A. Banerjee, E. Duflo, Repenser la pauvreté LA FAMILLE NOMBREUSE DE PAK SUDARNO ROBIN HAUBRUGE, ANDRÉAS LEJEUNE, SYLVIE LELOUP, WENDY MABELUANGA, BENOÎT.

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A. Banerjee, E. Duflo, Repenser la pauvreté LA FAMILLE NOMBREUSE DE PAK SUDARNO ROBIN HAUBRUGE, ANDRÉAS LEJEUNE, SYLVIE LELOUP, WENDY MABELUANGA, BENOÎT SIBERDT

Plan En quoi les familles nombreuses sont-elles un problème? Les pauvres sont-ils maîtres de leurs décisions? Les enfants, un placement pour l’avenir La famille Conclusion

En quoi les familles nombreuses sont-elles un problème? La population croit moins vite dans les pays riches que dans les pays pauvres.  Théorie de Malthus: les ressources étant limitées, une diminution de la population entraine une diminution de la pauvreté. Or elle s’est avérée fausse: bien que la population mondiale ait doublé plus d’une fois, elle s’est globalement enrichie. La raison: le progrès technique. De plus, les pays les plus peuplés = ceux qui ont connu la plus forte croissance.  On ne peut conclure qu’un pays est pauvre car son taux de natalité est élevé. L’inverse peut sembler vrai: Les pays ont un taux de natalité élevé car ils sont pauvres.

En quoi les familles nombreuses sont-elles un problème? Regarder au sein même des familles nombreuses. Leur pauvreté résulte-t-elle de leur nombre? Gary Becker: plus une famille est nombreuse, moins les enfants sont de qualité. Observations contestent cette théorie: Dans certains pays, les enfants de familles nombreuses ont un accès à l’éducation. Rien n’a prouvé que les enfants de petites familles étaient plus instruits que ceux que familles nombreuses. Si les enfants ne sont pas délaissés  c’est la mère qui est lésée. Les femmes ayant accès aux moyens de contraception dans des pays en développement vont plus loin dans leurs études.

Les pauvres sont-ils maîtres de leurs décisions? L’absence d’accès aux méthodes modernes de contraception = une des raisons pour lesquelles les pauvres pourraient ne pas être capables de maitriser la taille de leur famille. Mais un faible usage de contraceptifs n’est pas obligatoirement le signe d’un manque d’accès.  Deux camps: les partisans de l’offre et les partisans de la demande. Les partisans de la demande s’imposent: « l’accès à la contraception satisfait peut être les gens en leur fournissant une façon bien plus pratique que les options existantes de contrôler les naissances, mais, à lui seul, cela paraît peu contribuer à la baisse de la fécondité. »

Les pauvres sont-ils maîtres de leurs décisions? Sexe, uniformes, et « sugar daddies » Un intérêt de favoriser l’accès aux contraceptifs = permettre aux adolescentes de retarder leurs grossesses. Les adolescents  la population la plus demandeuse de moyens de contraception. Leurs désirs = jugés illégitimes et adolescents = supposés non maîtres d’eux-mêmes. Or, des études menées au Kenya démontrent le contraire. « La majorité des pauvres, y compris les adolescentes pauvres, font des choix en ce qui concerne leur fécondité et leur sexualité et ils trouvent des moyens de la contrôler. »

Les pauvres sont-ils maîtres de leurs décisions? Qui prend les décisions? Concertation au sein du couple  influencée par une série de facteurs: Le poids de la femme au sein du ménage, lié à l’environnement juridique, social, politique et économique. L’âge et le niveau d’instruction de la femme par rapport à son mari. La natalité est aussi le produit de normes sociales et religieuses. Négocier des changements de normes sociales dans les sociétés traditionnelles = complexe  recours à des sources d’informations diverses et parfois inattendues. « Les pauvres sont-ils maîtres de leurs décisions? »  réponse en deux temps: d’une part, au niveau le plus évident, les décisions expriment un choix; d’autre part, les facteurs qui les conduisent à ce choix échappent à leur contrôle direct.

Les enfants, un placement pour l’avenir Dans les pays pauvres: les enfants = avenir économique des parents: police d’assurances, compte épargne, billet de loterie. Dans la plupart des pays pauvres, au sein des familles traditionnelles, les enfants s’occupent de leur parents quand ceux-ci sont âgés  idée tout à fait naturelle. Dans les pays riches: pas cette logique car il existe d’autres garanties pour leurs vieux jours: Sécurité sociale, épargne retraite, etc.

Les enfants, un placement pour l’avenir Si les enfants représentent une forme d’épargne  une baisse de la natalité s’accompagne d’une hausse de l’épargne financière.  Des études en Chine et au Bangladesh illustrent ce phénomène. Le constat d’une relation forte entre la taille de la famille et l’importance de l’épargne permet d’expliquer: Qu’avoir moins d’enfants n’implique pas que ceux-ci soient en meilleure santé ou mieux instruits. Pourquoi, dans la plupart des pays pauvres, les parents sont moins concernés par le bien être de leurs filles.

Les enfants, un placement pour l’avenir Si les parents sont moins concernés par le bien être de leurs filles  en partie parce qu’ils supposent qu’elles leur seront moins utiles que leurs fils pour prendre soin d’eux. Les familles choississent le nombre d’enfants optimal mais aussi la composition sexuelle de la fraterie. Mécanismes de discirmisation utilisés à l’encontre des petites filles : avortements sélectifs (aujourd’hui largement accessibles), négligence (volontaire ou pas), etc.  Problème est moins grave quand les filles ont une plus grande valeur, Soit sur le marché du mariage, Soit sur le marché du travail. Met en évidence la violence, active ou passive, inhérente au fonctionnement de la famille dans les pays pauvres.

La famille Les économistes traitent la famille comme une unité  Nous supposons qu’elle prend des décisions comme un individu. Or, la famille = une dynamique complexe entre ses membres. Le modèle collectif: les décisions de la famille sont le fruit de négociations visant à satisfaire autant que possible les intérêts conjoints des membres.  Les recherches de Christopher Urby au Burkina Faso contredisent cette théorie.

La famille La spécificité de la famille n’est donc pas que ses membres négocient efficacement les uns avec les autres  Elle suit au contraire des règles simples. Celles-ci garantissent leurs intérêts fondamentaux sans qu’il soit nécessaire de négocier constamment. Ce qui unit la famille n’est donc pas: une harmonie parfaite ni la capacité de répartir efficacement les ressources et responsabilités mais un contrat imprécis et fragmentaire qui définit les responsabilités de chacun des membres envers les autres. Ces règles reposent sur les normes et attentes sociales  elles changent lentement.

La famille Si la famille présente des limites évidentes, la société ne dispose pas d’autre moyen viable pour élever les enfants. Les politiques publiques ne doivent pas chercher à remplacer la famille mais à compléter son action.  Essentiel de partir d’une compréhension juste de la façon dont fonctionnent les familles.

Conclusion La taille de la famille ne s’explique pas par: Un manque de contrôle de soi, Ni par un manque d’accès à la contraception, Ni directement par les normes sociales Mais par un besoin des parents de s’assurer qu’au moins un des enfants prendra soin d’eux pendant leur vieillesse. Dés lors, la solution au problème démographique des pays en développement = faire en sorte qu’il ne soit plus nécessaire d’avoir autant d’enfants.  Protections sociales efficaces ou dispositifs financiers, permettant aux gens d’assurer leurs vieux jours, pourraient réduire la natalité de façon considérable.