1 Apports et originalité de l’Enquête Démographique à Passages Répétés Haut- Commissariat au Plan, Rabat, 14 mars 2011 Youssef Courbage, INED, Paris

2 Une entreprise originale, quoique passé de mode Années 60, courante en Afrique, délaissée jusqu’aux années 80 au Maroc. Raisons invoquées: complexité, temps d’enquête, traitement, coûts élevés. Cependant, cette enquête 2010, montre déjà que l’entreprise valait la chandelle: Coûts certes élevés mais non excessifs (coûts-bénéfices montrent que bénéfices largement excédentaires)

(recensement ) 2010, laps de temps long alors que démographie et société bougent énormément au Maroc. Concerne tous aspects de la réalité : démographie, instruction, activité. 2010, année – charnière, amener à réviser toutes les perspectives de population déjà effectuées.

4 Une accélération de la modernisation? La donnée la plus élémentaire, tirée de l’enquête la pyramide des âges est déjà riche d’enseignement: Diminution de la base de la pyramide des âges, dénotant une baisse de fécondité déjà ancienne (28% de moins de 15 ans) Un « youth bulge », (bulle démographique des jeunes (15-24 ans) impressionnante, quoique moins forte que prévue : 18,9 % au lieu de 19%.

5 La nouvelle pyramide des âges, Maroc, 2010

6 Une structure âge-sexe bien positionnée pour faire bénéficier le pays des dividendes ou du bonus démographique, Surtout que le vieillissement, 60 ans et plus (8,9%) seulement est loin d’être à l’ordre du jour.

7 La marche vers l’instruction Le graphique suivant confirme certes que les hommes sont plus instruits que les femmes Mais surtout que la marche vers l’instruction depuis une quinzaine d’années a été plus rapide pour les filles que les garçons, avec depuis une 15 aine d’années un rattrapage du retard séculaire.

8 Les proportions qui n’ont pas fréquenté l’école, par âge et sexe

9 Le moteur de la transition démographique réside bien dans cette mutation sociétale, que représente l’accès à l’école. La fatalité qui pesait sur les filles des campagnes n’est plus de mise: en 2010, 86% des filles des jeunes générations ( ans) ont fréquenté l’école.

10 L’entrée de la femme dans la production Une autre révolution, d’envergure un peu plus modeste et qui a accompagné la transition de la fécondité, l’entrée des femmes dans la population active. Après un démarrage rapide dans les années 80, la participation des femmes urbaines plafonne. Elle reste néanmoins assez forte pour les jeunes générations: à moins de 45 ans, près d’un actif sur trois dans les villes est une femme.

11 Féminisation de la population active dans les villes

12 Une transition attendue, mais plus rapide que prévu Ceci concerne au premier chef la mortalité, où les indicateurs notamment l’’espérance de vie s’est avérée –fort heureusement- plus élevée (74,8) que prévu dans les différentes perspectives: CERED (73,1 ans), Nations Unies (71,8), et identique à celle du US Census Bureau (75). Malgré progrès, écart par rapport aux pays développés (France, 81,6), Japon (83,2).

13 Mortalité Tous les indicateurs de mortalité à la baisse: Mortalité infantile Mortalité juvénile Mortalité des adultes Mortalité maternelle Un aspect subtil révélé par cette enquête, en accord avec élévation du niveau d’instruction, égalisation de la condition des genres : disparition de la surmortalité juvénile (à 1-4 ans) qui existait encore en

14 Fécondité Forte diminution de la fécondité, condition nécessaire de la modernisation, tout en étant portée par elle, présentée – et saluée unanimement. L’indice de 2,19 enfants par femme, est légèrement plus bas que prévisions, ONU (2,32) US Census Bureau (2,25), CERED (2,21), sans doute sous l’effet de l’intensification récente de l’instruction -féminine - notamment. Les données de cette enquête ont démontré que la fréquentation de l’école, même limitée au primaire se traduisait par une réduction de la fécondité en deça du seuil de renouvellement des générations.

15 Signes avant-coureurs d’une deuxième transition démographique Cheminement de l’indice de fécondité en deçà du seuil de renouvellement: femmes instruites, urbaines etc. La remise en question de l’universalité du mariage : dans la trentaine 1/3 des femmes sont célibataires et presque un homme sur deux (42%). Célibat définitif : qui atteint déjà 8% à 50 ans dans les villes chez les femmes, en croissance exponentielle.

16 Surtout, la renonciation au mariage « arabe » préférentiel avec la cousine germaine, de préférence la bint el amm. Diminution considérable en 15 ans entre 1995 à 15,1% en A signaler que l’exogamie versus l’endogamie un des symptômes principaux de l’ouverture de la famille et de la société sur le monde extérieur.

17 Mais on ne peut réellement parler de crise du mariage. La nuptialité diminue et devient tardive, mais en contrepartie, elle est plus stable, malgré la forte augmentation des mariages exogames, plus vulnérables aux ruptures d’union. La forte baisse de la divortialité de 15% à 10,5% s’accompagne de la moindre fréquence des remariage. Autrement dit, la 2 nde transition démographique n’en est qu’à ses prémisses.

18 Conclusion C’est sans doute tant mieux. L’un des risques de la 2 ème transition démographique est le passage à des taux de croissance négatifs, avec tous les problèmes inhérents: -géopolitiques(perte d’ influence internationale ou régionale) -vieillissement accéléré -diminution de la population active

19 Au Maroc, heureusement on n’en est pas là! Le taux d’accroissement naturel reste confortablement modéré : 1,32%, ce qui sans doute optimal Le vieillissement n’est encore pas d’actualité Le bonus démographique en revanche est bien présent : augmentation relative des adultes par rapport aux dépendants : enfants et personnes âgées

20 Transformation de la pyramide d’âge au profit des tranches d’âges à plus forte propension à épargner. Investissements économiques prennent une part plus importante que les investissements démographiques Amélioration qualitative et allongement de la durée des études permise par la diminution de la pression démographique des nouveaux entrants à l’école.

21 Rapprochement des comportements féconds des groupes sociaux les moins nantis des classes moyennes et des plus nantis. Dans les années précédant la transition démographique, inégalités de répartition étaient aggravées par le fait que les plus démunis non seulement recevaient une moindre part du « gâteau » national

22 Et devaient le partager sur un nombre très élevé de personnes dans le ménage, les enfants essentiellement. En conséquence, diminution des écarts des inégalités de répartition du revenu du fait de la diminution des inégalités à base démographique.