© Logica All rights reserved Veille secteur bancaire – Avril 2012 Emetteur Samuel Le Péchoux Pôle Conseil I-SC RéglementationBâle III : les banques ne veulent pas s'alourdir en dettes d'Etat A la dernière conférence sur la liquidité de l'Association française des gestionnaires actifs -passifs, économistes et financiers s'en sont pris aux contraintes d'investissement que Bâle veut imposer aux banques dans les dettes publiques. Au grand dam des banquiers, l'ampleur de la crise de la dette souveraine n'a pas fait bouger d'un iota les régulateurs de Bâle sur les nouvelles règles de liquidité : pour éviter un nouveau krach bancaire, ils veulent que les banques achètent en priorité des titres publics pour constituer leurs coussins de liquidité. Pas par conviction, puisque tout le monde a plus ou moins remis en cause le caractère de refuge du papier d'Etat, mais si le poids de celui-ci était finalement allégé dans les réserves des banques, cela reviendrait pour les régulateurs bâlois à reconnaître ouvertement son caractère risqué. Ils cherchent donc des moyens plus indirects d'assouplir ces contraintes. Des contournements qui ne satisfont pas les banquiers européens qui doivent trouver milliards d'euros pour respecter les nouveaux ratios du régulateur. Critiques réitérées avec force A la dernière conférence de l'association française des gestionnaires actifs-passifs (Afgap), ceux qui au sein des banques gèrent ce fameux risque de liquidité, et de l'association mondiale des gestionnaires de risques (PRMIA), banquiers, économistes et même le superviseur français ont réitéré, parfois avec force, leurs critiques. Patrick Artus, chef économique de Natixis : « le superviseur va demander des actifs non liquides. Une OAT peut être relativement pourrie. Un actif sans risque aujourd'hui, c'est plutôt un portefeuille bien diversifié des meilleures multinationales. » « Ce n'est pas un boulot de banquier de financer les Etats, cela revient aux fonds de pension. Forcer les banques à détenir des actifs de leur propre pays, de manière non diversifiée, est un non-sens. » En revanche, la demande de la Fédération des banques françaises de reconnaître comme seule vraie liquidité, celle de la banque centrale, « est une définition des réserves de liquidité plus intelligente que l'OAT ». Mais « elles ne sont pas soutenues car elles ont un ratio de crédit sur dépôts plus élevé que dans les autres pays européens », de l'ordre de 125 %, contre 80 % au Royaume-Uni (elles prêtent plus quelles n'ont de dépôts), ce qui ne plaide pas pour leur gestion. Mais ce ratio, a-t-il défendu, ne tient pas à une politique de crédit excessive, il vient du placement hors bilan de l'épargne des Français (assurance-vie, etc.). La question que le régulateur doit se poser maintenant, juge l'économiste, est la suivante : « Ne faudrait-il pas mieux définir la réserve de liquidité des banques comme leur capacité à détenir des actifs quand cela tourne mal ? », faisant référence au modèle américain des réserves excédentaires. « Je mesure combien il est difficile d'être le régulateur aujourd'hui... », a réagi en préambule de son intervention Philippe Billard, adjoint aux affaires bancaires internationales de l'Autorité de contrôle prudentiel. Bâle prend en compte les dépôts en banque centrale, a-t-il corrigé, faisant référence au modèle vanté par Patrick Artus. Toutefois, « il y a des éléments du ratio court terme qui ne nous paraissent pas répondre tout à fait à nos besoins prudentiels, a-t-il concédé. SourceLes Echos – 12/04/2012 No. 1Veille du pôle Conseil BSS - Logica Wst - secteur banque