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Publié parMartial Rondeau Modifié depuis plus de 9 années
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Suzanne Briet
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1894 Naissance dans les Ardennes de Renée-Marie, Hélène, Suzanne Briet. Avec sa sœur, S. Briet est élevée à Paris dans un milieu bourgeois et catholique. 1914 Elle a 20 ans quand éclate la première guerre mondiale. La maison de son grand-père dans les Ardennes est détruite ainsi que son village. Elle perd son oncle, déporté, ainsi que de nombreux camarades. On peut penser que sa souffrance est à l’origine de son intérêt pour la Société des Nations et, plus tard, de son engagement, en particulier à travers l’UNESCO, pour l’international et la défense des pays pauvres. Féministe et militante, participant au mouvement d’éducation populaire, elle croit à la maîtrise de l’information par tous et à la démocratisation de l’accès pour tous à l’information. Toute sa vie professionnelle est orientée vers cet idéal. 1917-1920 Elle est enseignante d’anglais et d’histoire en Algérie à Annaba. 1919 Elle participe à la création de l’organisation non gouvernementale internationale Zonta pour la reconnaissance des femmes dans le monde. Elle devient, plus tard, présidente de l’Union des femmes européennes.
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1924 Nouvellement diplômée en bibliothéconomie, reçue première au Certificat d’aptitude aux fonctions de bibliothécaire (CAFB, aujourd’hui disparu), elle entre à la bibliothèque Nationale, dans un monde d’homme. Les femmes ne représentent alors que 10% du personnel et les bibliothécaires masculins se montrent fort hostiles à la nomination des femmes. Elle le vit avec courage et humour en désignant ces bibliothécaires avec lesquels elle est appelée à travailler et qu’elle voit souvent au café : les chevaliers du café crème ! Suzanne Briet connaît et côtoie d’autres femmes illustres en sciences de l’information : Louise Noelle Malclès (1899-1977) qui s’occupe de la salle de bibliographie de la Sorbonne, Yvonne Odon (1902-1082), responsable de la documentation géographique à la Bibliothèque nationale et enfin, Georgette de Grolier (1899-1988). Toutes ces femmes sont des noms importants à retenir pour leurs actions dans l’installation de la documentation en France et le développement des sciences de l’information. Cette année là, la Bibliothèque se modernise : l’électricité est enfin installée dans des salles où, pendant la saison d’hiver et sous les ciels nuageux, tout travail est impossible. L’électricité ouvre sur une nouvelle ère… celle des (toujours) nouvelles technologies !
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1925 Elle épouse Ferdinand Dupuy, professeur à Toulouse. Ils n’auront pas d’enfants et divorcent huit ans après… 1931 Elle participe activement, avec Jean Gérard à la création de l’Union française des organismes documentaires (UFOD), première association professionnelle française de documentation chargée, entre autre, d’établir un « inventaire de tous les organismes en France dont le but est la production et la diffusion de la documentation dans toutes les branches de la connaissance humaine ». L’UFOD est construite sur le modèle de l’Association of Special Libraries and Information Bureaux (ASLIB), association professionnelle anglaise, très active, créée en 1929. 1934-1954 Elle crée et dirige la salle X, salle des catalogues et bibliographies de la Bibliothèque nationale. Elle rend disponible ce qui, jusqu’alors, est inaccessible au lecteur et développe un service consultatif bibliographique. « Telle collection importante était au fond des magasins, comme la Belle au bois dormant ; on l’a tirée de son sommeil, une nouvelle vie commence pour elle ». Elle dépeint la bibliothèque comme un « centre national d’information » où les chercheurs peuvent découvrir les matériaux ou la documentation dont ils ont besoin. Elle décrit du reste « La nouvelle salle des catalogues à la Bibliothèque nationale » qui fonctionne comme un véritable centre de documentation, dans la Revue du Livre en février 1934 (no 7, p.170-178), puis, sous le même titre, dans le Bulletin du bibliophile et bibliothécaire, en octobre 1938. C’est dans cette fameuse salle, qui existe toujours, que lui est remis en 1950, la légion d’honneur.
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1937 Le Congrès mondial de la documentation universelle (CMDU) organisé par l’UFOD lui donne l’occasion de s’exprimer sur l’importance de la documentation en général et en France, en particulier. C’est dans le cadre de ce Congrès qu’est prise la décision de transformer l’Institut international de documentation créé par Otlet en Fédération : la FID. Ce CMDU est aujourd’hui complètement oublié malgré son succès en 37 où il réunit plus de 400 participants. Il symbolise une autre époque : celle de l’entre-deux-guerres dont les idéaux pacifistes ont été anéantis par la guerre. 1946 Elle participe à la Conférence internationale de documentation (Fédération internationale de la documentation /FID) et communique sur un sujet qui lui tient à cœur : l’enseignement de la documentation en France. 1949 Engagée très vite dans la vie internationale, S. Briet est active au sein de l’UNESCO. Elle publie, sous la responsabilité de cette organisation, des œuvres majeures. Cette année là, soucieuse de la conservation du patrimoine documentaire mondial, elle écrit Bibliothèques en détresse : la principale préoccupation étant de reconstruire et de réapprovisionner les bibliothèques. Cette inquiétude débouchera, de nombreuses années plus tard, sur la création du Bouclier Bleu (10). 1950 Dans le cadre d’un groupe de réflexion réunissant des participants de l’Unesco, de la FID et de la Fédération internationale des associations de bibliothécaires, elle publie le rapport final d’une Enquête sur la formation professionnelle des bibliothécaires et des documentalistes.
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1951-1952 Un voyage aux Etats-Unis lui permet de découvrir les bibliothèques américaines et l’importante avance de ce pays dans les sciences de l’information où bibliothécaires et documentalistes se confondent. Cela l’entraîne à atténuer une distinction très marquée entre bibliothéconomie et documentation. Beaucoup plus tard, un Américain, Michael Buckland, la découvre et s’étonne du peu de reconnaissance de son activité et surtout de ses textes : « Peut-être que les Français ne le comprenaient pas ou que c’était trop intellectuel… Peut-être aussi que les gens préféraient ne pas respecter les idées d’une femme »! (3) (S. Fayet-Scribe, quant à elle, le rejoint en partie, sur le premier point quand elle explique ainsi l’oubli de Suzanne Briet en France : Ici, on pense que la documentation est un savoir-faire, un métier, et jamais un terrain de pensée théorique… » (4).34 1976 Elle publie ses mémoires (Entre Aisne et Meuse… et au delà) et dans sa Préface : « Ouvrir sur l’alphabet », en explicite l’organisation sous forme de mots clés (5).5 1989 Elle meurt à Paris, âgé de 95 ans.
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