HISTOIRE NATURELLE DU CANCER Dr VANDENBOS Pr MICHIELS.

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Transcription de la présentation:

HISTOIRE NATURELLE DU CANCER Dr VANDENBOS Pr MICHIELS

PLAN I- Etats précancéreux et phase initiale du cancer A- Etats précancéreux : dysplasie B- Carcinome in situ II- Phase locale du cancer : l’invasion III- Phase générale du cancer : les métastases

I- Etats précancéreux et phase initiale du cancer  Décrits pour les tumeurs épithéliales  Les épithéliums reposent sur une membrane basale qui sépare les cellules épithéliales du tissu conjonctivo-vasculaire sous-jacent (le chorion).  Les premières étapes du développement d’un carcinome : étapes avant l’invasion  Elles sont strictement intra-épithéliales

I- Etats précancéreux et phase initiale du cancer  2 étapes dans la phase intra-épithéliale de la carcinogénèse :  Dysplasie  Carcinome in situ

A- Etats précancéreux, dysplasies  Lésions précancéreuses : anomalies histopathologiques pouvant aboutir à l’apparition d’un cancer  Certaines lésions précancéreuses sont appelées dysplasies

A- Etats précancéreux, dysplasies  Dysplasie : trouble acquis de la multiplication cellulaire résultant d’anomalies génétiques, responsable d’anomalies de la maturation cellulaire  Uniquement dans les épithélium  Les cellules dysplasiques peuvent se transformer en cellules cancéreuses, de manière inconstante et dans un délai variable, par accumulation d’autres anomalies génétiques

A- Etats précancéreux, dysplasies  Les dysplasies peuvent survenir :  À l’occasion d’états inflammatoires (gastrite chronique à H.pylori, colite chronique …)  Sur des infections virales (condylome du col utérin dû à HPV …)  Dans des tumeurs bénignes (adénome colique, naevus …)

A- Etats précancéreux, dysplasies  Caractères microscopiques des dysplasie  Mitoses en nombre augmenté  Augmentation des rapports nucléo- cytoplasmisques  Anisocytose et anisocaryose  Diminution de la différenciation cellulaire  Trouble de la polarité cellulaire, désorganisation de l’épithélium

A- Etats précancéreux, dysplasies  Les anomalies microscopiques des dysplasies sont d’intensité variable d’où la notion de grade  Plus la dysplasie est marquée, plus le risque de transformation en cancer est élevé  Le grade de la dysplasie permet d’évaluer le pronostic et de guider l’attitude thérapeutique (exérèse des formes sévères)

A- Etats précancéreux, dysplasies  Différentes terminologies pour qualifier les grades de dysplasie  Dysplasies légères, modérées, sévères (OMS)  Néoplasie intra-épithéliale (NIE) de degré I, II ou III  Dysplasie de bas grade ou de haut grade

COL DE L’UTERUS Condylome sans dysplasie Dysplasie légère : atypies basales Dysplasie sévère : atypies sur toute la hauteur

Glande dysplasique dans un adénome colique

B- Carcinome in situ  Définition :  Prolifération intra-épithéliale de cellules cancéreuses ne franchissant pas la membrane basale  Carcinome « non invasif »  Pas de stroma  Pas de risque de métastase à ce stade (absence de vaisseaux dans les épithéliums)

B- Carcinome in situ  Localisations : celles des dysplasies  Col utérin  Autres muqueuses malpighiennes (ORL, oeso, vagin, anus, bronches après métaplasie malpighienne…)  Urothélium  Muqueuses digestives  sein

Carcinome in situ du vagin

Carcinome in situ du sein

B- Carcinome in situ  Diagnostic : microscopique (biopsie ou pièce)  Modifications macroscopiques minimes ou absentes  Anomalies microscopiques :  Épaississement de l’épithelium (prolifération)  Anomalies des cellules cancéreuses  Intégrité de la membrane basale  Absence de stroma

B- Carcinome in situ  Les CIS sont souvent difficiles à distinguer des dysplasies sévères :  pas de conséquences pratiques  même attitude thérapeutique dans les 2 cas.

B- Carcinome in situ  Le diagnostic de certitude repose sur l’étude de la totalité de la lésion, donc sur pièce d’exérèse  Sur biopsie : « carcinome in situ dans la limite du matériel examiné »  Sur échantillon cytologique, la nature invasive ou non ne peut pas être précisée.

B- Carcinome in situ  Evolution des CIS :  Peut rester non invasif pendant plusieurs années  Évolue généralement vers le carcinome invasif (mais très rares cas de régression spontanée)  Le schéma « dysplasie  CIS  carcinome invasif » n’est probablement pas attribuable à tous les carcinomes

B- Carcinome in situ  CIS : cancer de bon pronostic  Dépistage +++  Traitement local et limité  Guérison possible

II- La phase locale du cancer : l’invasion

A-Généralités Progression cancéreuse  Dysplasie  Cancer in situ = cancer intra-épithélial = cancer non invasif  Invasion de la membrane basale  Cancer micro-invasif  Cancer invasif

Paroi œsophagienne : phases initiales du cancer 1 : tissu normal, 2 : carcinome in situ : CIS 3 : carcinome micro-invasif, 4 : carcinome intra-muqueux Muqueuse - Épithélium - Membrane basale - chorion Musculaire muqueuse Sous-muqueuse Musculeuse 1234 Adventice

Progression cancéreuse  Le modèle dysplasie  CIS  cancer invasif n’est applicable qu’aux carcinomes  Les cancers non épithéliaux sont invasifs d’emblée (sauf les mélanomes et les séminomes)

Invasion  Propriété acquise et spécifique de la cellule cancéreuse  Seul tissu normal ayant cette propriété : trophoblaste  Mécanismes incomplètement connus

B- Mécanismes de l’invasion  Interaction des cellules cancéreuses avec les composants de la matrice extra- cellulaire (MEC) et notamment de la membrane basale  Dégradation du tissu conjonctif  Mobilisation des cellules cancéreuses  Hypoxie et nécrose tumorale

Ancrage des cellules  Cellules liées entre elles et la MEC par  Systèmes de jonction  Molécules d’adhésion (Cell Adhesion Molecules)

Modification de l’ancrage des cellules tumorales MEC  Invasion tumorale  Modulation d’expression des molécules d’adhésion  Diminution des jonctions intercellulaires  Rôle de la différenciation : cellules moins bien différenciées au niveau du front d’invasion

Dégradation de la MEC  Dégradation de  La membrane basale  La MEC  Rôle des enzymes métalloprotéases sécrétés par  Les cellules tumorales  Les cellules du stroma  Rupture d’équilibre entre enzymes et leurs inhibiteurs

Migration des cellules cancéreuses  Accumulation de micro-filaments sous la membrane plasmique  Déplacements par pseudopodes  Facteurs de mobilité et facteurs chimiotactiques  Produits de la dégradation de la MEC  Cytokines  Facteurs de croissance

C- Aspects pratiques  Élaboration du stroma du cancer lors de la phase d’invasion  Le stroma  fait partie de la tumeur  Lui donne sa forme macro et microscopique  Invasion = signe de malignité +++  Plus de valeur que les atypies  S’apprécie sur biopsie ou pièce opératoire  Invasion = risque de dissémination

D - Progression cancéreuse : invasion locale et loco-régionale  Cancers invasifs superficiels  Invasion de l’organe  Extension loco-régionale

Cancers invasifs superficiels  Formes de meilleur pronostic  Carcinomes micro-invasifs : envahissement de la partie superficielle du chorion  Carcinomes intra-muqueux du tube digestif : envahissement de la muqueuse digestive sans franchissement de la musculaire muqueuse

Paroi œsophagienne : phases initiales du cancer 1 : tissu normal, 2 : carcinome in situ : CIS 3 : carcinome micro-invasif, 4 : carcinome intra-muqueux Muqueuse - Épithélium - Membrane basale - chorion Musculaire muqueuse Sous-muqueuse Musculeuse 1234 Adventice

Invasion de l’organe  La tumeur s’étend progressivement dans l’organe où elle nait  Elle envahit de proche en proche les constituants de l’organe  En utilisant les voies de moindre résistance  Espaces conjonctifs lâches  Espaces périnerveux : ex : prostate, pancréas  Capillaires lymphatiques et sanguins  Les cellules cancéreuses peuvent se disperser de façon isolée à distance de la tumeur principale :  Explique les récidives, les foyers secondaires  Justifie une exérèse large

Extension loco-régionale  Envahissement par contiguité  Des organes voisins  Ex : envahissement de la rate par un cancer de la queue du pancréas  Ex : envahissement vésical par un cancer de l’utérus  Ex : envahissement de la surrénale par un cancer du rein  Des structures adjacentes :  Ex : envahissement du diaphragme par un cancer du foie  Ex : Envahissement de la plèvre par un cancer du poumon

Importance pronostique du niveau d’invasion  Niveau d’invasion est précisé par l’examen anatomo-pathologique  Classification TNM +++  T : Tumeur  Taille  Niveau d’invasion  T1 à T4  Tis pour carcinome in situ et/ou carcinome intra-muqueux  N : ganglions (« nodes »)  M : metastases

TNM : organe creux  T est défini par l’envahissement des différents plans de la paroi  Muqueuse : carcinome intra-muqueux  Sous-muqueuse  Musculeuse  Séreuse

Exemple : cancer du côlon  Tis : carcinome intramuqueux  T1 : envahissement de la sous- muqueuse  T2 : envahissement la musculeuse  T3 : envahissement de la sous- séreuse  T4 : dépasse le péritoine ou envahit les organes adjacents

Carcinome invasif

TNM : organe plein  Taille tumorale +++  Ex : Tumeur du rein  T1 : tumeur ≤ 7cm, intra-rénale  T2 : tumeur > 7 cm, intra-rénale  T3 : envahissement de la veine rénale, de la surrénale et/ou du tissu adipeux périrénal sans franchir le fascia de Gerota  T4 : envahissement au-delà du fascia de Gerota

III- La phase générale du cancer : Les métastases

PLAN A – Définition B- Mécanismes C- Les différentes voies de migration D-Les aspects microscopiques

A - Metastases : définition  Foyers cancéreux secondaires, développés à distance de la tumeur primitive  Croissance autonome, indépendante de celle de la tumeur primitive  Font la gravité de la maladie cancéreuse

Metastases  Le développement de foyers cancéreux à distance fait suite à la migration de cellules cancéreuses  Plusieurs voies de migration possibles  voie lymphatique  Voie sanguine  Essaimage dans une cavité naturelle

Metastases :  Délai d’apparition variable :  Révélatrices : « métastase prévalente »  Contemporaines de la tumeur primitive  Au cours de l’évolution

B - Mécanismes de la dissemination  Nombreuses étapes  « Parcours du combattant » pour les cellules cancéreuses  Moins d’1 cellule / ayant quitté la tumeur primitive survivra à tous les obstacles  Nécessité d’une adaptation de la cellule cancéreuse à son nouvel environnement

B - Mécanismes de la dissemination  Etapes de la dissémination :  Détachement cellulaire et l’invasion de la MEC  Intravasation : passage dans la circulation  Survie dans la circulation  Extravasation  Survie et prolifération dans un site étranger  Les mécanismes moléculaires de la dissémination métastatique sont proches de ceux de l’invasion locale

Mécanismes moléculaires  Détachement cellulaire et invasion de la MEC : mêmes mécanismes que ceux de l’invasion  Perte de l’ancrage cellulaire (molecules d’adhésion)  Protéases extracellulaires (dégradation de la MEC)  Facteurs de mobilité  Rôle majeur de l’environnement (stroma et angiogénèse)

Mécanismes moléculaires  Intravasation : passage dans le courant lymphatique ou sanguin  Le passage des membranes basales vasculaires fait intervenir les processus déjà décrits pour l’invasion locale

Mécanismes moléculaires  Survie dans la circulation  résistance aux agressions mécaniques par agregation des cellules cancéreuses : embole néoplasique (1)  Agrégation plaquettaire au contact des cellules cancéreuses (3) : résistance mécanique et résistance au système immunitaire (2)

Mécanismes moléculaires  Extravasation :  Adhésion de la cellule cancéreuse aux cellules endothéliales (intégrine-ligand)  Rétraction des cellules endothéliales  Fixation à la membrane basale grâce à des récepteurs  Perforation enzymatique de la membrane basale

Mécanismes moléculaires  Invasion du nouveau territoire : étape limitante  Phénomène actif complexe  Peu de cellules y parviennent

Mécanismes moléculaires  Invasion du nouveau territoire : étape limitante  Nécessité de molécules d’adhésion permettant aux cellules de s’ancrer dans le tissu  Nécessité de facteurs de croissance sécrétés par le milieu  Nécessité d’échapper à la réponse immunitaire anti- tumorale du nouveau site colonisé  Nécessité d’une néovascularisation pour les amas de plus de 5mm

Mécanismes moléculaires  Invasion du nouveau territoire : étape limitante  la majorité des cellules meurent par apoptose  Certaines restent en dormance (pas de prolifération, pas d’apoptose)  Certaines donnent des micrométastases indétectables (équilibre entre prolifération et apoptose)  Seules une minorité de cellules donneront des métastases actives détectables

C- Les différentes voies de migration  La voie lymphatique  La voie hématogène  L’essaimage dans une cavité naturelle

La voie lymphatique  Voie la plus fréquente de dissémination des carcinomes  Rare dans les sarcomes  Aboutit à une métastase ganglionnaire  Dans le site de drainage de la région atteinte

La voie lymphatique  Ganglion sentinelle : premier relai ganglionnaire du drainage lymphatique  Leur étude est à la base de certains protocoles thérapeutiques  Curage ganglionnaire seulement si ce ganglion est envahi  Evite la morbidité des curages ganglionnaires (ex : lymphoedème du bras)

La voie lymphatique  Lymphangite carcinomateuse  Dissemination abondante et diffuse des cellules cancéreuses dans les capillaires lymphatiques d’un organe entier  Ex : lymphangite carcinomateuse du poumon dans un cancer du sein

La voie hématogène  Donne des métastases viscérales  Répartition des métastases dépend :  Du drainage veineux de l’organe atteint  Du premier filtre capillaire à travers lequel passe le sang (poumon, foie)  Des affinités entre les cellules cancéreuses et certains tissus

La voie hématogène  Exemple du cancer broncho-pulmonaire :  Drainage par les veines pulmonaires  Puis Cœur gauche  Grande circulation  Métastases ubiquitaires : os, foie, cerveau, surrénales…

La voie hématogène  Exemple des cancers digestifs (côlon, estomac)  Drainage par le système porte  Métastases hépatiques

La voie hématogène  Affinités des cellules cancéreuses pour certains tissus :  Certains organes qui ne sont pas des filtres capillaires sont souvent le siège de métastases : os, ovaires…  Alors que d’autres organes très vascularisés ne sont presque jamais concernés : muscle strié, rate, thyroïde…  Probable rôle des chimiokines

Adressage des cellules tumorales  Recepteurs de chimiokines en surface des cellules cancéreuses  La liaison détermine la destination de la dissémination métastatique

Adressage des cellules tumorales  La connaissance de ces affinités permet de définir les bilans standards de recherche de métastase

Bilan d’extension Tumeur primitive Broncho-pulmonaire sein Côlon, estomac prostate Thyroïde rein Metastases Foie, encéphale, os, surrénale, peau Os, poumons, plèvre, foie, péritoine Foie, péritoine os Os, poumons

Essaimage dans une cavité naturelle  Péritoine, plèvre +++  Multiples nodules tapissant la cavité  « carcinose »  Implantation favorisée par la stase

D- aspect microscopique des métastases  Par rapport à la tumeur primitive la morphologie peut être :  Identique  Moins différenciée  Mieux différenciée (rare, surtout après radio- ou chimiothérapie)

D- aspect microscopique des métastases  Intérêt pratique : identification du primitif en cas de métastases révélatrices  Par argument de fréquence, la tumeur primitive est le plus souvent épithéliale (carcinome)

D- aspect microscopique des métastases  Le plus souvent, la morphologie guide le bilan à la recherche de primitif  Ex : métastase formée de glandes mucosécrétantes  rechercher primitif pulmonaire ou digestif  Apport de l’immunohistochimie  Mise en évidence d’antigènes spécifiques d’organe (ex : PSA pour la prostate)

D- aspect microscopique des métastases  Le bilan radiologique et biologique mené en parallèle permet de retrouver la tumeur primitive dans la majorité des cas

D- aspect microscopique des métastases  Parfois, aucun primitif n’est retrouvé  Bilan exhaustif inutile  A partir de l’histologie, essayer d’identifier les cancers pouvant bénéficier d’une thérapeutique efficace : lymphome, tumeurs germinales, cancer du sein ou de la prostate hormono- dépendants  Pour les autres cas, le pronostic est sombre quelque soit le traitement