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VÉNUS SE DÉROBE, PUIS SE DÉVOILE…
Vénus est constamment voilée par une étole de gaz et de nuages. C'est à la fin des années 1960 que les ondes radar émises depuis la Terre permettent l'identification des plus vastes structures géologiques de la planète : Ishtar Terra à haute latitude dans l'hémisphère nord, Aphrodite Terra le long de l'équateur, Lada Terra dans l'hémisphère sud, et l'ensemble constitué de Beta Regio, Phoebe Regio et Themis Regio le long d'un même méridien situé vers 285° de longitude. Au sein d'Ishtar Terra, sur l'immense plateau Lashkmi Planum, se situe le point culminant de Vénus, le Mont Maxwell, à m d'altitude. Maxwell est le seul toponyme masculin admis dans une nomenclature exclusive de déesses et de personnalités féminines, en hommage à l'auteur de la théorie de la propagation des ondes électromagnétiques. La « peau » de Vénus La surface de Vénus présente très peu de cratères d'impact, à la manière de la Terre, et contrairement à Mercure, Mars et la Lune. La surface de Vénus est donc relativement jeune et a fait l'objet d'une reconstitution de sa surface à une date que l'on estime inférieure à 1 milliard d'années. La plupart des sites analysés par les sondes spatiales montrent des compositions de type basaltique, caractéristiques de la lithosphère océanique, à l'exception de Venera 13, dont le résultat des analyses montre une roche plus ancienne, plus proche des roches continentales terrestres ou lunaires. On peut en déduire que la croûte vénusienne s'est probablement formée à partir de la fusion d'un manteau supérieur de composition analogue à celui de la Terre. Des modèles fondés sur la profondeur observée des cratères d'impact sur Vénus, ainsi que l'espacement caractéristique des chaînes montagneuses, indiquent une épaisseur crustale de l'ordre de 10 à 20 km, intermédiaire entre la lithosphère continentale terrestre (de l'ordre de 30 km) et la lithosphère océanique (de l'ordre de 6 km). Cependant, ces modèles n'expliquent pas l'existence de l'extrusion que représentent les grands plateaux crustaux tels Ishtar Terra. Il a été suggéré que les plateaux de taille moyenne pourraient représenter l'interaction entre d'anciens « points chauds » en provenance du manteau inférieur et une lithosphère plus mince à l'origine qu'elle ne l'est aujourd'hui. Par contraste, les édifices volcaniques n'auraient pu se former que plus récemment, après que la croûte se fut épaissie, afin que celle-ci soit en mesure de supporter leur poids. La nature et l’aspect du sol de Vénus nous ont été révélés par les atterrisseurs des missions soviétiques Venera. En différents sites explorés la surface a présenté un aspect assez différent : un sol meuble comportant des affleurements, parsemée de débris de dimension variable, ou encore une juxtaposition de roches formant des dalles et présentant des contours anguleux. Les analyses d’échantillons ont indiqué une composition de type basaltique, proche du granite dans le cas de Venera-8, et voisine des basaltes alcalins rencontrés à proximité des zones de rift, à la marge des continents terrestres, pour Venera-13. La surface est portée à une température voisine de 730 kelvins (environ 460°C) sous une pression de 92 atmosphères. Ces conditions favorisent des réactions d’érosion chimique, ainsi que des échanges gazeux importants entre la surface et la basse atmosphère. La peau de Vénus transpire sous l’effet de l’intense chaleur ! La « peau » ou le sol de Vénus photographié depuis la sonde Venera 13 le 1er mars L'objet métallique brillant en forme de croissant est le capot d'un appareil de mesure, largué après l'impact. (Mission Venera-13, NASA/NSSDC). Vénus… un tempérament volcanique ? Les édifices volcaniques sont de types très variés sur Vénus. On rencontre également différents types de chenaux, témoins de l’écoulement basaltique. Les plus longs chenaux observés ont une largeur sensiblement uniforme pour des longueurs excédant 500 km et jusqu’à 6800 km ! (BALTIS VALLIS). Leur largeur est comprise entre 1 et 3 km pour une profondeur inférieure à 50 m. La structure de ces chenaux révèle une lave particulièrement fluide, qui pourrait être constituée majoritairement de soufre ou de composés alcali-carbonatés. Ces constituants auraient pu résulter de l'interaction de la croûte en fusion avec les gaz contenus dans l'atmosphère de Vénus. Par contraste, les dômes ou "pancakes", en forme de crêpes épaisses, sont probablement apparus lors de l’extrusion de laves à forte viscosité. Ces volcans et témoignages divers d'activité volcanique passée ne présentent pas de regroupement le long de zones de fracture ou d'éventuelle subduction, ce qui aurait indiqué a contrario la présence de dorsales ou d'activité de type tectonique des plaques. Cette absence de tectonique est difficile à interpréter si l'on fait l'hypothèse que Vénus et la Terre, qui se sont formées par accrétion dans des régions voisines du système solaire et qui ont une masse similaire, se sont refroidies par les mêmes processus de conduction par convection de la partie supérieure du manteau que pour la Terre. L'absence de viscosité actuelle du manteau, hypothèse soutenue par l'existence des effusions volcaniques en dômes, à très forte viscosité, est interprétée comme l'effet de la quasi-disparition de l'eau non seulement de l'atmosphère et de la surface de Vénus, mais également du manteau. Lo Shen Valles, au nord de Ovda Regio, comporte des chenaux magmatiques témoignant d’une lave particulièrement fluide, et des sources de lave qui se sont effondrées. La grande dimension de l'image correspond à 75 km sur le terrain (Mission Magellan, NASA/NSSDC). Les cratères d’impacts, « cicatrices » de Vénus A la suite de la mission Magellan, on a dénombré un total de 935 cratères d'impact. Le diamètre de ces cratères n'est jamais inférieur à 1,5 km et ne dépasse pas 280 km (cratère MEAD). A la différence des planètes Mercure, Mars et de la Lune, qui ont accumulé des cratères d'impact depuis leur origine, les cratères à la surface de Vénus sont en petit nombre. L’effet d’écran par l’atmosphère, très significatif, indique que les cratères les plus grands pourraient être le fait de comètes, tandis que ceux de plus petit diamètre sont le résultat de collisions avec corps à dominante métallique, comme sur Terre. Sur les images du radar de la sonde Magellan, les parties brillantes correspondent à des terrains rugueux qui réfléchissent l'énergie de l'onde émise, ou encore à des surfaces lisses mais orientées dans la direction du récepteur. Les parties sombres sont des terrains qui absorbent l'énergie de l'onde. Sur l’image d’un cratère d’impact tel qu’ADIVAR, d’un diamètre de 29 km, les contrastes de texture de terrain font apparaître un piton central épais, un fond lisse, un cirque montagneux escarpé, ainsi qu'en périphérie des éjecta lobés et épais, typiques de structures récentes de cratères d'impact sur Vénus. Ces éjecta témoignent des mécanismes de fusion des couches superficielles puis leur refroidissement à la suite de l'impact. Les dépôts que l’on peut observer à plus grande distance témoignent de l'absence d'érosion, qui ferait d'ADIVAR le plus jeune des cratères d'impact sur Vénus. Le cratère d'impact Adivar, à 8.9°N et 76.2°E, d’un diamètre de 29 km. Il porte le nom de la romancière turque Halide Ebib Adivar ( ), pionnière de l'émancipation des femmes au début du XXe siècle (Mission Magellan, NASA, NSSDC). Thomas Widemann
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