Victor Hugo (1802 - 1885) Les Misérables, 1862 Partie V, Jean Valjean Livre I, « La guerre entre quatre murs » Chapitre 15 « Gavroche dehors »

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Transcription de la présentation:

Victor Hugo ( ) Les Misérables, 1862 Partie V, Jean Valjean Livre I, « La guerre entre quatre murs » Chapitre 15 « Gavroche dehors »

Lire un texte, c‘est déjà l‘interpréter: Lecture de la scène par François Perier:

Les procédés de dramatisation du récit Un récit qui fait naître le suspens Le suspens(e): l’attente angoissante de ce qui va arriver à un personnage auquel on s’identifie. Il implique avant tout la dilatation du temps.

Alternance entre: - des moments d'action mouvementée (voir la succession de phrases courtes) - des pauses (=couplets de chansons qui diffèrent l'action) - des commentaires du narrateur Dans le second paragraphe, le récit reprend avec l’emploi du passé simple, mais l’action est là encore ralentie et la mort se fait en deux temps: 1ère balle: l’action est détaillée au ralenti: « On vit Gavroche chanceler, puis il s’affaissa. Toute la barricade poussa un cri ». Le commentaire qui suit – „ mais il y avait de l’Antée dans ce pygmée ; pour le gamin toucher le pavé, c’est comme pour le géant toucher la terre“ - retarde l’action et appuie le suspens, en laissant le lecteur dans l’incertitude de ce qui va se passer. On revient alors à un récit très lent: « il resta assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l’air, regarda du côté d’où était venu le coup, et se mit à chanter ». La chanson elle- même fait coïncider le temps du récit et le temps de l’action (comme une scène au théâtre). La rupture avec la deuxième balle n’en est que plus brutale. 2ème balle: à l’inverse, tout va très vite alors. 4 phrases courtes évoquent une mort presque instantanée: « Il n’acheva point. Une seconde balle du même tireur l’arrêta court. Cette fois il s’abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s’envoler ». Le rythme du récit

Les temps verbaux Utilisation des temps verbaux : passé simple de la 1ère partie (l1 à 26) donne de la vivacité au passage ; imparfait de la l.27 à 36 = action saisie dans son déroulement, comme « au ralenti » ; à partir de la l.37 retour au passé simple qui précipite l'action vers la mort du héros. Dans le premier paragraphe, Victor Hugo utilise tous les usages de l’imparfait pour retarder l’action: le jeu de Gavroche semble pouvoir durer une éternité. Emploi de l’imparfait à valeur itérative : l’action ne progresse pas, les actions sont répétées: « Il répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait toujours.» « Les gardes nationaux et les soldats riaient en l'ajustant. Il se couchait, puis se redressait, s'effaçait dans un coin de porte…“ « chaque fois que la face camarade du spectre s’approchait », « le gamin lui donnait une pichenette » La durée des actions, l‘aspect non achevé de l‘imparfait : « Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade », « les insurgés haletants d’anxiété, le suivaient des yeux », «la barricade tremblait », « lui, il chantait », « les balles couraient après lui, il était plus leste qu’elles ». Les commentaires du narrateur : « le spectacle était épouvantable et charmant » (antithèse), « il avait l’air de s’amuser beaucoup », « c’était le moineau becquetant les chasseurs », « ce n’était pas un enfant », « ce n’était pas un homme », « c’était un étrange gamin fée », « il jouait on se sait quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort ».

L‘antithèse / les champs lexicaux La dramatisation provient aussi de l‘antithèse entre le danger mortel et l'insouciance de Gavroche, qui „joue“ (opposition sensible dans le lexique « épouvantable » / « charmant », « taquinait » / « fusillade », « riaient en l'ajustant », « la barricade tremblait / lui, il chantait »,…) Termes rappelant sa petitesse, le fait qu’il s’agit d’un enfant : « moineau », « gamin » (2 fois), « nain », « l'enfant », idée reprise dans l’oxymore final « petite grande âme ». Champ lexical du jeu : « riaient », « taquinait », « s’amuser beaucoup », « pieds de nez », « il jouait (…) on ne sait quel jeu », « pichenette », « cache-cache ». Il semble jouer avec les balles : « Les balles couraient après lui, il était plus leste qu'elles. » Un « spectacle charmant ». Champ lexical du spectacle : « spectacle », « un couplet », « lui chantait », « se mit à chanter » Accumulation de verbes d’action et de mouvement : « Il se couchait, puis se redressait, s'effaçait dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissait, reparaissait, se sauvait, revenait, ripostait à la mitraille par des pieds de nez »  Les verbes de mouvement, juxtaposés dans cette longue phrase au rythme rapide, peuvent rappeler les sautillements d’un oiseau. Certaines expressions plongent le lecteur - spectateur dans un univers irréel et donc moins effrayant: Gavroche est évoqué à travers les images du «moineau », du « gamin fée», de « l'Antée » de « pygmée »; il est comparé à « un géant », nous paraît évoluer dans un univers féerique qui peut nous donner l’impression qu’en effet il est « invulnérable » et immortel.... L’absence dans l’extrait de notations spatio-temporelles précises concourt aussi à cette impression.

La focalisation Le narrateur amène le lecteur à se ranger du côte de Gavroche et des insurgés, en adoptant le point de vue des révoltés ( cf les réactions de peur): champ lexical de l’angoisse : « Épouvantable », « haletants d’anxiété », « la barricade tremblait » (métonymie), « effrayant jeu ».