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Géopolitique de l’Europe de l’Est et des Balkans Cinquième cours : Moldavie et Serbie.

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1 Géopolitique de l’Europe de l’Est et des Balkans Cinquième cours : Moldavie et Serbie

2 Cinquièmè cours : Moldavie et Serbie 1 – La Moldavie 2 – La Serbie

3 1 - Moldavie 1.1 – Notions générales 1.1.1 -Géographie Couvrant une surface de 33 843 kilomètres carrés (incluant la Transnistrie), la Moldavie est l'un des plus petits pays européens, enclavé entre la Roumanie et l'Ukraine. Sa frontière occidentale suit le cours du Prut; le Dniestr constitue sa frontière orientale et se prolonge en Ukraine. C’est un pays de basses collines : l’altitude moyenne du pays est de 150 mètres, avec un point culminant à 430 au centre du territoire, dans une zone boisée nommée « codru ».

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5 Très petit, le territoire compte néanmoins plusieurs centaines de rivières et ruisseaux, mais seul sept parmi eux dépasse les 7 km. Le pays compte aussi de nombreux lacs de petite taille. Ces conditions hydrographiques, associées à la présence de sols fertiles, ont permis le développement de l'élevage et de l’agriculture. Moscou souhaitait faire de la Moldavie une base de production agroalimentaire et a tenté certaines expériences de gigantisme agricole. Mais l'extension des surfaces cultivées, l'intensification des pratiques agricoles et le développement de la monoculture ont eu des effets écologiques désastreux. La Moldavie bénéficie d'un climat continental modéré, avec des étés chauds et des hivers froids.

6 1.1.2 – Démographie La complexité ethnique de la population contribue à l'instabilité du pays. Les Moldaves roumanophones constituent 78 % de la population, les Ukrainiens 8,5 %, les Russes 5,9 %, les Gagaouzes (population turque de religion orthodoxe) 4,4 %, les Roumains 2,2 % et les Bulgares 1,9 %. En Transnistrie spécifiquement, on compte 31,9 % de Moldaves, 30,3 % de Russes, 28,8 % d'Ukrainiens, 2 % de Gagaouzes et 2 % de Bulgares. La population a sensiblement baissé depuis l’indépendance en 1991, passant de 4,4 à 3 millions d'habitants entre 1989 et 2010. À ce nombre, il convient aussi d’ajouter la population du territoire sécessionniste de Transnistrie, qui s’élève à environ 500 000 habitants.

7 Cette baisse est due à un solde naturel négatif, mais aussi à l’émigration massive : environ 800 000 Moldaves travaillent en Russie, en Italie, en France et dans la péninsule ibérique. Les indicateurs démographiques sont en baisse. L’espérance de vie moyenne, en légère hausse depuis 10 ans, demeure, à 70 ans, plutôt faible. L’indice de fécondité particulièrement élevé (1,85 enfant par femme) dans les années 1990 est aujourd’hui en forte baisse, à 1,55 enfant par femme. L’âge médian, de 35 ans, est très bas pour un État européen. La Moldavie est le pays le plus pauvre d’Europe et occupe le 114e rang du classement IDH, malgré un taux d’alphabétisation de plus de 99 %. On peut en déduire conséquemment que le niveau de vie est très faible. Plus de 30 % de la population vie sous le seuil de pauvreté.

8 Les clivages religieux recoupent les clivages ethniques, avec une très forte majorité d’orthodoxes (près de 94 %), liés à différents centres religieux (de Roumanie, de Kiev, de Moscou). En dehors de ceux-ci, seul le judaïsme (1,5 %) compte un nombre significatif d’adhérents. Le taux d’urbanisation du pays est le plus faible d’Europe, à environ 47 %, en légère hausse depuis quelques années, alors que la tendance des années 1990, où les citadins s’établissaient en campagne afin de pouvoir survivre, s’est inversée. Les principales villes du pays sont Chisinau, la capitale, avec 711 000 habitants, suivie de Tiraspol, « capitale » de la Transnistrie, avec 216 000, de Balti (127 000) et de Tighina, (144 000).

9 1.1.3 – Bref historique Au début de notre ère, le territoire de l’actuelle Moldavie était probablement peuplé de Daces ou de Thraces septentrionaux, apparentés au reste de la population roumaine de l’époque. Au cours du moyen-âge, le territoire vit un grand nombre de petites principautés (Onut, Hansca, etc.), périodiquement unifiées par un pouvoir central. La partie méridionale de la Bessarabie tire son nom de la dynastie de Valachie au XIV e siècle, les Basarab. Au XVIe siècle, la province entière devint une partie de la Moldavie, mais fut rapidement exposée aux attaques des Turcs. À partir de Pierre I er le Grand, la Russie poussa en direction du delta du Danube. Les Russes occupèrent la Moldavie cinq fois entre 1711 et 1812, et obtinrent que la Turquie leur cède la Bessarabie au traité de Bucarest (1812).

10 En 1829, la Russie repoussa sa frontière sud de façon à inclure le delta du Danube. L'administration russe fut d'abord libérale, mais dans la seconde moitié du siècle, une politique de russification fut menée, qui suscita le développement du mouvement national. Après la Première Guerre mondiale et l’effondrement de l’empire, un Conseil proclama le 15 décembre 1917 la Bessarabie république autonome constitutive de la Fédération des républiques russes, mais le territoire fut finalement absorbé par la Roumanie à l’issu des traités de paix. L’URSS ne reconnut pas les droits de la Roumanie et en 1924 créa une RSS moldave sur une partie du territoire ukrainien. En août 1939, l’URSS réaffirma ses droits sur la Bessarabie. À la fin de juin 1940, un ultimatum soviétique à la Roumanie exigea la cession de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord.

11 En 1944, après avoir été « libérée » par les Soviétiques, la Bessarabie fut intégrée à l'Union soviétique. En juin 1990, la Moldavie proclame sa souveraineté et déclare son indépendance le 27 août 1991. Après l’enthousiasme initial quant à une perspective de réunification avec la Roumanie, de fortes résistances à cette idée virent le jour en Moldavie comme en Roumanie, les minorités de la première s’opposant fermement. C’est à cela que l’on doit la partition de la Transnistrie, territoire n’ayant jamais appartenu à la Grande Roumanie, et s'autoproclamant en 1991 « République moldave de Transnistrie ». Le russe est la langue officielle dans cet État sécessionniste. Le gouvernement de Moldavie a essayé, en 1992, de reprendre la province sécessionniste, mais cette guerre fut vaine et le conflit est figé depuis.

12 1.2 -Situation intérieure 1.2.1 – Système politique Depuis l’indépendance, la Moldavie se cherche et balance entre Europe et Russie, ce qui se manifeste par l’alternance politique. Devant la difficulté de faire un choix entre la roumanité et le passé russe, la Moldavie a dû se raccrochait à une culture et une langue moldave, artificiellement différenciées de la culture et de la langue roumaine. La Constitution, adoptée en juillet 1994, garantit le pluralisme politique, mais le régime est peu stable. Le parlement est composé de 101 membres élus pour quatre au suffrage proportionnel Le chef de l'État, dont le mandat est aussi de quatre ans, n'est pas élu au suffrage universel, mais par le Parlement.

13 En 2010 eut lieu un référendum pour débloquer la situation en permettant l’élection du président au suffrage universel, mais sans succès, moins de 30 % de la population ayant participé à la consultation. Le balancement entre des identités antagonistes explique les alternances politiques. Le premier président, Mircea Snegur (1991-1996), qui était à la tête de la Moldavie pendant la période soviétique, met en place un régime pluraliste et écarte la réunification après un référendum en 1992, car 94 % de la population s’oppose à la réunification avec la Roumanie Snegur est battu en 1996 et son successeur, Petru Lucinschi, un ancien du CC du PCUS, resserre les liens avec Moscou, mais échoue à donner un tour plus autoritaire au régime. Avec le retour des communistes de Voronine en 2001, la situation se stabilise au détriment du processus de démocratisation, lequel est relancé depuis 2009, au détriment de la stabilité politique.

14 Les dernières élections ont eu lieu en 2014 et elles ont été remportées par l’Alliance pour l’intégration européenne (54 sièges), une coalition de trois partis libéraux, dont le Parti libéral-démocrate du premier ministre Valeriu Strelet, devant les forces pro-russes, composées du Parti socialiste (26 sièges) et du Parti communiste (21 sièges), très près l’un de l’autre. Entre 2009 et 2012, trois présidents par intérim se sont succédé, le parlement étant incapable de s’entendre pour nommer un président (l’élection de celui-ci réclamant 66% l’appui de 67% des députés) et ce n’est qu’en mars 2012 que les députés parvinrent à s’entendre pour élire Nicolae Timofti, un pro-européen modéré. En Transnistrie, la situation demeure confuse, en l’absence de toute reconnaissance internationale. En 2006, un référendum concernant l’autodétermination du territoire a donné 97 % aux défenseurs de celle-ci, mais de nombreuses organisations internationales ont refusé de reconnaître ces résultats.

15 En décembre 2011, l’inamovible Smirnov, président du territoire sécessionniste a été remplacé par Evgueni Chevtchouk, qui veut s’employer à faire reconnaître l’indépendance de la Transnistrie, ce qui sera difficile, car même les alliés de celle-ci favorisent la réunification du territoire dans un cadre fédératif, à condition que toute velléité d’unification avec la Roumanie soit abandonnée.

16 1.2.2 – Économie Le PIB est de 2239 dollars (2013), le plus le faible de toute la partie occidentale de l'ancienne URSS. Il ne dépasse que ceux du Kirghizstan, du Tadjikistan et de l’Ouzbékistan dans la CEI. Les autorités ont mis en œuvre un programme de réformes dès 1993, puis un autre au début des années 2000, mais la Moldavie peine à trouver sa voie vers le développement, car son économie est encore trop peu diversifiée. Le PIB a enregistré une très forte baisse après 1990, mais de 2000 jusqu’à la crise de 2009, la croissance du PIB a été soutenue, avec une moyenne annuelle de 5,9 %. Après une contraction de 6 % en 2009, le pays a renoué avec la croissance (7 %) et celle-ci s’est depuis maintenue à ce niveau, avant de chuter en 2014 (-4,6 %) à cause de la crise ukrainienne.

17 D’autre part, l’inflation a été finalement jugulée (moins de 5 % en 2014) et le taux de chômage, à environ 4 %, est très faible. La situation politique n’aide pas les investissements étrangers, qui ne représentaient que 8 % du PIB en 2008. Pendant la période soviétique, les investissements industriels ont été réalisés pour la plupart en Transnistrie. Les secteurs industriel, outre l’agroalimentaire, comprennent la machinerie agricole, l’électronique et les électroménagers, la production d'acier, le textile et la chaussure. Le secteur industriel compte pour environ 20 % du PIB et emploie 16 % de la main-d’œuvre. La Transnistrie concentre plus de 40 % de la production industrielle et 80 % de la production énergétique du pays La réforme agraire (1991) fut mal conçue et mal appliquée. Les progrès furent lents jusqu'en 1998, année où fut lancée une nouvelle réforme. Mais l'agriculture, ne semble pas profiter de ces efforts.

18 Ainsi, la part du secteur agricole dans le PIB ne cesse de diminuer (51 % en 1992 et 16 % en 2004), même si l'agriculture représentait encore 30 % des exportations du pays en 2013 et que le secteur emploie encore aujourd’hui plus de 31 % de la main-d'œuvre. Les réformes structurelles et la privatisation des entreprises d'État, d'abord lentes, sont en voie d'accélération. La part des entreprises privées dans le PIB est passée de 60 % en 2000 à près de 70 % en 2010. L’économie moldave demeure fortement intégrée à l’économie russe et ukrainienne et le pays est fortement dépendante du marché russe pour écouler ses produits, même si cette situation de dépendance s’améliore : en 2014, la Russie a absorbé 18 % des exportations moldaves; 14 % des importations moldaves sont venues de Russie et 10 % d'Ukraine.

19 1.3 – Relations étrangères Officiellement neutre, la Moldavie est le premier État de la CEI à entrer, en 1995, au Conseil de l'Europe, et la seule république issue de l'URSS à devenir, en 1997, un État membre de l'Organisation internationale de la Francophonie. La Moldavie est membre (2001) du Pacte de stabilité en Europe du Sud-Est et reçoit une aide importante des États- Unis et de différents pays européens, principalement les Pays- Bas, l'Allemagne, la France et la Roumanie. La Moldavie désire rejoindre l’UE, mais aucun calendrier n'a encore été fixé. Le pays est engagées aux côtés de l’Ukraine, qui souhaite réactiver le GUAM et la coopération régionale des États du Caucase et de l'Europe orientale. L'objectif de ces choix politiques est de réduire l'influence russe sur la région. La Moldavie voit là aussi une possibilité de réduire l'enclavement dont elle souffre.

20 Mais l'influence russe se maintient pour plusieurs raisons : la Moldavie dépend de la Russie pour son approvisionnement énergétique et la présence de la minorité russe en Transnistrie est un levier d'influence très efficace, d’autant qu’une armée russe y stationne en permanence. Il est difficile d'échapper à la force d'attraction russe. Malgré les accords économiques passés avec l'Union européenne, les obstacles restent nombreux sur la route du développement. L'incertitude qui pèse sur l'avenir du pays, en tant qu'entité souveraine, ne contribue pas à l'installation du climat de confiance indispensable aux investisseurs internationaux. Depuis le printemps 2014, le problème de la Transnistrie a repris une certaine actualité, les autorités de Chisinau craignant que Tiraspol profite de la situation en Ukraine pour accentuer son détachement d’avec le reste du territoire. Cependant, Moscou n’a pour le moment pas cherché à influencer son allié en ce sens.

21 2 - Serbie 2.1 – Notions générales 2.1.1. – Géographie Le territoire de la Serbie s’étend sur près de 90 000 kilomètres et est situé à l’extrême nord de la péninsule balkanique. Depuis 2006 et la sécession du Monténégro, la Serbie a perdu son accès à la mer Adriatique et est totalement enclavée. Elle partage des frontières avec de très nombreux pays : Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Macédoine, Albanie (ou Kosovo), Monténégro, Bosnie-Herzégovine et Croatie. Le territoire du pays est varié : le nord est composé de plaines qui s’étirent jusqu’à la frontière hongroise. Au sud, une zone de collines et de vallées s’encastrent entre les montagnes, à l’est les Balkans et les Carpates, à l’ouest les Dinarides.

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23 Si on exclut le Kosovo, le point culminant du pays se situe à 2169 mètres. Le pays dispose d’un riche réseau hydrographique, réparti dans trois bassins versants distincts : celui de la mer Noire est le plus important et couvre 90 % du territoire. Le Danube l’irrigue, mais on trouve aussi d’autres fleuves importants, comme la Tisa ou la Save. Les Bassins versants de la mer Adriatique et de la mer Égée sont moins importants. Les lacs sont nombreux, mais petits. Les plus importants sont des réservoirs artificiels de barrages hydroélectriques comme le Derdap (253 km2), situé sur le Danube. Le climat est de type continental, mais i connaît d’importantes variations, avec au nord un climat semblable à la Hongrie, alors qu’au sud, les hivers deviennent graduellement plus doux et les étés plus chauds. La pluviométrie est assez forte, surtout bien sûr dans les zones montagneuses.

24 2.1.2 – Démographie Les Serbes appartiennent à la famille des Slaves du sud, dont ils constituent l’ethnie dominante. Les statistiques concernant la Serbie sont ambiguës, compte tenu du statut international du Kosovo. En excluant celui-ci, la Serbie compte 7,4 millions d’habitants environ, en baisse continuelle depuis une vingtaine d’années. La population est hétérogène. Les Serbes forment environ 83 % de la population. Les Albanais constituaient dans un passé récent la principale minorité, mais ce sont aujourd’hui les Hongrois (4 %) et les Bosniaques (2 %) qui sont les plus importantes. On compte aussi 1 % et plus de Monténégrins, de Roms et de « Yougoslaves ». Les difficultés économiques et les guerres n’ont pas aidé le pays à afficher un bilan démographique positif. Ainsi, le taux de décroissance de la population est très élevé, à - 0,5 %.

25 La natalité est faible (1,38 enfant par femme) et l’âge médian élevé, à 41 ans, de même que l’espérance de vie (74 ans). Des flux migratoires négatifs ont aussi contribué à la baisse des années 1990-2010 et fait de la diaspora serbe la plus importante en Europe. Le niveau de vie de la population a été affecté par une décennie de guerre, d’autant que souvent considérée comme lresponsable des guerres yougoslaves, la Serbie s’est retrouvé à quelques reprises sous embargo. C’est pourquoi le pays occupe le 77 e rang de l’indice IDH. Dans un contexte de forte alphabétisation et d’espérance de vie élevée, on doit conclure que le faible pouvoir d’achat de la population plombe la position du pays au classement. Les églises, sans être des acteurs sociaux importants, constituent un marqueur d’appartenance des diverses populations. En ce sens, le clivage religieux a été accentué par les guerres des années 1990.

26 On trouve aujourd’hui environ 85 % d’orthodoxe (Serbes et Monténégrins, pour la plupart), 5 % de catholiques 3,5 % de musulmans et 1 % de protestants, le reste ne se reconnaissant pas d’appartenance religieuse. Le taux d’urbanisation du pays est d’environ 55 %. Les principales villes de Serbie sont Belgrade, la capitale, avec 1,2 million d’habitants, Novi Sad, chef-lieu de la Voïvodine (220 000 habitants), Nis au sud (180 000 habitants) et Kragujevac au centre (150 000 habitants). Il s’agit des seules villes de plus de 100 000 habitants.

27 2.1.3 – Bref historique Les ancêtres des Serbes arrivèrent dans la péninsule balkanique au VII e siècle environ. À cette époque, rien ne distinguait les Croates des Serbes et il n’y existait pas un État serbo-croate, mais bien plusieurs. La dynastie des Nemanjić (1170-1371) joua un grand rôle dans l'émergence d'un territoire serbe libéré. De cette époque date aussi la formation de l'Église orthodoxe serbe autocéphale. Sous Dusan (1331-1355), la Serbie devint le plus puissant des États des Balkans, lequel comprenait en outre une partie de la Bosnie, le Kosovo, le Monténégro, la Macédoine, l'Albanie et la Grèce du Nord. Culturellement et artistiquement très développée, la Serbie médiévale était politiquement instable, à cause des rivalités entre féodaux.

28 L’empire de Dusan sera peu à peu conquis par l'Empire ottoman. Le moment symbolique de la chute des Serbes fut la bataille de Kosovo Polje, le 28 juin 1389, même s’il faut attendre la chute de Smederevo (1459) pour voir tous les territoires passés sous la domination ottomane. Sous cette occupation, les territoires serbes acquirent leur spécificité. La population organisa des révoltes, poussant la Sublime Porte à ne pas procéder à l’islamisation de la population et à concéder des droits religieux. C’est de cette époque que datent les premières vagues d’immigration serbes vers des territoires soumis à l’Autriche, alors qu’en Voïvodine, des Hongrois s'installaient. Au XIX e siècle, la région changea sous l’impulsion du nationalisme et de ses nombreuses révoltes, particulièrement dans les zones sous occupation ottomane. La bourgeoisie serbe souhaitait créer un État spécifique doté d'une organisation politique territoriale.

29 Les insurrections nationales se multiplièrent et après de multiples échecs, parvinrent à arracher une autonomie pour la Serbie en 1830. Mais, il fallut le Congrès de Berlin pour que l’indépendance de la Serbie soit reconnue. L'idéologie nationale serbe gagna la conscience populaire et finit par imposer le concept de « nation serbe » sur une réalité démographique éclatée. Dès lors, les projets politiques nationaux prirent deux voies : ou bien l’union des Slaves du sud, ou bien un cadre étatique plus exclusif, avec une politique territoriale impérialiste. À cette époque se structurent formellement les différentes langues de la zone. En ce qui concerne le serbo-croate, trois dialectes particuliers en formèrent la base. Peu développée, la Serbie eut de la difficulté à s’éloigner de la structure agraire qui était la sienne et ce n’est qu’au début du XX e siècle que l’on assiste à un certain essor économique.

30 La Serbie devint un royaume et la Constitution de 1888 instaura un pouvoir monarchique parlementaire relativement démocratique. La direction de l'État était exercée par le roi, qui n'avait qu'un rôle très limité, le pouvoir étant détenu par la Chambre des députés, issue du suffrage universel. Le recul de l’Empire ottoman laisse place à la puissance autrichienne, qui parvint en 1878 à obtenir le contrôle de la Bosnie-Herzégovine. L'annexion de la Bosnie-Herzégovine en 1908 envenima les relations serbo-autrichiennes et accéléra le processus de libération des territoires sous domination ottomane. À l’issue de la première guerre balkanique (1912-1913), il ne restait plus rien des possessions turques en Europe. Les quatre États de la Ligue balkanique (Serbie, Monténégro, Grèce et Bulgarie) déclarèrent la guerre à la Turquie, et le traité de Londres de mai 1913 ratifia la libération de la Macédoine, du Kosovo et du sandjak de Novi Pazar.

31 Le 28 juin 1914, François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo. poussant l’Autriche à déclarer une guerre qui, au terme de durs combats, confirma l'effondrement de l'Empire austro- hongrois. En juillet 1917 naissait le royaume yougoslave. Le 1 er décembre 1918 fut proclamé officiellement la création du royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Les principaux partis politiques serbes étaient centralisateurs et l'élite serbe devint rapidement dominatrice. Une dictature fut instaurée en 1929 par le roi Alexandre I er. À la mort de ce dernier, la dérive autoritaire se poursuivit, dans un contexte où les rivalités politiques, surtout Serbes et Croates, s'exacerbaient. Le ciment politique n’avait pas pris. En mars 1941, le gouvernement yougoslave adhère au pacte germano-italien, mais sous la pression de la rue, dut l’annuler deux jours plus tard. Hitler attaqua le pays qui fut occupé par l'Allemagne nazie et ses alliés hongrois, bulgares et albanais.

32 Durant la guerre, trois courants antagonistes s'opposaient dans le royaume de Yougoslavie : les tchetniks, les partizani et les oustachis. Le retrait des troupes ennemies en 1945 confirma la victoire du Parti communiste yougoslave, et la Yougoslavie socialiste fut proclamée le 29 novembre 1945. La Yougoslavie titiste emprunta des voies différentes de celles de l’URSS et lança en 1952-1953 sa théorie de la troisième voie. Le système économique du pays était aussi beaucoup plus souple que le modèle soviétique d’origine. Mais la première préoccupation du régime était de maintenir ensemble des territoires variés et de faire taire les nationalismes, surtout serbe et croate, au bénéfice d’une identité yougoslave qui ne fut jamais bien réelle. Pour ce faire, outre la répression, Tito choisit de décentraliser, ce qui conduisit à la création d’un fossé entre les républiques riches et les républiques pauvres, dont la Serbie.

33 La solidarité interfédérale ne fonctionnant plus, les tensions économiques vont exacerber les nationalismes ; l'économie constitue un facteur majeur de l'éclatement du pays. Par la constitution de 1974, Tito octroya l’autonomie à la Voïvodine et au Kosovo. Dans ce dernier, les autorités « albanisent » alors les structures de la province et les tracasseries contre les Serbes se multiplient. Les choses se gâtent à partir de la mort de Tito (1980), alors que Milosevic entame son ascension politique, qui le conduira en 1989 à la tête de la république serbe. Il se fait le héraut du nationalisme serbe et se débarrasse de la vieille garde titiste. En mars 1989, les autonomies du Kosovo et de la Voïvodine sont supprimées, provoquant des manifestations au Kosovo, où l'armée fédérale est envoyée. En juillet, Milosevic transforme la Ligue des communistes serbes en Parti socialiste serbe, avec lequel il remporte les législatives.

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35 En avril 1991, les Krajina croates annoncent leur rattachement à la Serbie et le 6 juin, les présidents des six républiques se réunissent pour la dernière fois à Sarajevo, en vain : les Slovènes et les Croates déclarent alors leur indépendance. Les guerres yougoslaves commencent le 28 juin 1991, lorsque l’Armée fédérale attaque la défense territoriale slovène, après que les référendums tenus en Slovénie et en Croatie aient donné la victoire aux partisans de l’indépendance. L’Armée yougoslave passe sous le contrôle de Milosevic. Défait, il change de tactique et favorise la partition des territoires croates peuplés de Serbes. En février et mars 1992 les Bosniaques et les Monténégrins se prononcent sur le maintien dans la Fédération. Les Monténégrins votent pour à 66 %, mais pas les Bosniaques et les Serbes de Bosnie proclament l'indépendance de la République serbe de Bosnie-Herzégovine.

36 Le 27 avril, Serbes et Monténégrins forment la République fédérale de Yougoslavie. Milosevic sort victorieux de l’élection présidentielle serbe de 1991. À partir de 1992, les combats s’intensifient et les armées des Serbes de Bosnie et de Croatie occupent près de 30 % de la Croatie et 55 % de la Bosnie, pratiquant à grande échelle « le nettoyage ethnique » et les massacres de civils. Tout change en 1995 : Washington impose aux Croates et aux Musulmans d'unir leurs forces. En quelques jours, la Slavonie occidentale et les Krajina serbes s'effondrent, alors que les Serbes de Bosnie perdent 15 % du territoire qu'ils occupaient. Milosevic n’a plus le choix et le 21 novembre 1995 sont signés les accords de Dayton Ceux-ci mettent fin aux guerres sans prendre en compte la question albanaise, ce qui fragilise la position des modérés albanais au profit de l’UCK, qui favorise la lutte armée pour obtenir l’indépendance.

37 Dès 1996, l’UCK multiplie attentats et assassinats. Pendant ce temps, la lutte en Serbie s’exacerbe entre nationalistes et partisans d’un rapprochement avec l’Occident. Ne pouvant briguer un troisième mandat à la présidence serbe, Milosevic se fait élire à la présidence fédérale. L'ONU exige un cessez-le-feu le 23 septembre 1998. Le 15 janvier 1999, le « massacre » de Raćak décide les Occidentaux à agir. Suite à l’échec de la conférence de Rambouillet, les forces serbes lancent une grande offensive au Kosovo et le 24, l'OTAN attaque la Serbie. Toutes les infrastructures économiques du pays sont bombardées et 5 000 personnes périssent dans les combats et les bombardements. Mais sur le terrain, les Serbes s’imposent Le 27 mai, Milosevic est inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité par le Tribunal pénal international pour la Yougoslavie.

38 Pour sauvegarder son pouvoir, il accepte le cessez-le-feu le 9 juin. L'armée quitte le Kosovo avec des pertes minimes. Le 12 juin, la KFOR entre au Kosovo avec l’UCK qui aussitôt pratique le nettoyage ethnique : cent cinquante mille Serbes, cinquante mille Roms et plusieurs milliers de Gorans (Macédoniens islamisés) quittent la région. En 2000, Milosevic est remplacé par Kustunica, qui accepte de le livrer au TPIY. Le 30 avril, il est capturé et transféré à La Haye où il répondra à des accusations de crimes contre l’humanité et de crime de guerre. Il meurt en 2006. En 2006, un référendum tenu au Monténégro donne la victoire aux partisans de l’indépendance et le Monténégro quitte alors la fédération de Serbie-et-Monténégro, État successeur de la fédération yougoslave, mettant ainsi fin de facto à l’existence de celle-ci. En 2008, après un référendum, le Kosovo déclare son indépendance, non reconnue par Belgrade.

39 2.1 – Situation intérieure 2.1.1 – Système politique Depuis la sortie de scène de Milosevic, la situation en Serbie s’est améliorée. Le système politique actuel est défini par la constitution adoptée en 2006, qui fait de la Serbie une république parlementaire. Le parlement de Serbie est unicaméral et composé de 250 députés, élus pour des mandats de quatre ans au suffrage proportionnel. C’est lui qui constitue le centre du pouvoir politique du pays. Peu de pouvoir est laissé au président, élu au suffrage universel direct pour un mandat de 5 ans. Outre les fonctions de représentation, le président est responsable de la nomination du chef du gouvernement. Tomislav Nikolic, un nationaliste radical, aujourd’hui assagi, occupe la fonction suprême depuis 2012.

40 Les dernières élections ont été convoquées au lendemain de la déclaration d’indépendance du Kosovo, le premier ministre Kostunica arguant que le gouvernement n’avait pas de politique déterminée quant à l’attitude à adopter. En « retard » de dix ans sur les États du nord-est européen quant au processus de stabilisation politique, il n’est guère étonnant de constater que prévôt aujourd’hui en Serbie un système partisan échevelé : 22 partis sont officiellement enregistrés, mais « seulement » huit ont pu accéder au parlement lors des dernières élections, Aujourd’hui, le premier parti en chambre est celui du premier ministre Aleksandar Vucic, le parti progressiste serbe, pro- européen, qui avec 158 sièges détient la majorité absolue. L’opposition officielle est pour sa part formée par le parti socialiste serbe, l’ancien parti de Slobodan Milosevic, qui détient 44 sièges.

41 2.2.2 – Économie La situation internationale et intérieure de la Serbie, les dommages causés par l’embargo et les destructions de la campagne de l’OTAN en 1999, ont empêché le pays de décoller économiquement. Les successeurs de Milosevic se sont employés à améliorer le climat des affaires et à privatiser, mais ces réformes ont été minées par la tension entourant le Kosovo, rendant la Serbie peu attractive pour les investissements étrangers. Les choses ont changé depuis et la stabilisation politique, mais surtout la perspective d’une adhésion éventuelle du pays à l’UE, a stimulé les investissements. Dans les années 1990, la croissance fut négative, mais entre 2000 et 2008, elle été assez soutenue, oscillant entre 2,5 % en 2002 et 7,1 % en 2007.

42 Après la crise de 2008-2009, la croissance est repartie fortement à la hausse, avec une moyenne d’environ 5% par année, mais le taux de chômage, à près de 18 %, est particulièrement élevé. L’économie est dominée par un secteur tertiaire vigoureux, qui représente près de 55 % de l'économie du pays. Le secteur industriel, datant pour l’essentiel de l’époque titiste, n’a jamais vraiment été le fer de lance de la Serbie, mais il se développe bien depuis quelques années, représentant aujourd’hui près de 37 % du PIB et occupant environ 16 % de la main-d’œuvre. Les secteurs de l’agroalimentaire, de la chimie, de la machinerie et des textiles dominent l’appareil industriel serbe. Siemens, US steel et Fiat sont parmi les plus gros investisseurs.

43 Le secteur agricole, qui bénéficie de terres fertiles en Voïvodine et dans les zones de vallées, est néanmoins en perte de vitesse, ne représentant plus que 8% du PIB, tout en occupant 22 % de la main-d’œuvre. Les terres étant gérées par des coopératives à l’Époque de Tito, le secteur n’a guère été réformé, d’où des indices de productivité qui demeurent faibles. Les sanctions des années 1990 ont ici un avantage : les herbicides ayant été frappés d’interdiction, les cultures de Serbie sont plus « vertes » que celles de ses voisins Éventuellement, l’UE deviendra le partenaire dominant des échanges commerciaux de la Serbie, mais pour l’heure, la Serbie demeure attachée à l’économie de la Russie, laquelle exempte d’ailleurs les exportations serbes de droits de douane. La Serbie est le seul État à disposer d’un aussi grand avantage douanier avec la Russie.

44 2.3 – Politique étrangère Considérées souvent dans l’opinion publique occidentale comme les seuls responsables des atrocités des guerres yougoslaves, les autorités serbes reviennent de loin. Grâce à la politique de collaboration du gouvernement serbe envers le TPIY, Belgrade à recommencer à avoir des relations normales avec ses voisins et la « communauté internationale ». Demeure la question du Kosovo. Belgrade se refuse à envisager la reconnaissance de l’indépendance, mais il lui faudra faire certaines concessions pour pouvoir rejoindre l’UE. L’UE cherche une position pour ne pas braquer les Serbes et permettre éventuellement leur entrée dans l’union. À ce titre, le 2 mars 2012, le statut de candidat à l’adhésion à l’UE a été octroyé à la Serbie, achèvement de longues années d’efforts déployés par Tadic.

45 Reste à savoir ce qui adviendra du statut et des minorités serbes du Kosovo, victimes de discriminations et d’exactions dans la province. En février, les communes serbes du Kosovo ont tenu un référendum qui posait la question de savoir si la population serbe reconnaissait la légitimité du gouvernement de Pristina. La réponse, à 95 %, était sans ambigüité : non. Abandonner les Serbes kosovares serait de mauvaise politique et irait à l’encontre d’un sentiment national fort. La partition ethniques a peu de chance de remporter l’adhésion des partenaires occidentaux du pays, compte tenu de la douloureuse expérience des années 1990. Même si les relations demeurent tendues entre Belgrade et Pristina, les deux capitales vont de l’avant depuis quelques années dans leurs efforts de normalisation de leurs relations. Par exemple, en août 2015, les deux États se sont entendus sur certaines questions, comme le partage des infrastructures et certains droits accordés aux minorités serbes du Kosovo.

46 Avec le rapprochement qui s’annonce, il sera intéressant de suivre l’évolution des relations russo-serbes, qui ont toujours été excellentes. À la différence de la très grande majorité des peuples d’Europe de l’Est, les Serbes n’ont jamais expérimenté d’épisode de russophobie, bien au contraire. Il n’est bien sûr pas question pour Belgrade de rejoindre l’organisation qui l’a bombardé il y a une décennie à peine, mais le réchauffement des relations euro-serbes pourrait avoir en corollaire le refroidissement des relations russo- serbes, mais cela n’est pas automatique, comme en fait foi le cas slovaque.


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