’efficacité du travail et des choix pris par les membres de l’entreprise. Pour reprendre les termes de Tirole (1988), « l’utilisation par le dirigeant de l’excuse que ‘les temps sont durs’ pour dissimuler son inefficacité et justifier de faibles profits » peut apparaître crédible en situation de monopole alors que le sera beaucoup moins si des entreprises concurrentes apportent des éléments de comparaison.

20 L’inefficacité du monopole (3)
Autres sources d’inefficacité (suite) 2) La recherche de rente de situation (Tullock (1967), Posner (1975)) La course aux brevets Dépenses de publicité Organisation de groupes de pression Kolko, Railroads and regulation : (1965) Thèse de la capture (Stigler (1971)) Rétribution d’avocats La recherche de recherche de rente de situation (Tullock (1967), Posner (1975)) Le pouvoir que donne la position de monopole de s’accaparer une partie du surplus de consommateur peut inciter l’entreprise à engager des ressources visant à maintenir ou renforcer cette position. De nombreux exemples de ce type de dépenses peuvent être donnés : - la course aux brevets Engager des dépenses en R&D peut être motivé par la volonté de s’assurer la position de monopole que garantissent les brevets plutôt que d’aboutir à des innovations de produit ou de procédé qui apporteront un gain pour la collectivité. - une partie des dépenses de publicité rentre dans cette catégorie - les coûts d’organisation de groupes de pressions pour influencer la législation sur les monopoles. Kolko, Railroads and regulation : (1965) : les premiers partisans d’une régulation fédérale des chemins de fer aux E-U, notamment après 1877, étaient les hommes d’affaires du secteur parce qu’ils utilisaient les commissions chargées de discuter de cette régulation pour y faire valoir leurs propres intérêts. thèse de la capture (Stigler (1971)) : les institutions devant réglementer certaines activités sont bien souvent ‘capturées’ par les représentants des branches ou des industries concernées - La rétribution des avocats pour défendre l’entreprise dans le cadre de procès antitrust.

21 L’inefficacité du monopole (4)
prix prix A A Coût marginal (Offre) Coût marginal Surplus du consommateur EM Surplus du consommateur pM Surplus du producteur Ec D Ec pc pc Surplus du producteur C Demande Demande B B Recette Marginale yc quantité yM quantité

22 L’inefficacité du monopole (5)
La mesure de l’inefficacité liée à des positions de monopole Rappel de l’indice de Lerner Harberger (1954) : 0.1% du PNB Parker and Connor (1979) Perte de surplus des consommateurs = 25% du PNB Inefficacité = 3% à 6% du PNB Jenny and Weber (1983) : France, entre 0.85% et 7.39% du PIB. La difficulté de mesure du pouvoir de marché Comme le suggère le calcul de l’indice de Lerner, la mesure du pouvoir de marché n’est pas une tâche facile. Une entreprise détenant 80% des parts de marché peut avoir un pouvoir de marché plus important qu’une entreprise en situation de monopole, ne serait-ce que parce qu’elle opère sur un marché où l’élasticité de la demande est faible. C’est une raison pour laquelle la réglementation de la concurrence n’interdit pas d’avoir une position dominante (c'est-à-dire d’avoir des parts de marché importantes). C’est l’abus de position dominante qui est illégal (Article 86 du Traité de Rome). Les estimations de la perte de surplus - Les premières estimations de la perte sociale due à des positions de monopole sont celles de Harberger (1954). Ces pertes sociales sont alors considérées comme faibles : elles représenteraient 0.1% du PNB aux Etats-Unis en 1954. - Les études ultérieures aboutissent à des résultats assez contrastés mais estiment le plus souvent des pertes sociales supérieures à celles calculées par Harberger (1954). - Par exemple, Parker and Connor (1979) s’intéressent aux effets des positions de monopole dans l’industrie agro-alimentaire sur le surplus des consommateurs. Ils estiment qu’en 1975 aux Etats-Unis, les pertes de surplus du consommateur dues à ces positions de monopoles représentent environ 25% du PNB, 3% à 6% étant liés à l’inefficience du monopole, le reste correspondant à la part de surplus du consommateur accaparé par les monopoleurs. - Jenny and Weber (1983) estiment dans le cas de la France que les pertes de surplus collectif représentent entre 0.85% et 7.39% du PIB.

23 I. Le Monopole A. Rappels sur l’équilibre du monopoleur
B. L’inefficacité du monopole C. Compléments La différenciation Monopole et bien-être : le cas des brevets D. Une expérience pédagogique sur le monopole

24 La différenciation (1) Problème = se situer dans l’espace des produits (substituabilité imparfaite). Différenciation verticale (qualité) Distribution des préférences à l’égard de la qualité au sein de la population. Différenciation horizontale Ex : couleur, localisation Approche par les caractéristiques (Lancaster (1966)) Ex : Kcal, Indice Carbone Précédemment, la question posée au monopoleur était relativement simple : quel prix/quantité pour un bien homogène. En réalité, le monopoleur doit souvent choisir, parallèlement au prix et la quantité, les caractéristiques du bien. Autrement dit, il doit se situer dans l’espace des produits. C’est la question de la différenciation. On distingue : - la différenciation verticale : une hiérarchie est communément admise. Exemple = qualité. - la différenciation horizontale (Hotelling (1929)) - l’approche par les caractéristiques (Lancaster (1966)) : le consommateur ne choisit plus des biens mais des caractéristiques

25 La différenciation (2) Pouvoir de marché et différenciation
Monopole => quel ‘biais’ (perte de surplus collectif) dans la différenciation ? qualité trop élevée ou trop faible, trop de diversité ou pas assez. Le monopoleur (comparé à la concurrence parfaite) va introduire un biais en qualité similaire au biais en quantité (et en prix) introduit dans le cas d’un bien unique (homogène).

26 Monopole et bien-être : le cas des brevets (1)
Le problème de l’innovation : Innovation = production de connaissance (non rivalité) Sans exclusion : connaissance = bien public  Thèse de Schumpeter (1942) Brevet => monopole (temporaire) légal Dilemme : empêche la diffusion de l’innovation et crée une situation non concurrentielle

27 Monopole et bien-être : le cas des brevets (2)
Rapport OCDE (2004) Brevet = Mécanisme incitatif efficace ? Fort dans certaines branches : biotechnologies, médicaments, produits chimiques. Faible dans d’autres Préférence pour d’autres moyens : secret, position pilote sur le marché

28 I. Le Monopole A. Rappels sur l’équilibre du monopoleur
B. L’inefficacité du monopole C. Compléments La différenciation Monopole et bien-être : le cas des brevets D. Une expérience pédagogique sur le monopole

29 Le Blog des Expériences Pédagogiques en SES
Un blog pour les profs de SES Créer des situations de prise de décisions économiques en classe Marché concurrentiel Biens collectifs Asymétries d’information Monopole

30 L’Expérience de marché concurrentiel (quelques mots)
Les acheteurs Les vendeurs

31 Expérience de marché concurrentiel (les résultats)
Prix Négociés (ordonnées) au cours des périodes (abscisses) , 00 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

32 L’Expérience pédagogique sur le monopole
Les données Tableau des coûts Quantité prouite 1 2 3 4 5 6 7 8 Coût de la dernière unité produite Coût Total 28 36

33 L’expérience pédagogique sur le monopole (données, suite)
Tableau des Ventes Test Expérience Période A Période B Période C Période 1 Période 2 Période 3 Période 4 Période 5 Période 6 Période 7 Quantité produite [1] 2 3 1 Prix de vente [2] 14 10 21 Recette totale [3]=[1]x[2] 28 Coût Total [4] 6 Profit [5]=[3]-[4] 24 Recette marginale +2 Coût marginal -5

34 L’expérience pédagogique sur le monopole (résultats)
Equilibre du Monopole Equilibre de Concurrence

35 Partie I. La Concurrence Imparfaite
I. Le Monopole => II. L’Interaction stratégique <=

36 II. L’interaction stratégique (oligopoles)
Introduction A. La concurrence en quantités (Cournot) B. La concurrence par les prix (paradoxe de Bertrand) C. Comparaison des équilibres D. Cournot ou Bertrand ? E. La collusion tacite

37 Introduction (1) : oligopoles et stratégies
Fin de l’environnement passif => interactions stratégiques (jeux non-coopératifs) Variables stratégiques : Prix, quantité Caractéristiques du produit (qualité, dessin et forme, localisation…) Perception du produit (publicité) Sortie du marché Méthodes de production (innovation de procédés) Création de nouveaux produits (innovation de produits)

38 Introduction (2) : représentation
2 firmes i et j 2 stratégies (prix, quantités…) par firme soit => 4 couples de stratégies (solutions) : Critère = Maximisation du profit : Firme i : Firme j :

39 Introduction (3) : Equilibre de Nash
Parmi les 4 solutions possibles, est un équilibre si : En , ni la firme i ni la firme j n’ont intérêt à dévier unilatéralement (équilibre de Nash)

40 Introduction (4) : Equilibre de Nash
Notation + générale est un équilibre de Nash si :

41 Introduction : contextes de décision
Décisions simultanées / séquentielles Concurrence par les prix / en quantités Décisions uniques / répétées

42 A. La concurrence en quantités (Cournot)
=> un oligopole est une structure de marché ‘intermédiaire’ entre la concurrence parfaite et le monopole.

43 Hypothèses du modèle de Cournot
Choix simultanés Variable stratégique = quantité (capacité) => un commissaire-priseur fixe le prix qui égalise offre et demande. Choix simultanés : signifie ici que chaque firme ne connaît pas la quantité choisie par l’autre au moment où elle prend sa décision.

44 Equilibre de Cournot-Nash (cas 2 firmes)
, = quantités produites par i et j L’équilibre de Cournot-Nash est donné par On suppose que les fonctions de profit sont deux fois différentiables (par rapport aux quantités) et qu’elles sont concaves, de sorte que les conditions du second ordre sont vérifiées.

45 Equilibre de Cournot-Nash (suite 1)
= fonctions de réaction des firmes  meilleures réponses aux actions des autres. Equilibre de Cournot-Nash = tel que Fonctions de réaction de la firme i : quantité produite par i qui maximise le profit de i en fonction de la quantité produite par j.

46 Equilibre de Cournot-Nash (suite 2)
Fonction de profit sous la forme exacte de Cournot : Condition de 1er ordre de maximisation du profit (firme i) : => Externalités négatives entre firmes Condition du 1er ordre (interprétation) Quand la quantité augmente d’une unité : le profit augmente du prix de vente de l’unité supplémentaire (1er terme) - le coût marginal (2e terme) – l’effet de la baisse du prix sur les unités inframarginales c’est-à-dire déjà produites (3e terme). Ce résultat est le même que dans le cas du monopole. Dans le cas de la concurrence parfaite, par contre, le 3e terme est nul. Externalités négatives entre firmes : lorsqu’elle produit davantage, la firme i ne prend pas en compte l’effet négatif sur le prix de vente de l’autre firme.

47 Equilibre de Cournot-Nash (suite 2)
Conséquence

48 Calcul de l’Equilibre : un exemple
Fonction de demande (inverse) : Fonction de coût (firme i): Fonction de demande linéaire

49 Calcul de l’équilibre (suite 1)
Condition du 1e ordre donne : et Equilibre : La production de la firme à l’équilibre est d’autant + élevé que - son coût marginal est faible - le coût marginal de l’autre firme est élevé Ce résultat est vrai de manière + générale. Il faut notamment que : - les pentes des courbes de réaction soient négatives - les courbes de réaction ne se coupent qu’une fois (unicité de l’équilibre) Coût marginal de l’autre firme Coût marginal de la firme

50 Equilibre de Cournot-Nash
Données : - demande : - coûts : Exemple numérique Equilibre de Cournot-Nash

51 Equilibre de Cournot-Nash
Données : - demande : - coûts : Autre Exemple Equilibre de Cournot-Nash

52 Inefficacité de l’oligopole de Cournot
On s’en doutait déjà… Réécrivons la condition du 1e ordre : ( ) Lerner = (part de marché / élasticité) reste vrai dans le cas de n firmes. Avec l’indice de Lerner, l’elasticité de la demande et la part de marché de la firme i

53 Inefficacité de l’oligopole de Cournot (suite 1)
L’indice de Lerner est compris entre celui de la concurrence parfaite et celui du monopole Li>0 => les firmes vendent à prix supérieur au coût marginal. Li>celui du monopole => l’oligopole de Cournot est ‘moins inefficace’ que le monopole. Concurrence parfaite Monopole Oligopole de Cournot

54 Quand le nombre de firmes s’accroît…
La remarque précédente ( ) suggère : nombre de firme (Cournot tend vers la concurrence parfaite) Hausse nombre de firme => baisse part de marché => alphai / epsilon tend vers zéro.

55 II. L’interaction stratégique (oligopoles)
Introduction A. La concurrence en quantités (Cournot) B. La concurrence par les prix (paradoxe de Bertrand) C. Comparaison des équilibres D. Cournot ou Bertrand ? E. La collusion tacite

56 B. La concurrence par les prix (paradoxe de Bertrand)
des oligopoleurs se comportent comme en concurrence parfaite (profits nuls)  paradoxe

57 Hypothèses du modèle de Bertrand (cas 2 firmes)
Biens parfaitement substituables Fonction de demande avec : Chaque firme satisfait toujours la demande et le coût unitaire est c. Choix simultanés et non coopératifs Coûts unitaires constants = rendements d’échelle constants. Choix simultanés : chaque firme n’a pas encore observé le prix de l’autre au moment de choisir le sien. (néanmoins elle l’anticipe correctement).

58 L’équilibre de Bertrand-Nash
Profit de la firme i Equilibre de Nash avec

59 Réaction anticipée des firmes
Démonstration Cas possibles Demande Profit Réaction anticipée des firmes Equilibre Firme i baisse son prix non Firme j baisse son prix Statu quo oui

60 II. L’interaction stratégique (oligopoles)
Introduction A. La concurrence en quantités (Cournot) B. La concurrence par les prix (paradoxe de Bertrand) C. Comparaison des équilibres D. Cournot ou Bertrand ? E. La collusion tacite

61 C. Comparaison des équilibres
Courbe de demande Coût marginal Monopole Cournot : Q=13=6.43x2 Cournot Concurrence parfaite Bertrand

62 II. L’interaction stratégique (oligopoles)
Introduction A. La concurrence en quantités (Cournot) B. La concurrence par les prix (paradoxe de Bertrand) C. Comparaison des équilibres D. Cournot ou Bertrand ? E. La collusion tacite

63 D. Bertrand ou Cournot ? Rappel du paradoxe : guerre des prix jusqu’à profits nuls. Plusieurs résolutions possibles du paradoxe Contrainte de capacité La collusion (tacite) La différenciation des produits Chaque résolution correspond à la remise en cause d’une des hypothèses du modèle de Bertrand : - contrainte de capacité : contredit l’hypothèse selon laquelle chaque firme satisfait toute la demande qui s’adresse à elle. - collusion : contredit l’hypothèse selon laquelle le jeu est statique (one shot) - différenciation : contredit l’hypothèse selon laquelle les produits offerts par les firmes sont des substituts parfaits.

64 Les contraintes de capacité
Edgeworth (1897) Contrainte de capacité : définition Contrainte de capacité : le coût marginal est constant jusqu’en qibar (rendements constants) puis infini à partir de qibar  cas extrême de rendements décroissants. Rendements décroissants Contrainte de capacité

65 Les contraintes de capacité (suite 1)
Intuition Supposons que et avec Si la firme j choisit La firme i a-t-elle intérêt à répondre par ? Contrainte de capacité : la firme (i) ne peut pas répondre à toute la demande lorsque le prix a atteint le niveau (bas) correspondant à la tarification au coût marginal. Cependant, elle peut satisfaire systématiquement à au moins 50% de la demande totale. Réponse : Cela dépend beaucoup du niveau de capacité des firmes. Deux stratégies s’offrent à elles : - baisser le prix et vendre la totalité de leur capacité (=> ‘perte’ sur le prix mais ‘gain’ sur la quantité) - maintenir le prix à un niveau élevé et vendre des quantités inférieures à leurs capacités (=> inverse) Si les deux firmes sont soumises à des contraintes de capacité du même type, l’équilibre du marché n’est pas l’équilibre de Bertrand : le prix est supérieur au coût marginal et les firmes font du profit. La réponse est : çà dépend !

66 Les contraintes de capacité (suite 2)
Kreps et Scheinkman (1983) = Contrainte de capacité + Concurrence en Prix (Bertrand) Equilibre de Cournot

67 Kreps et Scheinkman (1983) (suite 1)
Jeu à 2 étapes 1ère étape : choix des capacités 2e étape : concurrence en prix (sous contrainte de capacité) Résultat : 1ère étape : les capacités choisies sont les quantités d’équilibre de Cournot. 2ème étape : prix d’équilibre = prix tel que les capacités soient saturées. => prix et quantités d’équilibre sont ceux de Cournot.

68 Kreps et Scheinkman (1983) (suite 2)
Commentaires Interprétation de KS(1983)  Prix s’ajustent plus vite que les quantités. Quelques hypothèses du modèle : Le mode de rationnement des consommateurs. Capacité des autres observable Interprétation de KS : une fois les capacités (investissement) choisies, on ne peut les modifier rapidement. La concurrence se fait alors en prix (après s’être faite en quantités). Autrement dit, les prix sont une variable stratégique de très court terme, les quantités (entendues comme capacités) sont une variable stratégique de moyen-long terme. Mode de Rationnement : - Dès qu’il existe une contrainte de capacité, il est nécessaire de spécifier quels sont les consommateurs qui ne peuvent être servis (c’est-à-dire ceux qui sont rationnés) par la firme qui subit une contrainte de capacité (en fixant un prix plus faible que l’autre firme). L’hypothèse retenue par KS est un rationnement dit efficace (parce qu’il maximise le surplus des consommateurs) : les consommateurs d’abord servis sont ceux qui désirent le plus le bien (c’est-à-dire ceux qui sont prêts à payer le prix le plus élevé). Si une autre hypothèse de rationnement est retenue, le jeu à 2 étapes de KS ne conduit pas à l’équilibre de Cournot (Davidson et Deneckere (1986)). Capacité des autres observables : Jeu simultané en quantités puis en prix : ce choix est justifié (cf ci-dessus : les prix s’ajustent plus vite que les quantités), mais, comme l’information est parfaite, cela implique que les firmes prennent leurs décisions de prix (à la 2e étape) en ayant connaissance des capacités choisies par les autres firmes. Une situation où les firmes ne peuvent pas observer les capacités choisies par les autres firmes se représentera au contraire par un jeu simultané à 1 seule étape où les firmes fixent en même temps leurs quantités et leurs prix. Gertner (1985) montre alors qu’il n’y a pas d’équilibre en stratégie pure. Néanmoins, l’équilibre en stratégies mixtes est caractérisé par une espérance de profit nulle (~Bertrand) mais une espérance de prix supérieure au prix de concurrence parfaite (même s’elle peut être proche de ce prix).

69 II. L’interaction stratégique (oligopoles)
Introduction A. La concurrence en quantités (Cournot) B. La concurrence par les prix (paradoxe de Bertrand) C. Comparaison des équilibres D. Cournot ou Bertrand ? E. La collusion tacite

70 E. La collusion tacite Contexte = interaction répétée (≠ one shot)
Causes évidentes : investissements durables, savoir-faire technique, barrières à l’entrée… Chamberlin (1929) Les firmes se rendent compte de leur interdépendance => fixation du prix de monopole sans collusion explicite  autre façon de résoudre le paradoxe de Bertrand Chamberlin (1929) : à son époque, la collusion qui préoccupait essentiellement les économistes était la collusion explicite (ouverte). Celle même qui inquiétait Adam Smith : « Les gens d’une même profession se réunissent rarement, même pour s’amuser et se distraire, sans que la conversation n’aboutisse à une conspiration dont le public fait les frais ou à une machination pour accroître les prix. » (Smith (1776)) Paradoxe de Bertrand : façon radicale de résoudre le paradoxe, dans le sens où la conclusion est que le prix de marché issu de cette interaction est le prix de monopole.

71 La collusion tacite (suite 1)
Contexte Interaction répétée  jeux dynamiques Collusion tacite  jeux non coopératifs Concurrence en prix Intuition Baisse du prix => captation du marché… … mais implique des représailles (guerre des prix) Intuition : Chamberlin (1933) : « Tout vendeur qui cherche à maximiser son profit de façon rationnelle et intelligente s’apercevra que dans le cas de deux ou d’un petit nombre de vendeurs, toute action a des effets considérables sur les concurrents et qu’il est vain de supposer que ceux-ci supporteront sans représailles les pertes qu’on leur impose. Puisque le résultat d’une réduction de prix d’un vendeur est finalement de réduire ses propres profits, personne ne réduira son prix, et bien que les vendeurs soient entièrement indépendants, le résultat sera le même que s’il y avait un accord monopolistique entre eux. »

72 Le jeu de Bertrand répété
Chaque firme cherche à maximiser la valeur actualisée de ses profits : avec, le facteur d’escompte T le nombre de périodes Delta : + delta est fort (proche de 1), + l’impatience est faible (taux d’actualisation faible).

73 Le jeu de Bertrand répété (suite 1)
1er cas : horizon fini ( ) Résolution par backward induction Période Prix optimal T T-1 Backward induction : c’est la méthode utilisée pour obtenir l’équilibre parfait (équilibre d’un jeu dynamique) - On part de l’aval (c’est-à-dire de la période T) : en T, les joueurs sont confrontés au jeu de Bertrand statique : ils choisissent donc le prix minimal (égal au coût marginal) - En T-1, sachant que les prix choisis n’affecteront pas ce qui se passera en T (ce qui ne serait pas le cas, par exemple, s’il s’agissait d’une décision d’investissement), tout se passe comme si T-1 était la dernière période. …et ainsi de suite => la collusion tacite n’est pas un équilibre (équilibre = Bertrand)

74 Le jeu de Bertrand répété (suite 2)
2e cas : horizon infini (c’est beaucoup !) Le prix de monopole est un équilibre … mais ce n’est pas le seul.

75 Le jeu de Bertrand répété (suite 3)
Stratégie de déclic (Friedman (1971)) :  - chaque firme choisit en t=0 - puis aux autres périodes si les autres firmes ont également choisi - choisit définitivement si l’autre firme a choisi Stratégie de déclic : le prix pm est le prix de monopole (profit max) et p=c est le prix de concurrence parfaite (guerre)

76 Le jeu de Bertrand répété (suite 4)
Profits avec et sans ‘coopération’ La coopération est un équilibre si Coopération systématique Déviation Coopération systématique : chaque firme reçoit la moitié du profit joint à toutes les périodes Déviation : la firme s’accapare la totalité du marché (donc reçoit le profit de monopole) à la première période et reçoit 0 ensuite. La coopération est un équilibre : la valeur actualisée du profit de coopération est supérieur au profit de monopole si ½(1/(1-delta))>1.

77 Partie III. Les Approches évolutionnistes
Partie I. La Concurrence Imparfaite Partie II. Les Approches contractuelles Partie III. Les Approches évolutionnistes

78 Partie II. Les Approches contractuelles
I. Les Frontières de la firme II. Les Incitations au sein de la firme

79 I. Les frontières de la firme
A. La Théorie des coûts de transaction B. La Théorie des droits de propriété et des contrats incomplets C. Le problème du hold-up

80 Ronald Coase et ‘The Nature of the firm’ (1937)
Pourquoi les firmes existent-elles ? Quelle est leur fonction, et qu’est-ce qui détermine leur étendue ? Firme  Substitution de l’entrepreneur au mécanisme de prix. Spécificité de la firme = la relation salariale. coûts de transaction (Arrow (1969)) sur le marché = coûts de coordination coûts de coordination <-> absence d’information parfaite et gratuite Collecte de l’information Négociation précédant la transaction Surveillance et contrôle de l’exécution du contrat Multiplicité des contrats de courte durée La théorie des coûts de transaction Coase (1937) Ronald Coase (Prix Nobel 1991) a posé les bases de la théorie contractuelle de la firme dans son article de 1937 ‘The Nature of the firm’. Pourquoi les firmes existent-elles ? Quelle est leur fonction, et qu’est-ce qui détermine leur étendue ? Ce sont ces questions auxquelles Coase va tenter d’apporter une réponse, alors que la théorie néo-classique n’en apporte pas, ou du moins n’apporte pas de réponses satisfaisantes. Ce sont ces questions qui restent aujourd'hui les questions centrales des théories économiques de la firme et, plus généralement, des organisations. - La firme est « un système de rapports qui apparaît lorsque la direction des ressources dépend d’un entrepreneur [c’est-à-dire dépend de] la ou les personnes qui, dans un système concurrentiel prennent la place du mécanisme des prix dans la direction des ressources. » (Coase (1937, p.339)). La nature de la firme réside dans l’existence d’une relation salariale. « Le contrat [de travail] est un contrat par lequel le facteur travail accepte, pour une certaine rémunération, d’obéir aux directives de l’entrepreneur, dans certaines limites. » (ibid. p.337) La réponse apportée par Coase (1937) passe par l’introduction des coûts de transaction, dans un contexte d’information imparfaite. Dans Coase (1937), les coûts de transaction (expression introduite par Arrow (1969)) sont essentiellement des coûts de coordination liés à l’absence d’information parfaite et gratuite. Toute organisation implique des coûts de transaction. Cependant, Coase se focalise sur les coûts de transaction sur le marché, lesquels ne sont pas pris en compte dans la théorie néo-classique puisque l’information est supposée complète et parfaite. 4 types de coûts de coordination sur un marché : - Collecte d’information. Sur un marché, la rencontre entre l’offreur et le demandeur suppose, d’un côté comme de l’autre, une recherche d’information sur ‘l’état du marché’. Les offreurs ont recours entre autres à des études de marché. Les demandeurs consacrent des ressources, du temps à la recherche des fournisseurs, à la recherche du meilleur prix. - Négociation précédant la vente : prix, quantités, date de livraison… - Surveillance et contrôle de l’exécution du contrat - Multiplicité des contrats de courte durée : augmente la fréquence avec laquelle les 3 types de coûts précédents vont être impliqués.

81 Ronald Coase et ‘The Nature of the firm’ (1937) (suite 1)
Structures coûteuses permettant la rencontre entre offreurs et demandeurs. 2009 : chiffre d’affaires de NYSE Euronext = 4,3 mds $. Arbitrage firme ou marché en fonction : Des coûts de coordination sur le marché Des coûts de coordination à l’intérieur de la firme Des structures coûteuses sont souvent nécessaires pour simplement pouvoir réaliser la rencontre entre offreurs et demandeurs. C’est le cas des foires et marchés dans les communes. C’est le cas également des marchés de capitaux : en 2009, le chiffre d’affaires de NYSE Euronext s’élève à 4,3 mds $. Les coûts de transaction sur les marchés peuvent rendre ces organisations moins efficaces que d’autres. Lorsque les coûts de transaction sur un marché sont trop importants, la firme qui substitue la hiérarchie aux transactions marchandes, peut s’avérer une organisation plus efficace.

82 Ronald Coase et ‘The Nature of the firm’ (1937) (suite 2)
Arbitrage => Taille optimale Comprendre pourquoi une relation d’autorité entre employeurs et employés peut être plus efficace Problème : qui a le plus intérêt à cette relation d’autorité ? - Arbitrage coûts de coordination firme / marché => taille optimale C’est essentiellement la question de la relation de travail qui est soulevée ici. Par conséquent, c’est essentiellement la concentration technique qui permet d’être mieux comprise (au-delà de l’explication fournie par les économies d’échelle). - Le point de vue de Coase semble mieux se comprendre lorsqu’on adopte le point de vue de l’entrepreneur que celui du salarié. On comprend en effet pourquoi l’entrepreneur a intérêt à prendre des décisions qui, dans le cadre d’un rapport hiérarchique, vont s’imposer aux salariés. C’est un peu moins clair lorsqu’on adopte le point de vue du salarié, même si on suppose que l’aversion au risque du salarié peut l’amener à préférer se soumettre à l’autorité ce qui lui permet de laisser l’entrepreneur assumer l’essentiel des risques (on dirait l’incertitude chez Knight (1921)). Historiquement, le passage, par exemple, d’une organisation proto-industrielle à l’usine moderne semble plus relever de l’initiative des entrepreneurs que des travailleurs ruraux. - De manière plus générale, en justifiant la firme à partir d’un échec du marché (lié aux coûts de transaction), Coase a tendance à minimiser les facteurs qui pourraient amener à un échec de la coordination au sein de la firme.

83 L’apport de Williamson
Transaction et coûts de transaction Williamson (1975,1985) Echange versus Transaction «  coûts de fonctionnement du système économique » Arrow (1969) coûts de coordination coûts d’incitation (ou de motivation) coûts associés au caractère incomplet et asymétrique de l’information coûts associés à l’obligation imparfaite Coûts ex ante / ex post La Transaction - La Transaction est le concept central de l’analyse de Williamson. On trouve plusieurs définitions de la transaction chez l’auteur. La moins obscure est peut-être celle-ci : « Une transaction a lieu lorsqu’un bien ou service est transféré entre deux entités technologiquement séparables. » (Williamson (1981, p.1544)). Exemples : 1) relation contractuelle d’achat-vente entre deux entités autonomes juridiquement 2) transfert d’un bien entre deux ateliers d’une même entreprise L’objectif de Williamson est de marquer la distinction qui existe entre l’échange (instantané) et la transaction (relation qui s’inscrit dans un temps plus ou moins long). La transaction se caractérise par trois moments : la négociation initiale, le contrat d’échange, la résolution du contrat après l’échange - La définition des coûts de transaction a été précisée grâce aux travaux de Williamson (1975,1985) (Prix Nobel 2009). La définition générale retenue aujourd'hui est celle donnée par Arrow(1969) : les coûts de transaction correspondent aux coûts de fonctionnement du système économique, c'est-à-dire aux coûts de coordination et aux coûts d’incitation (ou de motivation). Williamson (1985) : « Les coûts de transaction constituent l’équivalent économique des frictions dans les systèmes physiques ». Alors que Coase avait réduit les coûts de transaction à des coûts de coordination, l’attention va davantage se porter avec Williamson sur les coûts d’incitation (ou de motivation). Les coûts d’incitation sont composés : des coûts associés au caractère incomplet et asymétrique de l’information. Des coûts associés à l’obligation imparfaite, c'est-à-dire à l’impossibilité de garantir que les parties s’en tiendront à leurs exigences premières et respecteront leurs engagements. - ex ante : coûts ex ante de transaction, donc des coûts ex ante liés uniquement au contrat ex post : coûts de mauvaises adaptations, coûts de marchandage, coûts d’organisation et de fonctionnement des structures de gouvernances chargées de résoudre (en privé) les conflits, coûts liés à l’établissement d’engagements crédibles (systèmes d’amendes, de sanction permettant de sécuriser la transaction)

84 L’apport de Williamson (suite 1)
Rationalité limitée, contrats incomplets et opportunisme Rationalité limitée : Simon (1955) Contrats incomplets Opportunisme Définition sélection adverse et aléa moral «  c’est l’opportunisme, et la manière de s’en protéger, qui est au centre des choix organisationnels » Coriat et Weinstein (2009, p.4) Rationalité limitée, contrats incomplets et opportunisme Williamson reprend la conception de la rationalité de Simon (voir Williamson (1985)). La rationalité limitée, dans un contexte d’incertitude, explique simplement pourquoi les contrats sont le plus souvent incomplets : il est impossible, pour des individus aux capacités cognitives et computationnelles limitées, d’envisager toutes situations possibles. Le fait que les contrats soient le plus souvent incomplets a pour conséquence que des renégociations sont généralement nécessaires après avoir pris un engagement. Des comportements opportunistes ont de fortes chances de se développer dans un tel contexte. « (…) l’opportunisme se réfère à la divulgation d’informations incomplètes ou dénaturées, spécialement aux efforts calculés pour fourvoyer, dénaturer, déguiser, déconcerter, ou semer la confusion » (Williamson (1985)). Pour Williamson, l’opportunisme est une notion qui permet de résumer les attitudes liées aux problèmes de sélection adverse (notion associée à l’opportunisme ex ante) et d’aléa moral (notion associée à l’opportunisme ex post). « C’est là que situe, pour Williamson, le problème essentiel : c’est l’opportunisme, et la manière de s’en protéger, qui est au centre des choix organisationnels. » (Coriat et Weinstein (2009, p.4)).

85 L’apport de Williamson (suite 2)
Les caractéristiques essentielles de la transaction (Williamson (1985)) Degré de spécificité des actifs physiques, humains, à spécificité géographique, dédiés, incorporels. Ex : plan Power 8 d’Airbus et sous-traitants Degré d’incertitude et de complexité Ex : Coûts de marchandage Fréquence et durée de la relation Achat d’un téléviseur / Fournitures de matières premières Les caractéristiques essentielles de la transaction Le type d’organisation le plus efficace va dépendre des caractéristiques (attributs) de la transaction, dans la mesure où ces caractéristiques influencent fortement les coûts de transaction associés à tel ou tel type d’organisation. Williamson (1985) suggère trois caractéristiques essentielles : le degré de spécificité des actifs nécessaires pour mener la transaction. Le degré d’incertitude et de complexité attaché au cadre de la transaction. La fréquence et la durée de la relation associées à la transaction 1) Le degré de spécificité des actifs nécessaires pour mener la transaction. Il s’agit ici des investissements qui doivent être réalisés pour que la transaction ait lieu et qui dont le seul usage possible concerne cette transaction particulière. Dit autrement, il s’agit de l’acquisition d’actifs non redéployables. Cette notion correspond à celle de coûts fixes irrécupérables chez Baumol (voir Baumol et alii. (1982)). C’est le cas de certains sous-traitants dans l’industrie automobile ou aéronautique par exemple qui n’ont pour seuls débouchés ceux fournis par une entreprise unique. Plus les actifs sont spécifiques, plus la transaction marchande apparaît risquée. Un exemple est donné par le plan Power 8 d’Airbus qui a modifié en 2007 l’organisation les relations qui existaient avec ses sous-traitants notamment certains, autour de Toulouse, très dépendants des commandes d’Airbus. 5 catégories d’actifs spécifiques : 1) les actifs physiques spécifiques 2) les actifs humains spécifiques (dont la valeur est attachée à un emploi particulier) 3) les actifs à spécificité géographique (mine) 4) les actifs dédiés (liés à une commande particulière : le sur-mesure qui nécessite des ‘investissements’ non réutilisables pour d’autres commandes) 5) les actifs incorporels (brevets, fonds de commerce, marques, par nature très spécifiques) 2) L’incertitude et la complexité Pour certaines transactions, il est très difficile de préciser avant que ne débute la transaction et que les engagements soient pris tous les événements qui peuvent survenir et influencer les modalités de l’échange de biens ou de services. Des intempéries peuvent par exemple retarder la livraison d’un bâtiment. Plus l’incertitude et la complexité sont importantes, plus la probabilité est forte que surviennent des événements qui seront autant de sources de conflits difficiles à résoudre lorsque la transaction s’est faite dans un cadre marchand (coûts de marchandage). 3) La fréquence et la durée de la relation associées à la transaction Lorsque la transaction n’a lieu qu’une fois (achat d’un téléviseur), les causes d’un conflit possible entre les parties sont assez limitées. La transaction marchande, assortie d’un contrat de garantie par exemple, peut s’avérer une solution efficace. En revanche, lorsque la relation entre les parties s’inscrivent dans la durée (cas de la fourniture régulière de matières premières, d’une relation de travail), les sources de conflit sont plus nombreuses et il est difficile d’envisager que tout conflit survenant dans la relation soit résolu par des transactions marchandes.

86 L’apport de Williamson (suite 3)
Autres caractéristiques de la transaction (Milgrom et Roberts (1992)) Difficultés de mesure de la performance La connexité des transactions => valeur d’une transaction dépendante d’autres transactions cas de la filière textile Autres caractéristiques importantes de la transaction (Milgrom et Roberts (1992, p.44)) : 4) Les difficultés de mesure de la performance Ces difficultés pèsent également dans les coûts engendrés par la volonté de garantir que la relation profite réellement aux deux parties. 5) La connexité des transactions Lorsque la valeur d’une transaction est dépendante d’autres transactions, réaliser une transaction pose le problème de la dépendance à l’égard des autres transactions. Supposons qu’une entreprise s’engage dans un programme de recherche devant permettre d’améliorer l’efficacité d’une production à un stade de la filière de production. Si la recherche aboutit mais qu’apparaît en amont une pénurie d’intrants ou en aval des goulets d’étranglement, les gains d’efficacité économique du nouveau procédé risque d’être assez limités ou être conditionnés par d’autres innovations en amont et/ou en aval de la filière. Une action de recherche coordonnée impliquant plusieurs entreprises aux différents stades de la filière est alors sans doute préférable à une coordination marchande. Exemple de la navette volante de Kay (1733), des innovations dans le filage dans les années puis des nouvelles innovations dans le tissage au début du XIXème siècle (métier à tisser automatique de Jacquard en 1801).

87 L’apport de Williamson (suite 4)
L’arrangement institutionnel le plus efficace De l’opposition Hiérarchie / Marché aux « structures de gouvernance » (Williamson (1991)) De la relation marchande pure à la relation non-marchande pure les plus efficaces = celles qui minimisent les coûts de transaction. L’arrangement institutionnel le plus efficace - De l’opposition hiérachie / marché aux structures de gouvernance "Auparavant, je [Williamson] pensais que les transactions du type intermédiaire étaient plus difficiles à organiser et de ce fait plus instable, et que la distribution bimodale [où la plupart des transactions se regroupent à l'un ou l'autre extrême] était de ce fait généralement la plus descriptible (Williamson, 1975). Je suis à présent convaincu que les transactions du type intermédiaire sont beaucoup plus communes [...] Par un processus d'élimination, la distribution uniforme [les transactions intermédiaires] semble presque correspondre à la réalité du monde du contrat" (Williamson, 1985, p. 111). La notion de « structures de gouvernance » apparaît chez Williamson (1991)) De la relation marchande pure (actifs non spécifiques, fréquence faible des transactions, simplicité de la transaction, absence d’incertitude) à la relation non-marchande pure (intégration) en passant par des contrats rudimentaires et de court terme ou des contrats complexes et de long terme. - la minimisation des coûts de transaction Le critère de sélection entre les différentes organisations (les « structures de gouvernance » selon les termes de Williamson) est celui de l’efficacité, au sens où l’organisation la plus efficace est celle qui minimise les coûts de transaction.

88 Limites de l’analyse en termes de coûts de transaction
Distinction coûts de transaction / coûts de production ? Qui prend en charge les coûts de transaction ? Actionnaires ? Salariés ? Quid des comportements opportunistes à l’intérieur de la firme (au sein de la relation d’autorité) ? Limites de l’analyse en termes de coûts de transaction 1) La difficulté à distinguer entre coûts de transaction et coûts de production. (Milgrom et Roberts (1992, p.46)) 2) Si la minimisation des coûts de transaction peut amener à préférer l’intégration, qui exactement prend en charge ces coûts de transaction (employeurs ou salariés ?). (Milgrom et Roberts (1992, p.46)) 3) Dans quelle mesure la firme limite-t-elle les comportements opportunistes ? Ne nécessite-t-elle pas un minimum de confiance pour fonctionner ? (Coriat et Wenstein (2009, p.5))

89 I. Les frontières de la firme
A. La Théorie des coûts de transaction B. La Théorie des droits de propriété et des contrats incomplets C. Le problème du hold-up

90 La Théorie des droits de propriété : principes généraux
structure des droits de propriété => efficience des systèmes économiques Structure efficace des droits de propriété profiter des avantages de la spécialisation garantir un système efficace d’incitations La théorie des droits de propriété La théorie des droits de propriété cherche à montrer comment les droits de propriété agissent sur le comportement des agents économiques et influencent l’efficience des systèmes économiques. Selon Coriat et Weinstein (2009, p.6), la théorie des droits de propriété est « au centre de l’approche néoclassique des institutions, et elle en est sans doute un des points les plus forts. » Son champ d’application couvre l’ensemble des organisations et institutions[1]. Un bon système de droits de propriété est celui qui : - Permet de profiter des avantages de la spécialisation et du fait que les agents ne détiennent pas les mêmes informations. - Assure un système d’incitations efficace. Pour comprendre le propos, on peut penser à un système économique où la propriété des moyens de production est collective : du point de vue de la TDP, un tel système n’est sans doute un système efficace d’incitations. [1] En particulier, l’analyse de la croissance de Douglas North met largement l’accent sur l’importance de la spécification des droits de propriété et ses effets sur les incitations pour comprendre pourquoi certains pays peuvent être plus efficaces que d’autres et, ainsi, connaître une accumulation de richesses plus rapide.

91 Application à l’organisation-firme
Alchian et Demsetz (1972) Firme = ensemble de contrats qui spécifient la structure des droits de propriété Supposons que : La technologie impose le recours au travail en équipe Il est impossible de déterminer la productivité marginale de chacun Définition de la firme du point de vue de la TDP Concernant la firme, celle-ci est définie par un ensemble de contrats qui spécifient la structure des droits de propriété. Une première application de la théorie des droits de propriété à l’étude de la firme est celle d’Alchian et Demsetz (1972). Conditions de supériorité de la firme capitaliste classique Dans cet article fondateur, les auteurs cherchent à montrer que l’entreprise capitaliste classique est la forme d’organisation la plus efficace lorsque : 1) la technologie impose le recours au travail en équipe (la production exige une coopération) 2) il est impossible de déterminer la productivité marginale de chacun, autrement dit la contribution de chacun à création de valeur. => Quelle est la forme d’organisation-firme la plus efficace ?

92 Supériorité de la firme capitaliste
3 formes de firmes (Alchian et Demsetz (1972)) Entreprise publique Firme autogérée Firme ‘classique’ (capitaliste) Firme capitaliste dirigeant = propriétaire (=> autorité, contrôle) il sélectionne les employés les plus efficaces les bénéfices lui reviennent et sanctionnent sa propre efficacité Contrairement à l’entreprise publique ou à la firme autogérée, la firme ‘classique’ (organisation dans laquelle un dirigeant engage, renvoie et dirige des travailleurs percevant un salaire) constitue un système d’incitations efficace, qui évite (du moins limite) le problème du ‘tire au flanc’. Le dirigeant est propriétaire de l’entreprise ce qui lui donne autorité et contrôle. Les salariés reçoivent un salaire fixe et le dirigeant sélectionne les employés les plus efficaces ; les moins efficaces sont renvoyés et remplacés par d’autres. La rémunération du dirigeant prend la forme de bénéfices, qui sanctionnent notamment sa capacité à sélectionner et encadrer efficacement les salariés.

93 La complexité des droits de propriété
Droits associés à la propriété d’une entreprise Limites Embaucher et licencier des employés Droit du travail : discrimination à l’embauche, règles relatives aux licenciements Déterminer la quantité produite, les prix Droit de la concurrence (ventes à perte…), Réglementation de certains marchés (quotas de production) Prélever les bénéfices, céder des actifs Droit fiscal …etc. Le concept de droit de propriété est complexe, même lorsque la propriété porte sur des actifs physiques simples. En quoi consistent les droits associés à la propriété d’une entreprise par exemple ?

94 Droit de contrôle résiduel et bénéfice résiduel
Complexité des droits de propriété => notion juridique de propriété insuffisante pour l’analyse économique. Grossman and Hart (1986) Concepts centraux Droit de contrôle résiduel Bénéfice résiduel Grossman and Hart (1986) Des éclairages importants ont été apportés par Grossman and Hart (1986) dont les travaux ont participé à la naissance de la théorie des droits de propriété et des contrats incomplets telle qu’elle existe aujourd'hui. Droit de contrôle résiduel et bénéfice résiduel L’analyse économique des droits de propriété interprète par conséquent la propriété d’un actif comme un droit de contrôle résiduel, c'est-à-dire le droit de prendre des décisions sur l’utilisation de l’actif si celles-ci ne sont pas explicitement préétablies par la loi ou réservées à autrui par contrat. Dans le même ordre d’idée, ce qui est appelé bénéfice résiduel caractérise tout ce qui reste après avoir collecté l’ensemble des revenus et réglé l'ensemble des dépenses, des dettes et autres obligations contractuelles. Autrement dit, il s’agit des bénéfices ‘imprévus’.

95 Droit de contrôle résiduel, Bénéfice résiduel et Contrats incomplets
Contrats complets / incomplets : définition Droit de contrôle résiduel et Bénéfice résiduel : sans objet si les contrats sont complets. Contrats incomplets et conflits post-contractuels Droits de contrôle résiduel et bénéfice résiduel sont des notions intimement liées à celle de contrats incomplets. Un contrat complet est un contrat précisant : 1) ce que chacune des parties doit accomplir, quelles que soient les situations rencontrées, dans un futur illimité. 2) Les modalités de répartition du revenu réalisé entre les parties. Lorsque des contrats complets peuvent être conclus, le contrôle résiduel n’a pas de sens et les bénéfices résiduels sont nuls : tout est en effet prévu dans les contrats (les droits et obligations de chacun ainsi que la part du revenu qui revient à chacun). Dans ce cas, si les parties sont capables d’élaborer et de comprendre les termes du contrat, la coordination ne génère pas de conflits post-contractuels. Cependant, des contrats complets existent rarement dans la réalité. Dans ce cas, lorsque des événements non prévus par le contrat surviennent, se posent la question de savoir qui doit faire quoi ainsi que celle concernant l’affectation des conséquences financières de ces événements. Des conflits post-contractuels sont donc susceptibles de se produire : - relations de l’entreprise avec ses clients (conditions générales de vente par exemple), - relations entre managers et actionnaires (exigences des managers à l’égard de profits supplémentaires réalisés par la firme), - conflits entre les salariés et les dirigeants (concernant le partage de la valeur créée, concernant le partage des responsabilités face à un échec…).

96 L’allocation optimale des droits de contrôle résiduels
Efficacité <-> adéquation droits de contrôle résiduels et bénéfices résiduels Cas de la firme capitaliste (Alchian et Demsetz (1972) dirigeant = droit de contrôle résiduel et bénéfices résiduels => incitation à maximiser la valeur totale créée par la firme Qui détient le contrôle résiduel ? Qui doit le détenir ? La spécification des droits de contrôle résiduels et de l’affectation des bénéfices résiduels est essentielle à la fois pour éviter les coûts de renégociation inévitables dans un contexte de contrats incomplets et pour garantir l’existence d’un système d’incitations efficace. Nous sommes au cœur de la théorie des droits de propriété qui est une théorie de l’allocation efficace des droits de propriété. La solution efficace généralement préconisée par la théorie des droits de propriété est de garantir que celui à qui est accordé le droit de contrôle résiduel soit également celui à qui revient le bénéfice résiduel. Dans le cas particulier étudié par Alchian et Demsetz (1972), c’est effectivement ce qui était suggéré : le dirigeant a le droit de contrôle résiduel et les bénéfices résiduels lui reviennent. Il est donc incité à maximiser la valeur totale créée par la firme puisque qu’il s’appropriera tout revenu marginal. Difficile d’obtenir systématiquement une telle adéquation dans la réalité Dans la réalité, il est souvent difficile de déterminer qui détient le contrôle résiduel, donc de savoir si la distribution des bénéfices résiduels est bien en adéquation avec ce contrôle. Cas d’une entreprise : actionnaires ? dirigeants ? employés ? De plus, il est également difficile de déterminer qui doit détenir ces droits relativement au critère d’efficacité collective. Cas des externalités.

97 I. Les frontières de la firme
A. La Théorie des coûts de transaction B. La Théorie des droits de propriété et des contrats incomplets C. Le problème du hold-up

98 Introduction Holmström and Roberts (1998) : « [T]he most influential
(1998) : « [T]he most influential work during the last two decades on why firms exist, and what determines their boundaries, has been centered on what has come to be known as the ‘hold-up problem’. » Holmström and Roberts (1998) : « [T]he most influential work during the last two decades on why firms exist, and what determines their boundaries, has been centered on what has come to be known as the ‘hold-up problem’. »

99 Actifs spécifiques et cospécialisés et problème du hold-up
Actifs spécifiques et cospécialisés : définitions actifs spécifiques : usage spécifique, sinon valeur nulle des services fournis actifs cospécialisés : 2 actifs liés à un usage spécifique Problème du hold-up : opportunisme post-contractuel Actifs spécifiques et cospécialisés - Les actifs sont dits spécifiques à un usage précis si les services qu’ils fournissent n’ont de valeur que pour ce seul usage. Le degré de spécificité d’un actif est défini comme la fraction de sa valeur qui serait perdue si son usage majeur cessait. - Quand deux actifs sont hautement spécifiques à un même usage, la maximisation de la valeur exige l’exploitation commune de ces deux actifs. Ces deux actifs sont alors appelés cospécialisés.

100 Degré de spécificité et hold-up : exemple de la voie ferrée
Contexte Degré de spécificité des actifs Pouvoir de négociation post-contractuel Problème du hold-up Organisation efficace Plusieurs utilisateurs de la voie ferrée Actifs non spécifiques Partagé entre utilisateurs et société de chemins de fer Probabilité faible d’un hold-up Marché Usine seule utilisatrice, alternative par la route Voie ferrée = actif spécifique Supérieur pour l’usine, inférieur pour la société de chemins de fer Probabilité forte que l’usine tente un hold-up Achat de la voie ferrée par l’usine (intégration verticale) ou Contrat de location de longue durée (bail) avec prix indexé. Usine seule utilisatrice, pas d’alternative par la route Voie ferrée et actifs de l’usine sont cospécialisés Inférieur pour l’usine, supérieur pour la société de chemins de fer Probabilité forte que la société de chemins de fer tente un hold-up Exemple de la voie ferrée Soient deux entreprises : - l’une est une société de chemins de fer, - l’une est une usine ayant besoin d’un moyen de transport pour acheminer ses matières premières et/ou écouler sa production. Différents degrés de spécificité envisageables 1er contexte : l’usine a recours aux voies ferrées de la société de chemins de fer, au même titre que d’autres utilisateurs (transport de voyageurs par exemple). Le degré de spécificité de l’actif est alors faible voire nul. 2e contexte : l’usine a recours à une voie ferrée construite par la société de chemins de fer uniquement pour les besoins de cette usine. Il existe cependant pour l’usine une alternative au transport ferroviaire, par exemple par la route. La voie ferrée est donc un actif spécifique. Cette alternative suppose sans doute des investissements supplémentaires de la part de l’usine et n’est peut-être pas le mode de transport le plus efficace mais ces informations sont difficilement accessible pour la société de chemin de fer. La menace d’un abandon du recours à la voie ferrée par l’usine est donc crédible. 3e contexte : l’usine a recours à une voie ferrée construite par la société de chemins de fer uniquement pour les besoins de cette usine. Mais, il n’existe pas de moyen de transport alternatif. Les actifs de la société de chemin de fer et de l’usine deviennent cospécialisés.

101 Le jeu du hold-up : un exemple
Deux firmes s’associent pour un projet qui nécessite pour chacune d’elle de réaliser un investissement (actifs cospécialisés) Coût total des investissements [1] 4 Soit pour chaque firme [2]= [1]/2 2 Retour brut sur investissement [3] 8 Soit par firme, pour un partage égal [4]= [3]/2 Résultat par firme pour un partage égal [5]= [4]- [2] Montant par firme des frais de tentative d’accaparement [6] 3 Résultat par firme si les 2 firmes tentent l’accaparement [7]= [5]- [6] -1 Résultat pour la firme qui a tenté seule l’accaparement [8]= [3]- [2]- [6] Résultat pour la firme, seule à ne pas avoir tenté l’accaparement [9]= -[2] -2 Représentation simplifiée sous forme de dilemme du prisonnier - Deux firmes s’associent pour un projet qui nécessite pour chacune d’elle de réaliser un investissement. - L’actif acquis par chaque firme n’a aucune valeur en dehors de l’utilisation commune qui en est faite (les actifs acquis par les deux firmes sont dits cospécialisés). - Le coût de l’investissement est le même pour les deux firmes. - Le retour (brut) sur investissement doit normalement être partagé à par les deux firmes mais il n’existe pas de contrat garantissant que chaque firme ne tente pas de modifier le partage des gains tirés de cet arrangement. - On suppose au contraire que chaque firme a la possibilité d’engager certains frais après la réalisation de l’investissement afin de tenter de s’accaparer la totalité du retour sur investissement (stratégie ‘déloyale’). - Si les firmes engagent toutes les deux de tels frais (si elles sont toutes les deux déloyales), alors le retour sur investissement est partagé à

102 Le jeu du hold-up (suite 1)
Solution du jeu (par élimination des stratégies strictement dominées) Firme B Déloyale Loyale Firme A (-1,-1) (3,-2) (-2,3) (2,2) La solution du jeu par élimination des stratégies strictement dominées est (Déloyale,Déloyale). Solution Pareto-efficace

103 Le ‘vrai’ jeu du hold-up
Version simplifiée du jeu dynamique (-1,-1) Firme A (0,0) Le ‘vrai’ jeu Toutefois, ce problème de décision se distingue de celui du dilemme du prisonnier car les firmes peuvent anticiper qu’elles seront confrontées à ce problème si elles s’associent. S’il n’y a aucune règle, aucun contrat permettant de se prémunir contre les comportements opportunistes, l’association des deux firmes n’aura pas lieu. Les paiements associés à la solution du ‘vrai’ jeu (dynamique, résolution par backward induction) sont donc (0,0). Alors que l'investissement aurait pu être rentable, il n’est donc pas réalisé. s’associent Solution du jeu ne s’associent pas

104 Le hold-up : observations empiriques
Klein, Crawford and Alchian (1978) General Motors (assemblage) et Fisher Body (carrosserie) GM allait-elle réaliser un hold-up ? Fin de l’histoire : intégration verticale (GM rachète Fisher Body) Joskow (1985, 1987) Mines de charbon et Producteurs d’électricité Mines souvent détenues par le producteur d’électricité Ou contrats complexes (problème de l’évolution prix du charbon) L’idée du hold-up apparaît chez Williamson (1975). Klein, Crawford and Alchian (1978) est le premier article à avoir introduit explicitement le problème du hold-up. General Motors et Fisher Body Ils donnent l’exemple, dans l’industrie automobile, de la relation entre General Motors et la société Fisher Body qui produisait des carrosseries automobiles. Avec l’évolution des technologies et le passage de la carrosserie en bois à la carrosserie métallique, General Motors a envisagé de construire une nouvelle usine d’assemblage. GM a demandé à Fisher de construire une nouvelle usine de carrosserie à côté de la nouvelle usine d’assemblage envisagée, les carrosseries allant directement de la ligne de production de l’usine Fisher à l’usine GM. Fisher a refusé de réaliser l’investissement demandé, probablement par crainte que la nouvelle usine de carrosserie, exclusivement conçue pour répondre aux besoins de GM, ne soit totalement assujettie à la demande GM. Le problème a finalement été résolu par une intégration verticale : General Motors a acheté Fisher Body. Autre exemple : Joskow (1985, 1987). - Joskow étudie les contrats d’approvisionnement en charbon de l’industrie électrique. - La dépendance mutuelle est liée au fait les coûts de transport sont élevés ce qui limite pour la mine de charbon le nombre de clients potentiels et pour le producteur d’électricité le nombre de fournisseurs potentiels. Les mines de charbon qui alimentent les centrales voisines sont fréquemment détenues par le producteur d’électricité qu’elles approvisionnent. Dans le cas contraire, elles disposent d’un contrat à long terme avec celui-ci. Selon Joskow, ces contrats sont nécessairement assez complexes. Ils comportent une grande variété de clauses d’indexation des prix, et facilitent le suivi des variations réelles du coût d’extraction du charbon.

105 Les solutions au problème du hold-up
L’allocation des droits de propriété Droits de propriété alloués à l’individu dont l’investissement est le plus utile à la transaction Conséquence fréquente : intégration verticale Limite : coûts de transaction au sein de l’organisation La solution aux problèmes de hold-up est-elle toujours la propriété ? L’intégration verticale c'est-à-dire la propriété unique Le transfert de la propriété à l’utilisateur est la solution qui semble la sûre du point de vue du risque d’opportunisme. C’est la réponse que tendent à donner tant la théorie des coûts de transaction que la théorie des droits de propriété et des contrats incomplets. Plus précisément, la théorie des droits de propriété et des contrats incomplets considère que l’efficacité d’une transaction est garantie lorsque les droits de propriété sont alloués à l’individu dont l’investissement est le plus utile à la relation. Toutefois, l’intégration verticale a aussi ses limites en termes d’efficacité de la coordination, y compris en relation avec l’incitation à investir.

106 Les solutions au problème du hold-up (suite 1)
Formes contractuelles Maskin et Tirole (1999) Exemples Contrats de longue durée : bail de long terme, indexation des prix La vérifiabilité par un tiers (juge) Le rôle de la réputation Les formes contractuelles permettant de se prémunir contre l’opportunisme Un exemple : le contrat de longue durée. Lorsque les différentes situations environnant la transaction peuvent être prévues (transactions relativement simples), les contrats de longue durée (bail de longue durée, prix indexés) peuvent constituer une alternative efficace à la propriété. Plus généralement, Maskin et Tirole (1999) ont donné plusieurs exemples de mécanismes qui peuvent être inclus au contrat et qui poussent les parties à coopérer (voir Hart and Moore (2007, p.183)). Par exemple, dans le cas où la société de chemin de fer est en position pour tenter un hold-up, on peut supposer que le fait de pratiquer des tarifs abusifs peut être observé par un tiers (un juge). Le contrat peut stipuler les conditions dans lesquelles l’usine peut recourir au jugement d’un tiers susceptible de conduire à une amende pour la société de chemins de fer. La réputation

107 Partie II. Les Approches contractuelles
I. Les Frontières de la firme II. Les Incitations au sein de la firme

108 II. Les Incitations au sein de la firme
Introduction A. Concept central : l'aléa moral B. La Relation employeur-employé C. La Relation actionnaire-manager

109 Introduction Références bibliographiques La Théorie de l’agence
Pouvoir Principal Agent Références bibliographiques MILGROM, P. et J. ROBERTS (1992), Economie, Organisation et Management, Traduction française, De Boeck, 1997. LAFFONT, J.J. ET D. MARTIMORT (2002), The Theory of Incentives: The Principal-Agent Model, Princeton University Press. La Théorie de l’agence Relation d’agence : définition Nombreux domaines d’application Firme : Jensen et Meckling (1976) Objet ≠ frontières de la firme Gibbons (2005) : « théorie accidentelle de la firme » Relation d’agence : définition La relation d’agence représente la relation entre un individu (appelé principal) qui délègue une partie de son pouvoir de décision à un autre individu (appelé agent). Elle est au cœur de l’étude des contrats et ses domaines d’applications sont très nombreux. Relations d’agence au sein de la firme Son application à l’entreprise se concentre essentiellement sur les relations internes à la firme. C’est le cas de l’article fondateur de Jensen et Meckling (1976) ainsi que de nombreux articles qui ont suivis. L’attention n’est donc plus centrée sur les rapports entre l’entreprise et son environnement, et en particulier sur la question des frontières entre firme et marché, comme dans la théorie des coûts de transaction ou la théorie des droits de propriété et des contrats incomplets. C’est pourquoi Gibbons (2005, p.206) souligne que l’on peut considérer la théorie des incitations (« sous sa forme la plus simple ») comme une « théorie accidentelle de la firme ».

110 Introduction (suite 1) Cadre théorique Point de départ
≠ échec du marché (Coase) il n’est pas question de savoir s’il faut ou non conclure un contrat ≠ coûts de transactions Recherche de contrats incitatifs optimaux Individus optimisateurs  démarche néo-classique traditionnelle Cependant, asymétries d’information => coûts d’agence => ≠ ‘First best allocation of ressources’ Cadre théorique Pour Coriat et Wenstien (2009, p.7), la théorie des incitations et de l’agence représente cependant, « le coeur de la vision de l’entreprise proposée par la pensée néoclassique actuelle. ». La raison tient, selon ces auteurs, notamment au fait que, dans la tradition initiée par Coase, l’organisation hiérarchique (la firme) s’impose comme mode d’organisation efficace contre un marché rendu relativement inefficace par la présence de coûts de transaction. En revanche, la théorie des incitations et de l’agence ne part pas d’une constatation d’échec du marché. Son point de départ, et son objet, est la formalisation des relations entre des individus optimisateurs aux intérêts différents et la détermination des contrats incitatifs optimaux (nécessairement complets) dans des situations diverses marquées par des asymétries d’information. Nous avons donc bien affaire à une démarche traditionnelle dans un cadre néo-classique. Asymétries d’information et coût d’agence D’après Laffont et Madrimort (2002), les coûts additionnels qui doivent être supportés du fait de la présence de comportements stratégiques d’agents économiques disposant d’informations privées peuvent être vus comme une catégorie de coûts de transaction tels qu’ils ont été mis en évidence par Williamson (1975). Une conséquence de la présence de ces coûts est qu’en général, ils empêchent la société d’atteindre une allocation des ressources correspondant à un optimum de 1er rang (‘first best’) c’est-à-dire celui qui serait obtenu si toute l’information était de connaissance commune.

111 Introduction (suite 2) Trop de lumière dans la boite noire ?
Firmes = « fictions légales qui servent comme noeud (nexus) pour un ensemble de relations contractuelles entre des individus ». (Jensen et Meckling (1976)) => La firme n’a pas d’existence réelle => le concept de propriété est « non pertinent » (Fama (1980)) Trop de lumière dans la boite noire ? Cette posture théorique permet de comprendre pourquoi, chez Jensen et Meckling (1976), les firmes, et plus généralement les organisations, sont présentées comme des « fictions légales qui servent comme noeud (nexus) pour un ensemble de relations contractuelles entre des individus ». Ainsi, la firme n’a pas d’existence réelle (fiction légale). En introduisant de la lumière dans la boite noire, la théorie des incitations et de l’agence fait de la firme une structure fictive, aux contours insignifiants (les frontières de la firme n’est pas une question à laquelle la théorie des incitations et de l’agence s’intéresse). Ce sont les individus (et non la firme) qui concluent des contrats. Ces individus sont les détenteurs de leurs propres actifs (physiques et humains), le concept de propriété de la firme est « non pertinent. » (Fama (1980) cité par Coriat et Wenstein (2009, p.8))

112 A. Concept central : l’aléa moral
Asymétries d’information => sélection adverse (Akerlof (1972)) => aléa moral (Arrow (1963)) => non vérifiabilité (Holmström (1979)) non observabilité et non vérifiabilité Asymétries d’information Rappelons que les asymétries d’information peuvent concerner : - les caractéristiques du bien ou du service échangé - l’action d’un des individus participant à un contrat. Les conséquences associées à ces asymétries sont respectivement : - la sélection adverse (Akerlof (1972)). - l’aléa moral (Arrow (1963)). L’introduction de la notion d’aléa moral par Arrow (1963) s’est faite dans le domaine de l’assurance maladie. Le champ des assurances en général a permis ensuite d’exploiter davantage cette notion, aujourd'hui appliquée à de nombreuses questions économiques qu’il s’agisse de relations de marché (assureur-assuré) ou de relations dans des organisations. « by definition the agent has been selected for his specialized knowledge and the principal can never hope to completely check the agent’s performance » (cité par Laffont et Martimort (2002)) - non observabilité et non vérifiabilité (Holmström (1979)) La théorie de l’agence s’intéresse généralement à des problèmes pour lesquels certaines actions (ou informations dans le cas de la sélection adverse) de l’agent ne sont pas observables. Holmström (1979) a introduit une distinction entre ce cas et celui dans lequel il n’y a pas d’asymétrie d’information entre l’agent et le principal mais l’action de l’agent n’est pas observable par un tiers (en particulier par une cours de justice). « by definition the agent has been selected for his specialized knowledge and the principal can never hope to completely check the agent’s performance »

113 Aléa moral (suite 1) Aléa moral et théorie de l’agence
Contrats garantissant efficacité de la relation principal – agent. Agent : asymétrie d’information favorable => il peut cacher certaines de ses actions au principal L’aléa moral dans la théorie de l’agence La théorie de l’agence s’intéresse essentiellement aux problèmes d’aléa moral. En effet, elle étudie les modalités des contrats garantissant l’efficacité d’une relation entre un principal et un agent, relation caractérisée par une décentralisation de l’information et des conflits d’objectifs. Le principal délègue une partie de son pouvoir de décision à l’agent, ce dernier étant dans une situation d’asymétrie favorable puisqu’il a possibilité de cacher au principal certaines de ses actions. Nous somme donc dans une situation favorisant l’opportunisme post-contractuel. « Si l’agent avait des objectifs différents [de ceux du principal] mais n’avait d’information privée, le principal pourrait proposer un contrat qui contrôle parfaitement l’agent et impliquant que l’agent agisse comme si le principal agissait lui-même dans un monde sans délégation. Ainsi, les questions d’incitations disparaîtraient » (Laffont et Martimort (2002)) Sélection adverse, non vérifiabilité et théorie de l’agence La délégation de pouvoir de décision d’un principal à un agent est une question qui ne se réduit pas l’aléa moral : - le principal est soumis au problème de l’asymétrie d’information concernant les caractéristiques du service fourni par l’agent (sélection adverse). Par exemple, un employeur peut penser embaucher un employé très productif alors que ce n’est pas le cas et même si l’employé fournit un effort maximal (c’est-à-dire s’il n’y a pas d’aléa moral) - le principal est soumis au problème de la non vérifiabilité. Même s’il peut observer parfaitement l’effort de l’employé (donc même s’il n’y pas d’aléa moral possible), il est possible qu’il ne puisse pas obliger l’agent à respecter le contrat s’il n’est pas possible pour un tiers de vérifier quel effort est fourni par l’agent (pas de preuves)

114 Aléa moral (suite) Aléa moral et inefficacité
Anticipation des actions de l’agent par le principal => échec de la relation Exemples Diminution de l’autoprotection (assuré) Surconsommation de biens et services fournis par le principal (assuré, aléa moral ex post) Augmentation du risque de défaut (emprunteur) Solution : contrat incitatif Aléa moral et inefficacité La source d’inefficacité en présence d’aléa moral réside dans le fait qu’elle risque d’aboutir à un échec de la relation entre le principal et l’agent lorsque le contrat ne permet pas au principal de se prémunir contre des actions de l’agent qui nuiraient au bien-être du principal : - diminution de l’autoprotection contre un risque dans le cas de l’assurance (aléa moral ex ante, c'est-à-dire avant la réalisation de l’événement déclenchant une dépense pour le principal) - surconsommation de biens et de services fournis par le principal après réalisation de l’événement objet de l’assurance (aléa moral ex post) ; cas du malade. - Problème du tire-au-flanc dans le cas de la relation employeur-employé. - Relation emprunteur-prêteur, l’emprunteur modifiant son comportement après conclusion d’un contrat de prêt dans un sens augmentant son risque de défaut.

115 II. Les Incitations au sein de la firme
Introduction A. Concept central : l'aléa moral B. La Relation employeur-employé C. La Relation actionnaire-manager

116 Le problème du tire-au-flanc (entre autres)
« Il n’est pas rare qu’un ouvrier compétent découvre, en peu de temps, comment travailler moins tout en donnant l’impression à son employeur qu’il travaille beaucoup. » (Taylor, cité par Milgrom et Roberts (1992)) Cause = asymétrie d’information sur la productivité de l’employé => aléa moral Conséquence = sous optimalité du contrat voire absence de relation. Le problème du tire-au-flanc (entre autres) Milgrom et Roberts (1992, p.239) citent Taylor : « Il n’est pas rare qu’un ouvrier compétent découvre, en peu de temps, comment travailler moins tout en donnant l’impression à son employeur qu’il travaille beaucoup. » Plus généralement, le problème est lié à la possibilité que l’agent-employé (même s’il n’est pas paresseux) poursuivent d’autres objectifs que ceux qui ont été assignés par le principal-employeur dans le cadre du contrat de travail. Cause = asymétrie d’information sur la productivité La théorie de l’agence traite la relation employeur-employé dans les termes d’une recherche d’un contrat incitatif garantissant que l’agent-employé poursuive les intérêts du principal-employeur et non ses propres intérêts. Là encore, c’est l’asymétrie d’information qui nécessite le recours à des mécanismes incitatifs puisque si la productivité de l’employé (déterminée par ses caractéristiques propres : intelligence, habileté, effort…) était parfaitement observable, la théorie néo-classique standard pourrait s’appliquer : le salaire serait fixé en fonction des caractéristiques de l’employé. Ces caractéristiques n’étant que partiellement observables, un mécanisme incitatif apparaît nécessaire.

117 Déterminer le contrat optimal
Principe de base : lier le salaire non à la productivité (impossible) mais au résultat du travail. Problème : le résultat du travail dépend : De l’effort du salarié Mais aussi d’autres variables => trouver un compromis entre incitation et protection contre les risques Le mécanisme incitatif Ce mécanisme va faire dépendre le salaire, d’une manière ou d’une autre, des résultats du travail fourni. Cependant, l’effort de l’employé n’est pas le seul facteur expliquant ses résultats. En effet, une partie de ces résultats ne relève pas de la responsabilité de l’employé mais de facteurs extérieurs : demande de la clientèle, comportement des concurrents, qualité du management ( !)… Le contrat optimal devra permettre d’équilibrer l’incitation et un certain niveau de protection contre les risques indépendants de la volonté de l’employé, ces risques devant être partagés entre les membres de l’entreprise.

118 Déterminer le contrat optimal (suite 1)
Soit e la variable d’effort (inobservable) Objectif de l’employeur Objectif du salarié

119 Déterminer le contrat optimal (suite 2)
Soit z le résultat (observable) du travail (ex: les ventes) dépend de e dépend d’une variable aléatoire x indépendante de e (ex: la demande à la firme) de multiples combinaisons de e et de x peuvent conduire au même z Soit z - dépend de l’effort du salarié - dépend de facteurs indépendants de l’effort du salarié - x et e ne peuvent être observés séparément mais z (le résultat de e et de x) est observable. Cependant, de multiples combinaisons de x et de e peuvent conduire au même z, c’est pourquoi z ne peut être la variable d’incitation déterminant le salaire. En effet, des efforts importants pourraient être ruinés par la malchance ou, inversement, un effort faible pourrait être masqué par des conditions particulièrement favorables.

120 Déterminer le contrat optimal (suite 3)
Soit y une variable aléatoire observable telle que : y ne dépend pas de e y est corrélé à x Exemple : les ventes dans le secteur => un salaire dépendant de y peut permettre d’obtenir le compromis recherché.

121 Déterminer le contrat optimal (suite 4)
Exemple de règle de rémunération : est la partie fixe indique l’intensité des incitations indique le poids de la variable d’information y Contrat linéaire ou non linéaire ? Holmström et Milgrom (1987) Le contrat linéaire L’exemple de règle de rémunération donné est un contrat linéaire (exemples : salaire aux pièces, pourcentage des ventes…). Des contrats non linéaires existent cependant dans la réalité. Un exemple est donné par les systèmes de primes (lorsqu’un seuil-objectif est atteint). Ils sont parfois préférables (c’est-à-dire plus efficaces), mais le contrat linéaire apparaît souvent plus efficace. Holmström et Milgrom (1987) soulignent en particulier que l’incitation dans un contrat non linéaire risque de s’affaiblir fortement lorsque le seuil est franchi.

122 Déterminer le contrat optimal (suite 5)
Le contrat optimal dépend principalement du choix adéquat : de la valeur de (1er principe : informativité) dépend de la corrélation entre x et y de la valeur de (2e principe : intensité de l’incitation). Dépend : de l’influence de l’effort sur les profits de la précision de la mesure de l’effort du degré d’aversion au risque de l’employé de la réaction des agents au système incitatif. Deux variables déterminent si le contrat est optimal ou non 1) la part des incitations dans le salaire (béta) 2) le poids de y (gamma) A noter que la valeur de alpha est considérée ici comme n’ayant pas d’influence sur l’efficacité du contrat : il s’agit simplement d’un problème de répartition entre employeurs et employés. Le principe d’informativité (appelé également principe de la statistique suffisante) - définition générale du principe : toute l’information disponible doit être utilisée dans le mécanisme d’incitation mais son poids doit dépendre de la qualité de cette information. - dépend de la corrélation entre x et y. - par exemple, si x et y sont indépendants (ce qui est peu probable), le gamma optimal est zéro, autrement dit la statistique suffisante est x Le principe d’intensité de l’incitation - si le profit est peu sensible à l’effort, rien ne sert d’inciter à augmenter l’effort (donc les salaires !). Cela peut être le cas s’il y a des goulets d’étranglement en aval de l’activité considérée. - plus les salariés ont une aversion forte pour le risque, moins le mécanisme incitatif est efficace. Par définition, un individu adverse au risque préférera toujours l’équivalent-certain d’une alternative risquée (donc un salaire fixe) à l’alternative elle-même. Dans la théorie de l’agence, il est généralement fait l’hypothèse que le principal est indifférent au risque, ou du moins a une plus faible aversion pour le risque que l’agent. Dans le cas de la relation employeur-employé, on peut notamment expliquer cette différence de degré d’aversion pour le risque au sein d’une firme par le fait que l’employeur est actionnaire qui a un portefeuille diversifié d’actions alors que la totalité des ressources de l’employé provient du salaire qu’il obtient dans cette entreprise. - moins il est facile de mesurer les performances, moins l’incitation est efficace - la possibilité qu’a un salarié de répondre à des incitations dépend du degré d’initiative dont il dispose. Par exemple, problème d’un salaire aux pièces, si le salarié est soumis à des aléas liés aux machines qu’il utilise (pannes), aux activités en amont (rupture de stock de matières premières) ou en aval (lenteur des activités de conditionnement…)

123 Déterminer le contrat optimal (suite 6)
Mieux mesurer l’effort ? observation de z et y (variables aléatoires) => estimation de e mais : en réalité, cette estimation n’échappe pas totalement au contrôle de l’employeur. 3e Principe : l’intensité du contrôle La question de la mesure de l’effort - Jusqu’ici, nous avons supposé que l’effort était inobservable, que l’employeur disposait d’une estimation (indirecte) de l’effort et que cette estimation ne pouvait être améliorée par l’employeur (autrement dit que la variance ne pouvait pas être diminuée par certaines actions de l’employeur) - Dans la réalité, les employeurs cherchent en permanence à déterminer directement si l’employé agit bien conformément aux objectifs assignés (contremaitre pour les ouvriers, audits pour les managers) Principe de l’intensité du contrôle Plus la rémunération dépend des performances (beta élevé), plus il est rentable d’engager des dépenses afin d’améliorer la mesure de l’effort. Rq : 1) l’importance des dépenses nécessaires pour améliorer la précision de la mesure de l’effort dépend du type de travail. S’il s’agit par exemple d’un travail manuel simple (cueilleurs lors des vendanges), le contrôle de la performance est aisé. 2) Complémentarité de l’intensité incitative (2e principe) et la précision de la mesure d’effort (3e principe) : si la mesure d’effort est très imprécise alors la rémunération incitative est peu efficace (2e principe) mais cela signifie également que plus la rémunération est incitative, plus il va devenir indispensable d’accéder à une meilleure mesure de l’effort (3e principe) élevé => forte intensité du contrôle

124 Déterminer le contrat optimal (suite 7)
La question de la répartition de l’effort entre les tâches Plusieurs tâches à réaliser pour un même employé L’efficacité de la firme suppose qu’un employé ne sacrifie pas certaines tâches 4e principe : Egalité des rémunérations Le système de rémunération ne doit pas créer de sources d’inefficacité dues à son influence sur l’intensité relative de l’effort pour chaque tâche. Problème : contrainte forte. La question de la répartition de l’effort - Un employé doit généralement réaliser plusieurs tâches qui ont toutes une importance sur l’efficacité de la firme. - L’efficacité de la firme suppose qu’un employé ne sacrifie pas certaines tâches au profit d’autres. Par exemple, un employé peut ‘forcer’ certaines ventes ce qui nuira à la satisfaction de la clientèle (et diminuera la possibilité de fidéliser celle-ci), peut effectuer rapidement certaines tâches en consommant excessivement certains intrants (gaspillage de produits intermédiaires) ou en négligeant l’entretien de certaines machines. 4e principe : Egalité des rémunérations Le système de rémunération ne doit pas créer de sources d’inefficacité dues son influence sur l’intensité relative de l’effort pour chaque tâche. - Problème : contrainte forte - Cause : La mesure précise de l’effort global est difficile. Celle de l’effort relatif à telle ou telle tâche est encore plus difficile. Des indicateurs d’effort spécifiques à telle ou telle tâche ne sont pas souvent disponibles. Par exemple, la vente à un instant t n’est pas un indicateur de l’effort réalisé par l’employé pour fidéliser la clientèle. - Conséquence : il est fréquent qu’un système incitatif de rémunération pousse l’employé à sacrifier certaines tâches. Il est dans ce cas préférable de renoncer à un tel système est de privilégier un salaire fixe. Remarquons que le fait de ne pas avoir d’indicateur de l’effort pour une seule tâche suffit à ce que le contrat optimal soit un contrat indépendant du résultat de la performance (même si on a une mesure parfaite de l’effort pour les autres tâches) Exemple : accorder des primes à des employés de banque en fonction du volume de crédits immobiliers accordés poussera les employés à négliger l’appréciation du risque de défaut, ce qui peut être néfaste pour la banque à moyen terme (subprimes !) Autre exemple : le personnel enseignant (voir LARRE, F. et J.M. PLASSARD (2008), « Quelle place pour les incitations dans la gestion du personnel enseignant ? »)

125 II. Les Incitations au sein de la firme
Introduction A. Concept central : l'aléa moral B. La Relation employeur-employé C. La Relation actionnaire-manager

126 Introduction Résumé du problème Premières observations du phénomène
Pouvo i r Actionnaire Manager Résumé du problème « Who is the boss, and whose interests come first? » (Chew and Jensen (1995)) Premières observations du phénomène Berle et Means (1932) : séparation propriété et contrôle. Résumé du problème « Who is the boss, and whose interests come first? » (Chew and Jensen (1995)) Les premières observations du phénomène : Veblen Berle et Means (1932) ont remarqué que le fait de distribuer les actions à une multitude d’actionnaires créait une séparation entre la propriété et le contrôle. Aucun actionnaire ne disposant d’un pouvoir de contrôle sur les dirigeants, ils ne peuvent pas vérifier que ces derniers gèrent l’entreprise au mieux des intérêts des propriétaires. « Le problème n’est pas que les dirigeants soient paresseux ou ne travaillent pas assez. » (Milgrom et Roberts (1992, p.241)) !

127 Profits et objectifs des managers
Investissements dans des projets peu rentables actifs spécifiques rendant le manager indispensable (Shleifer et Vishny (1989)) activités difficilement contrôlables et évaluables (Stiglitz et Edlin (1992)) Augmenter la taille de l’entreprise Salaires exorbitants, dépenses somptuaires Faire échouer des opérations de rachat L’analyse du phénomène au sein de la la théorie de l’agence - « Le problème n’est pas que les dirigeants soient paresseux ou ne travaillent pas assez. » (Milgrom et Roberts (1992, p.241)) ! - Le problème est qu’ils dépensent leur énergie à poursuivre leurs propres objectifs, lesquels ne coïncident pas nécessairement avec ceux des actionnaires : 1) investissement des bénéfices dans des projets peu rentables mais accroissant le pouvoir des managers : - Investissement dans des actifs spécifiques qui rendent sa présence indispensable à la tête de l’entreprise (Shleifer et Vishny (1989)) - Investissement dans des activités difficilement contrôlables et évaluables (Stiglitz et Edlin (1992)). 2) Augmenter la taille de l’entreprise pour augmenter leur salaire et leur prestige et diluer le pouvoir des actionnaires. - Baumol (1959) : la maximisation du chiffre d’affaire remplace la maximisation du profit dans la fonction objectif des managers. - statistiquement, on vérifie systématiquement, quels que soient les pays et les périodes, qu’une augmentation de 10% du chiffre d’affaire (indicateur de la taille) se traduit pas une augmentation de 2 à 3% du salaire + primes des dirigeants. 3) De connivence avec les membres des conseils d’administration, ils s’octroient des salaires exorbitants et engagent des dépenses somptuaires. 4) Peuvent faire échouer des opérations de rachat qui seraient rentables mais qui affaibliraient leur pouvoir.

128 Profits et objectifs des managers (suite)
Conséquence générale : maximisation de la taille ≠ maximisation du profit (objectifs des actionnaires) profit = simple contrainte de valeur minimale. L’augmentation de la taille comme conséquence générale Une conséquence générale peut être la tendance à voir la firme maximiser sa taille plutôt que les profits (intuition que l’on retrouve chez Berle et Means (1982)). Les profits n’interviennent plus que comme une contrainte de valeur minimum et la production est supérieure à celle qui maximiserait le profit.

129 Les mécanismes incitatifs
Corporate governance « les moyens par lesquels les fournisseurs de capitaux de l’entreprise peuvent s’assurer de la rentabilité de leur investissement » (Shleifer et Vishny (1997)) Les mécanismes Contrôle interne Rémunération incitative des managers Le contrôle par le conseil d’administration Evaluation directe de la gestion de l’entreprise Petits actionnaires  Les zinzins Surveillance exercée par les marchés financiers (menaces d’OPA) Inciter les dirigeants et membres du conseil d’administration Le Principal-Actionnaire doit donc chercher à introduire des incitations pour que les dirigeants et membres du conseil d’administration prennent des décisions allant dans le sens des intérêts des actionnaires. La notion de corporate governance Cette recherche est donc très liée au développement de la notion de gouvernance des entreprises (corporate governance). Shleifer et Vishny (1997) considèrent en effet que la corporate governance porte sur « les moyens par lesquels les fournisseurs de capitaux de l’entreprise peuvent s’assurer de la rentabilité de leur investissement ». Rq : il s’agit toutefois d’une définition étroite et l’on peut considérer que la corporate governance concerne tous les partenaires de l’entreprise et pas seulement les actionnaires. Les solutions Les solutions face au problème de l’aléa moral des dirigeants - Les mécanismes de contrôle interne - Les mécanismes incitatifs de rémunération - Le contrôle par le conseil d’administration - L’évaluation directe de la gestion de l’entreprise - Petits actionnaires : peu de pouvoir (voir cependant actions de groupe) - Les zinzins - La surveillance exercée par les marchés financiers (menaces d’OPA)

130 Les mécanismes incitatifs (suite 1)
Rémunération incitative des managers  cas particulier de relation employeur – employé une hypothèse d’aversion pour le risque contexte = marché des managers concurrentiel … ayant pour conséquence, la nécessité de motiver la prise de risque. L’hypothèse d’aversion pour le risque Bien que cela puisse paraître surprenant, la théorie de l’agence fait généralement la même hypothèse concernant l’aversion pour le risque du manager que celle fait pour un employé à un échelon inférieur de la hiérarchie. On fait l’hypothèse que le manager a un degré d’aversion au risque supérieur à celui de l’actionnaire. Cela peut paraître surprenant dans la mesure où, dis grossièrement, le manager joue avec l’argent des actionnaires. Cependant, les décisions que prend le manager au sein d’une entreprise affectent le seul actif dont il dispose c’est-à-dire son capital humain. En effet, la réussite ou l’échec des opérations qu’il réalise vont affecter les compétences reconnues du manager donc la valeur du capital humain qu’il peut exploiter et vendre sur le marché des managers. Or, par définition du capital humain, le manager n’a pas la possibilité de diversifié son portefeuille d’actifs, à la différence des actionnaires. C’est donc à nouveau les différences de diversification (donc de volatilité de valeur du portefeuille) qui expliquent les différences de degré d’aversion au risque des managers et des actionnaires. Milgrom et Roberts (1992, p.555) distinguent deux cas : - les systèmes d’emploi très stables (de type emploi à vie à la japonaise) qui fonctionnent comme un système d’assurance de la valeur du capital humain du dirigeant et dans lesquels. - les systèmes d’emploi dans lesquels le marché concurrentiel joue un rôle très important et où, par conséquent, les pertes de valeur du capital humain engendrées par des échecs sont subies pleinement par les managers (au travers de la diminution de leur valeur sur le marché). Conséquence : nécessité de motiver la prise de risque L’aversion au risque des managers a pour conséquence que ceux-ci n’investiront pas dans les projets dont le niveau de risque correspond aux préférences des actionnaires.

131 Les mécanismes incitatifs (suite 2)
Systèmes incitatifs de rémunération octroi d’options sur actions rémunération en cas de succès, pas de pénalité en cas d’échec. octroi d’actions ou d’options mobilisables à long terme question du temps nécessaire pour observer les résultats de l’action (+ question de la rotation du personnel) primes, bonus… Problème : un cas très particulier de relation employeur-employés Les systèmes de rémunération - Les distributions d’actions - Les bonus. - Les distributions d’options d’achat d’actions. Un cas très particulier « Est-ce que les salaires des hauts dirigeants les motivent à diriger au mieux les sociétés qui leur sont confiées ? Ou est-ce que les montants énormes qu’ils reçoivent sont en fait la conséquence d’un aléa moral directorial permettant aux DG de se remplir les poches aux dépens des propriétaires de l’entreprise ? » (Milgrom et Roberts (1992, p.546)).

132 Les mécanismes incitatifs (suite 3)
Le contrôle par le conseil d’administration : inefficace ? Connivence… Notamment : membres qui sont eux-mêmes managers d’autres entreprises. Evaluation directe de la gestion de l’entreprise Petits actionnaires (class actions) Les zinzins Le contrôle par le conseil d’administration : inefficace ? Connivence… Notamment : membres qui sont eux-mêmes managers d’autres entreprises. Evaluation directe de la gestion de l’entreprise Petits actionnaires : pouvoirs limités, question des class actions (actions de groupe) Rappelons qu'une action de groupe est une action collective en justice menée par un grand nombre de personnes  pour faire reconnaître leurs droits. Venant des Etats-Unis, les class actions permettent aux consommateurs (contre Danone en 2008 pour publicité mensongère) ou aux petits actionnaires (contre UBS en 2007 dans le contexte de la crise des subprimes) de mener une action en justice plus efficace que si elle était menée individuellement. Les class actions ont connu des débuts difficiles en France : le projet de loi de 2006 lié à une promesse de Jacques Chirac est tombé aux oubliettes. Il y a de fortes chances qu'il en soit de même cette fois-ci, ou du moins que le gouvernement en introduise une version marketing très édulcorée. En effet, bien que la décision 191 du rapport Attali propose d'encadrer les actions de groupe pour éviter les dérives possibles de ce type de procédure, les entreprises et leurs représentants se mobilisent. Déjà en juillet 2007, le conseil exécutif du MEDEF s'était prononcé unanimement contre l'introduction des class actions à la française dans notre droit. Dans un article de La Tribune (11/02/08) intitulé "Action de Groupe : Attention Danger !", Pierre Simon, Président de la CCIP de Paris, souligne la nécessité de "maintenir un climat de confiance au sein de notre société civile" et de ne pas "stigmatiser les rapports de force entre entreprises et consommateurs sous prétexte d'un déséquilibre présupposé et systématiquement caricaturé". Ensuite, Pierre Simon met en garde contre les effets pervers des class actions qui empêchent les entreprises d'innover, qui constituent des coûts supplémentaires pour les entreprises... Bref, au bout du compte, ce sont les consommateurs qui y perdront, car les prix seront plus élevés, et aussi les salariés, car les entreprises seront amenées à licencier, à délocaliser... C'est bien connu, les résultats économiques des Etats-Unis depuis 1966, date de l'introduction de la procédure au niveau fédéral, sont désastreux.   Les zinzins

133 Surveillance exercée par les marchés financiers (menaces d’OPA)
Prise de contrôle hostile : définition Motivation des raiders gestion ‘inadéquate’ de la firme => faible valeur Opérations rentables (Jensen (1988a,b)) Remarque : les armes de contre-attaque des managers les parachutes dorés ? les droits de souscription d’actions Définition d’une prise de contrôle hostile Une prise de contrôle hostile peut être définie comme l’acquisition d’un nombre suffisant d’actions pour exercer un certain contrôle dans l’entreprise, et ce en dépit de l’opposition du conseil d’administration et des dirigeants de cette entreprise. Motivation des raiders Ceux qui lancent une OPA (en particulier lorsqu’il s’agit d’une OPA hostile) sont prêts à payer l’entreprise visée à un prix plus élevé que le prix du marché (cours de l’action). Une interprétation est qu’ils considèrent que l’entreprise pourrait avoir une valeur plus importante si elle était dirigée différemment. Les prises de contrôle peuvent ainsi témoigner soit de l’incompétence des dirigeants, soit de l’existence d’un aléa moral, la différence entre le prix de marché et le prix de vente représentant ce que les actionnaires perdent du fait d’une mauvaise gestion, tandis que le prix de vente reflète la valeur de la firme une fois le changement opéré. Opérations rentables pour les actionnaires Jensen (1988a) remarque par exemple qu’entre 1977 et 1986 (aux Etats-Unis)  les actionnaires qui ont vendu leurs actions durant une OPA ont réalisé des plus-values représentant un montant total de 346 mds de $ (en $-1986). Plus généralement, le même auteur (voir Jensen (1988b)) donne les résultats empiriques suivants (lesquels semblent encore être valables aujourd'hui, y compris pour les opérations de prise de contrôle observées en Europe) : - Les actionnaires de l’entreprise cible enregistrent des gains significatifs : le cours des actions augmente d'environ 30 % dans le cas d'une offre publique d’achat et de 20 % dans le cas d'une fusion (ces augmentations sont fonction du cours de l'action avant l'annonce de l'OPA). - Les actionnaires des entreprises présentant l'offre n'enregistrent que des gains limités dans le cas d'une OPA réussie (environ 4 %), et aucun gain en moyenne dans le cas d'une fusion. « The mergers, acquisitions, LBOs, and other leveraged restructurings of the 1980s constituted an assault on entrenched authority that was long overdue. » (Chew and Jensen (1995)) (Les fusions, acquisitions, LBO et autres des années 1980 constituent un assaut contre une autorité retranchée depuis trop longtemps) Remarque : les armes de contre-attaque des managers - les parachutes dorés comme incitation pour que les managers ne s’opposent pas aux rachats ou fruit de la connivence entre membres du conseil d’administration et managers ? - les droits de souscription d’actions (à prix préférentiel) distribués pas les managers aux actionnaires (avec la complicité du conseil d’administration) en cas d’attaque par un prédateur. Lorsque les actionnaires exercent leurs droits cela se traduit par un renchérissement des actions et une augmentation de la capitalisation boursière.

134 Raids boursiers = mécanisme incitatif ou autres explications ?
Sous-estimation de la valeur de l’entreprise par le marché = manager inefficace ou marché inefficient ? Prédateurs = eux aussi, managers cherchant à étendre leur empire Amélioration de la rentabilité de l’entreprise en : gérant + efficacement ou en brisant des engagements initiaux implicites : expropriation des stakeholders au profit des shareholders (Shleifer et Summers (1988)) Peut-on vraiment expliquer le développement des raids boursiers comme un système incitatif mis en place par les actionnaires forçant les managers à être plus efficaces ? - Les prédateurs peuvent avoir surestimé la valeur de l’entreprise (et leur capacité à mieux gérer l’entreprise). - S’il y a effectivement sous-estimation de la valeur (potentielle) de l’entreprise par le marché, ce n’est peut-être pas parce que l’entreprise est mal gérée mais parce que l’évaluation faite par le marché est erronée. - Les prédateurs peuvent s’être servis de l’argent des autres pour accroître leur propre empire. Notons que dans le cas de fonds d’investissement, une autre relation d’agence s’instaure entre ceux qui confient leurs capitaux au fonds d’investissement et le manager du fonds (qui devient alors l’Agent dans cette relation). - Les prédateurs peuvent réaliser des dividendes et des plus-values, non pas en améliorant l’efficacité du management de l’entreprise mais brisants des engagements initiaux implicites. Cette interprétation a été introduite par Shleifer et Summers (1988) (voir Cohen (2006, p.36)). Selon eux, en effet, lorsqu’un raider prend le contrôle d’une entreprise, il ne fait rien d’autre qu’exproprier les partenaires de la firme (les stakeholders) au profit des actionnaires (les shareholders). Cohen (2006) donne l’exemple suivant. Lorsqu’un individu débute sa carrière dans une entreprise, la promesse (parfois implicite, souvent verbale mais jamais écrite) d’une progression dans la hiérarchie, ou du moins de gagner plus en vieillissant, constitue un contrat implicite contribuant à une plus grande efficacité du salarié et assurant une certaine fidélité du salarié à l’entreprise (théorie du salaire d’efficience (Shapiro and Stiglitz (1984)). Ces contrats implicites créent une ‘économie de partenariat’ garantissant une efficacité sur le long terme. Néanmoins, dans une logique financière court-termiste, ces contrats implicites peuvent constituer un coût affaiblissant la rentabilité financière. Cohen (2006, p.37) résume alors le propos ainsi : la révolution financière des années 1980, et ses conséquences en termes de gouvernance des entreprises, « a créé de la valeur en annulant nombre d’engagements implicites. En licenciant les vieux salariés, en ne renouvelant pas les contrats avec les sous-traitants, en exigeant en bref des ‘managers’ qu’ils trahissent leurs engagements passés avec les autres ‘partenaires’ de la firme, ceux qu’on appelle les ‘stakeholders’. ».

135 Conclusion : une conception des rapports humains particulière…
Limites descriptives : Rôle de la confiance ? Mode de résolution des conflits Place du contrat ? Phénomènes inter-individuels ? Enjeux normatifs Dérives dans le gouvernement d’entreprises Le cas Enron Un petit exemple chez Moody’s De bonnes pratiques préconisées par les autorités publiques… Limites Les théoriciens de l’agence raisonnent en termes d’efficacité (max de l’espérance mathématique de gain de l’ensemble principal-agent) en séparant les problèmes d’efficacité et les problèmes de répartition. Or, si l’agent n’agit pas dans le sens des intérêts du principal, c’est d’abord pour maximiser son gain personnel, même si cela se traduit par une perte d’efficacité collective : c’est donc bien un problème de répartition qui est au cœur de ce problème d’efficacité. Et, dès lors, on peut se demander dans quelle mesure ce n’est pas la recherche d’une répartition équitable qui serait en réalité la solution à la question de l’efficacité. Rq : un prolongement de la théorie de l’agence est la théorie avec agents multiples. Cependant, là encore, le seul critère qu’analyse est l’intérêt personnel (souvent réduit à une rémunération monétaire) qu’a un agent particulier à produire un effort dans le cadre d’un travail en équipe. Il est clair que les modes de rémunération basés sur le résultat ou la performance reposent sur une conception des relations dans l’entreprise réduite à la poursuite des intérêts personnels de chacun. Comme le soulignent Laffont et Martimort (2002) dans l’introduction de leur ouvrage : « Social behavior, particularly in small groups, is more complex, and norms of behavior that are culturally inculcated or developped over time play a large role in shaping societies. ». Mais ils ajoutent aussitôt « However, it would be foolish not to recognize the role of private incentives in motivating behavior in addition to these cultural phenomena . » Un salaire fixe élevé peut aussi être considéré comme un salaire incitatif (théorie du salaire d’efficience): solution préférable lorsque la mesure de la performance est impossible. Un petit exemple chez Moody’s En juin 2010, trois anciens salariés de Moody's révèlent l'affaiblissement progressif dans les années 2000 des critères de notation utilisés par l'agence pour noter leurs clients. Phil Angelides, Le président de La commission d'enquête fédérale sur la crise financière (FCIC), créée en 2009 et ayant auditionné les salariés de Moody's, résume : l'agence est "devenue une usine de triple A". Mark Froeba, ex-cadre dirigeant de la branche produits dérivés de Moody's décrit l'évolution de la manière suivante. "Quand j'ai rejoint Moody's fin 1997, la pire crainte d'un analyste était de contribuer à l'attribution d'une note qui serait fausse, de causer des dégâts à la réputation d'exactitude de Moody's, et de perdre son travail en conséquence. Quand j'ai quitté Moody's (voici deux ans, ndr) la pire crainte d'un analyste était qu'il fasse quelque chose qui le verrait désigné comme responsable d'avoir mis en danger la part de marché de Moody's, de causer du tort à son chiffre d'affaires ou de dégrader les relations de Moody's avec ses clients et de perdre son travail en conséquence." (cité par La Tribune du ) Selon Eric Kolchinsky, autre ancien salarié de Moody's, qui fut un temps chargé de la notation des CDO liés aux crédits "subprime", "Même s'il n'y a jamais eu d'instruction explicite pour abaisser les critères de notation, il fallait s'expliquer et se défendre sur chaque contrat raté". D'après lui, la dérive a débuté en 2007 quand une part importante de la rémunération des cadres a commencé à être payée en actions et en options.

136 Plan => Partie III. Les approches évolutionnistes <=
Partie I. La Concurrence imparfaite Partie II. Les Approches évolutionnistes => Partie III. Les approches évolutionnistes <=

137 Les approches évolutionnistes
I. Des Origines à Nelson et Winter (1982) II. Concepts centraux III. Les Routines : entre inertie et changement IV. La Question de la maximisation du profit

138 A. Origines (au XXe siècle)
Avant… : Darwin (1859), Lamarck, Spencer. Veblen (1898) Causalité cumulative Schumpeter (1912) Dynamique endogène, innovation, particularité du modèle de comportements. Hayek Supériorité de l’ordre social spontané (issu de l’évolution culturelle) sur l’ordre social organisé Avant : - Darwin (descendance avec modification), - Lamarck (hérédité des caractères acquis : l’allongement du cou des girafes), - Spencer ( ) (« survie du plus apte », thèses libérales, a inspiré des thèses eugénistes) Veblen (1898) « Pourquoi l’Economie n’est pas une science évolutionnaire » - causalité cumulative : l’histoire compte. Co-influence des habitudes individuelles et des institutions - applications : évolution des connaissances technologiques, évolution des préférences individuelles (consommation ostentatoire) Les travaux de Schumpeter En mettant l’innovation au cœur de l’analyse économique, Schumpeter (notamment Schumpeter (1912)) va concevoir le changement économique (au centre duquel se trouve le comportement de l’entrepreneur) comme un processus endogène et non plus comme une adaptation aux changements (exogènes) de l’environnement. Bien qu’on ne puisse pas réduire l’approche de Schumpeter à une simple théorie évolutionniste (encore moins ‘biologique’), on a clairement chez cet auteur un raisonnement dynamique endogène que l’on retrouve dans l’approche évolutionniste moderne et qui rend ce type d’analyse peut conciliable avec la théorie standard. L’évolution ne doit cependant pas être analysée dans les termes d’une sélection. L’évolution est simplement ici le développement économique induit par la vitalité de l’entrepreneur qui brise la routine et, ainsi, sort l’économie de l’équilibre. La particularité du modèle de comportement tient au fait que Schumpeter ne retient pas le modèle de l’homo œconomicus. D’après Arena et Lazaric (2003, p.336) « Schumpeter est assimilé [par les évolutionnistes] à un théoricien de la rationalité limitée, l’origine de cette interprétation se trouvant dans l’idée que l’issue des processus d’innovation est incertaine. ». Les travaux d’Hayek - Supériorité de l’ordre social spontané sur l’ordre social calculé - L’ordre spontané est le fruit d’une lente évolution (culturelle) faisant émerger des règles efficaces (institutions)

139 Origines (suite 1) Alchian (1950)
Incertitude radicale => idée d’optimisation inopérante. Mais… Concurrence et efficacité économique => sélection (largement aléatoire) => survie ou disparation des firmes => processus de sélection exogène => ‘comme si’ les firmes maximisaient leur profit (=> Friedman (1953) : instrumentalisme méthodologique) Critique de Penrose (1952) Les travaux d’Alchian Alchian (1950) ne cherche pas à fournir une représentation de l'économie alternative à la théorie standard. Cependant, il souligne le fait qu’à partir du moment où les firmes se situent dans un contexte d’incertitude radicale, la maximisation du profit (et plus généralement l’optimisation) devient un critère inopérant. Comprendre le comportement des firmes suppose alors, selon l’auteur, de recourir à l’idée d’un processus (darwinien) de sélection naturelle conduisant (de manière largement aléatoire) certaines firmes à survivre et d’autres à disparaître. Ce processus s’impose ici de manière exogène aux caractéristiques des individus. De plus, le seul cadre expliquant la sélection est la concurrence, et l’efficacité économique est supposée être le seul critère de sélection : les ‘meilleurs’ survivent (les meilleurs étant ceux qui sont le mieux adaptés à l’environnement concurrentiel). Dès lors, il est possible de considérer que les firmes se comportent (de manière inconsciente, involontaire) ‘comme si’ elles maximisaient leur profit. Friedman (1953) s’appuiera ainsi sur les travaux d’Alchian (1950) pour élaborer l’instrumentalisme méthodologique. Illustration : ‘S’adapter aux circonstances’ (Binmore, ch 9)

140 Origines (suite 2) Simon (1955), March et Simon (1963), Cyert et March (1963) Firme = ensemble d’individus à la rationalité limitée, Environnement : complexité et l’incertitude radicale => rationalité procédurale, satisfacing (≠ max Π) Simon = fondements microéconomiques. La rationalité limitée (procédurale) chez Simon Selon Simon, la rationalité limitée « suppose que le décideur doit rechercher des solutions alternatives, a une connaissance incomplète et inexacte des conséquences des actions et choisit les actions dont il espère qu’elles seront satisfaisantes » ([1997], p. 17) Contraintes externes (incertitude radicale, complexité de l’environnement) et internes (capacités cognitives et computationnelles limitées) font que la décision ne peut être appréhendée au travers de l’idée d’optimisation au centre de la rationalité substantive (adéquation des moyens à des fins données). La représentation adéquate est celle d’un processus de décision dans lequel le choix se porte sur une solution satisfaisante (satisfacing) relative à un niveau d’aspiration construit dans l’histoire des décisions des individus. Fondements microéconomiques : l’apport décisif de Simon aux théories évolutionnistes est donc d’avoir fourni les fondements microéconomiques de ces analyses. Très tôt (Winter (1964)), les auteurs qui seront à l’origine des théories évolutionnistes modernes puiseront chez Simon le modèle de comportement individuel qu’ils associeront à leur analyse dynamique. Distinction avec Nelson et Winter : - distinction entre les connaissances tacites (Polanyi, Nelson et Winter) et codifiées (Simon). - Chez Simon, même si la rationalité est limitée (donc l’optimisation impossible), la décision relève d’une volonté délibérée (elle est dirigée vers un objectif), alors que chez Nelson et Winter l’action peut être en partie mécanique (réflexe) notamment au travers du recours aux routines. - Les évolutionnistes se situent davantage au niveau de la firme (ensemble d’individus) qu’au niveau de l’individu et c’est à ce niveau de la firme qu’ils étudient la dynamique de l’action. - L’évolution des heuristiques (règles de décision) chez Simon est liée à une sorte de processus d’essai-erreurs (reconnaissance des procédures de décision qui semblent les plus adaptées dans un contexte de décision similaire à d’autres déjà rencontrés). Ce cadre permet mal d’introduire le comportement créateur (innovateur) essentiel à la théorie évolutionniste.

141 Nelson et Winter (1982) Thème principal : l’innovation Cadre :
changement économique endogène Processus d’apprentissage et de découvertes (≠ allocation optimale de ressources) dynamique hors de l’équilibre Ensemble d’acteurs en interaction au sein d’une organisation, capacités cognitives limitées Ouvrage fondateur : Nelson et Winter (1982) Point de départ = étude de l’innovation. changement économique endogène, dynamique hors de l’équilibre. Contrairement aux théories néo-classiques de la croissance endogène, le progrès technique ne s’explique pas au travers d’une allocation optimale de ressources mais via des processus d’apprentissage et de découvertes (incertitude, pas de rationalité substantive, accent sur la dimension cognitive…) => rejet de la fonction de production : la fonction de production suppose que soient donnés (de manière abstraite et quantifiée) à la fois la liste des facteurs de production (notamment le capital : rejoint la critique néo-cambridgienne) et l’état de l’art (état des techniques) qui détermine le résultat de la combinaison de ces facteurs de production donnés (additivité) Rejet de l’entrepreneur-innovateur schumpétérien. Le comportement des firmes n’est pas réduit au comportement d’acteurs isolés : rejet à la fois de la théorie néo-classique, de l’approche contractualiste et de la figure de l’entrepreneur schumpétérien. Dans l’étude de l’innovation, ils considèrent un ensemble d’acteurs qui interagissent au sein d’une organisation (approche systémique), acteurs dont les capacités cognitives sont limitées. Dans un tel contexte, les acteurs en interaction s’appuient sur des routines pour prendre leurs décisions tout en construisant et améliorant ces routines au fur et à mesure qu’ils apprennent et accumulent des connaissances.

142 Les approches évolutionnistes
I. Des Origines à Nelson et Winter (1982) II. Concepts centraux A. Routines organisationnelles B. Routines statiques et routines dynamiques C. Paradigme technologique D. Connaissances E. Trajectoire technologique F. Path dependency, irréversibilité, verrouillage III. Les Routines : entre inertie et changement IV. La Question de la maximisation du profit

143 Concepts centraux Routines organisationnelles
mémoire organisationnelle (stock de connaissances, en partie tacites) et Comportements réguliers et prévisibles (gènes) Connaissance ≠ information Règles pragmatiques guidant inconsciemment la décision (≠ Simon) (≈ Polanyi), au sein d’une organisation particulière (≠ Veblen). Les routines organisationnelles Ce sont à la fois la mémoire organisationnelle des firmes, au sens de stock de connaissances organisationnelles, et les schémas de comportement réguliers et prévisibles des firmes (gènes ; actions mises en œuvre du fait du stock de connaissance existant : actions impliquées par la mobilisation de ces connaissances). Nelson et Winter présentent ces routines comme les gènes de la firme. We use “routine” in a highly flexible way, much as a “program” (…) is used in discussion of computer programming. It may refer to a repetitive pattern of activity in an entire organisation, to an individual skill, or, as an adjective, to the smooth uneventful effectiveness of such an organisational or individual performance. (Nelson et Winter, 1982, p. 97). « Consider the foreman of a work team responsible for a particular operation (set of routines) who observes that a machine is not working properly. He routinely calls the maintenance department, which in turn routinely sends out a machine repairman. The machine repairman has been trained to diagnose in a particular way the troubles that such a machine might have. He goes down a list of possible problems systematically, and finds one that fits the symptoms. He fixes the part so that the machine again plays its role in the overall work routine. He may also, however, report to the foreman that this particular kind of trouble has become very common since the supplier started using aluminium in making the part in question and that perhaps the machine should be operated in a different manner to avoid the difficulty. » (Nelson et Winter, 1982, p. 129). Un concept fourre-tout ? Nelson and I use the word routine as the generic term for a way of doing things. It is simultaneously the counterpart of a wide range of terms employed in everyday life and in various theoretical languages, including those of orthodox and behavioural economic theory; among these terms are decision, rule, technique, skill, standard operative procedure, management practice, policy, strategy, information system, information structure, program, script and organization form. Winter (1986, p. 165) Des routines utilisées de manière inconsciente A la différence de la rationalité procédurale de Simon, Nelson et Winter ne conçoivent pas le recours aux routines comme un effort conscient de la part des individus de recherche de procédures de décision cohérentes. Les routines sont plutôt perçues comme des règles pragmatiques guidant inconsciemment la décision au sein de la firme. On se rapproche ici des règles au sens de Polanyi. [T]he aim of a skillful performance is achieved by the observance of a set of rules which are not known as such to the person following them. (Polanyi, 1962, p. 49 ; cité par Nelson et Winter 1982, p. 77). De plus, les routines ne sont pas des règles que suivent des individus isolés mais des règles qui sont suivies par des individus au sein d’une organisation particulière, avec une histoire particulière, certains diraient une culture particulière. Cela a notamment pour conséquence d’appréhender les firmes comme différentes les unes des autres, dont les comportements ne peuvent être réduits à des modèles de décision universels (comme le critère de maximisation du profit). Dimension collective des routines => différence avec les habitudes chez Veblen Sur une distinction entre règles et routines, voir Reynaud (2001) : :

144 Concepts centraux (suite 1)
Routines statiques et routines dynamiques Routines statiques => permanence, répétitivité (réflexes), prédictibilité (certitude), opérationnalité de l’organisation Problème : obstacle à l’innovation. Routines dynamiques => apprentissage (cf Dosi, Teece et Winter (1990)) ≠ Schumpeter Routines statiques et routines dynamiques Cette distinction faite par les auteurs cherche à résoudre le problème posé par l’opposition entre permanences et changements. Dans un sens commun, les routines impliquent une permanence dans les comportements, une répétitivité des actions, lesquelles peuvent apparaître comme des actions reflexes. Elles permettent une prédictibilité dans l’organisation et garantissent une opérationnalité de l’organisation. La routine évite que l’action nécessite une délibération coûteuse et à l’issue incertaine. Et, la routine crée de la certitude dans un environnement incertain. Cependant, elles peuvent constituer un obstacle à l’innovation, qu’il s’agisse de la recherche de produits ou de procédés nouveaux. La notion de routines dynamiques est sensée permettre d’intégrer dans l’analyse du comportement des firmes leurs aptitudes à innover via un processus d’apprentissage. La notion de compétence apparaît essentielle ici. « Les routines peuvent être de différentes sortes. Les routines statiques comprennent la capacité de reproduire certaines tâches effectuées antérieurement. Il va sans dire que de telles routines ne sont jamais entièrement statiques car, avec la répétition, les routines peuvent être constamment améliorées. Les routines « dynamiques » ou de « niveau supérieur » sont orientées vers l’apprentissage et le développement de nouveaux produits et procédés. Ainsi, l’activité R&D procède de l’emploi de routines pour déterminer ce qu’il faut explorer, comment et dans quelle mesure. » (Dosi, Teece et Winter, 1990, p. 243).

145 Concepts centraux (suite 2)
Paradigme technologique (Dosi (1982)) modèle de résolution des problèmes techno-économiques Connaissances Génériques (bien public) Spécifiques (exclusives) Trajectoire technologique Rôle de la position / frontière technologique Paradigme technologique, connaissances génériques et connaissances tacites, trajectoires technologiques (Dosi (1982)) Le paradigme technologique est un modèle de résolution des problèmes techno-économiques. Pour résoudre des problèmes (donc pour innover), les firmes utilisent des connaissances génériques et des connaissances spécifiques. Les premières s’apparentent à un bien public et sont donc données à tous. Les secondes sont en revanche spécifiques aux firmes, dépendant de leurs routines et compétences propres, exclusives puisqu’en partie tacites. Le problème à résoudre est généralement mal structuré, de sorte qu’il n’existe pas de solution optimale a priori. La façon de résoudre un problème va varier d’une firme à l’autre sans que l’on puisse considérer que les solutions efficaces apportées par une firme constituent des solutions transposables dans d’autres firmes. Une trajectoire technologique est alors le développement de la manière habituelle de résoudre les problèmes. Une trajectoire technologique est largement déterminée par le paradigme technologique. La dynamique de l’innovation est donc le plus souvent incrémentale (innovations mineures), du fait des forces d’inertie et des effets cumulatifs créés par le paradigme technologique. Pour qu’il y ait rupture, bifurcation (innovation majeure), il faut que la frontière technologique (le plus haut niveau atteint sur un chemin technologique) soit atteinte et qu’un nouveau paradigme ait été trouvé. Dans ce cas seulement, une révolution technique est possible (de même qu’une révolution scientifique est associée à un nouveau paradigme scientifique chez Thomas Kuhn).

146 Concepts centraux (suite 3)
Path dependency, irréversibilité, verrouillage L’histoire compte Spécificité du chemin inhérent aux connaissances spécifiques (Dosi), importance des ‘petits accidents de l’histoire’ (Arthur et alii.(1987) et David (1985) : clavier Qwerty) Facteurs d’irréversibilité : effets d’apprentissage par l’usage, externalités de réseaux => rendements croissants Dépendance du chemin et irréversibilité, verrouillage Cette notion traduit de manière générale le fait que l’histoire compte. La décision prise par une firme ne peut être conçue de façon indépendante du passé de la firme. La dynamique ne peut donc être représentée comme une succession de choix indépendants les uns des autres, « mis bout à bout », en fonction d’un contexte fait de données et de règles exogènes. Il existe plusieurs conceptions possibles de l’histoire qui va déterminer le chemin pris. Au travers de la notion de trajectoire technologique, Dosi met l’accent sur la spécificité du chemin inhérent aux connaissances propres à la firme (cristallisées dans les routines organisationnelles). Arthur et David mettent l’accent sur les petits accidents de l’histoire qui participent au processus d’adoption d’une technologie ou vont engager l’entreprise dans une direction plutôt que dans une autre (verrouillage). Cas du clavier Qwerty. Parmi les facteurs qui favorisent l’irréversibilité : les effets d’apprentissage par l’usage, les externalités positives de réseaux. Tous ces facteurs créent des rendements croissants.

147 Les approches évolutionnistes
I. Des Origines à Nelson et Winter (1982) II. Concepts centraux III. Les Routines : entre inertie et changement IV. La Question de la maximisation du profit

148 Les routines : entre inertie et changement
Vertu première du concept de routine : le réalisme de la description du fonctionnement des firmes. Problème : la routine est a priori un facteur d’inertie des firmes (routine = gènes) Le réalisme de la description du fonctionnement des firmes - Théorie standard : représentation de la firme comme un agent économique qui calcule en permanence la décision optimale à prendre en fonction des évolutions incessantes de l’environnement. - Routine : la firme met en œuvre de manière récurrente certaines règles de décision. a priori un facteur d’inertie des firmes - Routine : joue le même rôle que les gènes en biologie. Elles constituent une caractéristique persistante de l’organisme et déterminent les comportements possibles. - En parlant de comportements possibles, on souligne le fait qu’il reste un éventail plus ou large de décisions déterminées par les gènes. Néanmoins, il est assez clair que des changements radicaux semblent peu probables. Or, de tels changements existent dans la réalité.

149 Les routines : entre inertie et changement (suite 1)
Origine du changement ? Évolution de l’environnement (facteurs externes) Évolution des routines (facteurs internes) Origine du changement ? - Évolution de l’environnement (facteurs externes) - Évolution des routines (facteurs internes) : le recours à la notion de routine incite à réduire l’évolution de la firme à une simple réaction aux stimuli de l’environnement (on rejoint donc un processus de type ‘sélection naturelle’ à la Alchian), donc ne pas appréhender les facteurs internes qui être à l’origine de cette évolution.

150 Les approches évolutionnistes
I. Des Origines à Nelson et Winter (1982) II. Concepts centraux III. Les Routines : entre inertie et changement IV. La Question de la maximisation du profit

151 La question de la maximisation du profit
Origine : le débat Alchian/Penrose/Friedman Winter : découverte progressive des objectifs en fonction des relations internes et de l’environnement externe Le débat Alchian/Penrose/Friedman - voir Arena et Lazaric (2003, p.332)

152 Maximisation du profit (suite 1)
2 causes (du rejet) Pluralité des objectifs au sein de l’organisation Difficulté de calculs optimaux (complexité, incertitude) Survie et maximisation du profit (Winter (1964)) Maximisation du profit à court terme : pas un critère de survie à long terme. Critères de survie : économies d’échelle, expérience accumulée, procédures d’organisation, type d’environnement 2 causes (du rejet) - Pluralité des objectifs au sein de l’organisation - Difficulté de calculs optimaux (complexité, incertitude) - on retrouve notamment la critique de la fonction de production, un concept qui facilite grandement les choses du point de vue de l’analyse mais qui apparaît comme un concept ‘too much’ dans le sens où il réduit à des informations données (quantifiables) des éléments construits au sein même de la dynamique de l’entreprise. Comme le soulignent Arena et Lazaric (2003), « Dans cette perspective, la question peut se poser de savoir comment la même quantité d’intrants utilisés dans un contexte spécifique (temps, espace) peut changer de nature et engendrer des processus productifs différents.» - Illustration : les transferts d’activité des firmes (délocalisations) : les résultats obtenus sont rarement ceux qui étaient escomptés, alors même que l’on tente de reproduire à l’identique des activités existantes. Ces résultats non escomptés peuvent provenir de contextes institutionnels différents (caractéristiques nationales des marchés du travail, différences dans la réglementation…). Mais ils proviennent également du fait d’effets de learning by doing dépendant de facteurs individuels et organisationnels spécifiques à la firme (située dans l’histoire et dans l’espace). Survie et maximisation du profit (Winter (1964)) - Maximisation du profit à court terme : pas un critère de survie à long terme. - Critères de survie : économies d’échelle, expérience accumulée, procédures d’organisation, type d’environnement (lequel façonne les critères de rentabilité et de survie dans le temps)

153 Conclusion : Apports et Limites de l’approche évolutionniste
Gain descriptif : jusqu’où ? Pouvoir prédictif ? Complexité et prédiction Un cadre théorique encore flou. Place de la formalisation ?


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