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Publié parConstantin Lemaire Modifié depuis plus de 11 années
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Le conscient, l'inconscient et la nature du mental
Magistère de philosophie contemporaine Atelier d'introduction à la philosophie de l'esprit
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Les critères du mental Dans la tradition philosophique classique:
La conscience comme marque du mental L'intentionnalité comme marque du mental Conscience et intentionnalité le plus souvent considérées comme coextensives. Approche contemporaine 'dominante': Séparabilité entre conscience et intentionnalité La conscience n'est pas constitutive de tout ce qui est mental L'esprit comme système computationnel manipulant des représentations: privilège accordé au critère de l'intentionnalité. La notion d'états mentaux inconscients et en principe inaccessibles à la conscience n'a rien d'incohérent. 18
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Searle et le Principe de Connexion
La notion d'état mental inconscient implique l'accessibilité à la conscience. (210) Il existe un lien intrinsèque entre conscience et intentionnalité. La conscience est elle-même une marque de l'intentionnalité. 18
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L'inconscient cognitif
Le paradigme qui domine les sciences cognitives est celui du traitement de l'information: l'esprit est conçu comme un système de traitement de l'information dont la fonction est d'extraire l'information véhiculée par les entrées sensorielles et d'opérer sur cette information diverses séries de transformations afin de permettre à l'organisme de guider efficacement son comportement dans dans son environnement physique que social. L'objet des sciences cognitives est d'étudier les étapes de ce traitement, de déterminer les processus et codes qu'il met en œuvre et d'identifier les substrats cérébraux de ces opérations.
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L'inconscient cognitif
La notion de processus et états mentaux inconscients n'est pas jugée problématique: Ce qui fait d'un processus un processus mental est le fait qu'il s'agisse d'un processus de traitement de l'information. Un état est un état mental s'il correspond à une étape dans un processus de traitement de l'information.
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Traitement inconscient de l'information
Un grand nombre de données issues de la psychologie cognitive, la psycholinguistique, la neuropsychologie et des techniques associées de neuro-imagerie mettent en évidence le fait qu'une grande partie de nos processus cognitifs ont lieu ou peuvent avoir lieu de manière inconsciente. Quelques exemples
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Psychologie: l'amorçage avec masquage
Un premier stimulus visuel est présenté très brièvement, en deçà du seuil de conscience et est ensuite masqué avant qu'un second stimulus soitprésenté. On peut ainsi mesurer l'influence du premier stimulus inconscient sur le traitement du second stimulus conscient. Le traitement du second stimulus peut être facilité si le premier est identique ou congruent à celui-ci ou, contraire ralenti si le stimulus masqué est incongruent. Exemples de tâches: reconnaissance de formes, pointage de cible, tâches sémantiques.
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Psychologie: l'amorçage avec masquage
Exemples de tâches: reconnaissance de formes, pointage de cible, tâches sémantiques. Tâche sémantique: décider le plus rapidement possible si un mot présenté est un nom d'animal. Souris – Lapin : temps de réaction raccourci Chaise – Lapin: temps de réaction allongé
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CHAT
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CHIEN
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Psychologie: l'amorçage avec masquage
Ce type de tâche permet aussi de mettre en évidence des différences qualitatives entre traitement conscient et traitement inconscient de l'information. Expérience de A. Marcel: On présente au sujet une suite de trois mots. Il doit décider le plus rapidement possible si le dernier des trois est un mot de la langue ou un non-mot (chor, murle) Dans certains essais critiques le second mot est un terme polysémique et la triade peut être soit congruente (argent, voler, prison) soit incongruente (argent, voler, oiseau) Lorsque le deuxième mot (voler) est présenté clairement, la réponse des sujets n'est facilitée que pour les triades congruentes. Lorsque le deuxième mot est présenté de manière très dégradée, la réponse du sujet est facilitée à la fois pour les triades congruentes et pour les triades incongruentes. Selon Marcel, cela montre que le traitement conscient opère une sélection du sens du mot favorisé par le contexte, alors que le traitement inconscient n'est pas sensible au contexte et potentialise également tous les sens du mot.
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Neuropsychologie: La vision aveugle (Blindsight):
A la suite de lésions du cortex visuel primaire, un sujet peut ne plus avoir de perceptions conscientes dans une partie du champ visuel (scotome). Il est toutefois possible de mettre en évidence des capacités perceptives résiduelles. La patient nie voir quoi que ce soit lorsqu'on présente un stimulus dans la région aveugle du champ visuel. Si toutefois on lui demande de "deviner" si un stimulus est présent ou non, quelle est sa position ou son orientation, s'il est statique ou en mouvement, ses réponses manifestent une capacité à effectuer les discriminations correspondantes.
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Neuropsychologie: La prosopagnosie
A la suite de lésions dans des régions spécifiques du cortex visuel (gyrus fusiforme), un sujet peut ne plus être capable de reconnaître consciemment les visages. Lorsqu'on lui montre une série de photos, il est incapable de distinguer les photos qui montrent des visages d'inconnus et celles qui montrent des visages de gens connus. Mais si l'on mesure la réponse électrodermale lorsque les photos sont présentées, les photos de visages familiers suscitent une réponse électrodermale spécifique.
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Inconscient cognitif et modularité
L'intérêt des données neuropsychologiques est aussi d'illustrer le fait que la conscience peut être sélectivement perturbée dans un domaine cognitif donné. Le sujet prosopagnosique est incapable d'identifier consciemment un visage vu, mais n'a pas de problème lorsqu'il s'agit d'identifier consciemment d'autres types d'objets visuels ou lorsqu'une autre modalité sensorielle que la vision est en jeu (il reconnaît les personnes familières au son de leur voix). Ceci confirme l'idée que l'architecture cognitive est en grande partie modulaire.
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Modularité de l'architecture cognitive
Le système cognitif pris dans son ensemble comporte un grand nombre de sous-systèmes ou modules qui ont un fonctionnement relativement autonome. Ces modules sont spécialisés dans le traitement d'un type donné d'information et opèrent de manière automatique, selon des processus qui peuvent être phylogénétiquement déterminés, se mettre en place pendant le développement cognitif ou avoir été automatisés à la suite d'un apprentissage. A la notion de modularité correspond celle d'un inconscient structurel: les processus qui ont lieu dans les modules et les représentations intermédiaires qu'ils calculent sont structurellement inaccessibles à la conscience. Seules les représentations finales livrées par les modules sont en principe consciemment accessibles.
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Conditions d'accès à la conscience des processus et représentations
Contraintes structurelles: Ne pas être structurellement inconscients (ne pas être encapsulés dans un module) Contraintes temporelles: la conscience suppose une certaine durée d'activation des réseaux neuronaux activés lors du traitement d'un stimulus donné. Contraintes attentionnelles: pour qu'un processus devienne conscient, il faut aussi qu'il mobilise notre atttention. Si les mécanismes attentionnels sont perturbés, comme dans l'héminégligence, certaines informations n'accèderont pas à la conscience.
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Types de phénomènes inconscients
Phénomènes non-conscients: ni mentaux, ni conscients La myélinisation des axones des cellules nerveuses Phénomènes inconscients: mentaux États préconscients: Croyance que la Tour Eiffel est à Paris États inconscients: désir refoulé de supplanter son père auprès de sa mère. États inconscients profonds: connaissance tacite de la grammaire dans l'approche Chomskienne, représentations intermédiaires calculées par le système visuel) Searle: il n'existe rien de tel que des états mentaux inconscients profonds.
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Forme générale de l'argument searlien
Pour qu'un état inconscient soit un état mental il faut qu'il s'agisse d'un état véritablement intentionnel. Pour qu'un état soit un état mental intentionnel, deux conditions doivent être remplies: Intentionnalité intrinsèque Aspectualité Il y a un lien nécessaire entre aspectualité et accessibilité à la conscience. Un état qui serait en principe inaccessible à la conscience n'aurait aucune forme aspectuelle. Un tel état ne serait donc pas un état mental intentionnel. Il ne serait donc pas un état mental.
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Il y a une distinction entre l'intentionnalité intrinsèque et l'intentionnalité comme si; seule l'intentionnalité intrinsèque est authentiquement mentale. Les états intentionnels inconscients sont intrinsèques. Les états intentionnels, qu'ils soient conscients ou inconscients, ont toujours des formes aspectuelles. Le trait aspectuel ne peut être caractérisé de manière exhaustive uniquement en termes de prédicats à la troisième personne comportementaux ou même neurophysiologiques. L'ontologie des états mentaux inconscients, quand ils sont inconscients, consiste entièrement en l'existence de phénomènes purement neurophysiologiques. La notion d'un état mental inconscient est celle d'un état qui est une pensée ou une expérience consciente possible. L'ontologie de l'inconscient consiste en des traits objectifs du cerveau capables de causer des penser conscientes subjectives.
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Intentionnalité intrinsèque, comme si et dérivée
J'ai soif maintenant, j'ai grand soif parce que je n'ai rien eu à boire de la journée. Ma pelouse a soif, a grand soif, parce qu'elle n'a pas été arrosée de toute la semaine En anglais, 'I am very thirsty' veut dire 'j'ai grand soif'. La phrase (1) est utilisée pour s'attribuer un état mental intentionnel réel, intrinsèque. La phrase (2) n'attribue pas du tout d'intentionnalité, elle est utilisée de manière métaphorique. On fait comme si la pelouse avait des états intentionnels. La phrase (3) attribue littéralement de l'intentionnalité à la phrase 'I am thirsty', mais l'intentionnalité n'est pas intrinsèque à la phrase elle-même, elle est dérivée de l'intentionnalité intrinsèque des locuteurs de la langue.
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La distinction entre intentionnalité intrinsèque et intentionnalité 'comme si' est-elle bien tranchée? Searle prend deux exemples extrêmes pour illustrer la distinction entre intentionnalité intrinsèque et intentionnalité 'comme si', mais la question vraiment intéressante est la suivante: Jusqu'à quel point un état peut-il différer des exemples paradigmatiques d'états intentionnels conscients et être encore authentiquement mental? Pour beaucoup de fonctionnalistes, la notion d'intentionnalité intrinsèque admet des degrés et les états mentaux conscients constituent simplement un sous-ensemble particulièrement sophistiqué d'états intentionnels. Les états des sous-systèmes de mon cerveau qui produisent mon expérience visuelle consciente d'un monde stable en intégrant des informations sur les changements des images rétiniennes et les mouvements des yeux et de la tête ne sont-ils pas véritablement intentionnels? Les sauterelles ont-elles des états intentionnels?
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Aspectualité Forme aspectuelle: Chaque fois que nous pensons à quelque chose, nous le faisons toujours sous tel aspect et pas sous tel autre. Forme aspectuelle // intensionnalité // mode de présentation Aspectualité: => opacité On peut croire que l'étoile qui est dans le ciel est l'étoile du soir sans croire que c'est l'étoile du matin On peut désirer boire un verre d'eau sans désirer boire un verre de H2O
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Y a-t-il des degrés dans l'aspectualité?
Même si on accepte que tout état intentionnel a une forme aspectuelle, il n'est pas sûr que pour tous les états intentionnels on puisse faire des distinctions aussi fines que celles que l'on peut opérer entre les caractères aspectuels d'états mentaux conscients d'être dotés de langage. Dretske: trois ordres d'intensionnalité 1er ordre: si l'on peut penser que s est F sans penser que s est G alors même que tous les F se trouvent être des G. 2ème ordre: si l'on peut penser que s est F sans penser que s est G alors même que tous les F sont des G en vertu d'une loi naturelle. 3ème ordre: si l'on peut penser que s est F sans penser que s est G alors même qu'il est analytiquement nécessaire que tous les F soient des G.
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Y a-t-il des degrés dans l'aspectualité?
Il est possible que certaines distinctions fines entre contenus intentionnels (donc certaines distinctions entre formes aspectuelles) ne soient possibles que pour des êtres dotés de langage. Je peux désirer un filet de sole sauce Mornay accompagné d'un verre de chablis 1992, mais il est fort douteux que mon chat qui me volerait bien le contenu de mon assiette puisse avoir des désirs dotés d'une telle forme aspectuelle.
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Peut-on caractériser la forme aspectuelle au moyen de prédicats à la 3ème personne?
Searle: 2 types de caractérisation possibles à la 3ème personne: prédicats comportementaux et prédicats neurophysiologiques, mais: Les faits comportementaux ne permettent jamais de caractériser exhaustivement la forme aspectuelle d'un état intentionnel. Argument d'indétermination de Quine Les faits neurophysiologiques ne constituent pas des faits aspectuels. Pour inférer les faits aspectuels à partir des faits neurophysiologiques, il faudrait déjà avoir un autre mode d'accès à ce que sont les faits aspectuels.
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Argument de l'indétermination
Tout comportement de recherche d'eau est un comportement de recherche de H20. Il n'y a donc aucun moyen pour que le comportement, construit sans référence à une composante mentale, puisse constituer le fait de désirer de l'eau plutôt que du H20. Faire référence au comportement verbal du sujet n'est pas une solution, puisque le problème va se poser dde savoir quel sens le sujet donne aux mots 'eau' et 'H20'.
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Trois réponses à l'argument de l'indétermination
1. Une théorie fonctionnaliste des formes aspectuelles est possible. On peut opérer toutes les distinctions souhaitées si on prend en considération l'organisation globale du comportement du sujet et la structure causale interne qui le produit. Par exemple, ce qui me permet de dire que ma nièce de cinq ans veut un verre d'eau et pas un verre de H20 est le fait qu'elle n'a pas (encore) un certain nombre de tendances au comportement (verbal et non-verbal) et de capacités internes qui lui permettraient de comprendre les concepts d'oxygène, d'hydrogène et de composé moléculaire.
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Trois réponses à l'argument de l'indétermination
2. Même si une théorie fonctionnaliste ne permettait pas d'opérer les distinctions les plus fines entre formes aspectuelles, il n'est pas certain que cela soit nécessaire pour rendre compte des formes aspectuelles des états intentionnels inconscients qui n'ont pas le caractère hautement déterminé des états mentaux conscients humains. 3. On ne voit pas en quoi l'appel que Searle propose de faire à une caractérisation en 1ère personne faisant intervenir la conscience et les propriétés phénoménales résoudrait le problème d'indétermination quinien. Un lapin et une partie non détachée de lapin produiront en moi la même expérience phénoménale 'lapinesque'. L'eau et le H20 produiront en moi la même expérience phénoménale 'aqueuse'.
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Un dilemme pour Searle Ou bien il utilise une notion très exigeante de 'forme aspectuelle' qui implique un contenu parfaitement déterminé et une représentation phénoménale, mais dans ce cas la prémisse 3 de son argument paraît implausible ou est une pétition de principe. Ou bien il utilise une notion moins exigeante de 'forme aspectuelle' qui rende la prémisse 3 acceptable, mais dans ce cas la prémisse 4 devient douteuse. Il paraît possible de caractériser la forme aspectuelle au moyen de prédicats en troisième personne. Dans un cas comme dans l'autre, on ne peut plus établir les conclusions 6 et 7.
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