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Publié parAgnès Bouchard Modifié depuis plus de 8 années
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Qui n’a pas connu le faste et la grandeur des premières communions d’autrefois, dans les campagnes – et même dans les villes – ne saura jamais combien la foi paysanne, à défaut de soulever les montagnes, pouvait être une occasion de fête et de réjouissance. Permettez-moi de soulever un peu le voile sur ces premières communions d’autrefois...
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En ce temps-là, nous «marchions» au catéchisme, en préparation de la première communion. Le verbe «marcher» est tout à fait de circonstance puisque les enfants de la campagne, comme je l’étais, vivaient souvent à des kilomètres de l’église paroissiale.
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Il fallait donc tous les jours, durant deux ou trois semaines, marcher jusqu’à l’église pour suivre les leçons et les examens de catéchisme qui étaient dispensés par le curé ou son vicaire. Et malheur à ceux qui ne connaissaient pas leur catéchisme... Non seulement étaient-ils exclus de la première communion, mais ils devaient en porter toute la honte et l’opprobre...
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En revanche, les bons petits enfants pieux étaient cités en exemple à tous les autres... Et le curé de ma paroisse se plaisait même à les nommer en chaire, le dimanche de la première communion, louant les vertus et les mérites de leurs bons parents, souvent des notables de la paroisse...
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Nos ancêtres avaient une foi simple et sans arrière- pensées. Une image comme celle-ci, par exemple, soulèverait aujourd’hui plusieurs interrogations... A l’époque c’était une image que l’on associait facilement à l’amour de Jésus pour les premiers communiants...
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Ces temps-là étaient sans pitié pour les tièdes, les rebelles, les boutonneux sans foi qui n’avaient pas appris leur catéchisme et qui avaient eu le malheur de naître dans des foyers où le père était ivrogne ou incroyant. Ces enfants-là ne pouvaient être autre chose que de la mauvaise graine. On les admettait finalement à la première communion, mais sans enthousiasme...
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Mon pauvre ami Prosper a «marché» trois années de suite au catéchisme. Il était déjà un grand adolescent lorsque, finalement, par une sorte de pitié, on l’a finalement admis à sa première communion. Pauvre Prosper... Pas tellement futé et issu d’un milieu inculte, il était incapable de retenir par cœur les dizaines et les dizaines de pages de questions et de réponses du catéchisme.
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Car en ce temps-là, du moins dans ma paroisse, il fallait apprendre par cœur la bonne centaine de questions et de réponses du catéchisme. Oui, oui, pas seulement les réponses, mais aussi les questions! Ajoutez à cela les commandements de Dieu et de l’Église, les actes, les prières pour diverses occasions, les invocations, etc... Ouf!
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Chaque année, lorsque revenait la temps du catéchisme, on pouvait entendre au fond des campagnes, venant de chaque maison, de chaque galerie, de chaque balcon, les incessantes répétitions des textes du catéchisme. Les mères pieuses, pourtant débordées de travail, trouvaient le moyen de consacrer au moins une heure chaque jour à faire répéter aux enfants le catéchisme.
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Dans les familles nombreuses, les plus jeunes finissaient par apprendre eux aussi, malgré eux, les textes du catéchisme que la mère faisait sans cesse répéter aux plus grands. C’était au moins ça de pris pour les années à venir...
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Et puis, au terme de cette marche du catéchisme, arrivait enfin le dimanche de la première communion. Il n’y avait rien de trop beau pour les jeunes communiants. Les parents sacrifiaient tout pour que leur gamine ait la plus belle robe ou que leur gamin puisse porter un habit tout neuf, quitte à mettre le reste de la nichée à la ration. Or les familles de 10, 12 ou même 15 enfants étaient chose courante.
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Au risque d’être montrés du doigt, on ne présentait pas les enfants à la première communion sans de beaux vêtements tout neufs... Il fallait être propre en dedans comme au dehors. Certaines mamans habiles en couture transformaient leur robe de mariée en robe de première communion... Pour les garçons, c’était plus difficile. Il fallait habituellement acheter un habit tout neuf.
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Parmi les accessoires indispensables, il y avait le missel de la première communion (j’ai encore le mien) et le chapelet (celui-là je ne l’ai plus)! Parmi les autres dépenses, il fallait compter les frais de la réception, avec grand dîner, et aussi la séance de photographie. Il était aussi de bon ton de laisser une aumône généreuse dans le panier de la quête, à l’église.
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Après la grande messe de la première communion, les invités arrivaient à la maison, par dizaines. Il aurait été très inconvenable d’oublier quelqu’un, même parmi les cousins éloignés. Le dîner de la première communion était un véritable banquet. Pour l’occasion, il n’était pas rare de tuer un cochon gras ou une douzaine de poulets.
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Alors on faisait ripailles durant des heures. Le vin coulait avec abondance. Les esprits finissaient par s’échauffer. Les chansons – même gaillardes – fusaient comme dans une noce. Ah! Le petit vin blanc! Et tout ça en l’honneur des mômes qui venaient de faire leur première communion. Ces petits communiants étaient les princes et les princesses de la fête.
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Les parents des premiers communiants étaient très fiers de leurs enfants. Et pour ces enfants la première communion ouvrait non seulement la porte aux obligations de l’Église, mais elle marquait aussi un pas en avant dans le mûrissement. Désormais on lui dirait: «Tu es grand maintenant; tu as fait ta première communion».
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Alors, plus question de faire des bêtises; plus question de s’amuser à commettre les 400 coups; plus question de se la couler douce car, inexorablement, on viendrait répéter cette phrase sans appel: «Tu es grand maintenant; tu as fait ta première communion»!
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La première communion, c’était le couronnement du comportement exemplaire et vertueux des petites filles modèles. Mais alors, pourquoi avaient-elles presque toujours ce regard triste sur les photos...?
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Voici qu’elle était la tenue exemplaire, grand style, de la première communion pour un petit garçon. A noter le «brassard» de soie sur le bras droit – d’autres le portaient sur le bras gauche – et la fleur – ou le petit mouchoir – dans la pochette de la boutonnière. Et puis, bien entendu, le missel et le chapelet.
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Tenue d’un premier communiant de dix ans dans les années 1940, en pleine deuxième guerre mondiale. Je ne vous dirai pas son nom. Ça n’a aucune importance. Mais admirez la tenue impeccable avec, bien sûr, le chapelet bien en évidence.
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Cette image date de 1937. Elle montre le frère et la sœur qui ont fait leur première communion le même jour. La fillette porte la robe blanche de soie et le voile, comme la Vierge, alors que le garçon tient une chandelle dans une main et le missel avec chapelet dans l’autre. Ici un gonfanon de poitrine a remplacé le brassard.
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Si la première communion ouvrait bien grandes les portes de l'église aux enfants pieux, il y avait tout de même des exceptions. Pour mon ami Prosper, recalé trois fois, cette communion fut sa première, il est vrai, mais aussi sa dernière...
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Valse ancienne - Luigi Maranzola Création Florian Bernard Tous droits réservés – 2004 jfxb@videotron.ca
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