Le médecin clinicien: le premier des médicaments essentiels? Michel Thomas, avril 2015 Médicaments essentiels Médicaments génériques Médicament (trop) coûteux…. L’acte médical se réduit-il à la prescription, via la délivrance d’une ordonnance, de médicaments (ou d’examens complémentaires)? Est-ce cela, la relation médecin-malade, le colloque singulier? A l’heure du triomphe (?) de la technique, qu’est-on en train d’oublier?

Le médecin clinicien : premier des médicaments essentiels? MT avril 2015 Et si l’on oubliait la clinique???

Le médecin clinicien : premier des médicaments essentiels? MT avril 2015 Clinique, signes cliniques, médecine clinique…. Tout ce qui peut être recueilli, réalisé par les seuls sens du médecin vient du grec kline = lit Tout se qui peut s’exprimer, se recueillir au lit (ou au domicile) du malade (ou dans le bureau de consultation)

Le médecin clinicien : premier des médicaments essentiels? MT avril 2015 La médecine clinique implique le contact étroit, verbal et physique entre le malade et le médecin: Elle a été longtemps la seule possible La relation médecin-malade, la relation de soins est la base indispensable de la médecine clinique (de toute médecine?)

Le médecin clinicien : premier des médicaments essentiels? MT avril 2015 Asymétrie de la relation de soins Entre un malade porteur ou non d’une véritable pathologie, Mais toujours en souffrance demandeur Et un soignant (le médecin, l’infirmier(e), le kiné…) Qui est le sachant Se réalise le dialogue singulier dont la réussite passe par la confiance. Sans elle, rien de possible

Remise en question de la clinique Par les évolutions sociétales qui mettent en danger la relation de soins Développement de l’individualisme en particulier dans les pays occidentaux Promotion de l’individu « responsable de soi » y compris dans les domaines où il ne possède aucune compétence… On est passé d’une relation parfois (souvent) exagérément paternaliste À une co-décision diagnostique et thérapeutique Adoration du « progrès » qui laisse penser que l’on serait immortels. Si un ennui (une maladie) survient, ce n’est pas normal. Il faut un coupable qu’il faut sévèrement châtier Par le principe de précaution Judiciarisation de la médecine (en particulier aux USA) Le médecin clinicien : premier des médicaments essentiels? MT avril 2015

Remise en question de la clinique Par le développement des « examens complémentaires » biologie imagerie On est passé du médecin aux mains nues et à l’oreille attentive A la surabondance de moyens disponibles pour étayer ou réfuter un diagnostic, moyens auréolés du prestige de la modernité et de la technique, encensés et promus par les médias et parfois (souvent?) réclamés par les patients. Un médecin qui ne prescrit pas une IRM, un bilan « complet » ne passe –t-il pas aux yeux de certains patients pour dépassé, nul?

Remise en question de la clinique Par la spécialisation puis l’hyper spécialisation de la médecine Le jeune spécialiste est de moins en moins formé pour prendre en charge un malade, mais une maladie, parfois très particulière Il tend à devenir un « technicien supérieur de santé » Le médecin clinicien : premier des médicaments essentiels? MT avril 2015

Remise en question de la clinique Par le développement d’internet (en France près d’un malade sur deux irait sur internet avant de consulter…) Et demain la télémédecine … La relation de soins avec l’humanisme qu’elle doit (devrait) impliquer risque de disparaître Tout ceci concours à une deshumanisation de la médecine….et au succès des médecines parallèles, parfois totalement charlatanesques

Le médecin clinicien : premier des médicaments essentiels? MT avril 2015 Difficulté, modestie et grandeur de la clinique Difficulté car Un clinicien digne de ce nom doit au patient une capacité d’écoute du temps et de la patience De l’empathie Il doit parfaitement connaitre la sémiologie clinique Il doit s’impliquer dans la relation de soins Ce qui ne va pas parfois sans créer chez lui de l’inconfort

Le médecin clinicien : premier des médicaments essentiels? MT avril 2015 Difficulté, modestie et grandeur de la clinique Modestie car Nécessité absolue pour le médecin d’être conscient Des limites de ses savoirs De ses capacités et limites psychologiques Conditions (parmi d’autres) pour se protéger et garder son intégrité, totalement nécessaires à son efficacité

Le médecin clinicien : premier des médicaments essentiels? MT avril 2015 Difficulté, modestie et grandeur de la clinique Grandeur Parce que, ainsi pratiquée, la médecine prend pleinement sa dimension humaine et scientifique Le médecin clinicien peut bien souvent rassurer le malade (P. Cathébras (RMI, 2014, 35: 285-8) chose essentielle, difficile mais humainement …et économiquement efficace

Le médecin clinicien : premier des médicaments essentiels? MT avril 2015 Difficulté, modestie et grandeur de la clinique Grandeur Rassurer un malade Le processus « implique de fournir une explication pour les symptômes et l’assurance qu’ils ne peuvent être dus à une maladie grave » (P. Loft, 2007) « paradoxalement, la prescription d’un examen complémentaire peut induire ou renforcer chez le malade la croyance « qu’il y a quelque chose à trouver » » Rassurer un malade… « d’une façon générale, la réassurance doit reposer sur un diagnostic le plus précis possible où le symptôme est exploré et compris dans le contexte psychosocial spécifique du malade » (P. Cathébras)… C’est donc un art difficile. Mais quel bénéfice!

Le médecin clinicien : premier des médicaments essentiels? MT avril 2015 Difficulté, modestie et grandeur de la clinique Grandeur Le simple fait de voir et de pouvoir parler à son médecin soulage bien des malades, qu’ils présentent uniquement des symptômes fonctionnels ou qu’ils soient atteints d’une maladie organique grave ou pas, aigüe ou chronique Aussi, et surtout s’il est à l’écoute, si c’est un bon clinicien Le médecin clinicien est bien le premier des médicaments essentiels