La Première Guerre Mondiale : une tragédie qui ouvre le XXe siècle La Première Guerre mondiale marque durablement les sociétés par le renforcement de l’Etat et par l’expérience de la violence. Elle est considérée comme la première véritable « guerre totale et industrielle » de l'histoire
Pourquoi est-ce un conflit de type nouveau ? Guerre totale : La notion de guerre totale qualifie un conflit armé qui mobilise toutes les ressources disponibles de l'État, sa population autant que l'économie, la politique et la justice. Elle ne concerne plus uniquement des objectifs militaires (Ziel) mais, souvent source d'union sacrée entre tous les partis politiques, elle cherche à atteindre des buts de guerre (Zweck) en impliquant l'ensemble de la société ciblée et de ses moyens. Pour mobiliser et détruire la totalité des ressources des belligérants, elle provoque des destructions combinées civiles autant que militaires, impose une gestion étatisée et centralisée, et par le contrôle de l'arrière et des opinions publiques au moyen en particulier de la propagande, s'assure du soutien de tous les secteurs de la population (enfants, femmes, etc.). Guerre industrielle : La guerre industrielle mobilise en particulier tous les moyens des industries développées au cours de la guerre industrielle pour les mettre au service de la guerre la plus destructrice possible. La Guerre de Sécession ( ) et les guerres des Balkans ( ) représentent les premiers conflits industriels mais la Première Guerre Mondiale est le premier conflit considéré comme une guerre totale et industrielle et qui, de plus, a duré aussi longtemps.
Des moyens énormes mis à disposition de la guerre Des chiffres pour en juger. En 1937, les États-Unis produisaient 4,8 millions d'automobiles, tandis que l'Allemagne n'en produisait que En 1944, les premiers sortaient de leurs usines plus de chars* de combat contre côté allemand et près de avions* côté japonais. La guerre fit chuter la consommation civile de 20 % en Allemagne, de 26 % au Japon et de 12 % en Grande-Bretagne. Elle augmenta de 12 % aux États-Unis et les revenus par tête y passèrent de 373 dollars en 1940 à dollars en 1945 !
La course aux armements est le résultat logique de la peur d'une guerre européenne généralisée, succédant aux nombreuses crises qui ont eu lieu depuis Afin de faire face, les puissances européennes renforcent les effectifs de leurs armées et accélèrent la production d'armes de tous types. L'impopularité de ces mesures (service militaire plus long, plus d'impôts pour financer l'effort militaire) est combattue par la propagande des gouvernements pour les faire accepter. À l'opposé les différents partis socialistes européens tentent sans succès de mettre au point une action commune pour empêcher le déclenchement de la guerre dont les classes populaires seraient les premières victimes.
Les dépenses d'armement augmentent considérablement de 1905 à 1914
La course aux armements se joue aussi sur les mers, entre l'Allemagne et le Royaume-Uni
Les conséquences de la guerre industrielle
Bilan comparé des deux guerres
Le phénomène génocidaire Ce phénomène, qui marque toute l'histoire du XXe siècle, apparaît avec la première guerre mondiale. 'Génocide' : (terme apparu en 1945) Calque de l’anglais genocide. Composé de géno-, du grec ancien γένος, génos (« race ») et -cide du latin caedo (« tuer ») : « meurtre d’un peuple ». Extermination systématique d’un groupe humain (national, ethnique ou religieux).
nts/lepsius/
La 1ére GM est-elle l'expériencede la « brutalisation » ? « L’expérience et la transcendance de la guerre et de la mort ont-elles conduit à ce que l’on pourrait appeler la domestication de la guerre moderne, à son acceptation en tant qu’élément naturel de la vie politique et sociale, ce qui a pu aboutir par la suite aux camps de la mort ? » A.Prost, “Brutalisation des sociétés et brutalisation des combattants”, in Les sociétés en guerre, , B.Cabanes et E.Husson (coord.), Armand Colin, 2003
La brutalisation est un concept historiographique majeur, élaboré par l'historien George L. Mosse, un historien américano-allemand du xxe siècle, dans son ouvrage De la grande guerre au totalitarisme, la brutalisation des sociétés européennes1, publié en Il désigne l'acceptation d'un état d'esprit issu de la Grande guerre qui entraîne la poursuite d'attitudes agressives dans la vie politique en temps de paix. Dans cet ouvrage, Mosse développe deux postulats principaux. Tout d'abord celui de la « banalisation » de la violence, qui à travers la vulgarisation, la sacralisation et l'acceptation de l'expérience de guerre aurait contribué à l'avènement des fascismes. Enfin celui même de « brutalisation » qui postule que cette même expérience de guerre aurait été le catalyseur d'une résurgence nationaliste à travers le développement de valeurs nouvelles comme le patriotisme radical ou encore le culte de la virilité.