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La société et les échanges
- La culture Le langage L’Etat et la politique La morale Etc. 1
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• comment définir ce qu’est une société ?
Introduction : • comment définir ce qu’est une société ? → ensemble d’individus vivant sur un même territoire ? → anectote d’Aristote : Quand doit-on considérer que la cité est une ? Pas en tout cas par ses murailles, car on pourrait entourer le Péloponnèse d’une seule muraille. Un Etat de ce genre, c’est peut-être Babylone ou tout autre ville qui enferme dans ses limites un peuple (ethnos) plutôt qu’une cité (polis) : Babylone était prise, dit-on, depuis plus de deux jours et toute une partie ne s’en était pas encore aperçu. » • • Aristote, (Pol. III, 2) « quand doit-on considérer que la cité est une ? Pas en tout cas par ses murailles, ar on pourrait entourer tout le péloponnèse d’une seule muraille. Un Etat de ce genre, c’est peut-être Babylone ou tout autre ville qui enferme dans ses limites un peuple (ethnos) plutôt qu’une cité (polis) : Babylone était prise, dit-on, depuis plus de deux jours et toute une partie ne s’en était pas encore aperçu. » 2
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Au minimum, les individus doivent entretenir des relations,
des échanges (dans l’exemple d’aristote : il manque une circulation d’information) • Que sont les échanges ? - notion économique : Troc, achat, travail rémunéré, … → transfert de propriété (ou de service) réciproque et conditionnel (je te donne si tu me donnes). - Ensuite une notion sociologique : échanges de paroles, d’information, de politesse… → tout acte intentionnel adressé à autrui qui appelle à une action similaire en contrepartie.
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Les échanges marchands suffisent-ils à faire une société ?
N’est-elle pas constituée de liens plus profonds ? Au fond de toute société n’y a-t-il pas une unité morale, une communauté de valeurs ? Faut-il distinguer les sociétés anciennes et les modernes sur la base de ce critère ? Refaire le I – en opposant à partir de Hayek les sociétés traditionnelles, de type celles décrites par Aristote et les sociétés modernes, décrites par Smith Refaire le II- en partant de Durkheim face à Adam smith et aux économistes (voir extraits Dk DTS et commentaire de Tonnies)
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1- un ensemble d’individus qui ont des relations d’échanges
1.1- l’échange marchand serait une nécessité naturelle (A.Smith) Dans presque toutes les espèces d'animaux, chaque individu, quand il est parvenu à sa pleine croissance, est tout à fait indépendant, et, tant qu'il reste dans son état naturel, il peut se passer de l'aide de toute autre créature vivante. Mais l'homme a presque continuellement besoin du secours de ses semblables, et c'est en vain qu'il l'attendrait de leur seule bienveillance. Il sera bien plus sûr de réussir, s'il s'adresse à leur intérêt personnel et s'il leur persuade que leur propre avantage leur commande de faire ce qu'il souhaite d'eux. C'est ce que fait celui qui propose à un autre un marché quelconque ; le sens de sa proposition est ceci : Donnez-moi ce dont j'ai besoin, et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin vous-même ; et la plus grande partie de ces bons offices qui nous sont si nécessaires, s'obtient de cette façon. Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n'est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c'est toujours de leur avantage. Il n'y a qu'un mendiant qui puisse se résoudre à dépendre de la bienveillance d'autrui ; encore ce mendiant n'en dépend-il pas en tout : c'est bien la bonne volonté des personnes charitables qui lui fournit le fond entier de sa subsistance ; mais quoique ce soit là en dernière analyse le principe d'où il tire de quoi satisfaire aux besoins de sa vie, cependant ce n'est pas celui-là qui peut y pourvoir à mesure qu'ils se font sentir. La plus grande partie de ses besoins du moment se trouvent satisfaits comme ceux des autres hommes, par traité, par échange et par achat. Avec l'argent que l'un lui donne, il achète du pain. Les vieux habits qu'il reçoit d'un autre, il les troque contre d'autres vieux habits qui l'accommodent mieux, ou bien contre un logement, contre des aliments, ou enfin contre de l'argent qui lui servira à se procurer un logement, des aliments ou des habits quand il en aura besoin. 5
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Exercice : reconstituer les 2 syllogismes de Smith :
Premier raisonnement : l.1-12 • L’homme est un animal → a des besoins Mais il a des moyens propres de les satisfaire → il a besoins des autres • Or, il ne peut compter sur la bienveillance (don désintéressé) • donc, il ne peut compter que sur le « don » intéressé : le don en échange de … Deuxième raisonnement : l.12 – l. 21 • le mendiant semble vivre du don désintéressé : il reçoit de la charité • or, celle-ci ne peut subvenir à tous ses besoins. Au contraire, pour cela, il doit procéder aussi à des échanges. • donc même le mendiant vit des échanges intéressés. → La société reposerait, en son principe, sur la loi des échanges intéressés, sur l’intérêt bien compris. Ni sur les liens moraux, ni sur les principes politiques, mais sur l’intérêt vital dont les échanges mrachands sont le prolongement.
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(sous condition de concurrence)
Extrait de la Théorie des sentiments moraux 7 1.2- l’harmonie naturelle des échanges : la « main invisible » du marché les échanges de biens : • l’échange économique est avant tout intéressé : chacun en poursuivant son propre intérêt, contribue à l’intérêt de l’autre. • Un échange consenti par les deux partis, non contraints, et informé, est réellement intéressant et équitable. (sous condition de concurrence) • Donc l’Etat (les pouvoirs publics) n’ont pas à intervenir dans ces relations d’échange libre. Pas besoin d’un Etat pour produire organiser ces échanges fixer les prix 7
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La poursuite des intérêts individuels s’harmonisent de manière mécanique, comme par l’action d’une « main invisible »
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2. la société moderne pourrait s’organiser sans but communs ni pouvoir central (Hayek)
L'on reproche souvent à [ma conception de la société] et à son ordre de marché de manquer d'une échelle d'importance convenue quant aux fins à poursuivre. Mais c'est précisément là son grand mérite, c'est ce qui rend possibles la liberté personnelle et toutes les valeurs qui s'y rattachent. La [Société telle que je l’envisage] a pris forme grâce à la découverte du fait que les hommes peuvent vivre ensemble pacifiquement et pour le plus grand avantage de chacun, sans qu'il leur faille se mettre d'accord sur les objectifs qu'ils poursuivent indépendamment les uns des autres. En substituant des règles abstraites de conduite à des fins concrètes obligatoires, l'on découvrit que cela rendait possible l'extension d'un ordre pacifique au-delà des petits groupes poursuivant les mêmes objectifs, parce que cela permettait à chaque individu de profiter des talents et des connaissances des autres, sans même les connaître et quelle que soit la diversité de leurs buts, indépendants du sien. Le pas décisif qui rendit possible une telle collaboration pacifique en l'absence de buts communs fut le recours au troc ou à l'échange. C'était simplement reconnaître qu'une même chose peut servir à des usages différents pour des personnes différentes, et que souvent chacun des deux individus obtiendrait un avantage s'il recevait ce que l'autre possédait, moyennant qu'il donne à l'autre ce dont cet autre avait besoin. Tout ce qu'il fallait pour que cela fût réalisable, c'était que soient reconnues des règles déterminant ce qui appartenait à chacun, et la façon dont cette propriété pourrait être transférée par consentement mutuel. Les parties n'avaient nul besoin de se mettre d'accord sur les objectifs que chacun avait en vue en décidant cette transaction. C'est à vrai dire un caractère marquant de ces actes d'échange, qu'ils servent des buts différents et indépendants, propres à chacun des partenaires; et qu'ainsi la même transaction sert de moyen pour les fins distinctes de l'une et l'autre partie. Il est vraisemblable que les parties tirent d'autant plus d'utilité de l'échange que leurs besoins diffèrent davantage. Alors qu'au sein d'une organisation les différents membres rendent service aux autres dans la mesure où ils sont amenés tous à poursuivre les mêmes objectifs, dans une catallaxie ils sont poussés à contribuer aux projets des autres sans aucunement s'en soucier et sans même les connaître La société n’est ni simplement naturelle (elle est bien produite par l’action des hommes) ni seulement artificielle : elle n’est pas le simple produit d’une intention consciente, comme un artefact : elle est le produit non intentionel d’intention. L’ »ordre spontanée » s’oppose ainsi à l’ordre naturel et à l’ordre artificiel constructiviste type rousseau, etc. Droit, Législation et Liberté ( ) est, avec The Constitution of Liberty, l'œuvre majeure de Hayek. L'ensemble du système y est cette fois exposé de façon entièrement synthétique. On y trouve : 1) une théorie épistémologique des ordres, « naturels », « artificiels » et « spontanés » (ou « auto-organisés ») ; 2) une psychologie cognitive, mettant en évidence le rôle des « schèmes » de perception et d'action et du psychisme « métaconscient » dans la pratique humaine ; 3) une théorie du droit et de l'État , où l'État tient sa légitimité de ce qu'il protège un droit qui lui préexiste et qui limite sa souveraineté ; 4) une théorie cognitive de la propriété privée, qui fonde celle-ci dans le fait qu'elle permet seule l'« ajustement mutuel des anticipations » ; 5) une théorie de la catallaxie, ou de l'économie comme ordre essentiellement polycentrique ; 6) une théorie de l'évolution culturelle et de l'origine des valeurs morales, lesquelles sont conçues comme le produit d'un processus d'« essais et d'erreurs » mémorisé par la société qui a conservé celles qui se sont révélées les plus efficientes ; 7) la thèse de la supériorité anthropologique sociale et intellectuelle, sur toutes les autres formes connues, de la société libérale moderne, ; 8) enfin, une théorie constitutionnelle ; Hayek montre que, dans nos systèmes représentatifs modernes, les gouvernements et les parlements ne sont plus que l'émanation d'une même majorité, soumise à la logique du « marché politique ». Il n'y a plus de séparation des pouvoirs, puisque le législatif fait ou défait les lois en fonction de la politique voulue par l'exécutif. Hayek imagine alors un mécanisme permettant de revenir à une véritable séparation des pouvoirs. Pour Hayek, comme il l'affirme dès le premier tome de l'ouvrage (Règles et Ordre), le monde économique est radicalement incertain et complexe, car l'information n'y existe que sous forme partielle et fragmentée. La prise en compte de cette opacité informationnelle invite d'abord à rompre avec la représentation microéconomique traditionnelle de l'action économique comme le fruit d'un calcul rationnel (chap. i). Pour effectuer ses choix, l'individu ne dispose, en effet, que de capacités limitées en matière de collecte et de traitement de l'information. Cela implique, ensuite, de comprendre comment de multiples actions individuelles aveugles peuvent se coordonner. Hayek introduit alors ce qui constitue le cœur de Droit, législation et liberté : la distinction entre les ordres sociaux construits et les ordres sociaux spontanés (chap. ii). Les premiers sont des artifices « fabriqués » par les individus dans un but déterminé. Les seconds, au contraire, ne sont en aucun cas le résultat d'une intention : ils sont « auto-organisés ». Tout l'enjeu de l'ouvrage est de montrer que ces ordres spontanés sont plus efficaces et plus justes que les ordres construits pour gérer la complexité du social (chap. iii). Ce faisant, Hayek introduit une posture épistémologique originale, le rationalisme limité. La connaissance à laquelle parvient l'économiste ou le juriste est nécessairement limitée car l'ordre spontané réalise ce dont précisément un esprit humain est incapable. Les juristes positivistes tel Hans Kelsen, les tenants de la planification derrière Oskar Lange ou même les économistes néo-classiques dans la lignée de Léon Walras partagent tous, selon Hayek, une même illusion scientiste : prétendre pouvoir, par la raison et la science, contrôler le social. Le deuxième tome de l'ouvrage (Le Mirage de la justice sociale) étudie alors la justice et l'efficacité d'un ordre spontané particulier, le marché. C'est d'abord parce que le marché n'impose aucune conception particulière du bien à l'ensemble des membres de la société qu'il peut être qualifié de juste. Il les laisse ainsi libres de poursuivre leurs fins privées (chap. vii et viii). Le corollaire immédiat étant que seul un critère procédural peut permettre de juger un état social : le respect de règles générales et impersonnelles – principalement le respect de la propriété, des contrats et des règles de responsabilité. Toute autre intervention, y compris les politiques sociales, revient à imposer certaines fins privées à l'ensemble des membres de la société (chap. ix). Injustes, ces interventions sont également inefficaces, car elles modifient les signaux du marché. Principaux vecteurs d'information à la disposition des agents, les prix résument, en effet, l'ensemble des informations pertinentes sur la rareté relative des biens. Il faut, selon Hayek, se représenter la concurrence comme cette « procédure de découverte » de l'information (chap. x). Les innovations de l'entrepreneur, l'existence de monopoles temporaires, les opérations du spéculateur, les comportements d'imitation sont autant d'éléments vitaux de ce processus. L'auto-organisation du marché permet ainsi de communiquer l'information de manière beaucoup plus efficace que n'importe quel « ordre construit », tel un bureau de planification ou un État interventionniste (chap. xi). Après avoir étudié l'efficacité et la justice du marché, Hayek tente alors, dans un dernier tome aux allures de projet constitutionnel (L'Ordre politique d'un peuple libre), de préciser les mécanismes institutionnels capables de préserver la société libérale. Deux principes guident les propositions hayékiennes, afin d'éviter les dérives interventionnistes et autoritaires : une séparation claire des pouvoirs et la limitation de la souveraineté et du pouvoir législatif. Ce n'est qu'à ces conditions que la liberté et le marché, entités fragiles et sans cesse menacées selon Hayek, pourront être préservées. F.Hayek 9
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• remarques introductives :
Hayek tient ici un discours normatif : il indique la voix (politique) à suivre pour organiser au mieux une société discours normatif ≠ descriptif Il radicalise la thèse de Smith : c’est toute la société qui doit être organisée sur le principe du libre-échange (encadré par quelques règles juridiques) pour préserver la liberté individuelle.
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• explication de texte :
- « des petits groupes poursuivant les mêmes objectifs » → communautés religieuses ; associations sportives ; clubs de supporter « profiter des talents et connaissances des autres, sans mêmes les connaître et quelque soit la diversité de leurs buts, indépendants du sien » → échange de biens artisanaux, échanges de services… « ils sont poussés à contribuer au projets des autres sans aucunement s’en soucier et sans même les connaitre » exemple du système bancaire : les dépôts des uns servent aux emprunts des autres. La valeur morale et politique principale : la liberté individuelle - le communisme et le nationalisme ont porté atteinte à la liberté individuelle l’un au nom de l’égalité réelle, l’autre au nom de l’idée de nation et du sacrifice pour la patrie.
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D’après Hayek, avoir des fins communes caractérisent les sociétés archaïques.
Une société modernes qui imposerait de telles fins seraient donc réactionnaire : c’est le cas des sociétés nationalistes ou communistes Certes, nous pouvons adhérer et nous intégrer dans des communautés restreintes, mais la société dans son ensemble n’est pas une telle communauté, et donc ne peut nous imposer quoique ce soit. Une société moderne serait donc et devrait être individualiste Au sens de Toqueville (individualisme bourgeois) Au sens de Dumont (autonomie dans le choix des fins)
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Les idées d’Aristote témoignent de la société prémoderne : les sociétés traditionnelles où les citoyens partagent des pratiques, une morales, des valeurs, et des fins communes. C’est la cité, qui n’est pas une société moderne. La cité n’est manifestement pas une simple communauté de lieu pour empêcher les injustices réciproques, et pour faciliter les échanges ; ce sont là, certes, des conditions indispensables s’il doit y avoir une cité ; néanmoins seraient-elles toutes réunies, qu’on aurait pas encore une cité : une cité, c’est la communauté en vue du « bien vivre » [et non seulement en vie de « vivre »] (…) Voilà d’où sont nés, dans les Etats, les alliances de familles, les sacrifices publics, et les divertissements de la vie en commun. Ces diverses activités sont l’œuvres de l’amitié (philia) car le choix délibéré e la vie en commun, c’est de l’amitié • •
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Critique interne : un paradoxe :
Hayek pose la liberté individuelle comme une valeur absolue, une fin à respecter absolument… alors qu’il critique l’idée de former une société sur une certaine valeur une différence avec les fins imposées dans les sociétés traditionnelles, communistes ou nationalistes : pas de contenu positif, mais simplement négatif. 14
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L’histoire économique n’en a pas fait la preuve (ex : krach boursier)
Critiques externes : économique : ces échanges marchands produisent-ils vraiment l’harmonie des intérêts ? L’histoire économique n’en a pas fait la preuve (ex : krach boursier) - anthropologiques : - Les échanges qui font le lien social ne sont-ils que les échanges de type marchand ? - La société ne repose-t-elle vraiment pas sur certaines valeurs ? L’adhésion à une certaine morale n’est-elle que prémoderne ? 15
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• dans les sociétés traditionnelles :
« le trop grand empressement que l’on a de s’acquitter d’une obligation est une espèce d’ingratitude » La Rochefoucauld 1616 II- la société moderne ne se réduit pas à un espace de relation marchande 1- les échanges de la société marchande ne sont qu’un aspect du système d’échange (Mauss vs les économistes classiques) • dans les sociétés traditionnelles : Sociétés traditionnelles Idéologie moderne Qui échange ? Quoi ? Comment ? Pourquoi ? (fonctions) 16
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Sociétés traditionnelles Idéologie moderne Qui échange ?
« le trop grand empressement que l’on a de s’acquitter d’une obligation est une espèce d’ingratitude » La Rochefoucauld 1717 Sociétés traditionnelles Idéologie moderne Qui échange ? Les collectivités Les individus Quoi ? Marques de respects, services, biens et personnes Biens et services marchands Comment ? Dons suivis de contre-dons quasi obligatoires Échange marchands Pourquoi ? (fonctions) Fonctions sociales et symboliques Fonction économique 17
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L'invitation doit être rendue, tout comme la « politesse ». »
• nos sociétés modernes-mêmes ne sont pas que de sociétés marchandes : il s’y trouve des restes de relations d’échanges traditionnelles. « Une partie considérable de notre morale et de notre vie elle-même stationne toujours dans cette même atmosphère du don, de l'obligation et de la liberté mêlés. Heureusement, tout n'est pas encore classé exclusivement en termes d'achat et de vente. Les choses ont encore une valeur de sentiment en plus de leur valeur vénale, si tant est qu'il y ait des valeurs qui soient seulement de ce genre. Nous n'avons pas qu'une morale de marchands. Il nous reste des gens et des classes qui ont encore les mœurs d'autrefois et nous nous y plions presque tous, au moins à certaines époques de l'année ou à certaines occasions. Le don non rendu rend encore inférieur celui qui l'a accepté, surtout quand il est reçu sans esprit de retour. (…) La charité est encore blessante pour celui qui l'accepte (…). L'invitation doit être rendue, tout comme la « politesse ». » Analyser la « forme de l'échange dans les sociétés archaïques », c'est marquer une rupture critique, bien dans la ligne de Marx, avec le formalisme économique. À une conception imaginaire de l'origine des rapports marchands selon laquelle monnaie et marché auraient été préfigurés par le troc entre producteurs, aux « robinsonnades » qui fleurissent dans la science de ce temps, Mauss apporte le démenti des faits : « Dans les économies [...] qui ont précédé les nôtres, on ne constate pour ainsi dire jamais de simples échanges de [...] produits au cours d'un marché passé entre individus. » Car : 1o ce ne sont pas des individus qui échangent, mais des groupes « qui s'obligent mutuellement » ; 2o on n'échange pas seulement des biens mais aussi « des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes, des foires dont le marché n'est qu'un des moments » ; 30 enfin, ces échanges prennent la forme de prestations « plutôt volontaires », c'est-à-dire de cadeaux donnés et reçus sans contrepartie immédiate ni même convenue. Ce que Mauss englobe ainsi sous l'appellation générale de « systèmes de prestations totales », ce sont, outre les dons échangés, toutes sortes de prestations liées aux organismes sociaux : les compensations matrimoniales, les sacrifices religieux et les transferts de biens associés généralement au pouvoir. C'est là que, le plus clairement, Mauss analyse l'échange par dons comme un moment de l'histoire des systèmes économiques, une phase intermédiaire entre les systèmes de prestations totales, c'est-à-dire de groupe à groupe, et les contrats individuels où règne la loi du marché. Rapports privés d’invitations institutions publiques de l’Etat providence (cf. cas des bénéficiaires potentiels du RSA) 18
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• Mauss montre ainsi que les échanges marchands et autres contrats entre individu ne sont pas « naturels » : ils ont une histoire. Les formes des échanges (comme d’ailleurs la propriété) sont conventionnelles, culturelles. Analyser la « forme de l'échange dans les sociétés archaïques », c'est marquer une rupture critique, bien dans la ligne de Marx, avec le formalisme économique. À une conception imaginaire de l'origine des rapports marchands selon laquelle monnaie et marché auraient été préfigurés par le troc entre producteurs, aux « robinsonnades » qui fleurissent dans la science de ce temps, Mauss apporte le démenti des faits : « Dans les économies [...] qui ont précédé les nôtres, on ne constate pour ainsi dire jamais de simples échanges de [...] produits au cours d'un marché passé entre individus. » Car : 1o ce ne sont pas des individus qui échangent, mais des groupes « qui s'obligent mutuellement » ; 2o on n'échange pas seulement des biens mais aussi « des politesses, des festins, des rites, des services militaires, des femmes, des enfants, des danses, des fêtes, des foires dont le marché n'est qu'un des moments » ; 30 enfin, ces échanges prennent la forme de prestations « plutôt volontaires », c'est-à-dire de cadeaux donnés et reçus sans contrepartie immédiate ni même convenue. Ce que Mauss englobe ainsi sous l'appellation générale de « systèmes de prestations totales », ce sont, outre les dons échangés, toutes sortes de prestations liées aux organismes sociaux : les compensations matrimoniales, les sacrifices religieux et les transferts de biens associés généralement au pouvoir. C'est là que, le plus clairement, Mauss analyse l'échange par dons comme un moment de l'histoire des systèmes économiques, une phase intermédiaire entre les systèmes de prestations totales, c'est-à-dire de groupe à groupe, et les contrats individuels où règne la loi du marché. 19
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2. La société moderne est toujours holiste, comme toute société
Si l'intérêt rapproche les hommes, ce n'est jamais que pour quelques instants ; il ne peut créer entre eux qu'un lien extérieur. Dans le fait de l'échange, les divers agents restent en dehors les uns des autres, et l'opération terminée, chacun se retrouve et se reprend tout entier. Les consciences ne sont que superficiellement en contact ; ni elles ne se pénètrent, ni elles n'adhèrent fortement les unes aux autres. Si même on regarde au fond des choses, on verra que toute harmonie d'intérêts recèle un conflit latent ou simplement ajourné. Car, là où l'intérêt règne seul, comme rien ne vient refréner les égoïsmes en présence, chaque moi se trouve vis-à-vis de l'autre sur le pied de guerre et toute trêve à cet éternel antagonisme ne saurait être de longue durée. Durkheim, La division du travail social (1893)
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même là où la société repose le plus complètement sur la division du travail, elle ne se résout pas en une poussière d'atomes juxtaposés, entre lesquels il ne peut s'établir que des contacts extérieurs et passagers. Mais les membres en sont unis par des liens qui s'étendent bien au-delà des moments si courts où l'échange s'accomplit. Chacune des fonctions qu'ils exercent est, d'une manière constante, dépendante des autres et forme avec elles un système solidaire. Par suite, de la nature de la tâche choisie dérivent des devoirs permanents. Parce que nous remplissons telle fonction domestique ou sociale, nous sommes pris dans un réseau d'obligations dont nous n'avons pas le droit de nous affranchir. Il est surtout un organe vis-à-vis duquel notre état de dépendance va toujours croissant : c'est l'État. Les points par lesquels nous sommes en contact avec lui se multiplient ainsi que les occasions où il a pour charge de nous rappeler au sentiment de la solidarité commune. Ainsi, l'altruisme n'est pas destiné à devenir, comme le veut M. Spencer, une sorte d'ornement agréable de notre vie sociale ; mais il en sera toujours la base fondamentale. Comment, en effet, pourrions-nous jamais nous en passer ? Les hommes ne peuvent vivre ensemble sans s'entendre et, par conséquent, sans se faire des sacrifices mutuels, sans se lier les uns aux autres d'une manière forte et durable. Toute société est une société morale. A certains égards, ce caractère est même plus prononcé dans les sociétés organisées. Parce que l'individu ne se suffit pas, c'est de la société qu'il reçoit tout ce qui lui est nécessaire, comme c'est pour elle qu'il travaille. Ainsi se forme un sentiment très fort de l'état de dépendance où il se trouve : il s'habitue à s'estimer à sa juste valeur, c'est-à-dire à ne se regarder que comme la partie d'un tout, l'organe d'un organisme » « C'est donc à tort qu'on oppose la société qui dérive de la communauté des croyances à celle qui a pour base la coopération, en n'accordant qu'à la première un caractère moral, et en ne voyant dans la seconde qu'un groupement économique. En réalité, la coopération a, elle aussi, sa moralité intrinsèque. (…) Mais elle n'est pas de même nature que l'autre. Celle-ci n'est forte que si l'individu ne l'est pas. Faite de règles qui sont pratiquées par tous indistinctement, elle reçoit de cette pratique universelle et uniforme une autorité qui en fait quelque chose de surhumain et qui la soustrait plus ou moins à la discussion. L'autre, au contraire, se développe à mesure que la personnalité individuelle se fortifie. Si réglementée que soit une fonction, elle laisse toujours une large place à l'initiative de chacun. Même beaucoup des obligations qui sont ainsi sanctionnées ont leur origine dans un choix de la volonté. C'est nous qui choisissons notre profession et même certaines de nos fonctions domestiques. Sans doute, une fois que notre résolution a cessé d'être intérieure et s'est traduite au-dehors par des conséquences sociales, nous sommes liés : des devoirs s'imposent à nous que nous n'avons pas expressément voulus. C'est pourtant dans un acte volontaire qu'ils ont pris naissance. Enfin, parce que ces règles de conduite se rapportent, non aux conditions de la vie commune, mais aux différentes formes de l'activité professionnelle, elles ont par cela même un caractère plus temporel, pour ainsi dire, qui tout en leur laissant leur force obligatoire, les rend plus accessibles à l'action des hommes. »
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La morale professionnelle (dans le cadre de la division du travail)
La conscience collective et les représentations collectives propres à une profession et au-delà : la conscience nationale Les faits sociaux La morale professionnelle (dans le cadre de la division du travail) La société n’est pas d’abord formée d’individus, mais d’institutions, de conventions dans quelles s’intègrent les individus → sociologie holiste (holos : tout, totalité)
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« L’homme est un animal politique »
3- l’idée d’Aristote n’est donc pas seulement archaïque « L’homme est un animal politique » La cité n’est manifestement pas une simple communauté de lieu pour empêcher les injustices réciproques, et pour faciliter les échanges ; ce sont là, certes, des conditions indispensables s’il doit y avoir une cité ; néanmoins seraient-elles toutes réunies, qu’on aurait pas encore une cité : une cité, c’est la communauté en vue du « bien vivre » [et non seulement en vie de « vivre »] (…) Voilà d’où sont nés, dans les Etats, les alliances de familles, les sacrifices publics, et les divertissements de la vie en commun. Ces diverses activités sont l’œuvres de l’amitié (philia) car le choix délibéré e la vie en commun, c’est de l’amitié • • 23
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Conditions nécessaires ≠ conditions suffisantes
« Bien vivre » : vivre suivant certaines valeurs communes = Vivre en accomplissant certaines activités communes religieuses (ou équivalents modernes) ludiques et festives - La « philia » est le nom du lien social qui est plus un lien culturel qu’un simple lien de coexistence ou un simple lien d’échanges. La cité doit avoir aussi une dimension politique : échange et débat public sur ce que nous devons faire ensemble → organiser ensemble les activités sociales (ex: économie) et la société elle-même (politique) de manière raisonnable.
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III- échanges et justice sociale
1- des limites morales et politiques à la marchandisation du corps • Il est faux de dire que des échanges consentis sont toujours dans l’intérêt des individus : souvent nous n’avons pas vraiment le choix → obstacle à la mobilité ; manque de formations, etc. → la mise à disposition du corps : prostitution, vente d’organe, GPA. travail épuisant. • Lorsque ce sont les circonstances sociales, environnementales, et économiques qui motivent les individus à se vendre dans un sens contraires à des valeurs morales partagées, alors l’Etat doit intervenir: Interdire certaines activités Offrir les moyens aux individus de s’en sortir 25
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2. Une redistribution des richesses
• les inégalités engendrées par le système d’échange sont souvent - ni dans l’intérêt de tous (cf. fortune dormante; consommation de luxe) - ni justes (héritier) • un système de redistribution des richesses peut donc être utile et juste
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3- les échanges dans un système de solidarité :
• système privé : contrat (promesse mutuelle et biconditionnelle) entre le consommateur et une entreprise d’assurance (privée) • système de solidarité public : chacun cotise pour tous, tous cotise pour chacun • but : limiter l’exclusion, entretenir le lien social, préserver le sens du commun. 27
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3- les échanges au sein d’une société communiste (selon les marxistes)
Système communiste Système capitaliste-libéral propriété 28
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3- les échanges au sein d’une société communiste (selon les marxistes)
Système communiste Système capitaliste-libéral propriété commune privée 29
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3- les échanges au sein d’une société communiste (selon les marxistes)
Système communiste Système capitaliste-libéral propriété commune privée Répartition des tâches 30
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3- les échanges au sein d’une société communiste (selon les marxistes)
Système communiste Système capitaliste-libéral propriété commune privée Répartition des tâches En commun (mais laisse une part aux préférences individuelles) Négociation et transaction entre les individus déterminent qui accomplira les tâches nécessaires à tous. 31
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3- les échanges au sein d’une société communiste (selon les marxistes)
Système communiste Système capitaliste-libéral propriété commune privée Répartition des tâches En commun (mais laisse une part aux préférences individuelles) Négociation et transaction entre les individus déterminent qui accomplira les tâches nécessaires à tous. Principe d’échange 32
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3- les échanges au sein d’une société communiste (selon les marxistes)
Système communiste Système capitaliste-libéral propriété commune privée Répartition des tâches En commun (mais laisse une part aux préférences individuelles) Négociation et transaction entre les individus déterminent qui accomplira les tâches nécessaires à tous. Principe d’échange Échange non conditionnel: Je te donne / je fais, puis je recevrai / je bénéficierai échange conditionnel: Je te donne / je fais, si je reçois en échange / bénéficie en retour 33
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3- les échanges au sein d’une société communiste (selon les marxistes)
Système communiste Système capitaliste-libéral propriété commune Privée Répartition des tâches En commun (mais laisse une part aux préférences individuelles Négociation et transaction entre les individus déterminent qui accomplira les tâches nécessaires à tous. Principe d’échange échange non conditionnel : Je te donne / je fais, puis je recevrai / je bénéficierai échange conditionnel : Je te donne / je fais, si je reçois en échange / bénéficie en retour motivation 34
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3- les échanges au sein d’une société communiste (selon les marxistes)
Système communiste Système capitaliste-libéral propriété commune privée Répartition des tâches En commun (mais laisse une part aux préférences individuelles Négociation et transaction entre les individus déterminent qui accomplira les tâches nécessaires à tous. Principe d’échange Réciprocité non conditionnelle : Je te donne / je fais, puis je recevrai / je bénéficierai Réciprocité conditionnelle : Je te donne / je fais, si je reçois en échange / bénéficie en retour Motivation Un certain altruisme Pur égoïsme, naturel et encouragé par le système. 35
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