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Publié parAurore Chagnon Modifié depuis plus de 8 années
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Communication présentée à la Journée d’automne de la SFPE-AT
24-25 novembre 2012 Communication présentée à la Journée d’automne de la SFPE-AT Art-thérapie et amélioration de la dépression chez les personnes âgées dépendantes Résultats d’une étude exploratoire en EHPAD Recherche réalisée par Nicolas Delrue et Silke Schauder IED-Université Paris 8 Diapo 1. Nous allons vous présenter les résultats d’une étude exploratoire menée en EHPAD et portant sur l’Art-thérapie et l’amélioration de la dépression chez huit personnes âgées dépendantes. Il s’agit d’une recherche réalisée dans le cadre du séminaire de recherche de Master 1 en psychologie clinique, dirigé par Madame Silke Schauder à l’IED-Université Paris 8. Cette recherche a été réalisée à l’aide d’échelles quantitatives et d’entretiens semi-directifs. Pourquoi cette recherche ? Tout d’abord en raison d’un constat = en : « 2050, près d’un habitant sur trois aurait plus de 60 ans, contre un sur cinq en 2005 » ET le nombre de personnes de plus de 85 ans croît rapidement (selon Robert-Bobée, 2007). Autre constat : le vieillissement est une véritable question de santé publique, notamment avec le plan Alzheimer.
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Problématique Plusieurs constats issus de la littérature : > La vieillesse provoque des bouleversements synonymes de pertes, qui peuvent conduire à une dépendance, à une institutionnalisation. > Cette dépendance s’associe souvent à des troubles dépressifs. > Les auteurs indiquent que l’art-thérapie peut être adaptée aux personnes âgées en institution. > Cependant, cette efficacité reste à valider : Diapo 2. Une revue de la littérature, basée sur des auteurs comme Ferrey-Le Goues (2008), Cappelier (2000) pour le vieillissement et Klein (2008), Sudres (2004) pour l’art-thérapie, nous a permis de mettre en avant plusieurs faits. Tout d’abord, la vieillesse provoque de profonds bouleversements synonymes de pertes. Ensuite, ces bouleversements peuvent conduire à l’installation d’une dépendance, et à une institutionnalisation. Et, enfin, cette dépendance s’associe souvent à des troubles dépressifs, surtout s’il y a institutionnalisation. D’autre part, les auteurs indiquent que l’art-thérapie peut être adaptée aux personnes âgées qui sont placées en institution. Toutefois, peu d’études existent sur l’efficacité de l’art-thérapie, surtout chez le sujet âgé dépendant souffrant de dépression. Comme cette efficacité reste à valider, cette recherche a eu pour question de départ : L’art-thérapie peut-elle améliorer la dépression chez les personnes âgées dépendantes ? L’art-thérapie peut-elle améliorer la dépression chez les personnes âgées dépendantes ?
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Hypothèses opérationnelles
Nous devrions constater : > (H1) : une amélioration de l'humeur dépressive > (H2) : une diminution du sentiment de désespoir > (H3) : une diminution de l'auto-dépréciation > (H4) : une diminution des idées noires ou suicidaires Diapo 3. Notre hypothèse générale est que l’art-thérapie pourrait améliorer la dépression chez les personnes âgées dépendantes. Nous supposons alors, que devrait être constatée une amélioration des troubles dépressifs chez le sujet âgé dépendant pris en charge en art-thérapie, selon les 4 composantes principales qui sont investiguées par l’Echelle Gériatrique de Dépression (de Yesavage, 1983) et par l’Echelle de dépression de Calgary (1998). Ces 4 composantes sélectionnées sont issues du regroupement des items de ces échelles, en laissant de côté les items somatiques car ils ne permettent pas d’investiguer la dépression chez la personne âgée dépendante. Nous devrions ainsi constater : une amélioration de l’humeur dépressive, une diminution du sentiment de désespoir, une diminution de l’auto-dépréciation, et une diminution des idées noires ou suicidaires chez les personnes âgées dépendantes prises en charge en art-thérapie. chez la personne âgée dépendante prise en charge en art-thérapie.
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Méthodologie Lieu d’étude :
(1/2) Lieu d’étude : Une résidence de retraite médicalisée - EHPAD. Population d’étude : 8 sujets : 4 cibles (participant aux ateliers d’art-thérapie) et 4 témoins (sans prise en charge). Outils utilisés : Outils quantitatifs et qualitatifs : - GDS (Yesavage, 1983), - guide d’entretien semi-directif de l’échelle de Calgary (1998), - grille de Lairez-Sosiewicz (2010). Diapo 4. - Notre recherche s’est déroulée au sein d’une résidence de retraite médicalisée – Ehpad accueillant 45 personnes âgées dépendantes. - Notre population d’étude est constituée de : 8 sujets : avec 4 sujets cibles (participant aux ateliers d’art-thérapie) et 4 sujets témoins (sans prise en charge). Il y a 2 hommes et 6 femmes (ce choix est représentatif de la population institutionnalisée). Tous les sujets participant à cette recherche répondent à des critères d’inclusion précis : - Pour la Dépendance : les sujets sont tous diagnostiqués dépendants avec la grille Aggir et le MMSE (c’est-à-dire le Mini Mental State Examination, 1975), - Pour la Dépression : les sujets présentent tous des troubles dépressifs, mesurés avec l’échelle gériatrique de dépression (ou GDS de 1998). Les outils d’évaluation utilisés dans cette recherche sont quantitatifs et qualitatifs : - Pour évaluer la dépression nous avons utilisé la GDS de Yesavage (1983) dans sa version de 15 items pour s’adapter aux personnes âgées rapidement fatigables, et nous avons utilisé le guide d’entretien semi-directif de l’échelle de dépression de Calgary, en sélectionnant ses 4 items non somatiques. - Pour évaluer les ateliers d’art-thérapie, nous avons choisi la grille de Lairez-Sosiewicz (2010) qui a l’avantage d’être hétéro-évaluative, car les participants ne souhaitaient pas ou ne pouvaient pas répondre par auto-évaluation.
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Méthodologie (2/2) Diapo 5.
Le déroulement de notre recherche s’est fait sur 10 semaines, comme le montre ce plan d’expérimentation. C’est-à-dire que nous avons réalisé 10 séances d’art-thérapie hebdomadaires d’une heure chacune, utilisant la médiation de l’argile. Des évaluations répétées de la dépression des participants cibles et témoins ont eu lieu au début de l’étude (avant le début des prises en charge), au milieu de l’étude et en fin d’étude (après la fin des prises en charge). En outre, trois évaluations des ateliers d’art-thérapie ont eu lieu pour les sujets cibles : après le premier atelier, après le 5e atelier et après le 10e et dernier atelier.
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Résultats : présentation générale des données
(1/2) Diapo 6. Nous avons ensuite réalisé une analyse descriptive et une analyse statistique des résultats. Pour l’analyse statistique inférentielle nous avons utilisé le test non paramétrique U de Mann-Whitney, en raison de la non normalité de notre distribution et de l’effectif de notre population d’étude. Le graphique ici représenté indique que les résultats globaux de la recherche montrent une diminution importante de la dépression pour la population cible (le trait rouge sur le graphique), alors que la dépression reste toujours importante pour le groupe contrôle (le trait noir). Pour l’analyse statistique des données, nous avons, ici, reporté le tableau des résultats du test U de Mann-Withney. Cette analyse statistique confirme la significativité des changements observés : c’est-à-dire que les sujets pris en charge en art-thérapie présentent un niveau de dépression significativement plus faible que les sujets sans prise en charge, en fin d’étude. = .02.
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Résultats : présentation générale des données
(2/2) Diapo 7. En parallèle, ce graphique indique qu’il y a eu un investissement important des sujets du groupe cible dans l’atelier d’art-thérapie, dès la première séance. Et cet investissement augmente fortement au cours des séances.
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Résultats concernant l’humeur dépressive (H1) :
Diapo 8. Maintenant, il est possible de se pencher plus précisément sur les différentes composantes de la dépression chez le sujet âgé dépendant. Tout d’abord, le graphique, ici reproduit, résume les résultats concernant l’humeur dépressive. Ces résultats confirment qu’une prise en charge en art-thérapie améliore l’humeur dépressive chez les personnes âgées dépendantes, qui passe globalement de sévère à modérée. Au contraire, les sujets du groupe contrôle gardent une humeur dépressive sévère et persistante. La photo d’une production de Madame M. illustre bien le fait que ce traitement psychothérapeutique permet de travailler spécifiquement à l’amélioration de l’humeur. Ici, Madame M. qui présente une humeur dépressive sévère en début d’étude est capable (au 8e atelier) d’exprimer de la joie, de la gaieté.
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Résultats concernant le sentiment de désespoir (H2) :
Diapo 9. Les résultats concernant le sentiment de désespoir confirment qu’une prise en charge en art-thérapie diminue le sentiment de désespoir chez les personnes âgées dépendantes qui passe de plutôt sévère à modéré, alors que ce sentiment de désespoir reste fort et constant dans le groupe ne participant pas aux ateliers. L’analyse des résultats indique aussi que cette prise en charge permet une projection plus positive dans un futur où le sujet redevient acteur de sa vie. Ici, la photo d’une production de Madame C. illustre bien cela. Elle envisage désormais de pouvoir rentrer un jour chez elle, et pour cela elle a ouvert la porte de sa maison et nous parle de ce qu’elle y fera peut-être un jour.
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Résultats concernant l’auto-dépréciation (H3) :
Diapo 10. Les résultats concernant l’auto-dépréciation permettent de confirmer qu’une prise en charge en art-thérapie diminue l’auto-dépréciation chez les personnes âgées dépendantes, qui passe de sévère à modérée ou à inexistante. En revanche, cette auto-dépreciation reste constante chez les sujets témoins entre le début et la fin de la recherche. Et l’analyse des ateliers d’art-thérapie indique qu’ils permettent une renarcissisation des patients à partir de leurs créations. C’est le cas pour Monsieur C. dont une production est ici reproduite. Monsieur C. se dévalorisait sans cesse et disait ne pas savoir modeler, « être nul ». Mais, peu à peu, il se déclare satisfait de ses productions et a voulu reprendre plusieurs activités proposées à l’EHPAD.
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Résultats concernant les idées noires et suicidaires (H4) :
Diapo 11. Enfin, les résultats concernant les idées noires indiquent qu’une prise en charge en art-thérapie diminue la présence de ces idées noires ou suicidaires chez les personnes âgées dépendantes, qui passe globalement de sévère à modérée ou à inexistante. En revanche, le groupe cible voit son score moyen rester élevé et constant entre le début et la fin de la recherche. En effet, on remarque que l’art-thérapie permet une décharge de la pulsion de mort par le médiateur (ici l’argile). Nous avons ici, une production de Monsieur C. qui illustre bien cela. Lors de cet atelier, Monsieur C. était triste et parlait de mort. Il a, alors, façonné une tête qu’il a lacéré avec un couteau. Il est ressorti posé, comme soulagé de la séance.
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Discussion (1/2) Les résultats permettent de vérifier les hypothèses de cette recherche : > Amélioration générale de la dépression du sujet âgé pris en charge en art-thérapie. > Amélioration des 4 principales caractéristiques de la dépression du sujet âgé (H1, H2, H3, H4). > L’art-thérapie permet de travailler spécifiquement sur les symptômes de la dépression. Diapo 12. En définitive, les résultats obtenus permettent de vérifier les hypothèses de cette recherche. Ainsi, nous constatons une amélioration générale de la dépression chez le sujet âgé pris en charge en art-thérapie. Et cette amélioration concerne bien les quatre principales caractéristiques de la dépression du sujet âgé. En outre, l’analyse des résultats confirme que l’art-thérapie permet de travailler spécifiquement sur les symptômes de la dépression chez les sujets âgés dépendants.
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Discussion Des limites à la validité interne de la recherche :
(2/2) Des limites à la validité interne de la recherche : > Influence possible d’autres prises en charge. > Influence péjorative de l’isolement des témoins. > Influence possible des mesures par la population elle-même. > Nombre peu élevé de participants = impossibilité de généralisation. > Possible effet Hawthorne. > Possibilité de non neutralité du cadre d’art-thérapie. > Echelles courtes et/ou en hétéro-évaluation = manque de précision des résultats. > Problème de l’application répétée des évaluations. Diapo 13. Cependant, nous avançons quelques limites à la validité interne de notre recherche. Tout d’abord, il y a pu y avoir une influence d’autres prises en charge qui avaient lieu pendant cette recherche, pour le groupe cible. A contrario, l’isolement des témoins a pu influencer les résultats obtenus. Ensuite, il y a pu y avoir une influence de la population elle-même sur les mesures obtenues, car les participants souffraient d’autres pathologies. Surtout, le nombre peu élevé de participants nous empêche de généraliser nos résultats. Il faut aussi noter qu’il y a pu y avoir un effet Hawthorne dû à la présence de l’investigateur pendant les 10 semaines de la recherche et parce que l’animation de l’atelier d’art-thérapie a été réalisée par la psychologue de l’institution. Notons aussi que la neutralité du cadre d’art-thérapie peut être questionnée car il ne fut pas possible d’empêcher les familles de venir voir ce que faisaient les participants dans la salle d’art-thérapie. Il faut également indiquer que le choix d’échelles courtes ou en hétéro-évaluation amène sans doute un manque de précision des résultats. Enfin, il ne faut pas négliger le problème de l’application répétée des évaluations qui a pu influencer les résultats. En définitive, un échantillon plus important et plus homogène, ainsi qu’un dispositif davantage contrôlé et des outils de mesures plus étoffés pourraient augmenter la validité de cette étude. Un échantillon plus important et homogène, un dispositif davantage contrôlé, des outils de mesures plus étoffés pourraient augmenter la validité de l’étude.
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Conclusion Intérêts Une recherche exploratoire qui :
(1/2) Intérêts Une recherche exploratoire qui : > valide l'efficacité de l'art-thérapie auprès du sujet âgé, > dresse le tableau d’un phénomène encore peu investigué, > est un point d’appui pour des recherches ultérieures et des comparaisons, > peut intéresser des institutions de gérontologie. Diapo 14. Pour conclure, cette recherche exploratoire a permis d’avancer l’efficacité d’une prise en charge en art-thérapie pour lutter contre la dépression du sujet âgé dépendant. D’autre part, elle dresse le tableau d’un phénomène jusqu’alors peu investigué. De plus, cette étude peut être un point d’appui pour d’autres recherches et pour réaliser des comparaisons avec des études existantes sur d’autres populations. Enfin, elle peut intéresser des institutions de gérontologie qui recherchent des prises en charges opérantes pour les populations qu’elles accueillent.
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Conclusion Perspectives
(2/2) Perspectives Une première approche qui en appelle d’autres : > poursuivre les investigations, > rechercher plus spécifiquement les facteurs du changement en art-thérapie. Diapo 15. Enfin, à la suite de cette recherche, plusieurs perspectives s’ouvrent : Il serait, ainsi, possible de poursuivre les investigations en choisissant un échantillon plus important, plus homogène ou un dispositif davantage contrôlé. Il serait, également, intéressant de s’inscrire dans le courant actuel de recherche et de se pencher sur les facteurs spécifiques du changement. Par exemple, s’interroger sur les rôles respectifs du médiateur, de l’art-thérapeute ou du groupe. Ainsi, après avoir montré que l’art-thérapie est efficace dans la production de changement, en comparaison à une situation sans traitement, il serait intéressant de s’intéresser aux modérateurs et aux médiateurs du changement. Il s’agirait d’observer le rôle d’une part : des variables antérieures à l’intervention (c’est-à-dire les modérateurs tels que l’âge, le sexe, le type de problème du patient, la formation du thérapeute, le cadre, les modalités de la prise en charge en art-thérapie…) et d’autre part des médiateurs du changement (c’est-à-dire les mécanismes, processus en jeu). Dégager ces médiateurs pourrait intéresser directement les praticiens pour adapter leurs interventions en art-thérapie à des besoins spécifiques.
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