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Publié parAurélie Beaumont Modifié depuis plus de 10 années
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FAIRE DE L’HISTOIRE DES ARTS A PARTIR DE L’ETUDE
DE MONUMENTS AUX MORTS ET DE CHANSONS DE POILUS Art –histoire-mémoire(s)
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Ces deux exemples illustrent le type de monument au morts le plus courant, celui qui a fait dire « avec les monuments aux morts on a manqué une occasion de faire l’éducation artistique de la population ». (La suite prouve que cette boutade n’est pas exacte!). En tout état de cause, sculpture académique, moulages, bronze, quelquefois peints, type statuaire officielle de la 3ème République. Dans la plupart des cas sur un piédestal. Les auteurs de ce type de statues, souvent reproduites à de nombreux exemplaires, ont rarement laissé leur nom dans l’histoire de la sculpture (chaque fois que cela est possible leur nom figure toutefois sur la diapositive). communes en France et presque autant de monuments aux morts commandés dès Il s’agit là d’une commande officielle (par les communes) d’une ampleur jusqu’alors inconnue. On pourrait intégrer à ce moment, l’extrait du film La vie et rien d’autre de Bertrand Tavernier où un sculpteur disserte sur la chance extraordinaire que représente pour les sculpteurs cette « manie de la commémoration » qui leur offre « un âge d’or digne de la Renaissance! » Ces deux exemples illustrent la posture « sentinelle », celle du poilu qui fait son devoir au service de la Patrie. Celui qui précède et sert de page titre est du type « préparation à l’attaque ». Celui qui suit est du type « armistice », le soldat salue la victoire et la fin des combats. Dans tous les cas on peut faire trouver aux élèves (outre la symbolique) les éléments parfaitement stéréotypés de l’équipement du combattant: capote, bandes molletières, fusil, casque, cartouchière, bidon de vin, besace etc. Il s’agit dans tous les cas de la mémoire « officielle » , celle du devoir accompli au service de la Patrie, celle qui gomme l’horreur des combats et l’effroyable carnage, malgré la présence des noms des morts de la commune sur le piédestal. Un autre document, musical, peut être ici convoqué, Le bouquet d’Ypres, chanson d’un auteur inconnu vraisemblablement composée en 1915 après les terribles combats de l’Yser dans les Flandres. Sa particularité est de se chanter sur l’air (les musicologues disent le « timbre ») du Temps des cerises. C’est l’occasion, au-delà de la stricte analyse de l’œuvre elle-même, de réfléchir à la durée et à la sédimentation de la mémoire populaire. Le temps des cerises, chanson de la Commune de Paris (1871), sans perdre pour certains sa couleur révolutionnaire, est largement entrée au moment de la première guerre mondiale dans le patrimoine de la chanson populaire française reconnu par tous. On peut aussi voir dans ce réemploi d’une chanson de la Commune un premier signe d’opposition aux attaques meurtrières et inutiles mais aucun autre document ne permet d’accréditer cette thèse et les paroles mêmes de la chanson traduisent plutôt la nostalgie de l’être aimé et le sens du devoir patriotique accompli « alertes et confiants ». Enfin, il faut noter qu’existent plusieurs versions du texte de la chanson (diapositive 3), ce qui est fréquent pour les chansons de tranchées transmises oralement. On note un léger glissement d’une version à l’autre. Chirac
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Le bouquet d’Ypres. Auteur inconnu. 1915
Version Version 2 J’ai cueilli pour vous, près de ma tranchée, Ces jolies fleurs bleues, myosotis d’amour, Qu’avril fait renaître. En vous les offrant, je vois apparaître La jolie lueur de vos yeux si doux. J’ai cueilli pour vous, près de ma tranchée, Ces jolies fleurs bleues, myosotis d’amour. Puis, quand viendra mai, oh ma tendre aimée, Mon bouquet sera de muguet tout blanc, Cueilli dans les Flandres, Parmi ces grands bois où, depuis septembre, Nous luttons pour vous, alertes et confiants. Puis quand viendra mai, oh ma tendre aimée, Mon bouquet sera de muguet tout blanc. Si je vois juillet, baigné de lumière, Mon bouquet sera de coquelicots Aux rouges pétales, Fleurs de messidor, cueillies sous les balles Et rouges du sang de tous nos héros. Si je vois juillet, baigné de lumière, Mon bouquet sera de coquelicots. Et toutes ces fleurs aux couleurs de France Feront un bouquet, souvenir très pieux. Si la mort brutale M’emportait un jour dans une rafale, En pensant à vous, je fermerais les yeux. J’ai cueilli pour vous près de ma tranchée, Ces myosotis gage d’amour pur Qu’avril fait éclore. En vous les offrant je revois encore Le bleu de vos yeux, pareil à l’azur. J’ai cueilli pour vous près de ma tranchée Ces myosotis gage d’amour pur. En mai vous aurez oh ma tendre amie Offert par mon cœur du muguet tout blanc Glané dans les Flandres. Parmi les grands bois où se fait entendre Le chant des canons aux voix de titans. En mai vous aurez Oh ma tendre amie Offert par mon cœur du muguet tout blanc. Si je vois juillet baigné de lumière Mon envoi sera de coquelicots Aux rouges pétales. J’irai les cueillir au mépris des balles Fleurs pourpres du sang de tous nos héros. Si je vois Juillet baigné de lumière Mon envoi sera de coquelicots. De toutes ces fleurs aux couleurs de France Faites un bouquet souvenir pieux Si la mort brutale, M’emportait un jour dans une rafale En pensant à vous je clorai mes yeux. Faites un bouquet souvenir pieux. On peut trouver une interprétation de cette chanson (version 1) sur le site:
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Gueudrecourt .Sculpteur: Déchin. 1929
Le fait que le photographe ait choisi une prise de vue de dos et non de face, outre le fait qu’il accentue l’élan du soldat saluant l’armistice, permet de faire remarquer aux élèves qu’une statue ne s’apprécie que dans l’espace, d’où l’importance de sa situation (dans l’espace d’une place ou d’une rue, ou d’un musée…) d’où la nécessité aussi de la voir « en vrai » pour pouvoir en faire le tour ou alors, à la rigueur, celle de multiplier les « points de vue » photographiques. Gueudrecourt .Sculpteur: Déchin. 1929
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Type « soldat victorieux » dans les deux cas mais le matériau diffère: bronze à gauche, marbre (et bronze) à droite ainsi que le type de sculpture: ronde- bosse d’une part et haut relief de l’autre. Les symboles en revanche sont les mêmes dans les deux cas: palmes, couronne de lauriers, croix de guerre. L’équipement du soldat quant à lui, est le même que sur les diapositives précédentes. Le haut relief présente en plus le drapeau et la Patrie prise dans les plis du drapeau. On peut opposer ces deux exemples « en mouvement » (capote, gestes, drapeau) aux deux précédents, statiques. Il s’agit enfin d’interroger les élèves sur les moyens employés pour rendre le mouvement. Il s’agit toujours de la mémoire « officielle ». En mettant l’accent sur la victoire, elle double la composante patriotique d’une composante nationaliste: la revanche de 1870 est prise. Combles
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Sainte Suzanne île de la Réunion
Pour illustrer l’idée selon laquelle ces sculptures ont été souvent produites en série: le monument aux morts de Sainte Suzanne Ile de la Réunion (placé devant l’église, ce qui n’est pas toujours le cas car l’anticléricalisme n’a pas disparu avec la guerre) est du même modèle que celui de Saint Sauveur de Peyre (diapositive 4). Sainte Suzanne île de la Réunion
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Un monument aux morts d’un type plus rare: la Victoire (marbre
Un monument aux morts d’un type plus rare: la Victoire (marbre?, pierre?), seule sans soldat. Il s’agit là de la mémoire triomphante. Il y a dans cette Victoire quelque chose de La Danse de Carpeaux mais surtout de la Victoire de Samothrace, dans le mouvement des jambes et dans le drapé, le drapeau prenant la place de l’aile de la Victoire…Nous sommes bien là au cœur de la problématique de l’histoire des arts. Le cheminement inverse est au demeurant possible: en étudiant en classe de sixième la Victoire de Samothrace comme exemple de sculpture de la période hellénistique, il est souhaitable de faire découvrir la postérité de cette œuvre universellement connue, à partir de sa « redécouverte » en 1863 sur l’île grecque de Samothrace et de son installation au musée du Louvre en 1884 en haut de l’escalier Daru, position qu’elle n’a jamais quittée malgré les transformations du musée. Riscle. Gers
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Autre type largement influencé par les œuvres des grands maîtres, les Pietà. L’influence de Michel Ange est évidente….jusqu’à la copie. La blancheur voudrait donner l’illusion du marbre mais il s’agit plus vraisemblablement d’un moulage ou de pierre peinte. A noter que ce monument aux morts de Royon dans le Pas de Calais, d’inspiration très religieuse, est placé contre le mur de l’église du village ce qui est assez rare et sans doute le signe de la couleur politique du conseil municipal qui en a commandé l’édification.
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Strasbourg . Sculpteur: Drivier
Avec cet imposant ensemble du monument aux morts de Strasbourg, la « Pietà » prend une toute autre envergure. C’est l’œuvre d’un sculpteur de renom, Léon-Ernest DRIVIER, élève de Rodin . La Pietà n’est plus seulement la mère éplorée portant le corps de son fils mort à la guerre mais une mère universelle cernée par des corps nus dont rien ne rappelle qu’ils soient spécifiquement des soldats de la « Grande guerre », des corps torturés dont celui de droite n’est pas sans rappeler les esclaves de Michel Ange. Ce monument se rapproche de la catégorie des monuments pacifistes. Le sacrifice des millions de vies, le souvenir douloureux, passe ici avant la glorification du courage, du dévouement à la Patrie ou de la victoire . La date de son édification, 1937, n’est pas sans importance… Le matériau est noble, le marbre. Le style néo classique correspond à un moment de l’œuvre de Léon-Ernest DRIVIER, qui évoluera vers une manière « arts déco » avec par exemple le groupe « La joie de vivre » (Jardins du Trocadero. 1937). Strasbourg . Sculpteur: Drivier
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Avec le monument de Saverne s’impose l’art déco qui se développe dans les années Il s’agit encore d’une Pietà mais dans un style radicalement différent et un matériau spécifique (trois blocs de grès rose des Vosges superposés) qui est celui dont on fait les maisons (arrière plan). Corps désarticulé du soldat nu, celui de tous les sacrifiés, lignes rigides de la femme qui le porte. Plus de piédestal, le monument s’ancre dans le sol de l’Alsace. Ce monument édifié sans doute à la fin des années 1920 a été repris (dates sculptées en bas relief) pour commémorer le souvenir des soldats morts entre 1939 et 1945, pendant la guerre d’Indochine ( ) et pendant la guerre d’Algérie ( ). Il devient ainsi un monument du souvenir de toutes les guerres: superposition et fusion des mémoires. La composition de la photographie (photographe inconnu) de ce monument mérite aussi à elle seule une étude: la Piéta est encadrée par deux drapeaux tricolores, le corps du « supplicié » semble dans le prolongement direct de la pierre de grès qui constitue le matériau de la maison à l’arrière plan et en bas à droite, deux enfants jouent calmement…la vie l’emporte. Saverne
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Péronne. Sculpteur Paul Auban. 1929
Quelques dizaines de monuments aux morts prennent une position résolument pacifiste en rupture avec toute glorification de la mémoire de la guerre. Le plus célèbre est certainement celui de Saint-Martin-d’Estréaux dans la Loire. Il ne présente pas de statuaire remarquable (un bas relief) mais au côté des noms des défunts est gravé un texte énumérant les victimes du conflit et maudissant la guerre. Les deux monuments présentés ici mettent en scène des femmes et des enfants (mères, veuves et orphelins), l’une tend un poing vengeur au dessus du cadavre de son époux ou de son fils vers ceux qui sont cause des guerres, l’autre en serrant contre elle ses enfants traduit la douleur de toutes les veuves. A Equeurdreville, il a fallu plus de 10 ans de débats pour que la Commission des Beaux-Arts du Conseil municipal, le maire et le Comité provisoire du monument aux morts créé pour la circonstance parviennent à s’entendre sur le choix de la statuaire, les uns souhaitant un monument résolument patriotique, les autres refusant que soit faite l’apologie de la guerre ( De tels débats ne furent pas rares, pas plus que ne le furent ceux portant sur l’emplacement choisi pour l’érection du monument: place, rue, devant la mairie, devant l’église etc. La mémoire est bien un enjeu politique. Péronne. Sculpteur Paul Auban. 1929 Equeurdreville. Sculpteur Emilie ROLEZ. 1932
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« Ils n’ont pas choisi leur sépulture »
Cette œuvre contemporaine d’Haïm KERN, Ils n’ont pas choisi leur sépulture, est une commande de l’Etat en 1998 pour le 80ème anniversaire de l’armistice. Elle se dresse sur le plateau de Californie, au dessus du village de Craonne en Picardie. Dans un épais grillage de bronze de 4 m de hauteur sont emprisonnés des visages tous semblables. Qui sont-ils? Les millions de morts, les soldats inconnus, les anonymes, les fusillés pour l’exemple, tous pris dans les mailles de la barbarie de la guerre. Il n’est pas sans importance de savoir en outre qu’Haïm KERN est né à Leipzig en 1930 et que sa famille a dû fuir dès 1933 l’antisémitisme nazi. Ici la mémoire de la guerre de vient à la rencontre d’autres guerres et d’autres mémoires. De la municipalité qui se souvient de « ses » morts on est passé à une mémoire plus collective qui rassemble en un même souvenir tous les hommes pris dans les mailles de toutes les guerres, de toutes les barbaries et peut-être de tous les génocides. C’est à l’occasion de l’inauguration de ce monument que le Premier ministre Lionel Jospin a souhaité que les mutins de 1917 « réintègrent aujourd’hui, pleinement, notre mémoire collective nationale.» C’est donc l’occasion de faire découvrir aux élèves une chanson, interdite pendant de longues années, la Chanson de Craonne . (1917, voire 1916) L’auteur, inconnu, a repris un timbre très populaire à l’époque, Bonsoir M’amour de Georges SABLON, sur lequel il a greffé des paroles disant la souffrance et déjà la révolte des soldats après les offensives meurtrières ordonnées par Nivelle ( morts) au Chemin des Dames. C’est Paul Vaillant-Couturier qui fera connaître la chanson au-delà du monde des tranchées. Haïm Kern 1998. « Ils n’ont pas choisi leur sépulture »
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La chanson de Craonne. Auteur inconnu. Musique de Georges Sablon . 1917
Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé On va reprendr' les tranchées Notre place est si utile Que sans nous on prend la pile Mais c'est bien fini on en a assez Personne ne veut plus marcher Et le coeur bien gros comm' dans un sanglot On dit adieu aux civ'lots Même sans tambour même sans trompette On s'en va là haut en baissant la tête REFRAIN Adieu la vie adieu l'amour Adieu toutes les femmes C'est bien fini c'est pour toujours De cette guerre infâme C'est à Craonne sur le plateau Qu'on doit laisser sa peau Car nous sommes tous condamnés Nous sommes les sacrifiés Huit jours de tranchées huit jours de souffrance Pourtant on a l'espérance Que ce soir viendra la r'lève Que nous attendons sans trêve Soudain dans la nuit et dans le silence On voit quelqu'un qui s'avance C'est un officier de chasseurs à pied Qui vient pour nous remplacer Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes REFRAIN C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards Tous ces gros qui font leur foire Si pour eux la vie est rose Pour nous c'est pas la mêm' chose Au lieu de s'cacher tous ces embusqués F'raient mieux d'monter aux tranchées Pour défendr' leurs biens car nous n'avons rien Nous autr's les pauvr's purotins Tous les camarades sont enterrés là Pour défendr' les biens de ces messieurs-là DERNIER REFRAIN Ceux qu'ont l'pognon ceux-là r'viendront Car c'est pour eux qu'on crève Mais c'est fini car les trouffions Vont tous se mettre en grève Ce s'ra votre tour messieurs les gros D'monter sur le plateau Car si vous voulez faire la guerre Payez-la de votre peau On peut trouver une interprétation de la chanson de Craonne par Marc OGERET ainsi qu’une vidéo sur le site:
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DOCUMENTS COMPLEMENTAIRES
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Quelques sculpteurs très célèbres ont réalisé des monuments aux morts:
Monument de Montceau-les-Mines par BOURDELLE. La lampe du mineur a servi d’inspiration pour l’architecture d’ensemble. Le traitement des bas reliefs peu profonds, l’ondulation des formes etc., c’est le BOURDELLE du théâtre des Champs Elysées ou de l’église du Raincy, ami d’Auguste Perret.
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Bourdelle encore. Soldat mort, nu
Bourdelle encore. Soldat mort, nu. Seul le casque renvoie à la guerre de On peut remarquer le relief plus marqué que dans l’exemple précédent et l’organisation de la figure qui s’inscrit dans la forme rectangulaire du bloc de pierre. BOURDELLE
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Capoulet (Ariège). Bourdelle
BOURDELLE toujours pour le monument pacifiste de Capoulet (Ariège). Bronze. C’est le Bourdelle élève de Rodin, celui de l’Héraclès C’est aussi Le cri de Münch. On est très loin du soldat sentinelle des premières diapositives MAILLOL, monument de St Céret (Lot). La Douleur. Type « pleureuse ». Pierre. A mettre en relation avec les statues de Maillol du jardin des Tuileries. St Céret (Lot). Maillol Capoulet (Ariège). Bourdelle
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