Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 1 Des mots aux syntagmes Parties du discours syntagmes
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 2 Le classement des mots : Les parties du discours Toute description syntaxique nécessite le recours à une classification des mots (lexicaux ou grammaticaux) de la langue. Sans une telle classification, il est impossible de formuler des règles générales de combinaison des mots. La tradition grammaticale occidentale : les parties du discours.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 3 Les parties du discours Histoire : Platon « Parties du discours », traduction du latin partes orationis à partit du grec mérè tou logou. Platon : nom (onoma) vs. prédicat (rhéma). Le nom : le support du jugement. Le prédicat : le jugement porté sur le nom. Proposition : nom + prédicat Pour obtenir une proposition, on peut associer un nom et un verbe ou un nom et un adjectif.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 4 Les parties du discours Histoire : Aristote Aristote : tentative de dresser un inventaire des catégories universelle de la pensée. Outre les parties du discours nom et verbe, Aristote établit une troisième catégorie : les conjonctions (sundesmoï). Conjonction : tout élément qui n’est ni un verbe, ni un nom.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 5 Les parties du discours Histoire : les grammairiens alexandrins Les philosophes stoïciens : augmentation progressive du nombre des parties du discours. Les grammairiens alexandrins : émergence d’une réflexion linguistique approfondie et rigoureuse. Denys le Thrace (1er s. av. J.C.) : huit parties du discours. Les grammairiens alexandrins sont les premiers à explorer les analogies formelles et fonctionnelles pour regrouper les unités linguistiques en différentes classes.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 6 Les parties du discours Histoire : Denys le Thrace La liste établie par Denys le Thrace : 1. Nom commun, nom propre, adjectif 2. Verbe 3. Participe 4. Article (article défini et pronom relatif) 5. Pronom 6. Préposition 7. Adverbe 8. Conjonction
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 7 Les parties du discours Histoire : la tradition latine Donat (IVe s. ap. J.C.), grammairien latin, modifie la liste de Denys le Thrace : A. Parties du discours « déclinables » : 1. Nom (noms substantifs et noms adjectifs) 2. Pronom 3. Verbe 4. Participe B. Parties du discours « indéclinables » : 1. Adverbe 2. Conjonction 3. Préposition 4. Interjection
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 8 Les parties du discours Histoire : la grammaire du français Robert Estienne, grammairien français, établit neuf parties du discours pour le français, au XVIe siècle, en 1557 : il ajoute l’article à la liste établie par Donat. La liste établie par la grammaire traditionnelle pour le français remonte au XIXe siècle. Les remarques de Lhomond ont joué un rôle important dans l’établissement de cette liste.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 9 Les parties du discours Histoire : la grammaire du français La liste de la grammaire traditionnelle : 1. Substantif, nom propre. 2. Adjectif (adjectifs qualificatifs et adjectifs grammaticaux) 3. Verbe 4. Adverbe 5. Pronom 6. Préposition 7. Conjonctions de coordination et de subordination 8. Article 9. Interjection
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 10 Les parties du discours diversité de critères / diversité de listes La diversité des critères utilisés : - Critère distributionnel - Critère morphologique - Critère sémantique ou référentiel - … N.B. Aucune classification ne va de soi. L’établissement de différentes classes de parties du discours est en soi l’un des objets d’étude de la syntaxe.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 11 Les parties du discours Le critère distributionnel Analyse distributionnelle : déterminer les rapports syntagmatiques et paradigmatiques d’une unité. Rapports syntagmatiques : tous les contextes (i.e. environnements) linguistiques dans lesquels une unité s’emploie. Rapports paradigmatiques : les relations de d’équivalence entre une unité et toutes celles qui pourraient lui être substituées dans les mêmes contextes.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 12 Les parties du discours Le critère distributionnel Pourquoi la notion de la distribution occupe-t-elle une place si importante dans l’analyse syntaxique ? Hypothèse : - Les unités quoi sont en relations paradigmatiques avec une unité ont les mêmes relations syntagmatiques qu’elle dans l’énoncé. - Les unités qui n’ont pas les mêmes relations syntagmatiques ne peuvent pas appartenir à la même classe paradigmatique.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 13 Les parties du discours Le critère distributionnel Le critère distributionnel est le critère principal que nous retiendrons pour établir les classes de mots (i.e. les parties du discours). Mais, cela ne nous empêchera pas d’en souligner les limites. L’insuffisance du critère distributionnel : l’exemple des pronoms. Les pronoms personnels dits « clitiques » (« faibles » ou conjoints »), comme je, tu, il…, n’ont pas les mêmes propriétés distributionnelles que les noms.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 14 Les parties du discours Le critère distributionnel Toutes les classifications sont discutables, car il n’existe pas de critères homogènes pour définir toutes les parties du discours. On essaye d’ établir la classification la plus cohérente possible : celle qui permet de « prédire » le comportement d’une unité à partir de son appartenance à une classe. Prenons l’exemple de donc : certaines grammaires le considèrent comme une conjonction de coordination.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 15 Les parties du discours Difficultés d’analyses : l’exemple de donc Donc : conjonction de coordination ou non ? Les autres conjonctions de coordination : et, ou, mais. Arguments pour cette analyse : Marie est malade, donc elle ne viendra pas à l’anniversaire de Jean. Donc semble obéir au schéma de la coordination de deux phrases : P1 donc P2 P1 et P2 P1 ou P2 P1 mais P2
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 16 Les parties du discours Difficultés d’analyses : l’exemple de donc Mais problème : la distribution de donc n’est pas conforme à celle des autres conjonctions de coordination en français : 1. Position à l’intérieur de la phrase : P1 (Marie est malade), P2 (elle ne viendra donc pas à l’anniversaire de Jean) Donc apparaît à l’intérieur de l’une des propositions et non pas à la jonction des deux propositions. Or aucune autre conjonction de coordination ne se comporte ainsi : * Marie est malade, elle ne viendra et pas à l’anniversaire de Jean * Marie est malade, elle ne viendra ou pas à l’anniversaire de Jean * Marie est malade, elle ne viendra mais pas à l’anniversaire de Jean
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 17 Les parties du discours Difficultés d’analyses : l’exemple de donc 2. La présence simultanée de donc et d’une conjonction de coordination : Marie est malade et donc elle ne viendra pas à l’anniversaire de Jean. Marie est malade et elle ne viendra donc pas à l’anniversaire de Jean. Les autres conjonctions de coordination n’ont pas cette propriété : * Marie est malade et mais elle ne viendra pas à l’anniversaire de Jean. * Marie est malade ou et elle ne viendra pas à l’anniversaire de Jean.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 18 Les parties du discours Difficultés d’analyses : l’exemple de donc 3. Les conjonctions de coordination en français servent à coordonner non seulement des phrases mais aussi divers types de syntagmes : Marie et Zoé viendront à l’anniversaire de Jean. Marie ou Zoé viendront à l’anniversaire de Jean. * Marie donc Zoé viendront à l’anniversaire de Jean. Le comportement de donc diffère du comportement des autres conjonctions de coordination en français.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 19 Les parties du discours Difficultés d’analyses : l’exemple de donc En revanche, ressemblance avec alors, par conséquent, puis… Marie est malade, par conséquent elle ne viendra pas à l’anniversaire de Jean P1 par conséquent P2 Marie est malade, elle ne viendra par conséquent pas à l’anniversaire de Jean Conclusion : les avantages et les inconvénients de l’analyse de donc comme une conjonction de coordination..
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 20 Les parties du discours Conclusions Nous adopterons la classification suivante, identique à celle de la grammaire traditionnelle sauf pour la classe des déterminants, comme un point de départ pour l’analyse syntaxique : 1. Nom 2. Adjectif 3. Verbe 4. Adverbe 5. Pronom 6. Préposition 7. Conjonction 8. Déterminant 9. Interjection
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 21 Les parties du discours Conclusions Précisions sur la classe des déterminants : - Cette classe regroupe la classe des articles et les adjectifs grammaticaux de la grammaire traditionnelle. - Elle figure dans la Nomenclature de 1975 et a été reprise dans la Terminologie grammaticale de 1996.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 22 Des parties du discours aux syntagmes Les mots se combinent pour former des syntagmes (voir cours (1) pour les critères d’identification des syntagmes). On établit différents types de syntagmes en fonction de l’élément noyau, appelé aussi la tête du syntagme. Nom:syntagme nominal (SN) Verbe: syntagme verbal (SV) Adjectif: syntagme adjectival (SA) Adverbe:syntagme adverbial (SAdv) Préposition :syntagme prépositionnel (SP)
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 23 Des parties du discours aux syntagmes Un syntagme est considéré comme la projection d’une tête : on dira qu’un nom projette un syntagme nominal, un verbe projette un syntagme verbal, et ainsi de suite. Question : toutes les parties du discours projettent- elles un syntagme ? D’après la liste que nous venons de voir, la réponse semble négative.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 24 Des parties du discours aux syntagmes Initialement, seules certaines catégories (nom, verbe, adjectif, adverbe et prépositions) projetaient des syntagmes. On ne parlait donc pas de syntagme déterminant ou de syntagme conjonction. Mais cette analyse est susceptible d’être modifiée. Nous verrons par la suite l’exemple de nouveaux types de syntagmes, absents de la liste que nous venons d’évoquer.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 25 Analyse syntaxique : Arbres syntagmatiques Chaque phrase peut être analysée en une suite de syntagmes. Ces derniers pouvant, à leur tour, être analysés en d’autres syntagmes, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on arrive aux unités lexicales. Analyse en constituants immédiats L’analyse en constituants immédiats permet de dégager le réseau de relations qu’entretiennent les mots ou groupes de mots au sein de la phrase. Le résultat de l’analyse en constituants immédiats consiste en une hiérarchie d’éléments et d’assemblages d’éléments.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 26 Analyse syntaxique : Arbres syntagmatiques Le résultat de l’analyse en constituants immédiats peut être représenté sous forme d’une structure arborescente, appelée également arbre syntagmatique. Une autre possibilité pour représenter une analyse en constituants immédiats est une structure étiquetée (par des parenthèses ou crochets étiquetés). Les deux représentations sont équivalentes. Nous opterons pour les arbres syntagmatiques, qui sont plus lisibles.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 27 Analyse syntaxique Des syntagmes à la phrase Nous avons dit que la phrase était l’unité maximale de l’analyse syntaxique. La définition de la phrase est problématique. Plusieurs types de critères peuvent être utilisés, mais ils ne convergent pas nécessairement : - critère typographique - critère prosodique - critère sémantique - critère syntaxique (grammatical) - critère énonciatif
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 28 La phrase Diversité des critères de définition Sur le plan typographique, la phrase est délimitée, à son début, par une majuscule à l’initiale du premier mot, et, à sa fin, par un point. Sur le plan prosodique, elle est marquée par une intonation caractéristique et limitée par deux pauses importantes de la voix. Sur le plan sémantique, elle se présente comme une unité de pensée ou encore comme un assemblage de mots ayant un sens complet.
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 29 La phrase Diversité des critères de définition Sur le plan syntaxique ou grammatical, la phrase est une unité d’ordre syntagmatique, c’est-à-dire comme correspondant à une structure invariante de constituants, obtenue par l’application systématique d’une procédure de commutation (analyse en constituants immédiats). Sur le plan discursif ou énonciatif, elle exprime une certaine modalité. Seule une phrase peut être de type assertif, interrogatif, impératif. La phrase peut donc être définie comme un acte de prédication, accomplissant un acte de langage. Phrase nominale vs. phrase verbale
Pollet Samvelian - SLFJ3 - cours 2 30 La phrase minimale assertive : SN SV Nous commencerons par l’analyse de la phrase minimale assertive, à laquelle nous attribuerons la structure suivante : P SN SV P SNSV