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Géopolitique de l’Europe de l’Est et des Balkans Sixième cours : Monténégro, Slovénie et Croatie.

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1 Géopolitique de l’Europe de l’Est et des Balkans Sixième cours : Monténégro, Slovénie et Croatie

2 Sixième cours : Monténégro, Slovénie et Croatie 1 – Le Monténégro 2 – La Slovénie 3 – La Croatie

3 1 –Monténégro 1.1 – Notions générales 1.1.1 – Géographie Avec 13 812 kilomètres carrés, la république du Monténégro était le plus petit des territoires yougoslaves. Dominé par les montagnes, le pays compte quatre ensembles topographiques, relevant des Alpes dinariques : les hauts sommets du Sandjak, la zone érodée de la frontière bosniaque, la dépression du lac de Skadar, et la chaîne de montagnes qui longe la côte de la mer Adriatique. Le Monténégro partage des frontières avec la Bosnie- Herzégovine, la Croatie, la Serbie, le Kosovo et l’Albanie. Il dispose de 300 km de côte sur la mer Adriatique.

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5 Le pays est situé en haute altitude, à une moyenne de 1060 mètres. Plus de 70 sommets du pays dépassent les 2 000 mètres d’altitude. Outre le lac de Skadar, le plus important lac de la péninsule balkanique, le pays compte plusieurs lacs glaciares importants. La principale rivière du pays, la Tara, coule du sud vers le nord, sur un peu plus de 100 kilomètres. Plusieurs autres rivières de moindre importance serpentent à travers le territoire. On trouve sur le territoire deux climats très distincts. Le long de la côte, un climat presque méditerranéen, avec des hivers doux et des étés secs. Mais de l’autre côté des montagnes, le climat est continental et l’altitude rend les températures plus fraiches en été, alors que les hivers sont froids.

6 1.1.2 – Démographie La population du Monténégro est de 650 000 habitants Les Monténégrins constituent la majorité relative de la population, avec environ 45 % de l’ensemble. Le reste de la population est très diversifié, héritage de l’État yougoslave : 29 % de Serbes, 9 % de Musulmans, 5 % d’Albanais, 4 % de Yougoslaves, 1 % de Croates, plus quelques autres nationalités. La principale langue parlée au Monténégro est le serbo-croate. La population, après avoir connu un creux de vague dans les années 1990, est de nouveau en croissance, avec une augmentation de l’ordre de 3,5 % par année. Le taux de natalité n’est pourtant pas très élevé (à 1,5 enfant par femme), c’est donc les flux migratoires positifs qui expliquent cette augmentation.

7 La population est relativement jeune, avec un âge médian d’environ 37 ans, et l’espérance de vie est de 72 ans. Le pays occupe dans le classement de l’indice IDH le 51 e rang. La stabilisation politique depuis l’indépendance de 2006 a contribué à améliorer le niveau de vie de la population. L’Église orthodoxe domine dans la population, avec près de 75 %, mais la minorité musulmane est très importante (17 % de la population). Près de 4 % des Monténégrins sont catholiques. Le taux d’urbanisation du pays est relativement élevé pour la zone, à 61 %. Le pays ne compte que quelques villes d’importance : la capitale, Podgorica, avec 136 000 habitants, est la seule ville de plus de 100 000 habitants. La seule autre ville d’importance est Niksic (60 000 habitants), les autres comptant moins de 20 000 habitants.

8 1.1.3 – Bref historique Pendant longtemps, l'histoire des Serbes et des Monténégrins s'est confondue, à tel point qu'il n'existait pas d'appellation spécifique pour distinguer les habitants des montagnes monténégrines de ceux des plaines serbes. Le nom Monténégro a été utilisé pour la première fois au XIIIe siècle et désignait un territoire plus petit que celui d’aujourd’hui. Lors des premières tentatives de création d'un État indépendant serbe au X e siècle, le territoire monténégrin était rattaché au territoire serbe et à partir du XIIe, la principauté de Zeta fut soumise et intégrée à la Serbie. Jusqu'aux conquêtes ottomanes, le Monténégro connaît de brèves périodes d'indépendance, mais reste attaché aux différents États serbes qui se succèdent.

9 La quasi-totalité du territoire est conquise en 1499, sauf un petit réduit montagneux autour de Cetinje, qui se transforme en lieu de rébellion permanente contre l'envahisseur. La différenciation des Serbes et Monténégrins remonte à cette période. Jusqu'à la fin du XVIII e siècle, le Monténégro fonctionna sous la forme d'une confédération clanique. De la fin du XVIII e au début du XX e siècle, l’État monténégrin se consolide et s'agrandit. Sous Petar I, le pays, dévasté par une guerre contre les Turcs, est entièrement réorganisé. Il fait accepter, en 1796 la première loi écrite du Monténégro. Petar II lui succède en 1830 et continue la politique de son oncle et met en place différents appareils de gouvernance. À noter que, outre ses talents d’organisateur, Petar II est passé à la postérité comme le plus grand poète monténégrin de son temps.

10 Son successeur, Danilo, est le premier monarque monténégrin à abandonner sa fonction religieuse. Il parvient à s’imposer face aux Ottomans, mais il est assassiné en 1860. En 1878, Nikola, le neveu de Danilo, parvient à obtenir la reconnaissance internationale du pays. Grâce à des gains territoriaux réalisés pendant les guerres contre les Ottomans, le territoire du pays double de superficie et dans le cadre de la première guerre balkanique, le pays se verra adjoindre une partie du Sandjak et du Kosovo. La 1 ère guerre mondiale marque la fin de l’indépendance du pays : les Alliés favorisent la Serbie pour créer un territoire des Slaves du sud gouverné par Pierre I er ; le Monténégro est intégré au nouveau royaume et disparaît de la carte. Après 1945, le Monténégro réapparaît dans ses frontières actuelles en tant l'une des six républiques fédérées de la Yougoslavie de Tito. La capitale devient alors Podgorica.

11 En 1992, le Monténégro choisit de créer avec la Serbie la République fédérale de Yougoslavie Entre 1991 et 1995, le Monténégro combat aux côtés de l'armée yougoslave en Croatie et en Bosnie-Herzégovine. Mais la politique de Milosevic inquiète la population, qui devient de plus en plus critique vis-à-vis de Belgrade, ce qui pousse le premier ministre Djukanovic à prendre ses distances. Entre 1998 et 2000, les tensions s’accroissent et la chute de Milosevic ne suffit pas à ramener le Monténégro dans le giron de son ancien partenaire. Inquiète d'une potentielle déstabilisation, l'UE propose de créer la Communauté d'États de Serbie-et-Monténégro, qui sera proclamée le 4 février 2003. Le Monténégro continue de revendiquer son indépendance et il organise un référendum d'autodétermination qui recueille 55 % des voix. L'indépendance est proclamée le 3 juin 2006.

12 1.2 – Situation intérieure 1.2.1 – Système politique Depuis l’indépendance en 2006, la situation se stabilise et un jeu politique normal se met en place La constitution a été adoptée en 2007 et fait du pays une république parlementaire, dans laquelle le pouvoir appartient essentiellement au premier ministre, même si le président conserve quelques prérogatives importantes. Le parlement est composé de 81 députés élus pour quatre ans au suffrage universel proportionnel. Le président, qui nomme le premier ministre, mais aussi les juges de la Cour suprême, dispose aussi d’une légitimité populaire, puisqu’il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans.

13 Filip Vujanovic, du parti socialiste, dirige le pays depuis l’indépendance (2006) et a été réélu à deux reprises à 2008 et 2013. Les socialistes dominent politiquement, trois des cinq premiers ministres, dont l’actuel premier ministre Milo Dukanovic, depuis l’indépendance appartenant à cette tendance politique Malgré sa petite population, le Monténégro compte huit partis politiques représentés en chambre (13 partis ont participé aux dernières élections), alors qu’au tournant des années 2000, on en comptait dix-huit. À noter que la constitution réserve 5 sièges aux différents partis de l’importante minorité albanaise. Les dernières élections se sont tenus en 2012 et ont reconfirmé la prédominance de la gauche au sein du parlement.

14 C’est une coalition de trois partis qui détient la majorité : le parti démocratique socialiste, le Parti socialiste et le parti Libéral, qui rassemblent 39 sièges. Malgré des programmes sensiblement différents, ces trois partis ont en commun le désir d’une adhésion rapide à l’Union européenne. Ne disposant pas de la majorité absolue, la coalition doit faire des compromis avec les autres forces politiques en chambres, dont le parti socialiste populaire (9sièges) ou le Front démocratique (20 sièges.)

15 1.2.2 – Économie L’économie du pays n’est pas très développée et il a fallu attendre le début du XXe siècle pour voir les débuts de l’industrialisation. La période yougoslave a bien sûr vu une accélération de l’industrialisation, mais elle est demeurée moins développée que dans les autres républiques. Le point positif de cette situation, c’est un environnement écologique beaucoup mieux préservé, lequel fournit au tourisme ses principaux attraits. Les réformes, lancés en 1989, ont été interrompu par les sanctions à partir de 1992. Avec la montée des tensions avec Belgrade, Podgorica s’est rapproché de l’Occident et des réformes plus poussées ont pu être mises en place. Mais les privatisations et les réformes n’ont pas entraîné un fort accroissement du niveau de vie de la population.

16 Depuis 2006, la croissance s’est accélérée, atteignant 7 % en 2008, dopée par le développement du secteur touristique. La crise s’est soldée par une contraction importante de l’ordre de 6 % et en 2010, la croissance est demeurée modeste, à environ 1 %. Cette faiblesse s’est maintenue depuis (0% en 2012). De même, le taux de chômage, à 19%, est très élevé. Le tourisme constitue l’un des moteurs économiques du pays, ce qui s’illustre par la grande importance du secteur des services (88 % du PIB et73% de la main-d’œuvre). La crise russe a ici un impact fondamental, car les touristes sont traditionnellement issus majoritairement de ce pays. Même si l’agriculture emploi plus de 6% de la main-d’œuvre, sa contribution au PIB est insignifiante (moins de 1%), ce qui n’est d’ailleurs pas étonnant compote tenue de la topographie très montagneuse du pays.

17 Le Monténégro a connue une industrialisation tardive et le secteur industriel emploie aujourd’hui 21 % de la main- d’œuvre, pour une contribution d’environ 11% au PIB global. Les grands consortiums de l’ère yougoslave ont été privatisés et le secteur demeure aujourd’hui dominé par l’extraction et la transformation des métaux. En tant qu’ex république yougoslave, les flux commerciaux avec l’URSS étaient relativement peu importants avant 1991 et aujourd’hui, la Russie ne demeure importante qu’en tant que fournisseur énergétique. Les premiers partenaires commerciaux du Monténégro sont l’Italie, la Slovénie, la Grèce et l’Allemagne. Jusqu’en 1999, le dinar était la monnaie nationale, mais en 1999, Podgorica a choisi d’adopter unilatéralement le mark allemand, puis en 2002, l’euro, même si bien sûr le pays ne fait pas partie de la zone euro et n’a aucune influence sur la politique monétaire européenne.

18 1.3 – Relations étrangères Après les difficultés liées au maintien du pays dans l’union avec la Serbie les choses se sont stabilisées et améliorées depuis l’indépendance. La détérioration des relations avec Belgrade autour de la question kosovare a permis à l’inverse à Podgorica de réintégrer la communauté internationale, entre autres grâce à son attitude en 1999, alors que le pays s’est montré accueillant envers les Kosovars fuyant la guerre. Les dirigeants du Monténégro ont identifié comme priorités l’accession éventuelle à l’OTAN et à l’Union européenne, car une certaine méfiance se maintient entre les deux capitales de l’ancienne fédération, et seul l’arrimage du pays aux institutions occidentales peut permettre à Podgorica de s’affranchir définitivement de l’influence serbe.

19 En ce qui concerne l’UE, les négociations sont engagées depuis l’indépendance et en 2010, le pays a obtenu le statut de candidat à l’adhésion. Cependant, d’importants problèmes restent à résoudre. Pour l’OTAN, les choses sont plus faciles, et la déclaration d’indépendance du Kosovo a rehaussé l’intérêt stratégique du pays. Ainsi, en décembre 2009, le pays a rejoint le plan d’action pour l’adhésion et celle-ci devrait survenir dans les prochaines années. Les perspectives du Monténégro sont assez bonnes : la situation politique stable et l’arrivée potentielle dans les grandes organisations occidentales devraient favoriser les investissements étrangers et accroître la prospérité. Compte tenu da sa faible importance, le Monténégro n’a sans doute guère plus d’ambition que celle d’améliorer globalement sa situation intérieure.

20 2 – La Slovénie 2.1 – Notions générales 2.1.1 – Géographie La Slovénie s’étend sur environ 20 000 kilomètres carrés, au carrefour des Alpes et de la péninsule balkanique. Le pays partage des frontières avec l’Autriche, la Hongrie, la Croatie et l’Italie. Le pays est presque entièrement enclavé et ne dispose que d’une petite façade maritime au sud (46km). Le territoire est varié, mélangeant zone de plaine au nord-est, en direction de la plaine hongroise, zones montagneuses au nord et à l’ouest. Dans le centre du pays se trouve une zone de collines boisées assez haute.

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22 90 % du territoire se trouve à plus de 200 mètres d’altitude, alors que le plus haut somme, le Triglav culmine à 2860m. La Slovénie est mal pourvue en ce qui concerne les ressources hydriques et seul 1 % du territoire est recouvert d’eau. S’agissant d’une zone montagneuse, les lacs glaciaires sont nombreux, mais petits. Le plus important lac permanent, le Bohinj, s’étend sur un peu plus de 3 km2. Celui de Cerknica s’étend sur 38 km2 à son maximum, mais durant la saison sèche, il disparaît. Le principal cours d’eau de Slovénie, l’Isonzo, parcourt une centaine de kilomètres sur le territoire. La Save prend aussi sa source dans le nord-ouest de la Slovénie et en tout, on compte près d’une cinquantaine de cours d’eau. Le climat est de type méditerranéen au sud du pays, mais plus on s’avance à l’intérieur des terres, plus l’altitude augmente, et plus le climat devient continental.

23 2.1 – Démographie La population est d’un peu plus de deux millions de personnes, ce qui fait du pays la deuxième plus petite des ex- républiques yougoslaves, à égalité avec la macédoine. Elle est particulièrement homogène et c’est l’une des raisons qui expliquent la facilité avec laquelle elle a pu quitter le giron fédéral. 83 % de la population est slovène, alors que le pays compte 2 % de Serbes, 2 % de Croates et 1 % de Bosniaques. Le reste est réparti entre différentes communautés, dont les Hongrois et les Italiens, car le pays attire l’émigration. En 1992, 20 000 habitants ont perdu leur statut national, Depuis, le quart de ces « effacés » a pu obtenir un permis de résidence, mais pour les autres, le problème n’est toujours pas réglé. Ces personnes ont déposé un recours en 2009 devant la Cour européenne des droits de l’homme.

24 La population est à peu près stable, en légère hausse depuis le tournant du millénaire. À 1,25 enfant par femme, ce n’est certainement pas le taux de fécondité qui explique cette amélioration, mais bien plutôt les flux migratoires, la Slovénie disposant d’une économie saine et prospère. À 76 ans, l’espérance de vie témoigne du haut niveau de développement du pays. Pour sa part, l’âge médian très élevé, à 41 ans, promet des difficultés démographiques à l’avenir. La position du pays dans l’indice IDH est excellente : en 2014, il est parvenu au 25 e rang mondial, dépassant, parmi les nouveaux membres de l’UE, la République tchèque et se classant ainsi parmi les pays les plus développés du monde, devant la Finlande, l’Espagne et l’Italie. Pays de tradition catholique, 58 % de la population s’identifie encore aujourd’hui à cette confession, devant l’Islam (2 %) et l’Église orthodoxe (2 %). À noter que plus de 35 % de la population ne se reconnait pas d’appartenance religieuse.

25 Le taux d’urbanisation du pays, à 51 %, est particulièrement faible pour un État aussi développé. Parmi les quelques 67 villes du pays, seule la capitale, Ljubljana est assez importante, avec 270 000 habitants et parmi les autres villes, seule Maribor (92 000 habitants) compte une population supérieure à 40 000 habitants.

26 2.1.3- Bref historique Les Slaves affluent dans la zone au cours du VI e siècle, après que le territoire eut connu les civilisations celte et romaine. Le duché de Carantanie, constitué au VIII e siècle, passa dans l'Empire carolingien et la christianisation fut entreprise. Au XIII e siècle, le territoire passe aux mains des Habsbourg et l'histoire des Slovènes se déroule ensuite à l'intérieur de cet empire. Sans réelle possibilité d'action politique avant la fin du XIX e siècle, ;les Slovènes y développent leur culture. Sans être intégré dans l'Empire ottoman, le pays fut dévasté par les armées du sultan et la mise en place d'un glacis de protection va couper les Slovènes de leurs voisins slaves Le protestantisme connut en un premier temps du succès, alors qu’il se mêla à l’émergence d’une culture nationale slovène.

27 Mais la grande influence de l’Église viennoise fera reculer le protestantisme, alors que la langue slovène, limitée à la paysannerie, constitue le seul lien d’une population dispersée entre différentes entités administratives. Ljubljana s’impose comme centre culturel et l'instauration de l'école obligatoire à la fin XVIIIe siècle permettra le développement de la langue slovène. Se forme une mince couche d'intellectuels issus de la paysannerie, sans pouvoir politique, mais qui favorisent une fois encore le développement d’une unité culturelle nationale. Dans la foulée des révolutions de 1848, ce mouvement culturel se politise et apparaissent des revendications réclamant l’unification des Slovènes dans une même entité administrative, mais toujours sous le contrôle de Vienne. Au tournant du siècle apparaissent les premiers partis politiques, dont le alors très minoritaire Parti social- démocrate, le seul à orientation yougoslave (1896).

28 Pendant la guerre, l’idée d’une union des Slaves du sud progresse parmi les élites et en mai 1917, les députés slovènes demandent l'autonomie du territoire afin de pouvoir s'unir aux autres Slaves du sud sous domination autrichienne. Les députés slovènes et ceux de la Croatie et de la Vojvodine fondent en octobre 1918 l'État des Slovènes, Croates et Serbes. Ils tentèrent de se faire reconnaître, mais furent contraint de s'allier au gouvernement du Royaume de Serbie. Un accord fut signé le 1 er décembre 1918 à Belgrade, donnant naissance à un État instable, unissant des nations inégalement développées et pourvues de traditions très différentes. Les Slovènes gagnèrent en entrant dans cette union, mais désireux de mettre en place un État triunitaire, ils se rendirent compte de la méconnaissance mutuelle des différentes composantes de l’État, et surtout des volontés centralisatrices de Belgrade.

29 Les conflits s’aggravèrent avec l'instauration de la dictature pendant que le redécoupage territorial interne mit fin à l'existence géographique de la Slovénie. À ces problèmes internes se mêlaient aussi des problèmes extérieurs, alors que le partage des territoires au lendemain de la guerre avait permis que des régions à majorité slovène passent sous le contrôle italien. En avril 1941, la Slovénie disparut et durant toute la guerre, un grand nombre de Slovènes furent déportés, ce qui stimula la résistance du parti communiste slovène rallié à Tito. La République fédérative de Slovénie vit le jour au lendemain de la guerre, mais le problème de la frontière avec l'Italie ne trouva sa solution qu'en 1954. La Yougoslavie représenta un pas vers l'affirmation nationale : la Slovénie bénéficiait d’une autonomie comme République fédérale et sa langue devint l'une des trois langues officielles.

30 Son avance économique se maintient, ce qui constitua un terreau fertile pour le développement des revendications nationales. Lassés d’une interdépendance jugée inéquitable, inquiets de la dérive nationaliste consécutive à l'arrivée de Milosevic à la tête de la Serbie, hostiles à la politique de Belgrade au Kosovo, les Slovènes s’éloignèrent de la Fédération. Dans la foulée des effondrements politiques de 1989, au printemps 1990, la Slovénie organisa ses premières élections libres et après un référendum, le Parlement slovène déclara l'indépendance du pays le 25 juin 1991. Les affrontements avec l'armée fédérale yougoslave durèrent deux semaines, mais Ljubljana ne faiblit pas et Belgrade, pour qui la Slovénie ne représentait pas un enjeu majeur, préféra renoncer.

31 2.2 – Situation intérieure 2.2.1 – Système politique La Slovénie a été l'un des élèves modèles de la transition postsoviétique et parmi les nouveaux membres de l’UE, c’est sans doute l’un des pays ayant connu la plus grande stabilité politique. La vie politique slovène s'est caractérisée dans les années 1990 par une grande continuité. Pendant cette période, c’est le Parti libéral démocrate de Kucan qui domine la scène politique, et ce n’est qu’en 2004 que ce parti laissera la place à une coalition de centre droit. La constitution slovène a été adoptée le 23 décembre 1991, dans la foulée de la déclaration d’indépendance, et elle fait du pays une république parlementaire.

32 Le parlement est composé de deux chambres. L’Assemblée nationale compte 90 députés, dont 88 sont élus pour quatre ans suivant un scrutin proportionnel, alors que les deux autres sont réservés aux minorités hongroises et italiennes. Le Conseil national compte 40 membres élus pour cinq ans. 22 des mandats sont désignés par un scrutin représentatif de circonscription, alors que les 18 autres sont élus par les représentants de diverses associations et organisations. Le président n’est pas très puissant, mais il est élu au suffrage universel pour cinq ans. En tant que représentant international du pays, son rôle a été particulièrement important dans les années 1990, mais depuis, ses fonctions demeurent essentiellement décoratives. Danilo Turk, élu en 2007, est le 3 e président du pays depuis l’indépendance. Le spectre politique est assez étroit entre le centre gauche et le centre droit, et les extrêmes se trouvent exclus du jeu politique, faute d’appui populaire.

33 Dix partis participent à la lutte politique, mais lors des élections de décembre 2011, seulement sept d’entre eux ont franchi la barre des 3 % nécessaires pour être représentés. C’est le parti du Centre moderne du premier ministre Miro Secar (36 sièges) qui a remporté le dernier scrutin, tenu en juillet 2014, suivi par le parti démocratique slovène (21 sièges), qui forme le premier parti d’opposition. Grâce au ralliement de petits partis, le Parti du Centre moderne parvient à gouverner.

34 2.2.2 – Économie Au plan économique, le pays fait aussi figure de modèle, grâce à un processus de libéralisation rondement mené, à une main-d’œuvre hautement qualifiée et des infrastructures en bon état, ce qui est loin d’être toujours le cas en Europe centrale. Dès 2004, la Slovénie devient le premier pays en transition à obtenir le statut de donateur à la Banque Mondiale. La grande particularité de ce succès c’est que l’État est demeuré un acteur économique majeur, au point où la Slovénie est le pays de l’Union où les investissements étrangers sont les plus faibles. Les succès de la Slovénie indépendante ont été favorisés par le fait que, dans le cadre yougoslave, c’est elle qui détenait le meilleur niveau de vie et l’économie la plus performante.

35 Après une chute initiale, la croissance est repartie à la hausse, avec des taux oscillant entre 2,8 % et 7,4 % jusqu’en 2008. La crise s’est traduite ici par une forte contraction du PIB en 2009 (-8 %), mais dès 2010, la croissance est repartie, en accélérant graduellement (1,5 % en 2010, 3% en 2014). Mais à 10%, le chômage constitue dorénavant un facteur d’inquiétude. L’économie slovène est moderne et développée et sa structure ressemble à celle de ses partenaires occidentaux de l’UE. Le secteur de l’agriculture est modeste, ne représentant que 2 % du PIB du pays et employant 6 % de la main-d'œuvre. Le secteur industriel représente environ 30 % du PIB pour 35 % de la main-d’œuvre, ce qui témoigne d’une productivité assez faible, corolaire d’une législation du travail lourde, mais qui permet d’autre part de maintenir un niveau élevé des salaires.

36 Les industries traditionnelles du pays (chimie, extraction et transformation des métaux) ont été rejointes par des secteurs industriels plus modernes et dynamiques comme la construction automobile et l’électronique. La part du secteur tertiaire est de près de 65 % dans le PIB et celui-ci emploi un peu moins de 60 % de la main-d’œuvre. À noter le développement d’une industrie touristique assez importante, qui peut compter sur la richesse de la géographie du pays, ainsi que sur sa proximité avec de grands États comme l’Italie. Ce sont ces États (Italie, Allemagne et Autriche) qui constituent les principaux débouchés de l’exportation slovène, tout en étant les principaux fournisseurs. La monnaie nationale, le tolar, a été mis en place dans la foulée de l’indépendance et a été abandonnée en janvier 2007, lorsque le pays a rejoint la zone euro.

37 2.3 – Relations étrangères La Slovénie s’est naturellement tournée vers l’intégration aux structures continentales et atlantistes au lendemain de l’indépendance. Le référendum sur l'adhésion à l’UE, tenu le 23 mars 2003, fut un grand succès, alors que 90 % des 60 % de la population qui participèrent au référendum approuvèrent le traité et en 2004, la Slovénie rejoignait l’UE. L’arrivée, le 1 er janvier 2005, de la Slovénie à la présidence tournante de l’OSCE et le fait qu’elle fut le premier des nouveaux États membres à assumer la présidence tournante de l’UE témoigne du désir des Occidentaux de faire de la Slovénie une tête de pont de leur influence dans les Balkans. Ce désir se manifeste aussi en ce qui concerne l’adhésion à l’OTAN, alors que le processus fut aussi rondement mené.

38 Dès 2004, Ljubljana rejoint l’alliance atlantique. La Slovénie s’était illustrée déjà en défendant des positions atlantistes et en appuyant l’OTAN dans sa campagne de bombardement de la Serbie en 1999. Elle fournit d’ailleurs un contingent important de la KFOR au Kosovo, forte de son expérience au sein de la SFOR jusqu’en 1996 en Bosnie. Dans son espace régional, la Slovénie s’est employée à apaiser les tensions. Le cas de l’Italie est assez emblématique des efforts déployés par la Slovénie pour se faire accepter à part entière par ses voisins, alors que de 1994 à 2007, une série de traités ont réglé tous les contentieux. Les relations avec la Hongrie sont très bonnes, surtout compte tenu des difficultés que les politiques de Budapest quant à ses minorités extraterritoriales posent dans les relations bilatérales avec ses voisins. Dès le début des années 1990, Ljubljana a réglé ce problème potentiel en octroyant une représentation politique à sa minorité hongroise.

39 Avec la Croatie, les relations sont plus difficiles, même si on ne peut pas parler de conflit. Le problème ici concerne surtout les questions territoriales, sur terre comme sur mer, alors que Zagreb a proclamé « zone économique exclusive » une part de la mer Adriatique revendiquée d’autre part par Ljubljana et Rome. Bref, la Slovénie, l’un des plus petits États de la zone, est devenue en deux décennies un État incontournable dans les Balkans, bien sûr, mais aussi en Europe centrale. Sa politique de la main tendue l’a bien servi et elle est parvenue à s’imposer, tout en gardant la haute main sur sa souveraineté, économique, entre autres.

40 3 – La Croatie 3.1 – Notions générales 3.1.1 – Géographie La Croatie s’étend sur 56 000 km2. Compte tenu du très grand nombre d’îles de la côte dalmate (1 200), on ajoute parfois l’espace maritime entre ces îles et la côte. La Croatie se présente sous la forme d’un fer à cheval dans lequel s’encastre la Bosnie-Herzégovine. Elle partage des frontières avec celle-ci, mais aussi avec la Slovénie et la Hongrie, la Serbie, ainsi que le Monténégro. À noter que le littoral de la côte dalmate est discontinu et que Dubrovnik n’a pas un contact direct avec le reste du pays, à cause de l’incursion de 20 kilomètres du territoire bosniaque.

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42 Les différentes régions sont distinctes et présentent une grande variété de paysages. Relativement basse, la côte dalmate devient plus haute vers le nord, en Lika. De part et d’autre de celle-ci, l’Istrie etla Banija, sont plus basse. Depuis cette dernière, on entre en Slavonie, d’altitude moyenne Le point culminant du pays, le Dinara, s’élève 1 830 mètres. Les principales étendues d’eau sont les lacs de Plivitce, situés dans la courbe du « fer à cheval » : Il s’agit d’un ensemble de 16 lacs, reliés entre eux par des cascades. À cette exception, le territoire est peu choyé d’un point de vue lacustre. Les fleuves, rivières et ruisseaux sont très nombreux, surtout en Slavonie, où ils coulent de part et d’autre du massif central. La Sava et la Kupa sont les principaux cours d’eau de la région. Le climat est varié, avec une zone méditerranéenne en Dalmatie et en Istrie, et un climat continental en Slavonie.

43 3.1.2 – Démographie La population s’élève à 4,5 millions d’habitants. Après une baisse dans les années 1990, elle s’est à peu près stabilisée, le taux de décroissance étant de 0,03 % par année. Les transferts de population dans les années 1990 expliquent la diminution de la population : de nombreux Croates sont revenus sur le territoire national à cette époque, mais cette augmentation n’a pas pu compenser les pertes des non- croates, principalement les Serbes, qui ont quitté le territoire dans la foulée des guerres yougoslaves. La population de la Croatie est très homogène : les Croates constituent près de 90 % de la population, les Serbes plus que 5 %, alors que le reste est partagé entre différentes ethnies. Les indicateurs démographiques ne sont pas très bons : l’indice de fécondité est faible (1,4 enfant par femme) et l’âge médian est élevé, à près de 41 ans.

44 Avec une espérance de vie de 75, la pyramide des âges, déjà très déséquilibrée, devrait continuer à voir sa base rétrécir. La Croatie occupe le 47 e rang dans l’indice IDH. Les cicatrices des guerres s’effacent et la Croatie reprend son rang parmi les plus développés des États issus de la Yougoslavie. La Croatie compte une forte majorité de catholiques (88 % de la population), ce qui correspond à peu de chose près à la population croate. Le clivage religieux se manifeste aussi avec près de 5 % d’orthodoxes, alors que l’Islam est la religion de 1,5 % de la population. Seuls 5 % des habitants de la Croatie ne se reconnaissent pas d’allégeance confessionnelle. La Croatie est l’un des États les plus urbanisés de l’ex- Yougoslavie, avec un taux d’urbanisation de 61 %. Outre Zagreb, la capitale, qui compte près de 800 000 habitants, les principales villes du pays sont Rijeka (144 000 habitants) et Split (122 000). Ce sont les seules villes de plus de 100 000 habitants.

45 3.1.3 – Bref historique Le territoire de l’actuelle Croatie est englobé il y a deux mille ans dans l’Empire romain et après le passage des Avares, les tribus croates venues d'Ukraine s’installent sur le territoire. Malgré la présence de Byzance, ce sont les Carolingiens qui christianisent les Croates. En 880 est fondé un duché qui devient royaume indépendant en 925, qui durera du IXe au Xe siècle. Après avoir été allié de Byzance, le royaume se tourne vers Rome et Venise. En 1076, l’anarchie s’installe et les Hongrois pénètrent sur le territoire. En 1102, le roi de Hongrie est couronné roi de Croatie, inaugurant une domination qui durera jusqu'en 1918. L'influence orthodoxe qui reste alors est combattue, approfondissant la distance culturelle entre les populations slaves balkaniques du nord et du sud.

46 En 1526, la Croatie est démembrée : le Sud devient ottoman jusqu'en 1699, Venise conserve le Nord et la Dalmatie, Dubrovnik devient république indépendante, alors que le reste devient terre des Habsbourg. Napoléon met fin provisoirement à cet équilibre : après avoir défait Venise et l'Autriche, il crée les provinces illyriennes, lesquelles sont rattachées à l'Empire. Grâce à l’influence française, le nationalisme croate apparaît. La révolution de 1848 est le détonateur du mouvement croate. Les Croates se rapprochent de Vienne et de 1849 à 1867, la Croatie est directement annexée à l'Autriche. Mais en 1867, la Croatie reste aux mains des Hongrois, ce qui va pousser les nationalistes vers l'union des Slaves du Sud. Au début du XX e siècle, les nationalistes croates veulent transformer la double monarchie austro-hongroise en un État triunitaire : Autrichiens, Hongrois et Slaves, mais ce mouvement est réprimé par les autorités hongroises.

47 Le 1 er décembre, le royaume des Serbes, Croates et Slovènes est créé, mais fédéralistes croates et centralistes serbes entrent en conflit. Tout au long des années 20 et 30, les tensions entre ces deux camps se développent et le coup d’État du roi Alexandre en 1929 pousse les partisans de l’autonomie et de l’indépendance croate à l’exil C'est en exil qu'apparaissent les Oustachis, qui multiplient les attentats et parviennent à assassiner le roi en 1934. En 1939, le prince régent Paul met en place une structure autonome unissant Croatie et Dalmatie, mais l’invasion en 1941 met fin à cette tentative de sauver le royaume. Les Oustachis s’installent à Zagreb et les massacres contre les populations non-croates sont tellement violents que Berlin doit calmer Pavelic, car les tueries amènent de nombreux Yougoslaves à rejoindre le maréchal Tito, lequel libère la Croatie en mai 1945.

48 En 1946, la Croatie devient une des six Républiques socialistes fédératives de Yougoslavie et à partir des années 70, le nationalisme croate se réveille, lequel sera particulièrement stimulé par le réveil du nationalisme serbe en 1988. Lors des premières élections libres en 1990, Tudjman devient président de la République. Ses déclarations braquent la minorité serbe, qui réclame son rattachement à Belgrade. En mai, 94 % des votants se déclarent pour une indépendance de la Croatie, proclamée le 25 juin 1991; l’indépendance est reconnue internationalement à partir de 1992, provoquant l’intervention de l'armée fédérale et des milices serbes. Des médiateurs du Conseil européen réunissent Serbes, Croates et Slovènes, qui décident d'appliquer un cessez-le-feu et de suspendre les déclarations d'indépendance. Aucune de ces deux résolutions ne sera respectée et le processus d'éclatement de la Yougoslavie se met en marche.

49 Après une tentative de médiation, Belgrade accepte le cessez- le-feu avec la Slovénie, mais pas avec la Croatie. En août 1992, Tudjman est réélu président et nomme un ultranationaliste premier ministre, alors que plus de 30 % du territoire est occupé par les irrédentistes serbes. En novembre, l’armée fédérale, aidée par les milices serbes ultranationalistes, entre dans Vukovar et se livre à des massacres contre les populations civiles. Début 1993, les irrédentistes serbes décident de s’unir dans l'espoir de créer une grande Serbie, alors que la minorité croate de Bosnie-Herzégovine tente aussi de son côté de restaurer la « grande Croatie » d'Ante Pavelic. Au début de 1995, l’Occident décide d’armer la Croatie et au printemps, l’armée croate est prête à la contre-offensive : elle reprend la Slavonie occidentale et se livre alors à son tour au nettoyage ethnique des populations serbes.

50 Sentant le vent tourner, Milosevic abandonne alors les Krajinas pour sauvegarder son pouvoir à Belgrade. En trois jours, les milices serbes sont défaites et le territoire est nettoyé. Fort de ces succès militaires, Tudjman remporte les élections législatives d’octobre 1995 et un mois plus tard, à Dayton, un accord est signé entre Tudjman, Milosevic et Izetbégovic pour résoudre la crise yougoslave. Zagreb et Belgrade reconnaissent l'indépendance d'une Bosnie composée de deux régions : la fédération croato-musulmane et la République serbe de Bosnie.

51 3.2 – Situation intérieure 3.2.1 – Système politique Après la guerre, le HDZ de Tudjman perd son crédit auprès de l'opinion, qui se plaint de la corruption et de la domination du HDZ sur la vie politique. Tout au long de la seconde moitié des années 1990, le HDZ décline pour laisser la place aux socio-démocrates, même si Tudjman lui-même sera réélu président de la République en 1997. Sa mort, deux ans plus tard, marque la fin d’une époque et le renouveau de la politique croate. La constitution de la Croatie a été adoptée le 22 décembre 1990, mais a subi trois amendements importants depuis : en 1997, des droits supplémentaires sont accordés aux minorités nationales; en septembre 2000, le régime, de mi présidentiel, devient parlementaire et en 2001, la deuxième chambre est supprimée.

52 Le pays est aujourd’hui une république parlementaire, dans laquelle les pouvoirs jadis importants du président ont été pour une bonne part transmis au chef du gouvernement. Le président, élu pour cinq ans au suffrage universel, n’a plus aujourd’hui que quelques prérogatives, en plus d’être chef des armées et responsable de la nomination du premier ministre. En février 2015, Kolinda Grabar-Kitarovic (HDZ), est devenu la première femme présidente de l’histoire croate. Le parlement monocaméral de Croatie est composé de 160 représentants élus au suffrage universel pour quatre ans. Le HDZ continu d’être le principal parti du pays. Après l’éclipse de 1997, il est revenu au pouvoir en 2003 et en 2007, avant de passer le flambeau à une coalition sociale-démocrate. Depuis l’indépendance, le HDZ a gouverné la Croatie pendant 16 ans. D’ailleurs, il demeure, après les élections de décembre 2011, le premier parti en chambre, avec 66 députés.

53 La gauche semble avoir compris que cette domination de la droite était causée par la fragmentation du vote de gauche. C’est pourquoi, pour les élections de 2011, quatre partis du centre gauche ont formé une coalition (la coalition Cocorico…) laquelle est parvenue à obtenir assez de sièges pour former le gouvernement. C’est donc Zoran Milonovic, un socialiste, qui dirige aujourd’hui le gouvernement. À côté de ces deux grandes forces politiques, il reste visiblement assez d’espace pour que neuf autres partis puissent participer à la lutte électorale. De ce nombre, six ont obtenu les 3 % nécessaires pour envoyer des députés au parlement, en plus des députés serbes (3) et de ceux (5) des autres ethnies qui ont obtenu des droits de représentations par l’amendement de 1997.

54 3.2.2 – Économie La Croatie fut longtemps une économie agricole, mais avec la mise en place d’un système de type soviétique, l’industrie a connue un fort développement. L’économie s’est rapidement développée pour faire de la Croatie le deuxième plus prospère des territoires yougoslaves. L’élan de restructuration et de libéralisation en 1990 fut arrêté par les guerres de 1992-1995, lesquels ont d’autant plus handicapé l’économie du pays que Zagreb ne fut plus en mesure de contrôler de grandes zones du territoire. À cette perte de souveraineté pendant quelques années, il faut aussi ajouter les destructions causées par les guerres. Sous le HDZ, le processus de privatisation fut relancé à partir de 1995, mais, très opaque, il entraîna un accroissement de la corruption, alors que nombre d’entreprises d’État étaient cédées à intérêts proches du pouvoir.

55 La mort de Tudjman marque une rupture, alors que le centre gauche, qui remporte les élections de 2000, se lance dans un processus de modernisation. Après deux années de réformes difficiles et douloureuses (le chômage atteint 22 % en 2002), les efforts commencent à payer et le taux de croissance s’améliore : il atteint alors 5 % par année et se maintiendra à ce niveau jusqu’en 2008. La crise fut douloureuse pour une économie qui dépend si fortement du tourisme et après avoir plongé de 6 % en 2009, le PIB a de nouveau reculé de 1,5 % en 2010. Les choses se sont améliorées graduellement depuis, mais avec 1,2% de croissance prévue en 2015, celle-ci demeure modeste et à 16% le taux de chômage est inquiétant. Malgré son recul depuis 50 ans, le secteur a encore de beaux restes, lui qui représente 5 % du PIB pour moins de 2 % de la main-d’œuvre.

56 Le secteur industriel a beaucoup souffert de la transition et ne représente aujourd’hui que 27 % du PIB, pour 28 % de la main d’œuvre. Il demeure dominé par les industries lourdes, alors que seuls l’électronique et l’agroalimentaire ont connu véritablement un essor au cours de la dernière décennie. Le secteur des services, qui occupe pour sa part plus de 70% de la main-d’œuvre et fournit environ 69% du PIB du pays, achève de donner à l’économie croate une structure comparable à celle de ses partenaires européens. Les partenaires économiques de la Croatie sont variés, même si l’Italie et l’Allemagne absorbent une part importante du commerce extérieur, autant à l’import qu’à l’export. Parmi les autres partenaires importants, on compte la Russie (10 % des importations), la Chine et la Serbie (6 % des exportations). La kuna, la monnaie nationale, a été adoptée au lendemain de l’indépendance et pour le moment, il n’est pas question de passer à l’euro.

57 3.3 – Relations étrangères La situation de la Croatie au lendemain de sa déclaration d’indépendance est ambigüe. Dans un premier temps, l’Occident va entériner avec enthousiasme cette nouvelle indépendance, mais son implication dans des massacres de civils au cours des guerres yougoslaves va ternir sa réputation. Le premier grand acte international auquel va prendre part Zagreb, c’est la signature des accords de Dayton, qui met fin à la guerre de Bosnie. Le manque d’enthousiasme de Zagreb dans l’application de certaines dispositions des accords sera responsable d’une plus grande froideur de l’Occident. De même, les grandes hésitations du gouvernement croate à collaborer au début des années 2000 avec le TPIY, manifeste entre autres par son refus d’extrader les généraux Gotovina et Bobetko, n’ont pas aidés à rétablir la confiance entre Zagreb et le monde européen et atlantiste.

58 Mais à partir de 2003, les choses vont s’arranger. Le nouveau gouvernement de Sanader s’emploie alors à collaborer avec le TPIY et Zagreb dépose sa demande d’adhésion à l’UE. Le référendum de janvier 2012, ayant vu l’approbation du projet par 68 % de la population, ouvre la voie à l’intégration du pays à partir de l’été 2013, même si le taux de participation très faible de 42 % ne permet pas de dire que la population est très enthousiasmée à cette idée. En ce qui concerne l’OTAN, l’adhésion a été facilitée par la position de Zagreb dans le conflit opposant l’Alliance à la Serbie et en 2009, Zagreb a intégré l’organisation. Avec la Serbie et la Bosnie, des problèmes subsistent, mais le compromis obtenu par les accords de Dayton semble jusqu’à maintenant tenir. Personne n’a intérêt à remettre en question cet équilibre, la priorité étant maintenant le développement économique de leur État respectif.

59 Avec la Hongrie, différents compromis au cours des années 2000 ont permis d’aplanir les difficultés. Ici encore, c’est grâce à une représentation politique de la minorité hongroise que les relations avec Budapest ont pu se détendre. Ainsi, après avoir été presque mise au ban de la communauté internationale dans les années 1990, la Croatie est parvenue, depuis la mort de Tudjman, à intégrer les organisations occidentales, même si la suspicion entre Zagreb et le reste du continent européen demeure importante.


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