LA SANTÉ MENTALE DES PERSONNES ATTEINTES DE CANCER : UN DÉFI À PARTAGER De l’annonce du diagnostic jusqu’à la survivance : la santé mentale des personnes atteintes de cancer Annie Tremblay, MD FRCPC Psychiatre spécialisée en oncologie HDQ du CHUQ Professeur de clinique, Université Laval
2 Fréquence de la détresse Taux d’incidence de la détresse: 35 à 45 % Si on se base sur des signes arbitraires: la détresse a tendance à être sous- identifiée et sous-traitée 50 % des personnes atteintes de cancer décrivent des difficultés émotionnelles sous différentes formes mais légères et transitoires 55 – 65 % 35 – 45 % Carlson et al., 2004; Zabora et al., 2001; Tuinman et al., 2008
3 Plan Fréquence des troubles mentaux en oncologie Impact des troubles mentaux et facteurs de risques en oncologie Situation de deux troubles mentaux fréquents: la dépression et les troubles anxieux Le risque suicidaire en oncologie Situation particulière des troubles mentaux persistants face au cancer Un modèle de soins pour répondre aux besoins et aux troubles mentaux
4 Réactions normales au dx de cancer Stress Crises quotidiens 0%50% Troubles de l’adaptation avec symptômes dép./anxieux 80% Dépression Délirium Troubles anxieux Troubles de la personnalité Troubles mentaux organiques 100% Derogatis et al. 1983, Massie MJ 2004, Gagnon P. et al, 2002; NCCN 2010 Fréquence des différents troubles mentaux
5 Impact des troubles mentaux sur l’expérience du cancer Diminution de la qualité de vie Difficulté d’observance au traitement Contrôle des symptômes plus difficile Séjours hospitaliers plus longs Visites médicales plus fréquentes …….survie??? Attesci FC et al. 2003, Valente SM, Saunders F,1997 Boessen E.H., Johansen C,2008; DiMatteo M et al. 2002
6 Compréhension bio-psycho-socio-spirituelle des troubles mentaux en oncologie Biologique: Atteinte SNCNC Médication- traitements Symptômes Spirituel Confrontation à la mort Valeurs Sens Projet de vie Social Changements de rôle Réseau de soutien Travail Finances Psychologique Estime personnelle Image corporelle Deuils Contrôle Incertitude
7 La dépression 5-15% des patients souffrant de cancer rencontrent les critères d’une dépression majeure selon le DSM. un 10-15% additionnel en présenterait des symptômes. 5-20% des patients en phase avancée de cancer vont rencontrer les critères d’un épisode dépressif majeur. un autre 15-20% en présenteront des symptômes. Massie MJ 2004, Pirl WF, 2007; Chochinov MH, Breitbart W, Handbook of psychiatry in palliative care, 2009, Kissane D W. Depression and cancer 2011.
8 La dépression Défi du diagnostic: -Symptômes neurovégétatifs induits par la maladie et la dépression -Difficulté à catégoriser l’expérience émotionnelle, l’humeur entre normale et pathologique La différence H:F est moins marquée Nécessite des choix de psychotropes en tenant compte : - Des comorbidités médicales - Des symptômes physiques présents - Des interactions médicamenteuses possibles - Des voies d’administration possible - Du profil d’effets secondaires - Du délai de début d’action Breitbart et Alici 2009, Härter M et al. 2001, Atesci FC et al Robinson MJ Owen JA, 2205, OkamuraM et al. 2008
9 Les troubles anxieux Prévalence d’anxiété documentée entre 10-30%: biais méthodologiques importants (symptômes versus diagnostic) mais les symptômes significatifs demeurent très fréquents Troubles estimés les plus fréquents: Phobies simples: les plus fréquentes 32% de SSPT- 75% de syndromes partiels TAG- trouble panique: pas de données Anxiété induite par une condition médicale (douleur- EP-Ix…) Anxiété induite par une substance Roy-Byrne et al. 2008, Levin T. Tomer et Alci Y. 2010
10 Le risque suicidaire en oncologie Grande variabilité dans l’évaluation de la fréquence des idées suicidaires: 0,8 à 71%. Les personnes atteintes de cancer présentent deux fois le risque de la population générale pour un suicide complété. Le cancer demeure à ce jour la seule maladie physique clairement reconnue comme un facteur de risque associé à un suicide complété. Le risque suicidaire plus élevé est présent jusqu’à 25 ans suite au diagnostic. Chochinov et al. 1995, Massie MJ 2004 Rockette IRH, Wang S et al. 2007; Schairer C et al. 2006;
11 Le risque suicidaire en oncologie Les périodes les plus à risque de passage à l’acte: Période immédiate au diagnostic La phase avancée de la maladie Le mois suivant un congé hospitalier Les facteurs de risque spécifiques au cancer: Présence d’un épisode dépressif Désespoir Atteinte fonctionnelle importante Période immédiate suivant le diagnostic Mauvais pronostic/maladie avancée Mauvais contrôle des symptômes (douleur) Robson A. et al. 2010
12 Le risque suicidaire en oncologie La littérature fait un lien entre idées suicidaires et souhaits de mort devancée (arrêt de traitement, euthanasie- suicide assisté). L’évaluation des souhaits de mort devancée doit être comparable à celle des idées suicidaires. Chochinov et al. 1995, Massie MJ 2004
13 Situation particulière des troubles mentaux persistants Très peu étudiée Principalement centrée sur schizophrénie et MAB Comportements à risque plus fréquents (tabagisme) Participation moindre aux programmes de dépistage Survie générale et par cancer moins longue HOWARD L. M. ET AL. 2010;
14 Situation particulière des troubles mentaux persistants Défi de personnalisation du plan de soins en intégrant la problématique de santé mentale: Interactions médicamenteuses entre psychotropes et médication oncologique Impact sur la compréhension de la maladie Influence de l’aptitude sur l’orientation des traitements Impact sur la collaboration aux soins Levinson MC et al. 2003; Mitchell AJ et al. 2009
15 LA SANTÉ MENTALE DES PERSONNES ATTEINTES DE CANCER : UN DÉFI À PARTAGER La réponse globale aux besoins de la personne atteinte de cancer doit inclure le dépistage, l’évaluation et la prise en charge des troubles mentaux secondaires. La réponse globale aux besoins de la personne atteinte de cancer doit aussi tenir compte et s’adapter à la présence des troubles mentaux pré-morbides. La collaboration entre les intervenants psychosociaux en oncologie et de santé mentale est donc nécessaire.
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17 Conclusion LA SANTÉ MENTALE DES PERSONNES ATTEINTES DE CANCER : UN DÉFI À PARTAGER Mieux reconnaître la frontière entre la détresse et les troubles mentaux est nécessaire pour tous les intervenants: en oncologie et en santé mentale. Les complications de santé mentale sont fréquentes et ont un impact global significatif sur l’expérience de la maladie. Les troubles mentaux sévères et persistants ont une influence sur le dépistage, la prise en charge et le développement du cancer. Il faut optimiser les processus de prévention, de dépistage, d’évaluation et d’intervention pour diminuer la morbidité associée aux troubles mentaux en oncologie.
18 Conclusion POUR UNE ORGANISATION DES SOINS CENTRÉE SUR LA PERSONNE: Des services développés en lien avec les besoins reliés à l’expérience du cancer Des services le plus possible intégrés à la trajectoire de soins en oncologie Des services hiérarchisés pour une réponse au bon moment et par le bon intervenant Des services en collaboration pour les situations de santé mentale plus complexes