1. Étymologie / Définitions 2. Citations choisies 3. Notions / Concepts / Prises de vues : 4 formes d’euthanasie / 3 principes éthiques / Euthanasie en France et en Europe 4. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question. 5. En guise de conclusion Choix des 9 thèmes de la saison Réunion préparée avec Jean-Pierre De Landtsheer, Frédéric Le Goff et Jean Meurice.
Étymologie et définitions Étymologie : Euthanasie vient du grec eu, bien et de thanatos, mort ; bonne mort, mort douce et sans souffrance. Définitions : Larousse sur internet (extrait) : Dictionnaire Larousse sur internet (extrait) : Acte d'un médecin qui provoque la mort d'un malade incurable pour abréger ses souffrances. Dictionnaire de philosophie Christian Godin (extrait) : L’idée primitive, conforme à l’étymologie, est celle du bien mourir (la bonne mort du sage) ou celle de la mort douce. Le terme d’euthanasie (euthanasy en anglais) a été créé par Francis Bacon ( ) pour désigner l’une des deux fonctions de la médecine, l’adoucissement des douleurs, l’autre étant la guérison. L’euthanasie désigne aujourd’hui ou bien la mort sans souffrance ou bien (sens plus courant) la pratique qui permet de l’obtenir. On distingue l’euthanasie passive (la cessation des soins de survie) et l’euthanasie active (le geste qui, telle l’injection létale, arrête la vie)
Citations choisies Par Jean-Pierre : « Une fois admise la légitimité du suicide, celle de l'euthanasie active suit logiquement. Car si l'on est libre de se donner la mort, comment pourrait-on dénier tout soutien à ceux qui, pour des raisons diverses, ne peuvent ou ne veulent procéder eux-mêmes à l'opération ? » Gaspard Koenig Par Frédéric : « Il faut savoir mourir fièrement quand on ne peut plus vivre avec fierté » Friedrich Nietzsche Par Jean : «Si mon enfant était atteint d'une atroce souffrance et qu'il n'existât aucun remède pour alléger sa douleur, je considérerais comme mon devoir de lui donner la mort.» » Mahatma Gandhi Par Jean-Paul : « Quand la médecine ne peut nous guérir, pourquoi ne nous aiderait-elle pas à mourir ? Le danger n’en existe pas moins, qui est celui d’une élimination systématique des malades les plus lourds. Raison de plus pour qu’une loi, comme il convient dans un Etat de droit, vienne fixer des limites et imposer des contrôles. » André Comte-Sponville
Notions / Concepts / Prises de vues I. Quatre formes d’euthanasie 1.Active : Administration délibérée de substances létales dans l'intention de provoquer la mort, à la demande du malade qui désire mourir, ou sans consentement s’il n’est pas en mesure de le donner, sur décision d'un proche ou du corps médical ; acte dont la conséquence directe est la mort. 2.Indirecte : Administration d'antalgiques dont la conséquence seconde et non recherchée est la mort. 3.Passive : Refus ou arrêt d'un traitement nécessaire au maintien de la vie. 4.Aide au suicide : le patient accomplit lui-même l'acte mortel, guidé par un tiers qui lui a auparavant fourni les renseignements et/ou les moyens nécessaires pour se donner la mort. II.Trois principes éthiques 1.Le déontologisme. Deux valeurs qui s’opposent en partie y correspondent : a)La sacralité de la vie : Soit d’ordre religieux : notre existence ne nous appartient pas en propre et nous ne saurions disposer de notre mort Soit de l’ordre du serment d’Hippocrate : le devoir du médecin est de préserver la vie, il ne peut donc donner la mort, ni y contribuer. Aucune forme d’euthanasie n’est autorisée b)La dignité, dont les conséquences s’opposent selon que l’on estime : Que la dignité de l’homme est inaliénable et incorruptible, quelle que soit la situation dans laquelle il se trouve, ce qui rejoint la notion de sacralité de la vie et interdit toute forme d’euthanasie. Ou que mourir dans la dignité, c’est « choisir librement la façon de terminer sa vie », ce qui autorise toute forme d’euthanasie voulue par le patient.
Trois principes éthiques (suite) 2.Le conséquentialisme, les choix sont fonction des résultats et effets sur le monde ou la collectivité. Deux options principales, qui contredisent toute la sacralité de la vie, y correspondent : a)Le plus grand bonheur pour le plus grand nombre. Le bien pris en compte est objectif : bonheur de l’entourage, moindre frais pour la société… b)La maximisation des préférences. Le bien est estimé à mesure de la satisfaction personnelle d’une préférence rationnelle. Autorise toute forme d’euthanasie, même sans l’assentiment du patient, ce qui va au-delà. 3.L’éthique de la vertu, centrée principalement sur le praticien, en l’occurrence le médecin, qui peut être animé par les vertus de bienveillance et de compassion : a)La bienveillance (vouloir du bien à quelqu’un) : Lorsque le maintien de la vie du patient met en œuvre des moyens déraisonnables, un (acharnement thérapeutique source d’une souffrance supplémentaire) ou lorsque le patient n’est plus susceptible d’une vie bonne, l’euthanasie peut être qualifiée de bienveillante. b)La compassion : En agissant parce qu’on se sent susceptible de subir les mêmes maux, l’euthanasie peut-être qualifiée de compassionnelle. Autorise toute forme d’euthanasie, à l’exception de l’euthanasie active et du suicide assisté, dans la mesure où le serment d’Hippocrate s’y opposerait.
Notions / Concepts / Prises de vues (suite) FRANCE Loi Leonetti du 22 avril 2005 : Cette loi permet de : Bénéficier de soins palliatifs Exercer son droit à ne pas souffrir Ne pas avoir à subir un acharnement thérapeutique Recourir aux directives anticipées Nommer une personne de confiance Cette loi n’autorise pas l’euthanasie directe ni le suicide assisté. * Loi du 27 janvier 2016 : Instaure un droit à une sédation « profonde et continue » jusqu’au décès pour les malades en phase terminale. Rend contraignantes les directives anticipées. N’autorise toujours pas l’euthanasie active ni le suicide assisté.
QUESTIONS 1.L’euthanasie est-elle immorale ? 2.L’euthanasie est-elle un droit ? 3.Faut-il légaliser l’euthanasie ?
1.L’euthanasie est-elle immorale ? Animation Frédéric Le Goff La morale : dogme ou liberté de conscience ? Qu’est-ce qui est inaliénable : la vie ou la liberté ?
1. L’Euthanasie est-elle immorale? Au nom de l’amour compassionnel à l’égard des souffrances d’autrui, loin d’être immorale, l’euthanasie n’est-elle pas morale ? loin d’être immorale, l’euthanasie n’est-elle pas morale ? En raison des possibles dérives, liées notamment à l’intervention de tiers, n’est-il pas indispensable que l’euthanasie soit réglementée et strictement contrôlée ? Si les morales dogmatiques peuvent interdire l’euthanasie au nom du caractère sacré de la vie, comment la morale éclairée par l’amour le pourrait-elle ? Si le « droit de mourir dans la dignité », c’est de pouvoir choisir le moment de sa mort, n’est-ce pas l’intervention des tiers qu’il faut contrôler ? 2. Qu’est-ce qui est inaliénable : la vie ou la liberté ? Est-ce la vie, au nom de sa sacralité, comme le soutiennent les morales dogmatiques ou Kant lorsqu’il s’oppose au suicide considérant que la vie en tant que telle est une dignité inaliénable ? Ou est-ce la liberté qui doit ultimement l’emporter lorsque les souffrances sont insupportables (morale stoïcienne) ou lorsque la vie ne vaut plus la peine d’être vécue (morale épicurienne) ? Si désormais le droit de disposer librement de sa propre vie est reconnu (suicide), ce qui pose problème à l’euthanasie n’est-ce pas l’intervention de tiers, fussent-ils mandatés ? 1.La morale : dogme ou liberté de conscience ? La morale est-elle : Transcendante et absolue, comme le soutiennent les morales dogmatiques (morale révélée du christianisme et serment d’Hippocrate par exemple) ou immanente, relative et strictement personnelle, comme le soutiennent fréquemment les morales agnostiques ou athées ? Quoi qu’il en soit, la morale n’est-elle pas l’ensemble des règles que je m’impose à moi-même parce qu’elles me paraissent devoir s’imposer universellement ? Mais quelle morale autre que celle éclairée par l’amour agapè (l’amour désintéressé) pourrait- être universalisable sans contradiction ?
2.L’euthanasie est-elle un droit ? Animation Jean-Pierre De Landtsheer Qu’est-ce qu’un droit (moral ou légal) ? L’euthanasie est-elle légitime ?
2. L’euthanasie est-elle un droit ? 2. L’euthanasie est-elle légitime ? La notion de légitimité ne se situe-t-elle pas à l’interface entre le droit et la morale ? Agir légitimement, selon son bon droit, ne suppose-t-il pas que le droit ne l’est pas toujours ? En pratique, la seule instance de légitimation n’est-elle pas la conscience individuelle ? Ainsi, la légitimité dépassant la légalité, ne faut-il pas en déduire que : Côté patient; la souveraineté sur soi-même rend légitime l’euthanasie Côté praticien; si sa conscience s’y oppose, rien ne saurait le contraindre à la pratiquer ? 1.Qu’est-ce qu’un droit ? a)Est-ce une pratique autorisée par la loi (droit positif), ce qui suppose : Une limitation de ce qu’un individu peut faire à l’intérieur d’une société donnée sans encourir de sanction et sans que quiconque puisse l’en empêcher sans lui-même en encourir. Donc aussi, par conséquent, un système de contraintes et de répression au moins possible ? b)Ou, est-ce une possibilité exigée par la seule conscience (droit naturel), résultant de la nature des hommes et de leurs rapports, indépendamment de toute convention contraignante ou législation, comme c’est le cas du droit moral, par nature strictement personnel ? Si, comme le disait Kant « Le droit est la limitation de la liberté de chacun à la condition de son accord à la liberté de tous [..] », le droit positif en application de lois particulières, ne serait-il pas la seule façon efficace de garantir la liberté ? Si au nom des libertés individuelles le droit au suicide est de fait légalement inaliénable, pour quelles raisons, l’euthanasie ne serait-elle pas légitime pour celui qui la demande et par celui qui y consent ? « Quand la médecine ne peut plus nous aider à guérir, pourquoi ne nous aiderait-elle pas à mourir ? » s’interroge ACS en ajoutant « Le danger d’une élimination systématique des malades les plus lourds n’en existe pas moins. » Dans ces conditions, n’est-il pas nécessaire, qu’une loi, comme il convient dans un Etat de droit, vienne légaliser le droit légitime à l’euthanasie en fixant des limites et en imposant des contrôles ?
3.Faut-il légaliser l’euthanasie ? La légalité n’est-elle pas un paradoxe de la liberté ? L’eugénisme : une dérive possible de l’euthanasie ?
3. Faut-il légaliser l’euthanasie ? Comme dirait ACS, n’est-ce pas parce que nous ne sommes pas tous parfaitement moraux, ni ne partageons la même morale, que nous avons besoin de lois pour être libres ? Le plus sûr moyen d’écarter tout risque de dérive de l’euthanasie ne consisterait-il pas à l’encadrer, en définissant de façon précise les conditions et les moyens susceptibles d’être mis en œuvre pour y recourir ? N’est-ce pas précisément quand les morales sont divergentes qu’il appartient à l’Etat de clarifier les choses en légiférant ? qu’il appartient à l’Etat de clarifier les choses en légiférant ? Quelques pays européens ont légalisé l’euthanasie, à quel titre pourrait-on qualifier une telle disposition de dérive eugénique ? 2.L’eugénisme : une dérive possible de l’euthanasie ? Si, au pied de la lettre, l’eugénisme consiste à vouloir améliorer l’espèce humaine par la sélection des reproducteurs ou la manipulation des gènes, par extension, le fait de donner la mort à des personnes incurables ou en fin de vie qui ne le souhaiteraient pas, ne doit-il pas être qualifié de dérive eugéniste ? N’est-ce pas d’ailleurs sur cette déviance d’ordre eugénique que Lionel Chrzanowski se fonde, lorsqu’il affirme « De l'euthanasie à l'Etat Nazi, il n'y a que quelques lettres d'indifférence ! » ? Partant, n’est-il pas absolument crucial d’éviter toute confusion entre : L’eugénisme qui est une idéologie d’élimination systématique totalement haïssable et immorale Et l’euthanasie directe ou le suicide assistée de personnes qui expressément le demandent, afin, dans un but exclusivement compassionnel, d’abréger leurs souffrances et préserver leur dignité. 1.La légalité n’est-elle pas un paradoxe de la liberté ? Si être libre, c’est faire ce que l’on veut indépendamment de toute contrainte, hormis celles que l’on s’impose à soi-même, comment toute loi exogène n’y serait-elle pas contraire par principe ? En revanche, si l’on estime avec Kant que seul le droit en tant que limitation de la liberté de chacun peut garantir la liberté de tous, comment, sans loi exogène, pourrions nous être libres ?
Si l’euthanasie est légitime pour certains, alors qu’elle ne l’est pas pour d’autres, le plus sûr moyen de clarifier les choses n’est-il pas de la légaliser afin qu’elle puisse être contrôlée, sans qu’évidemment quiconque (patient ou praticien) puisse y être contraint si sa conscience morale s’y oppose ?
Choix de 9 thèmes octobre 2016 à juin 2017 Choix de 9 thèmes octobre 2016 à juin mars 2016 Athéisme (38)* Autorité (26) Bonne foi (10) Colère (33) Connaissance (32) Humanisme (38) Humilité (32) Laïcité (45) Libéralisme (28) Nihilisme (32) Positivisme (25) Pragmatisme (17) Psychologie (30) Racisme (40) République (8) Sérénité (36) Spiritualité (30) Stoïcisme (23) Terrorisme (26) Vocation (26) ( )* résultat du vote
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