Histoire thème 3 : le siècle des totalitarismes Chapitre 2 : la fin des totalitarismes (Sorte d’)intro : Le totalitarisme s’effondre en 1945, mais il faut attendre plus de 40 ans pour que disparaisse le totalitarisme soviétique. Il s’agit de deux processus très différents, mais en plus les angles d’analyse choisis par le programme sont différents : sur la fin du nazisme, on mettra plus l’accent sur la dénazification, alors que dans le cas de l’URSS, on mettra plus l’accent sur les mécanismes progressifs de sortie du totalitarisme… On peut tout de même essayer de les regrouper à travers une question : Dans quelle mesure l’influence extérieure explique-t-elle la fin de ces 2 régimes totalitaires ?
I)La dénazification en Allemagne et le procès de Nuremberg L’effondrement du régime nazi est brutal et lié à la défaite militaire. Les puissance alliées sont d’accord pour éradiquer le nazisme, mais quelles sont les réalités de cette éradication dans les différentes zones d’occupation ? Quel est l’impact de la guerre froide naissante sur le processus de dénazification ?
La question de la dénazification de l’Allemagne est une préoccupation importante pour les Alliés, et ils commencent à y réfléchir bien avant la fin de la guerre.
Ce sont les accords de Potsdam du 2 aout 1945 qui précisent les modalités d’épuration de la société allemande (2 p 253)
A)Punir les coupables À partir de 1h05 : procès de Nuremberg
1) le procès de Nuremberg (fin 45 à début 46) juge les principaux responsables (pages 242 et 243)
Ils y sont jugés pour 3 types de crimes :
-crimes contre la paix : guerre d’agression ou violation de traités -crimes de guerre : crime inutile au déroulement des combats (meurtre de prisonniers ou de civils)
-crimes contre l’humanité : crime commis pour des motifs politiques, idéologiques, raciaux ou religieux
24 responsables nazis sont jugés, sur la foi d’une abondante documentation (archives, films, témoignages) 12 sont condamnés à mort et exécutés. (doc 5 p 243)
2) De nombreux procès jugent d’autres protagonistes du régime nazi 12 « procès successeurs » complètent le procès de Nuremberg Doc 4 p 253
Un exemple : le procès Krupp, industriel accusé d’avoir approvisionné l’armée et utilisé la main d’œuvre des camps : il est condamné à 12 ans de prison et ses biens sont confisqués
D’autres procès ont lieu à travers l’Allemagne Ces procès se soldent par 5000 condamnations, dont 486 exécutions, mais dans le contexte troublé de l’après guerre, de nombreux criminels passent entre les mailles du filet. Certains seront jugés beaucoup plus tard, comme Eichmann en Israël en 1961
B) Les difficultés de l’épuration Pages 244 et 245 : Quels aspects et quelles limites de la dénazification ?
1) Une volonté d’épuration systématique… Les Alliés veulent au départ purger la société allemande de tous les nazis… mais ils sont 8 millions en 1945 ! Les Soviétiques lancent des purges arbitraires Les Occidentaux font répondre à des questionnaires qui permettent d’établir le niveau de compromission. Doc 5 p 245
Cela débouche sur des procès peu efficaces : les plus compromis se retrouvent noyés dans la masse et obtiennent facilement un certificat de bonne conduite…
Caricature parue dans un journal autrichien en 1946 « mais je n’ai fait qu’obéir à ses ordres ! »
2) …qui est rapidement abandonnée Le nouveau contexte… L’Allemagne est rapidement au centre de la guerre froide naissante. Pour les Soviétiques comme pour les Occidentaux, il faut faire des Allemands des alliés solides. En 1948, l'épuration est officiellement terminée. …nécessite toutes les compétences… Pour reconstruire le pays, il y a besoin de main d’œuvre qualifiée. Or par exemple, à Bonn, 102 des 112 médecins de la ville étaient nazis…
…et conduit aux lois d’amnistie Le chancelier Adenauer, pourtant ancien opposant ayant souffert du nazisme, fait voter les lois de 1949 et 1954, au nom de la cohésion nationale : elles atténuent de nombreuses condamnations, notamment celles ayant frappé des Allemands dont les compétences sont considérées comme indispensables. Krupp sort ainsi de prison au bout de 2 ans et demie et retrouve sa fortune…
Bilan : si la dénazification était indispensable, son interruption l’était sans doute aussi, pour stabiliser la jeune démocratie allemande à l’Ouest.
II) Gorbatchev et la fin de l’URSS Attention : Tout ce qui est en italique est désormais hors programme Le régime soviétique est au contraire auréolé par la victoire Aucune remise en question n’intervient avant la mort de Staline en A) Khrouchtchev : la déstalinisation et ses limites
1953 : mort de Staline La propagande exploite l'émotion suscitée chez tous les communistes par la mort du "petit père des peuples". En France : journal l'Humanité en deuil et minute de silence debout à l’Assemblée nationale (2 refus seulement)
1)l’avènement d’un courant réformateur sous l’impulsion de Khrouchtchev Document 2 p 255
Dans le rapport secret présenté au XX ème congrès du PCUS, Khrouchtchev dénonce : -le culte de la personnalité, -les déportations massives, -les procès truqués.
Khrouchtchev manœuvre habilement car en accusant Staline : -Il se blanchit (alors qu’il a été complice de Staline), -Il remet l’idéologie communiste (et donc son poste de premier secrétaire du PC) au premier plan, au détriment de la police politique -Il écarte ainsi ses adversaires « en douceur ».
2) Les changements de cap consécutifs La liquidation du Goulag Doc 1 p 246 et 3 p 246
Pour le régime soviétique, les camps sont un gouffre financier et source de révoltes. Khrouchtchev réduit considérablement le nombre de prisonniers politiques. L’apparition d’une certaine vie intellectuelle : doc 1 p 254
3) Les limites de ces changements
Khrouchtchev ne remet pas en cause le caractère répressif du régime
En Hongrie : doc 3 p 255 En Hongrie, des manifestations éclatent La situation devient vite insurrectionnelle. Des Soviétiques sont lynchés
Imre Nagy (communiste antistalinien) est dépassé par le mouvement, il -autorise les partis à se constituer, -proclame la neutralité de la Hongrie et son retrait du Pacte de Varsovie (début novembre 1956)
. Le 4 novembre 1956, Khrouchtchev fait intervenir l'armée.
Les chars soviétiques entrent dans Budapest et font morts Hongrois s’exilent.
La violente répression (2700 morts) contre l’émancipation de la Hongrie en 1956 montre que Khrouchtchev n’accepte pas que les démocraties populaires puissent cesser d’être dans le bloc soviétique. Doc 3 p 256.
Khrouchtchev décide aussi la construction du Mur…
Il est finalement destitué de ses fonctions par le Comité central en octobre Son successeur Brejnev qui reste en place jusqu'en 1982 ne fera aucune réforme, on parle parfois de « glaciation brejnevienne ». doc 1 p 248
B) Gorbatchev, de la Glasnost à la disparition de l’URSS A la fin de l’ère Brejnev (17 ans), la situation de l’URSS est problématique : -l’explosion de la part des dépenses militaires dans le budget (15 à 20 %) à cause de la course aux armements, à la guerre en Afghanistan, et au coûteux soutien à tous les « pays frères » dans le contexte de la guerre froide -la montée des pénuries alors que l’élite (la « nomenklatura ») ne manque de rien -une société qui est résignée et où l’alcoolisme progresse
Les réformes de Gorbatchev Lorsqu’il accède au pouvoir en 1985, Gorbatchev est face à une situation critique. Il engage des réformes importantes.
Dans quel esprit sont envisagées les réformes de Gorbatchev ?
Ces réformes prévoient -une libéralisation économique (perestroïka) -une libéralisation politique (glasnost) En fait, elles liquident ce qui rend l’URSS totalitaire… NB : ce tableau est à connaître en détail
… mais sont censées s’inscrire dans l’héritage du système communiste.
L’effondrement de l’URSS Gorbatchev n’avait pas prévu que sans son « armature totalitaire » l’URSS ne pourrait pas vivre. Le vide idéologique est occupé par les revendications nationalistes et l’URSS éclate à partir de En 1991, les communistes tentent un coup d’état pour inverser la tendance, mais c’est un échec, et l’URSS est dissoute fin 1991.
Bilan : en URSS, le démantèlement du totalitarisme a été voulu par Gorbatchev, mais la dynamique qu’il a impulsée s’est emballée. Hormis dans les pays baltes, il n’y a pas aujourd’hui de vraie démocratie dans les pays de l’ex-URSS, et la situation dans la Russie de Poutine n’est pas mieux que du temps de l’URSS en matière de droits de l’homme…