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Sémiologie des troubles du jugement
Pr Mamadou Habib Thiam
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Généralités Le jugement est la capacité d’affirmer des rapports, d’évaluer des résultats, de discerner le vrai du faux, la justesse de l’erreur. Cette opération intellectuelle permet la maîtrise d’idées abstraites en situant les faits, idées et représentations selon une hiérarchie de valeurs.
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Généralités En pouvant reconnaître l’authenticité, la véracité ou la logique d’un fait, d’une pensée, d’une opinion, le sujet accède à la critique et l’autocritique. Le raisonnement est la capacité d’ordonner les pensées, d’utiliser les concepts, d’articuler un jugement à un autre.
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Généralités Le jugement permet de reconnaitre les rapports existant entre diverses « croyances élémentaires ». Une « croyance » est une donnée que l’on tient pour véridique, exacte.
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Généralités Le raisonnement comporte une notion d’enchainement permettant d’articuler un jugement à un autre. Le jugement permet au sujet de reconnaitre vrai, authentique ou logique un fait, une pensée, une opinion et notamment la sienne (l’autocritique est une forme de jugement).
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Généralités Le jugement est une manifestation très élaborée de l’intelligence, s’appliquant au concret et permettant la maitrise d’idées abstraites, témoin de l’efficience synthétique de la pensée.
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Généralités Toutefois il n’y a pas de corrélation stricte entre jugement et intelligence : certains sujets, au niveau intellectuel très supérieur, commettent des erreurs de jugement alors que des sujets plus moyens sont capables d’un solide « bon-sens ».
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Généralités Pour que les facultés de jugement puissent s’exercer, il est indispensable que le sujet jouisse d’une certaine liberté idéologique, de contacts sociaux, d’une information suffisante sans lesquels, à son insu, son jugement serait infléchi par des éléments extérieurs contraignants.
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Généralités Le jugement peut être facilité, faussé, inhibé ou distordu dans certaines situations et états psychopathologiques.
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Les qualités du jugement
Le jugement est une fonction intellectuelle supérieure et complexe, dépendant à la fois des autres fonctions supérieures (raisonnement, mémoire, imagination) et de l’affectivité.
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Les qualités du jugement
Ses qualités peuvent être perturbée isolément ou en association, entraînant les troubles du jugement : excès du jugement, affaiblissement ou perte du jugement, distorsions du jugement.
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Les qualités du jugement
Les principales qualités du jugement sont au nombre de quatre: Référence à un système logique : une hiérarchie de valeurs qui s’adapte à la situation. L’inadéquation entre les situations et l’échelle de valeurs prise comme référence est à l’origine de distorsions du jugement comme le rationalisme morbide, l’interprétation délirante, la pensée paralogique.
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Les qualités du jugement
Les principales qualités du jugement sont au nombre de quatre: Adaptabilité et souplesse : le jugement doit pouvoir s’adapter en fonction des informations nouvelles, des conséquences des actes, du témoignage des faits. Dans la psychorigidité, le jugement est rigide, inébranlable, non accessible au raisonnement, hermétique aux informations nouvelles.
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Les qualités du jugement
Les principales qualités du jugement sont au nombre de quatre: Stabilité et solidité : le jugement doit garder sa constance, se maintenir en l’absence d’éléments nouveaux et face à des jugements qui lui sont opposés. La stabilité peut être compromise dans certains troubles du cours de la pensée (fuite des idées, pensée dissociée, etc.) ; la solidité est absente lorsque la suggestibilité est trop importante, ou l’assurance du sujet et l’estime de soi sont trop faibles.
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Les qualités du jugement
Les principales qualités du jugement sont au nombre de quatre: Ouverture et liberté : l’étroitesse des points de vue diminue les capacités discriminatives du jugement. Le manque d’ouverture est caractéristique de la psychorigidité. La liberté intellectuelle, idéologique est indispensable à l’exercice des facultés de jugement. Cette liberté est sous la dépendance de l’environnement social, culturel et affectif.
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Exces de jugement L’excès de jugement peut accompagner sa déviation.
Cet excès n’est jamais seul. Les facilitations du jugement sont plus subjectives qu’objectives.
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Exces de jugement Dans les états psychiques secondaires à certaines prises de toxiques (psychostimulants), dans la tachypsychie du syndrome maniaque, les capacités de jugement peuvent paraître augmentées mais en fait sont superficielles car sous-tendues par un faible niveau de conceptualisation et de raisonnement.
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Exces de jugement Certaines constructions délirantes témoignent parfois d’une grande acuité du jugement caractéristique de la pensée paralogique, de l’interprétation délirante.
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Carences du jugement Passagères et réversibles
Dans la confusion mentale : la perturbation porte sur la possibilité de discrimination, de choix entre différentes données ; les synthèses mentales sont engourdies car raisonnement, réflexion et concentration sont insuffisants. La pensée est ralentie. Souvent le sujet conscient de l’incoordination de ses idées, de ses propos, de ses actes, fait effort pour les maitriser, mais n’y parvient que par des phrases courtes.
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Carences du jugement Progressives, définitives et globales
Dans les processus démentiels : les troubles du jugement sont précoces, masqués parfois par la persistance d’automatismes. Les troubles du jugement dans les états démentiels avancés sont massifs : incohérence, illogisme, absurdité.
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Distorsions du jugement
Ils se rencontrent essentiellement dans les états délirants, aigus ou chroniques. Tout délire est imprégné de croyances et de significations subjectives avec altération ou même disparition des significations objectives. « L’intériorité absorbe ou rejette, en tout ou partie, l’extériorité »
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Distorsions du jugement
Rationalisme morbide : Il représente la rationalisation systématique, froide et pseudologique qui caractérise le raisonnement du schizophrène : le jugement conservé dans sa dynamique et ses possibilités discriminatives reste hermétique, flou et essentiellement abstrait.
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Distorsions du jugement
Rationalisme morbide : Jugement conservé dans ses aspects dynamiques et ses possibilités discriminatives mais il reste flou et abstrait. Il s’observe dans la pensée dissociée caractéristique du syndrome dissociatif et se traduit par une rationalisation systématique, froide et pseudo-logique associée au désintérêt et à l’inaffectivité.
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Distorsions du jugement
Fausseté du jugement : C’est la tendance à tout interpréter dans le même sens, en rapport avec une conviction prévalante et caractéristique de la pensée paralogique. Ce trouble du jugement infléchit le raisonnement et s’exprime par un discours toujours démonstratif, ordonné dans la cohérence et la rigueur. Il est fondé sur des postulats inexacts et des prémisses fausses.
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Distorsions du jugement
Fausseté du jugement : Tendance à tout interpréter dans le même sens, en rapport avec une conviction prévalante et caractéristique de la pensée paralogique. Ce trouble du jugement infléchit le raisonnement et s’exprime par un discours démonstratif, ordonné, cohérent et rigoureux mais fondé sur des postulats inexacts.
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Distorsions du jugement
Interprétation délirante : Elle est à l’état normal « l’opération d’un esprit curieux qui, en présence d’un phénomène ou d’une situation donnée, cherche à en pénétrer la signification et à en tirer les déductions qu’ils peuvent comporter ».
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Distorsions du jugement
Interprétation délirante : En psychopathologie, l’interprétation est définie comme « un jugement faux porté sur une perception exacte.
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Distorsions du jugement
C’est l’attribution d’un sens erroné à un fait réel : tendance à reconstituer, à partir de faits exacts, un scénario conforme au projet délirant. Le point de départ est réel, le raisonnement consécutif faux. Il n’y a plus de hasard. Tout est appelé en confirmation du délire.
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Distorsions du jugement
Concernent principalement les syndromes délirants. Les distorsions du jugement qui peuvent relever d’une perturbation du discernement d’un fait réel (idée délirante) ou d’une importante démesurée attribuée à ce fait (idée prévalante).
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Distorsions du jugement
Concernent principalement les syndromes délirants. Les distorsions du jugement peuvent aussi correspondre aux altérations de la pensée dissociée (voir « Syndrome dissociatif »), aux mécanismes délirants (voir « Syndrome délirant »), aux troubles de la conscience et de la vigilance comme dans le syndrome confusionnel.
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